Opération "Brochet" avec la 2e Cie du 1e BPC (Sept-Oct. 1953)

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La Compagnie du lieutenant Edme 


est intégrée dans un dispositif franco-indochinois de 18 bataillons; le but de l'opération Brochet est de détruire 2 régiments vietminh implantés dans le delta du Fleuve Rouge, entre Song Cau (région des Pins Parasols au nord) et Canal des Bambous au sud, 


soit un terrain de recherche d'une bonne centaine de kms entre les postes de Bac-Ninh au nord  et Hung Yen au sud:


Les paras quittent leur casernement de Lannessan le 21 septembre; la longue colonne des GMC passe le Fleuve; le Pont est  désormais fortement défendu par d'imposantes batteries installées le long de la digue; en soirée, le bataillon  rejoint près du Canal des Rapides une formidable concentration de blindés et de semi-chenillés; l'artillerie pilonne au loin vers les Parasols.
Le 1e Bataillon de Parachutistes Coloniaux sera en tête de son Groupement Mobile, la 2e Compagnie en éclairage; début de la progression le 23 à l'aube.

Contre ordre, au moment d'embarquer: les viets ont disparu, refusant la confrontation... par contre, les renseignements les donnent présents une centaine de kms au sud... La lourde colonne repart vers la R.C.5, Ke-Sat, direction Hung-Yen en suivant de loin l'axe du Fleuve Rouge.
Du haut des GMC, les paras voient défiler les plates étendues du delta


Les fumées des incendies signalent les villages occupés; au loin, l'artillerie pilonne, des rumeurs d'accrochages surmontent le bruit des moteurs; vers midi, la colonne longe le Fleuve Rouge


On approche du poste de Hung Yen; les camions font halte: au carrefour, une route sabotée en touches de piano part vers le nord-est.


Les paras sautent à terre; la 2e compagnie ouvre la marche: la zone à nettoyer est au bout de la piste...

C'est le groupe du sergent Collard qui est en tête: après Vinh Yen, René Collard a tenté la reconversion dans le civil , vendeur de bijoux fantaisie... et puis il est revenu, chez les marsouins cette fois.


A part les bombardements lointains à l'horizon, le paysage est presque bucolique, pagode, bosquets de végétation luxuriante, océan de rizières opulentes, dans un climat plus doux qu'à Hanoï


La longue colonne progresse sur la route sabotée, quatre kms environ, les combats se rapprochent, mais il faut encore franchir un rach profond qui barre l'accès vers le nord et aucun gué n'est trouvé... les paras ont beau sonder la vase, pas de passage; un guetteur viet en poste de l'autre côté de l'eau est repéré et abattu, Collard et ses hommes reconnaissent le village voisin et les paras s'y installent, car le soir va tomber


Tandis que le roulement des armes lourdes s'intensifie au-delà du rach, un élément viet réussit à passer l'eau dans la nuit du 23 au 24; des tirs sporadiques accompagnent le retour de l'aube et la fouille des rives, faisant deux blessés chez les bérets rouges: ils sont évacués par Hiller en cours de matinée,


tandis que la compagnie Edme aménage la  digue la plus proche en base de départ, toujours en vue du franchissement de l'arroyo.
La solution est finalement trouvée en début d'après-midi le 24: de petits radeaux de bambous, assez larges pour supporter armes et musettes, sont assemblés, et la 2 au complet passe à la nage.
Elle peut ainsi progresser de deux kms et, appuyée par les mortiers du bataillon et ses propres FM, s'avancer par les chemins de rizière sur un premier village occupé par les viets;


 les abords sont piégés par des chausses-trappes, un para vietnamien est blessé, 


le village déserté par ses habitants mais tenu par un groupe FM viet est  enlevé et razzié de volailles et porcelets; l'ordre de repli est donné rapidement, et les paras repartent vers la digue tandis qu'une vague d'obus écrase le village.
Le soir tombe tandis que les bérets-rouges récupèrent à tâtons leurs radeaux et regagnent trempés et harassés leurs trous d'hommes.

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Quelle chance de se faire évacuer en Hiller, chose rare en Indo, où la première EVASAN a lieu le 16 mai 1950, par le lieutenant Alexis Santini...

