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 L'après guerre... La vie des civils... Le déminage - 1

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Paracolo
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Paracolo


Nombre de messages : 19925
Date d'inscription : 08/03/2009

L'après guerre... La vie des civils... Le déminage - 1 Empty
MessageSujet: L'après guerre... La vie des civils... Le déminage - 1   L'après guerre... La vie des civils... Le déminage - 1 Icon_minitimeJeu 4 Nov 2010 - 8:42

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Nous avons évoqué hier, la fin et l’après guerre, en particulier la vie des civils, sous les bombardements, subissant le rationnement et vivant pour de longues années encore dans des zones polluées par différentes munitions non explosées…
Oui, l’armistice du 8 mai n’a pas d’un coup de gomme effacé les séquelles de 6 années de guerre…
La Normandie, le Nord mais surtout, et comme toujours depuis des siècles,  l’Est garderont longtemps les traces enfouies des batailles successives…

De là, m’est venue l’idée de vous parler de cet après guerre, jamais ou très rarement évoqué…

J’ai pour ce faire, retrouvé un vieil opuscule, édité en 1949 par l’amicale des Démineurs de France...

Première zone de territoire libérée, alors que d’autres devront attendre encore quasiment un an, la Normandie …


Alors à tout seigneur, toute horreur…


La bataille de Normandie (6 juin 44 - 20 août 44)


A Bayeux, sur la magnifique "Telle-du-Conquest", toile de lin de plus de 70 mètres brodée en laines de couleur que l'on attribua à tort à la reine Mathilde épouse du Duc de Normandie, on peut admirer les vivantes scènes décrivant la préparation d'une flotte d'invasion…

Le duc Guillaume ordonne….
Et voici bûcherons abattant des arbres, équarrissant les troncs ; charpentiers de marine et cal­fats construisant des embarcations, puis les amarrant ; tisse­rands et armuriers apportant des cottes de mailles et des cottes d'armes, des casques, des épées et des lances. Paysans char­riant des barriques de vin ou coltinant des sacs de froment, d'avoine ou d'orge…
Quand tout est prêt, cavaliers et chevaux embarquent et la flotte du Duc de Normandie met le cap sur l'Angleterre.
Cela se passait en 1066, et la bataille de Hastings mit fin au règne du traître Harold…

Comment ne pas rapprocher l'action du Duc de Normandie pour châtier un homme sans foi des longs et minutieux prépa­ratifs qui, de l'autre côté du Channel cette fois, précédèrent le débarquement du 6 juin 1944 et la chute d'Hitler? …

L'histoire, dit-on, n'est qu'un constant recommencement. Cela tient sans doute à ce que les hommes ne sont que ce qu'ils sont et qu'ils n'évoluent guère…
Seuls changent - pour accroître en puissance, hélas ­les moyens de destruction.

La bataille de Normandie dura deux mois et demi…
Durant ces 76 jours, des centaines de milliers de tonnes de bombes et d'obus s'abattirent sur le sol normand…
Cette province que les Alliés s'étonnaient de trouver si riche après quatre ans d'occupation allemande subit un martyre véritable…
Caen fut bombardée, par les uns du 6 juin au 9 juillet, puis par les autres du 10 juillet au 20 août. Elle prit feu, plusieurs fois…
Un incendie dura 11 jours. La ville fut dé­truite à 80%.
Que dire de la cité préfectorale de Saint-Lô qui devint, en une nuit, la "Capitale des Ruines" ! ...
Et que penser des pauvres villages qui ont été pris et repris, comme Tilly-sur-Seulles, un grand nombre de fois !...

Le plan de bataille était grand dans sa simplicité…L’ambition de Monty aussi…

« Une fois fermement établi à terre, disait en avril 44 le général Montgomery, mon plan est de menacer de percer sur le flanc Est, c'est-à-dire dans le secteur de Caen. J'attirerai ainsi dans ce secteur les principales réserves ennemies. Je les fixerai et je les combattrai là, employant pour cela les armées britanniques et canadiennes.* Je percerai alors sur le flanc Ouest en me servant des armées américaines.»

*( Et surtout les canadiennes !!!)

