Opération "Brochet" avec la 2e Cie du 1e BPC (Sept-Oct. 1953)

Rappel du premier message :

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La Compagnie du lieutenant Edme 


est intégrée dans un dispositif franco-indochinois de 18 bataillons; le but de l'opération Brochet est de détruire 2 régiments vietminh implantés dans le delta du Fleuve Rouge, entre Song Cau (région des Pins Parasols au nord) et Canal des Bambous au sud, 


soit un terrain de recherche d'une bonne centaine de kms entre les postes de Bac-Ninh au nord  et Hung Yen au sud:


Les paras quittent leur casernement de Lannessan le 21 septembre; la longue colonne des GMC passe le Fleuve; le Pont est  désormais fortement défendu par d'imposantes batteries installées le long de la digue; en soirée, le bataillon  rejoint près du Canal des Rapides une formidable concentration de blindés et de semi-chenillés; l'artillerie pilonne au loin vers les Parasols.
Le 1e Bataillon de Parachutistes Coloniaux sera en tête de son Groupement Mobile, la 2e Compagnie en éclairage; début de la progression le 23 à l'aube.

Salut Paracolo, merci pour la carte   ;  Ninh Binh m'a bien occupé la semaine dernière, je n'ai fait que ça en fait pour le Forum, et résultat: quelques mots, quelques images... pour moi, un voyage fascinant; pour vous, un résultat mitigé, je le reconnais...

Georges, je ne suis pas un fana de l'informatique, je n'y passe pas beaucoup de temps,
mais quand je vois le boulot que tu fais, je t'en remercie et te dis : chapeau, continue.

Ce qu'ils ont fait à Ninh Binh... nos Anciens ... quand je vois que nous ne sommes même plus capables d'apprendre à nos gosses à écrire   sans ratures ni taches d'encre, même ça ... Charly... quelle chute vertigineuse en quelques années!

georges a écrit:

Ce qu'ils ont fait à Ninh Binh... nos Anciens ... quand je vois que nous ne sommes même plus capables d'apprendre à nos gosses à écrire   sans ratures ni taches d'encre, même ça ... Charly... quelle chute vertigineuse en quelques années!

... chute sans parachute, cette fois, atterrissage va être douloureux...

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Pas du tout mitigé... Bien au contraire.

La création et la rédaction d'un sujet a ceci de bien qu'elle en apprend généralement autant au rédacteur qu'à ceux, hélas peu nombreux, qui le lisent.

Cette rédaction nous fait aller plus loin que la simple lecture d'un texte, nous obligeant à des vérifications, des recoupements et surtout à une recherche voire une création de documents.

Aussi tout n'est pas perdu, si peu réagissent, un peu plus lisent mais surtout le rédacteur s'instruit et prend du plaisir... Malgré une tâche souvent ardue.

Je ne réagis que très peu aux textes de Georges, pourtant je n'en manque pas un !

Il le sait... Mais j'apprécie particulièrement le parallèle qu'il établit le plus souvent avec ce qui fut et ce qui est...

Merci Lothy ... ...   tu connais l'importance de l'étude pour renforcer la pensée amicale  envers nos Anciens et nos Amis ...

Oh oui... C'est d'autant plus utile pour ne pas dire urgent, quand chaque jour ou presque nous en voyons partir un..... comme ces jours-ci !

3 octobre 1953, début d'après-midi : la rame de la compagnie Edme, après avoir longé les restes de la cathédrale

(image actuelle, rouge sang, de l'église, édifiée sur le lieu même du combat du Commando François):


quitte le site des rochers couronnés d'indestructibles fortins français : le béton armé est aussi une de nos spécialités...
(encore une image actuelle, comme la plupart des suivantes):


Les camions roulent environ 1 heure sur la RC1, parmi rizières et calcaires,


avant de retrouver plusieurs éléments du bataillon aux abord d'un poste construit en dur en surveillance des premiers contreforts du Tamp Diep et du Nui Tra Tu (probablement à proximité de Cha Tu, voir carte 1, étoile rouge :


La topographie a changé, les rizières sont surveillées par une ligne continue de calcaires formant la frontière avec l'Annam :


La 3e phase de l'opération Brochet commence, il s'agit de nettoyer les villages de rizière, du nord-ouest vers le sud-est, aux contreforts du Nui Tra Tu,


 zone de guerre, pourrie par les incursions viets : les villageois ont fui vers Phat Diem, ceux qui restent collaborent de gré ou de force... Les paras installent pour la nuit  pièces, tentes et tranchées de communication dans des cagnas sales, abandonnées.