...Valérie André se rendra célèbre au commandes de son Hiller (2 pour toute l'indo)... J'ai fait un sujet là dessus avec les photos de son livre " Ici Ventilateur"... Mais je ne trouve pas où...

Le médecin capitaine, parachutiste Valérie André comptera 129 missions et 165 blessés évacués...Sa première mission date du 16 mars 1952.

C'est peut-être sur PTH... Il y a tellement de sujets abordés.... 

Soir du 24 Septembre 1953, sur la digue de X Dinh : Collard et ses hommes, trempés et frissonnants, s'apprêtent à vider leurs prises lorsqu'un ordre envoie la 2e compagnie occuper Dong Cap, à 1 km au NO ; les paras chargent la viande et repartent vaille que vaille. A 21h30, ils sont à leur nouveau bivouac, allument le feu, bientôt les carcasses commencent à grésiller, les treillis fument autour des brasiers ; un ordre radio virulent en provenance du P.C. bataillon leur enjoint d'éteindre immédiatement : l'artillerie recommence à pilonner à l'est du rach, les villages ennemis brûlent, les paras grelottants mangent froid et ne ferment pas l'oeil de la nuit.
Par les vacations radio, on comprend qu'au nord-est, les camarades ont de nombreux tués...

Aube du 25 Septembre : tandis que la 2 aménage les positions à Dong Cap, le lieutenant reçoit l'ordre de rentrer à X Dinh avec une partie de son effectif, afin de convoyer les morts et les blessés du secteur vers le poste le plus proche, à 9 km... deux tués au 1e BPC, dont le Lt Quillet, cinq paras d'un Bawouan, trois du 1e BEP...
Au terme d'une marche épuisante, dans une odeur insupportable, le poste est enfin atteint, et la section rend les honneurs dans le grondement des bombardements aériens ...

La section rentre sur X Dinh et s'installe en protection du pont de campagne et du bac aménagés par le Génie pour passer le rach : la terre de la digue est facile à creuser, et le soir tombe déjà...

Nuit du 25 au 26 : Les viets, arrivés à proximité de l'arroyo à la tombée du jour, ont installé un F.M. à 300 mètres, vers 23 heures, ils ouvrent le feu, au jugé, vers les positions françaises sur la digue, mais ne tentent pas une de leurs redoutables attaques de nuit.
2 heures : nouvelles rafales, aussi imprécises, durant une autre demi-heure; les paras ne répondent pas ; les viets se retirent.
26 septembre, 8 heures : la 2 traverse en tête du bataillon, il fait déjà chaud, aucun viet ne se manifeste. La longue colonne progresse dans la boue fumante de la rizière, direction Coa Xa.


Le village, déserté, est tenu par un élément du 1e BEP. Les bérets rouges poursuivent, direction Phu My. La plupart des villages, par ici, sont "variolés", tenus par les viets ; certes il y a pas mal de villages catholiques aux belles églises,


mais rien à voir avec le Bui-Chu ou Phat Diem, où les églises sont très nombreuses et les  pagodes rares, alors que dans le Hung Yen, celles-ci abondent... Que peut une milice de village face à un régiment vietminh ? Dans cette région aussi, la guerre va tout bouleverser, des communautés catholiques disparaître à jamais, tout comme les noms de leurs villages...

Bonjour

Nous sommes en droit de nous demander ce qu'il demeure de toutes ces églises, après deux terribles guerres.......

Les catholiques avaient tout à perdre face à l'avenir proposé par les viets... pourtant certains d'entre eux ont joué la carte rouge, et les jésuites n'ont pas été les derniers à tenter la neutralité... bienveillante, comme plus tard avec le FLN... Mais la Mission est incompatible avec le dieu de la "Raison" et le "service" du Peuple... 
Les communautés chrétiennes ont souffert... et continuent ; toutefois, les églises vietnamiennes, au contraire de bien des françaises, sont vivantes, souvent superbement entretenues avec des moyens modestes... Le grand exode tonkinois n'a pas été fatal...

Citation :

neutralité... bienveillante, comme plus tard avec le FLN

Je dirais plutôt neutralité active - si cela n'etait pas un contre sens - dans ce cas...