La bataille de Normandie fut l'une des plus meurtrières de la 2eme Guerre mondiale...
Elle coûta aux Allemands 240000 tués et blessés et 210000 prisonniers sur environ 1 million de com­battants...
Du côté des Alliés les pertes furent également sévè­res. Le nombre des cimetières en témoigne.

Car l'acharnement au combat fut grand…
Au retour d'une visite sur ce qui avait été la poche de Fa­laise, le Général Eisenhower écrivait :
«Je circulai à pied à travers cette zone : c'était un spec­tacle que seule la plume d'un Dante eût pu écrire. On pouvait avancer sur des centaines de mètres sans interruption en ne marchant, littéralement, que sur des chairs mortes et pourris­santes ... »

Mais personne n'a parlé, par pudeur sans doute, des victi­mes civiles….
Mais venons en au récit….

Octobre 1944

Si, de nos jours, on parcourrait les différents pays que la Seulles traverse - je ne dis pas arrose, le ciel normand se chargeant fort bien de ce détail - on ne pourrait que s’émerveiller sur ces pays peu élevés, paisibles, riches, équilibrés, où tout semble fait à la mesure de l'homme…

La Seulles naît dans le Bocage normand, à quelque deux cents mètres d'altitude. Là, c'est le domaine du vert…
Sur les molles mais fréquentes ondulations du sol, on ne voit que gras pâturages et vergers de pommiers, entourés de fortes haies de chênes, d'ormes, de hêtres, d'aulnes et même de pins qui, ob­servées de loin, donnent l'illusion d'un pays de forêts....
Le premier tiers de son parcours achevé, la Seulles, qui a reçu un grand nombre de ruisseaux, prend la direction du nord.
Le cadre n'est plus tout à fait le même. Certes, pâturages, ver­gers et haies fournies subsistent, mais dans les creux…
Le haut des ondulations se couvre maintenant de champs où, consé­quence d'un assolement judicieux, alternent les céréales, les betteraves et les parmentières.

A la fin de son deuxième tiers, la Seulles est à hauteur de Bayeux.
A vol d'oiseau, la Manche n'est plus très loin…
Comme voulant marquer son dépit de n'avoir vagabondé que durant trente kilomètres, la Seulles se tourne carrément vers l'Est pour pares­ser dans le riche pays de Caen. Ce pays est plat. Et les champs y sont rois. Le maïs, le blé, l'avoine et même le lin succèdent aux betteraves sucrières, aux pommes de terre et à la luzerne fertilisante.
Mais les arbres ne sont plus, ou presque. Cette absence d'arbres, ce vide qui rappelle la nudité de la Beauce, cause un malaise indéfinissable.
Serait-ce pour cela que la Seulles, revenant sur sa décision, se dirige à nouveau vers le Nord et va, à Courseulles, se perdre dans la mer ? ...

Saint-Vaast-sur-Seulles ne compte que 150 habitants…
Cette agglomération est exactement située à la fin du premier par­cours de la Seulles. C'est dire que les pâturages, les vergers et les champs s'y partagent équitablement les terres.

Dans cette commune où l'eau abonde, les maisons ne sont pas groupées autour de la chapelle et la mairie. Elles se dis­persent, forment des hameaux et se tiennent plutôt dans les creux où sont les pâtures et le bétail. Les champs, toujours ceinturés par de fortes haies, se trouvent sur les hauteurs où le sol est plus sec.

C'est dans ce village qu'un Breton, Yves Plantec, vint s'installer…
Il s'y maria, eut deux enfants. Ses filles, Jeanne et Louise, deux fraîches et robustes demoiselles que n'effrayait point la besogne des champs, épousèrent la première le fils Le­lantier, la seconde le fils Le Bescond…
Ses filles établies, Yves Plantec envisagea l'avenir avec sérénité.
Les deux jeunes ménages s'étaient installés à l'un des hameaux de la commune, le Coisel, dont les maisons cernaient le croisement de la départementale 6 avec le chemin de campagne reliant la paroisse d'Hottot-Ies-Bagues à celle de Noyers-Bocage où se trouvait, autrefois, la gare du chemin de fer.

Comme l'eau de la Seulles, la vie s'écoulait, paisible, pleine, réglée par l'immuable calendrier des travaux campagnards...

Le couple Lelantier eut une enfant. Cette naissance fut un baume au cœur de la Mère Lelantier qui, déjà veuve, pleurait la mort assez récente de son aîné, Georges, tué lors des com­bats de 39-40.