4 octobre 1953, à l'aube : le bataillon entame la fouille du secteur en direction de l'est et en s'appuyant sur les premiers contreforts boisés du Nui Tra Tu, tout est désert, les villages, les rizières, l'ennemi a fait le vide.


En cours d'après-midi, ils parviennent à récupérer 2 FM et une dizaine de viets cachés dans un souterrain.
Le soir tombe, interrompant les fouilles ; la 2 campe à Cha Tu.
A la faveur de la nuit, des éléments viets s'approchent et tiraillent à l'aveuglette sur les positions françaises ; à mesure que les heures passent, les tirs deviennent plus précis, les mortiers rebelles entrent en action, la pression s'accentue.

5 octobre, au matin : les paras reprennent leur marche vers Phat Diem, tout en se rapprochant des calcaires ; arroyos et rizières inondées rendent l'avance pénible sous un soleil aveuglant ; la chaleur devient accablante, la boue gluante entrave les fantassins tout au long d'une matinée où les approches de villages se terminent par une course d'approche haletante : soit le village est vide, soit il n'est occupé que par des hommes, des nha-qués à demi-nus, aux figures patibulaires, que l'on regroupe pour les acheminer vers les centres de tri... Pas d'armes...

7 octobre: après deux jours de fouilles, les paras finissent par accrocher et anéantir une section  de du kich qui s'est laissée prendre de vitesse sur une diguette. C'est une exception ; dans l'ensemble, les Viets ont préféré se retirer à l'abri du  Nui Tra Tu, et l'opération Brochet se termine donc sur une impression décevante, d'autant que lors du retour sur Hanoï, un para se tue malencontreusement ; dans un demi-sommeil familier aux fins d'opération, il s'est endormi appuyé sur le canon de son MAS, et un doigt trop proche de la queue de détente... un cahot du GMC...

Quelques jours plus tard, les paras du 1e BPC peuvent évoquer les bilans mitigés de l'opération Brochet : 800 tués chez les viets, quand  les franco-vietnamiens déplorent la perte de presque 600 hommes... Si le bataillon a eu 7 tués et 45 blessés, le 1e BEP a perdu 42 hommes...

Le delta est solidement tenu, mais à quel prix !.... Et pourra-t-on construire des bunkers partout comme à Ninh Binh ?

Citation :

pourra-t-on construire des bunkers partout

Ligne Maginot quand tu nous tiens...

georges a écrit:

 Et pourra-t-on construire des bunkers partout comme à Ninh Binh ?

De toute manière, la question ne se pose plus.....

Non bien sûr, mais en visionnant sur panoramio l'état des ouvrages de la ligne De Lattre, j'ai imaginé qu'on ait pu bétonner des P.A. ... un peu plus loin , un peu plus tard

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Cela n'aurait pas changé grand chose, sauf peut être pour Gaucher...

Malgré quelques détours.... Encore un sujet endormi qui méritait bien d'être remis à a "une"....

Bonjour à Toutes et à Tous,

Pour le petite histoire, ces faits se déroulent l'année de ma naissance. Après la formation FETTA au GI de la 61 eme CT à Bayonne, puis le stage FRAC, c'est la mutation affectation, à Toulouse début juin 1972, à la 70 eme CLT du 420 eme BCS, dont le patron est le Lt colonel Marcel EDME, alias bigoudis, de par sa calvitie légendaire.

Entre Marcel Edme, et son adjoint le Cdt Théron, nous avions conscience d'être sous les ordres de vrais soldats, des vrais chefs, et non de "charlots", comme cela arrive parfois dans d'autres administrations, mais heureusement rarement.

Il est décédé au Togo, de mémoire, se trouvant à bord d'un hélicoptère, en 1980. Pour avoir évoqué son souvenir avec le colonel Gildas Allaire, notre cne à Toulouse, revu alors qu'il était à l'EMIA à Paris, nous nous sommes aperçus, que tous ceux qui avaient connu Marcel Edme, avaient éprouvé une profonde tristesse à l'annonce de sa mort. Il n'y a pas de doute, c'était bien le père du Bataillon.


Bonne fin de semaine et bien amicalement.
Gaspard