26 Septembre, 13 h : la 2 passe le poste de Phu My, puis une heure plus tard  le rach  par le bac de Vo Moi ; la chaleur est écrasante : plusieurs hommes s'écroulent, frappés d'insolation. Il faut les alléger de leurs musettes  et les traîner vaille que vaille... 
15 h : arrivée au poste de Tho Truong : 


les paras peuvent souffler et profiter du stock de rations laissé à leur intention ; leur objectif de la soirée  est désigné : le village catholique au nord de l'arroyo de Tho Truong.
Le passage de l'eau, sans casse, leur fait du bien : les hommes recommencent à plaisanter, c'est bon signe


Ils sont bien accueillis par les miliciens, et peuvent enfin passer une nuit reposante.

27 septembre 1953, 06 h : d'après les bruits de cantonnement, deux bataillons viets occupent l'est de la région, jusqu'à la route à deux voies Hai Duong - Ninh Giang. Trois groupements mobiles sont engagés dans cette seconde phase de l'opération Brochet, appuyés par dix chars. Départ imminent.
C'est la 2e compagnie qui est en tête. La section Salaun ouvre la route de l'interminable colonne qui s'enfonce dans la rizière immense piquée d'îlots de bambous et d'arbres fruitiers masquant les villages rebelles...

Voici déjà le premier village, et les balles claquent au-dessus des casques ; l'assaut est lancé immédiatement, les mortiers pilonnent à gauche et à l'arrière des cagnas, la 1ère compagnie déborde par la droite, la 2e fonce droit devant, toutes les armes tirent. Les viets n'insistent pas et s'enfuient.
Les paras avancent prudemment parmi les nombreux emplacements de repos et de combat jonchés de douilles : les rebelles étaient nombreux, il faut tout fouiller.


L'avance reprend, 2 km environ, direction un second village, désert et cerné de barbelés : mauvaise impression, qui se confirme vite, un halo de fumée noire masque brusquement le groupe de pointe, une mine vient d'exploser, blessant quatre hommes dont le lieutenant Edme ; deux autres paras ont le pied traversé dans des chausses-trappes.
Un hélicoptère approche : le s/c Costes est très gravement blessé aux jambes,


les autres blessés sont embarqués sur un des M24.

12 h : Le village stratégique d'An Cu, protégé par une forte digue, n'est plus qu'à 600 mètres, il serait défendu par tout un bataillon viet. Une section de la 2 parvient au hameau à droite du bourg ; à nouveau le groupe de tête saute sur un obus piégé : un homme est tué, six sont touchés, deux autres chutent dans des fosses à bambous. L'avance est stoppée durant vingt minutes d'un terrifiant pilonnage d'artillerie sur les positions ennemies...

14 h : L'artillerie s'est tue: dans le silence revenu, les colonnes s'approchent de la digue-forteresse: le 1er BPC va occuper la levée de terre qui entoure le bourg, et les premières cagnas. La fouille est confiée aux légionnaires, qui avancent à leur tour. Précédant les Français, plusieurs groupes viets ont profité de l'arrêt du bombardement pour filer: ils sont déjà à 1 km lorsque la chasse pique sur eux et les mitraille.
16 h : la fouille est terminée, les légionnaires viennent remplacer les paras sur la digue ; les bérets-rouges sont envoyés en reconnaissance des hameaux à 1 km à l'est, au-delà du canal (XH4.6.?.9 sur la carte ):


 il faut faire vite ; même si les cabanes sont vides, les pièges abondent, profonds pièges à tigres, chausses-trappes étroites qui bloquent le tibia, moments terribles pour le para malchanceux au pied traversé bien qu'il se soit rejeté en arrière, et qui attend l'explosion de la grenade souvent attachée sous la planchette... Il faut coûte que coûte tirer l'hameçon rouillé, avec l'aide d'un camarade, et partir vaille que vaille malgré la douleur se faire soigner à l'arrière... Dans les conditions du terrain, la blessure risque fort de s'infecter, et toujours la marche de la colonne aventurée est ralentie...