Survint le débarquement du 6 juin 44…

La population de St Vaast-sur-Seulles fut évacuée, on devine dans quelles conditions…
Les Lelantier se réfugièrent en Mayen­ne, chez des parents.

La progression des troupes britanniques et canadiennes fut, au début, relativement rapide…
Au soir du 12 juin, elles n'étaient plus qu'à une lieue de Tilly-sur-Seulles.
Le général Montgomery, qui voulait à la fois s'emparer du point stratégique de Caen et attirer les réserves ennemies sur le front Est, lança, vers le Sud, selon l'axe de la Seulles, et sans discontinuer, ses avions, ses chars et ses hommes...

La résistance allemande fut opiniâtre…

Quelques détails: du 12 juin au 25 juillet, soit pendant 44 jours, les Britanniques n'avancèrent que de 12 km ; le village de Tilly-sur-Seulles changea de mains onze fois ; celui de Vil­lers-Bocage, nœud routier important, reçut le 30 juin, mille tonnes de bombes, et cela en moins de vingt minutes….

Ce village ne fut qu'un amoncellement de ruines.

Une précision : la commune de St Vaast, celle qui nous in­téresse, se trouve à mi-chemin, entre Tilly-sur-Seulles et Villers­Bocage.

En Mayenne, chez leurs parents, les Lelantier s'impatien­taient. Les jours sont toujours longs hors de chez soi, quand à ce chez soi on a laissé tous ses biens ! ...
Vers le 20 août, le jeune couple Lelantier partit en recon­naissance…
Tantôt à pied, tantôt à bicyclette, par des chemins détournés pour éviter les rencontres avec les militaires, sous la mitraille quelquefois, Jeanne et Pierre Lelantier cheminèrent…
Après deux longues journées de fatigues et d'émotions diver­ses, ils parvinrent au Coisel.
Le choc fut brutal : leur ferme avait brûlé ; tout était détruit !...

Désolés, les Lelantier, par les mêmes difficiles chemins, re­gagnèrent la Mayenne ... pour y apprendre que, se fiant à des on­ dit on ne peut plus optimistes, le reste de la famille, était parti pour St Vaast !
Jeanne et Pierre Lelantier réenfourchèrent leur vélo…

Le jeune ménage s'installa au village, chez leur mère et bel­le-mère, à un kilomètre et demi de leur ancienne habitation.
Ce serait méconnaître les remarquables qualités de courage et de ténacité des Normands et des Bretons que de croire que les Lelantier, les Plantec et les Le Bescond attendirent que les secours leur tombassent du ciel….

Leur pays n'était que ruine et dévastation. Soit. Mais ils étaient en vie.
Résolument, ils se mirent à l'ouvrage ...

Nous sommes en octobre…
En Normandie, c'est le mois de l'année le plus arrosé.
Mais aujourd'hui vendredi 13 - jour remarquable s'il en est ! - si le ciel est resté brumeux pas une goutte n'est tombée.
A St Vaast, les valides sont aux champs : octobre a tou­jours été le mois des semailles fécondes!
Jeanne et Pierre Lelantier, Maurice Cotelle et Laetitia Lai­gnel s'affairent au champ du Ruisseau. Il est 17 heures. Les travailleurs n'ont plus qu'une heure de jour…

- Pierre! dit soudain Jeanne Lelantier, avant qu'il fasse nuit, vous devriez aller, Maurice et toi, arracher des pommes de terre. Je n'en ai plus à la maison.

Le mari est d'accord…
Laissant les femmes terminer la besogne entreprise, les deux jeunes hommes - ils ont chacun 24 ans - gagnent la dé­partementale qu'ils remontent sur une centaine de mètres, puis prennent, à droite, le chemin carrossable qui les conduira au champ du Bois.
- Quelle misère ! dit Pierre Lelantier en montrant les ar­bres hachés menu.
- Vaut mieux pas s'en approcher, répond Maurice Cotelle.
Il peut y avoir dedans quelque obus qui n'a pas explosé. Le père Drouin s'est fait avoir comme ça !

... Les deux hommes ont arraché une vingtaine de pieds de pommes de terre quand une mine «S» bondit hors du sol et ex­plose ...

Le bruit de l'explosion retentit douloureusement aux oreil­les et au cœur de Jeanne Lelantier.
- Mon Pierre ! s'écrie-t-elle.
Et elle court vers le champ du Bois, fidèlement suivie par la vieille Laetitia…

Quand elle y parvient, un tragique tableau se présente à ses yeux. Sur le sol, allongé sur le dos, les bras en croix, à côté de la bêche restée droite et semblant le veiller, le corps de son Pierre, le jeune père de leur enfant ... A quelques pas, assis au sol, se tenant le ventre avec des mains rougies de sang, Maurice Cotelle, qui crie, mais ce n'est qu'un souffle : "N'approchez pas! N'approchez pas ! ... ".
- Jésus-Marie, dit Laetitia tombant à genoux…

Des secondes qui paraissent des siècles s'écoulent…
Immo­bile, hagarde et sans voix, Jeanne ne peut quitter des yeux ces quelques mètres de terre qu'ils ont, elle et lui, plantés au der­nier avril et sur lesquels, aujourd'hui, sous le ciel qui s'assombrit de minute en minute, gît son cher époux ...

La courageuse fille d'Yves Plantec se ressaisit.
-Reste-là, dit-elle à la vieille servante, je vais chercher du secours…
Et Jeanne Lelantier, toujours courant et pleurant, se dirige vers le village où sa belle-mère garde sa jolie Maryvonne…

Le bruit de l'explosion n'a pas été entendu que par Jeanne Lelantier et sa servante…
Le Gloannec, qui travaillait dans les environs, l'a également perçu. Il quitte son ouvrage et s'empresse vers le champ du Bois. Il rejoint Laetitia.
- Ils sont morts tous les deux? demande t’il... Laetitia fait non de la tête.
- Maurice Cotelle n'est que blessé, dit-elle. Mais il a dit de ne pas avancer.
- Mais bon Dieu, on ne peut pas le laisser là à crever sans secours !
Et Yves Le Gloannec avance ...

Une deuxième mine bondit et explose.
Yves est soufflé. Il tombe.
L'espace de quelques dixièmes de seconde, il est un corps inerte…
Puis, graduellement, comme une brume se déchirant pour laisser apparaître la lumière, la vie revient. Il tâte ses jambes : le sang coule.
- Manquait plus que ça ! maugrée t’il...
Il essaie de se relever... Impossible.
Le buste n'a rien, mais les jambes sont mortes. Il regarde autour de lui...
La vieille Laeti­tia est allongée. Il l'appelle. Plusieurs fois. Rien ne répond dans le silence effrayant qui a succédé à ce tonnerre.
"Faut pas que je reste là à perdre le sang", pense t’il...

Et, sur le ventre, s'agrippant des mains au sol humide, Yves Le Gloannec, à travers le champ miné, tire son corps, directe­ment vers la route où des Anglais en jeep, passant là par le plus extraordinaire des hasards, le prennent et le transportent à l'hôpital de Bayeux ...
…tandis que sur le champ du Bois, trois morts vont se confon­dant avec la terre sous la cendre qui tombe du ciel ...

Titubant de fatigue et de peine, Jeanne Lelantier s'engouffre dans la cuisine et se laisse choir sur une chaise. Quoiqu'ayant déjà compris, la belle-mère interroge :
- C'est Pierre, n'est-ce pas ?
Un flot de larmes pour réponse. Puis, Jeanne, par bribes, fait un récit.
- Il faut aller les chercher, décide la Mère.
Et elle se dirige vers la porte. Jeanne se relève.
- Non, dit la Mère d'une voix rauque, pas toi. Toi, reste ici. Tu as ton bébé. Moi, je n'ai plus rien, ni mari, ni enfants. Et puis, je suis vieille !...
... La nuit est presque noire quand parvient au champ du Bois un attelage qu'on est allé quérir à Hottot-les-Bagues, que conduit la Mère Lelantier et que suit l'abbé Duval…
- C'est imprudent ce que nous faisons-là, dit l'abbé. Je croyais que les corps étaient près du chemin !
- Vous m'avez promis, Monsieur l'abbé...Ecoutez !... Par pitié !... Je n'ai pu veiller le corps de mon premier fils. Je n'en dormirais plus si je laissais mon second se refroidir seul sur notre terre ... Et puis, nous y sommes, maintenant !
- Que Dieu nous assiste !