19 h : Le soir est tombé ; l'artillerie pilonne sans relâche au-delà de la vaste zone-piège. Dans les postes sur la digue, les yeux balaient sans relâche à la recherche du fragile indice de mouvement...
11 h : fusées éclairantes qui révèlent des ombres furtives courant en plein dispositif : les viets ! Détonations, hurlements, ils ont disparu... mais comment ont-ils fait pour passer tous les postes de guet ?
Grésillements continus des postes radio ; nouvelles explosions, un peu partout, dans le périmètre et au-delà : les viets sont partout, dans les souterrains habilement dissimulés en plein bourg, dans les hameaux, partout. Toutefois, leurs actions diffuses ne peuvent entamer la vigilance sans relâche des légionnaires et des paras...

3h du matin : Une colonne viet bien commandée sort de nulle part
au milieu des cagnas ruinées d'An Cu, et monte à l'assaut de la digue ; toutes les armes se déchaînent depuis les trous d'hommes, dans les lumières blafardes des fusées éclairantes... Avec l'aube, le calme revient peu à peu,  la grisaille révèle les corps des bo-doïs parmi les ruines et les traînées de brume... L'attaque a encore coûté un tué et cinq blessés au bataillon... 

Ces terribles pièges dont les viets avaient le secret.....

Ils n'existent pas que dans "Rambo..." !

28 sept.: A l'aube, la canonnade reprend sur les confins d'An Cu ; puis en cours de matinée, les hameaux sont fouillés méthodiquement, après quoi le décor de bambous et de paille est incendié... Vers 14 h, l'ordre de repli est donné, direction Tho Truong, 6 km. La compagnie Edme assure l'arrière-garde : dans la fumée nauséabonde, la colonne se forme et s'étire interminable vers la piste du retour. 


A peine une demi heure de marche, et la dernière section est visée par des tirs convergents, les viets reviennent, à partir des deux villages encadrant la piste à 1 km... Les paras plongent dans la boue au milieu des tiges  déjà hautes ; les premiers tirs de mortier suivent, formant des geysers de boue, puis s'ajustent sur la piste qu'ils éventrent.
Des villages progressivement réoccupés, tirs et explosions, d'abord sporadiques,  s'organisent et harcèlent la queue de colonne, la dernière section est accrochée à l'arme automatique à 300 mètres : le groupe  Collard, en fin de dispositif, doit faire face, en danger d'être isolé. Le sergent, blessé la veille dans une chausse-trappe, galvanise ses équipes face à la ligne des réguliers qui approche à toute vitesse en fendant les épis ; toutes les armes donnent, au risque d'épuiser les dotations.
Le lieutenant Edme, blessé il y a deux jours, fait  la liaison ; les équipes choc et feu de Collard, manoeuvrant en perroquet, parviennent à se sortir du piège des bo-dois, qui s'écrasent sous le feu des paras, à quelques mètres seulement. Quelques dizaines de mètres de gagnés vers l'arrière, c'est peu, mais ça permet de faire la jonction avec la compagnie, dont les sections ont fait feu à leur tour. L'élan des viets est momentanément coupé.
Mais le village catholique est encore à plus d'un km, les viets grenouillent partout, il faut reprendre la retraite en tiroir. Le jour décroît, les hommes couverts de boue, épuisés, progressent péniblement sur le bord de la digue lorsqu'ils sont à nouveau rattrapés par une ligne d'assaillants au casque de latanier venus du nord-ouest, de Do Xuyen ; les munitions sont presque épuisées et l'ennemi sera au contact dans un instant !

Par la radio, Collard demande au lieutenant un dépôt de munitions directement sur la piste ; Edme réclame un appui d'artillerie pour le groupe Collard, et l'obtient, car cette fois, il y a un peu de champ...
C'est un déluge hurlant qui passe au ras des têtes des paras et s'abat avec une fameuse précision sur la ligne viet ! Les bérets-rouges tirent leurs dernières munitions et foncent par la piste haute directement sur le stock laissé là par les copains ; ils le récupèrent juste à temps pour stopper des viets qui manoeuvrent serré mais ne peuvent cette fois supporter une riposte nourrie, ils boulent en contrebas, arrêtés définitivement.

La nuit est tombée, le poste est là, tout près. Au large, la rizière explose dans un déluge de feu. Les paras, à bout de souffle, contemplent la scène : encore un sacré coup de veine...
Il faudra ensuite aller  récupérer les paquetages de l'autre côté de l'arroyo, puis revenir sur la piste, attendre la rame blindée venant du nord, embarquer pour une nouvelle destination, "Brochet" n'est pas terminé... Il est 22 heures.