Deux lanternes sont allumées…
L'un derrière l'autre, lanter­ne en main, la vieille femme et l'abbé se dirigent vers la pre­mière forme…
Prudents, ils marchent au milieu de la raie dont les tubercules ont été arrachés. Ils sont près d'un corps…
Douloureu­se surprise : c'est celui de Laetitia Laignel !
L'abbé ne comprend pas car, ne le sachant pas, Jeanne Le­lantier n'a pu parler de l'intervention de Le Gloannec et de ce qui s'ensuivit.

Une lanterne est laissée sur place. Elle servira de repère…
Avec mille précautions, l'abbé et la vieille femme transportent le corps de la servante vers la charrette dont le fanal brille dans la nuit ...
Vient ensuite le tour de Maurice Cotelle.
Le corps de Pierre Lelantier demande un surcroît de pru­dence. Il est sur la surface minée. Un pied est saisi et lié à une corde. Puis, d'assez loin, par courtes et lentes tractions, on amène le mort vers l'endroit non dangereux.
- Seigneur! murmure le prêtre, je vous rends grâces

Les trois corps sont chargés. On peut partir. Mais il faut manœuvrer pour tourner l'attelage et prendre le chemin du retour…

Soudain, dans la nuit, une lueur fulgurante : la roue gauche du véhicule est passée sur une mine antichar ! ...
- La Mère Lelantier n'est plus ...
L'abbé Jean Duval est couvert d'affreuses blessures ...
Et les trois premiers morts gisent à nouveau sur le ter­rain ...

Dix mois ont passé. L'armistice est signé.

Au hameau du Coisel le calme est revenu. Et aujourd'hui 7 août 45, Pierre Le Bescond a bonne envie de chanter.
Ne vient-il pas d'apprendre que sa femme Louise - Louise, la sœur de Jeanne Lelantier et fille d'Yves Plantee - lui a fait don d'un superbe garçon ?
C'est décidé. Demain, avec sa belle-sœur et sa nièce (la femme et la fille de son frère Louis), ils iront à Villers-Bocage où sa femme vient d'accoucher…
Qui sait même si, pendant que s'extasieront les femmes sur les beautés et les ressemblances du nouveau-né, il ne pourra faire un crochet chez l'un de ses amis !
Que diable, une naissance, et de plus un garçon, ça se fête chez les Le Bescond ! ...
... Ils sont de retour.

La carriole ne va pas très vite : la départementale est en piteux état, et bien des mois s'écouleront avant qu'on puisse rouler comme autrefois. Inconvénient mineur ...

Pierre est bien content de sa journée. Sa femme et leur bébé sont « portants » au possible. Et Louise quittera l'hôpital à la fin de la semaine…
De plus, Pierre a vu son ami et grâce à ce dernier, il ramène un cochon que l'on sacrifiera volontiers au prochain mois de février.
Le Coisel est en vue, la pente est raide, Pierre serre la « mécanique »...
- Ho! dit le conducteur qui a rangé le véhicule près de la haie, afin qu'on puisse descendre par l'autre côté, directe­ment sur la chaussée…

Pierre saute lestement, puis aide sa belle-sœur Azeline à descendre.
Piqué par un taon, ou par une de ces mouches si communes au mois d'août, le cheval fait un écart ...

Et le malheur s'abat à nouveau : une antichar explose !
Le cheval est coupé en deux. Pierre Le Bescond est tué...
Azeline Le Bescond est si grièvement atteinte que durant trois ans et demi on désespèrera de la sauver !...

Il est de ces familles ont eu leur grande part d'infortunes…
Au champ du Bois : Pierre Lelantier, Maurice Cotelle, Laetitia Laignel, la Mère Lelantier ... tués tous les qua­tre. Blessés dont le premier très gravement : l'abbé Jean Du­val, Yves Le Gloannec ...
Au Coisel : tué, Pierre Le Sescond ; presque mourante, Azeline, sa belle-sœur ...

Et  comme le sort funeste s'at­tache à certaines familles, il convient de dire que le père de Jeanne Lelantier et de Louise Le Bescond, le Breton Yves Plantec, avait été tué, le 2 septembre 44, par explosion de mine ...



En espérant ne pas vous avoir trop ennuyés…

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