28 Septembre 1953 : 23 h. Après une longue attente près des GMC, le 1er BPC embarque dans la lueur des explosions d'artillerie à l'horizon. Dans les cahots de la piste, la nuit se referme sur les visages creusés.
Vers minuit, la masse immense et les trois clochers de l'église des Mille Martyrs émergent de l'obscurité : Ke Sat, le pays de la dîme ; ici le Viet-Minh ne reçoit rien...


Ils sont des dizaines de milliers à converger sur cette place, lors des cérémonies votives... Dans un demi-sommeil, les paras invoquent les figures terrestres de leurs petites amies catholiques d'ici et de là...


Aujourd'hui, c'est le 29 septembre, et le convoi s'est engagé sur la grand-route d'Hanoï : on va fêter St Michel en ville...
Mais après 15 km, les GMC prennent la route à deux voies vers le sud, vers Hung Yen. Les bruits de la guerre se rapprochent à mesure qu'on s'éloigne des territoires ralliés. A 4 heures, le convoi stoppe à l'aérodrome de Hung Yen, et les hommes dorment sur les pistes, près des camions.

merci de cette suite Georges

Bonjour,

Merci pour ce récit.  

Bonjour à tous...

Merci pour la suite... et pour les photos ! Vous avez des ressources inépuisables  

29 Septembre 1953, après-midi : les paras coloniaux ont passé la St Michel dans les GMC, cahotant sur les voies plus ou moins carrossables depuis Hung Yen, en direction de Ninh-Giang.

L'itinéraire suit la rive nord du Canal des Bambous, assainie par la destruction des points d'infiltration viets d'An-Cu, notamment.


Cette voie fluviale reliant le coude du Day à Hung Yen est vitale, elle permet le passage des navires de la Dinassaut de Ninh Giang,



par exemple LCT de dix mètres de large et un mètre cinquante de tirant d'eau, fortement armés (2 canons de 75, 2 de 40, de 20, mitrailleuses et même mortier de 120 pour le seul LCT 9069...), à l'emport considérable, soit au niveau d'une compagnie équipée, soit même au niveau de plusieurs compagnies suivant la catégorie:


Mais ces barges découvertes sont vulnérables aux tirs de mortiers, et il faut impérativement nettoyer la zone sud du Canal, maintenant.
Au soir, les paras bivouaquent au débarcadère à mi-chemin de Ninh Giang ; 


ils embarquent le lendemain à l'aube sur un LCT qui les dépose sur la rive sud. 
Le coin à ratisser n'est pas facile, voilà ce qu'on aperçoit du haut de la passerelle de commandement :

Et une fois débarqués, à hauteur d'homme, on a ce genre de topo :


A priori, c'est plat et facile, mais...


pour ratisser, pas aisé : des fossés boueux partout, des rachs,

à vol d'oiseau, le village n'est pas à un kilomètre, mais pour l'atteindre sans passer par la diguette, il va falloir une à deux heures...

Dans les dernières nappes de brume, la ligne des paras progresse vers le premier village ; là-bas, les bo-doïs détalent, sûrement pour gagner des emplacements de tir, puis dévoilent un F.M.. Les premières balles claquent, trop haut, les bérets-rouges ont déjà plongé dans le riz, puis se relèvent et courent, courbés, pour contourner la ligne de feu ; le lieutenant Edme prévient le PC Trans, un  Criquet va arriver sur zone...

Les sections de la compagnie Edme ont déjà pris en tenaille le village rebelle ; voici le Morane :

Il passe très bas au-dessus des viets qui tirent de toutes leurs armes, et balance des pots fumigènes... Encore quelques instants, et un groupe de chasseurs grossit dans le ciel : ce sont des Bearcats équipés de bidons napalm...


Deux par deux, ils plongent sur le village viet, les paillotes flambent en quelques minutes, mitraillent, puis repartent vers Hanoï...
La progression peut reprendre, une nouvelle ligne de villages se profile à un kilomètre... il faudra deux heures dans la boue gluante pour y parvenir...
Au soir du 30 septembre, la rive sud du Canal des Bambous est sécurisée, les viets se sont volatilisés... ou enterrés. Le lendemain matin, les paras reprennent le chemin en sens inverse, ils vont retrouver leur LCT, beaché à l'embarcadère.

merci Georges

Est-ce que l'un d'entre vous peut me dire ce que "Manoeuvrant en Perroquet" veut dire?. Desole d'etre aussi ignorant mais comme je l'ai explique dans ma presentation, je n'ai pas servi longtemps chez les Paras.. Merci d'avance et bonne journee. JEAN

Pardon, j'ai oublie de remercier Georges.

Oui merci.... et Bravo pour le travail d'iconographie....

Content que ça vous intéresse; j'aime bien René Collard (aidé par Fleury dans Adieu sergent) et du coup j'essaie de  développer ce qu'il écrit en cherchant sur le net à comprendre le terrain, les gens, l'itinéraire de nos camarades...
Jean André, tu vois comment le perroquet progresse sur les barreaux verticaux de sa cage? il s'assure avec son bec une prise stable avant de s'avancer avec ses pattes... là le sergent fait pareil, il met son équipe feu (le bec du perroquet) en protection du bond que va faire son équipe choc (les pattes), et quand l'équipe choc est arrivée sur le point à atteindre, elle se dispose en protection à son tour pour que le FM puisse arriver... etc ... c'est ça, Charly?  

Magnifique explication...Quel talent de pédagogue !

C'est une expression que j'ai souvent trouvée dans les récits.... Mais jamais aussi clairement expliquée  

ok.. d'accord, une image explique si bien.. (et toi aussi merci)..je vois bien ce perroquet ce deplacant dans sa cage et peut repliquer ca sur le terrain. Encore merci Georges.

georges a écrit:

Jean André, tu vois comment le perroquet progresse sur les barreaux verticaux de sa cage? il s'assure avec son bec une prise stable avant de s'avancer avec ses pattes... là le sergent fait pareil, il met son équipe feu (le bec du perroquet) en protection du bond que va faire son équipe choc (les pattes), et quand l'équipe choc est arrivée sur le point à atteindre, elle se dispose en protection à son tour pour que le FM puisse arriver... etc ... c'est ça, Charly?  

Georges, je ne serai pas arrivé à l'expliqué si clairement... mais c'est bien ça, merci de toutes tes explications, c'est super.

georges a écrit:

Content que ça vous intéresse ; j'aime bien René Collard (aidé par Fleury dans Adieu sergent) et du coup j'essaie de  développer ce qu'il écrit en cherchant sur le net à comprendre le terrain, les gens, l'itinéraire de nos camarades...
 

Tu y parviens très bien ! Encore merci pour toutes ces recherches ; ce n'est pas le moindre des travaux dans un récit comme celui-ci... Cela nécessite beaucoup de recherches, parfois un travail de scan, et bien sûr de mise en page,

1e octobre 1953, après-midi : la compagnie Edme,  passée sur la rive nord du Canal des Bambous, progresse en colonne par un dans le vacarme et la poussière direction Hung Yen, sur une route malmenée par la noria ininterrompue des rames blindées.
Les paras sont embarqués à la nuit tombée, et rallient Hung Yen avant minuit. Ils dorment au sec, dans un champ labouré.

2 octobre, à l'aube, un GT précédé d'un char prend en charge le bataillon, direction Hanoï. Par le plus grand des hasards, il arrive sur une section de du-kich préparant une embuscade locale


et l'anéantit... Non sans récupérer deux FM...
Lanessan est atteint en début d'après-midi, mais un ordre radio fige immédiatement la 2 en alerte : le temps pour les GMC de faire le plein, et pour les paras le bonheur simple de récupérer pain frais et bières sorties de la glace .


Et voilà, c'est reparti, cette fois direction Nam-Dinh...

Eh bien s'ils partent vers Nam-Dinh.... j'ai bien failli ne pas arriver ce soir à Hanoï, le forum étant inaccessible       

merci Georges

Citation :

"Manoeuvrant en Perroquet"

On dit aussi manœuvre en tiroir...

...On ferme un tiroir lorsque l'autre est ouvert et ainsi de suite...

Qui est du moins à ma connaissance plus employee

.

Cela dépend des époques en perroquet était utilise en Indo, en AFN nous utilisions en tiroir....

... Eux abordaient une cagna, nous un gourbi ou une mechta... Ils franchissaient les rachs nous les oueds...

Je me suis mal exprimé, je voulais dire:
Qui à ma connaissance est + (plus) employé , pensant justement à ma période afn

C'est bien ce que j'avais compris...

à mon humble avis ....

la progression en tiroir se dit lorsqu'il y a deux groupes distincts qui progressent dans le même sens...

la progression en perroquet se dit lorsqu'un seul groupe progresse ..

mais ce que j'en dis ...

Ne soit pas modeste Marcel ...

Citation :

la progression en tiroir se dit lorsqu'il y a deux groupes distincts qui progressent dans le même sens...
la progression en perroquet se dit lorsqu'un seul groupe progresse ..

Désolé Marcel mais ce n'est qu'une façon différente d'appeler la même action.
On voit souvent ces changement de dénomination en fonction des instructeurs qui ont "drivés" un ou plusieurs promos de St Cyr... Les jeunes lieuts "refilent" leur "savoir" au recrues et ainsi de suite...

.   

dans une progression  " en tiroir " par une compagnie ...
chaque groupe doit, en zone hostile, progresser " en perroquet " ...


c'est vrai que c'est la même action ... mais pas au même niveau ...

mais ce que j'en dis ...

je n'aurais pas du poser cette question..ca aurait été plus simple pour tout le monde.. "ha ces "bleus" alors... 

Ma "science" est restée au niveau de l'équipe, voire du groupe   , mais j'aime bien le perroquet , quant au pastis...  

M...de, j'avais oublie ce Perroquet la...et pourtant j'en ai bu quelques un..comment s'appelait celui avec la Grenadine..? 40 ans d'Australie cela ruinent les meninges..Jean

Une tomate... avant ou après le 8 kil?  

hahaha,... merci Georges.. une tomate bien sur. Merci encore et bonne journée
. Jean

3 Octobre 1953, route de Phu Ly.
La compagnie Edme, en provenance de Hanoï, a passé la nuit sur un terrain vague à l'entrée de Nam Dinh;

les paras ont reçu quartier libre pour la matinée : de la ville chinoise au fleuve, ils déambulent en dégustant soupes ou saucisson de chien, découvrant une grande cité de 40 000 âmes, active et belle, que le viet-minh tente vainement de contrôler.

L'ambiance ici est paisible, la guerre semble lointaine...

Secrète Nam Dinh, dominée par la monumentale cathédrale St Nicolas, plus grande église d'Indochine, où se croisent Tigres Noirs et espions viets... De nos jours, certains quartiers semblent se souvenir :

La grande église, toujours fermée au culte, est aujourd'hui en cours de restauration, comme une image du Vietnam pris entre communisme et minorités :
La colonne repart direction Ninh-Binh, les calcaires se rapprochent lorsqu'on rejoint la RC1 et le site de la  bataille du Day. L'endroit est ravagé, de nombreux blockhaus verrouillent les villages en ruines, mais on repère immédiatement les rochers historiques : Non Nuoc , le Rocher de l'Eau, au bord du Song Day :

De nos jours, il est recouvert de végétation, mais reste bien reconnaissable :

Juste derrière au sud-est, le petit calcaire (Hoi Hac) où est tombé Bernard de Lattre

Sur cet emplacement, les viets ont édifié un monument en forme de pyramide, dédié à leurs morts.

En arrière du Non Nuoc, au sud-est, se trouve la "Montagne" de Ninh Binh , dominant les restes de la cité d'une centaine de mètres.
On la distingue bien sur cette vue actuelle :

A 1 km 500 au sud-ouest voici les restes de la cathédrale, encore bien visibles en 1953, et pour plusieurs décades :

L'ensemble du site pourrait, sur une carte google de 2010, être représenté ainsi:

Sur Ninh Binh aussi planent des fantômes irréconciliables...

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Voir aussi carte NF 48-15 Hai Duong

Bonjour Georges...

Salut Paracolo, merci pour la carte   ;  Ninh Binh m'a bien occupé la semaine dernière, je n'ai fait que ça en fait pour le Forum, et résultat: quelques mots, quelques images... pour moi, un voyage fascinant; pour vous, un résultat mitigé, je le reconnais...