29 avril 1941
Ils volent un avion aux Allemands
Denis Boudard (22 ans) et
Jean Hébert (21 ans) revêtus de combinaisons de mécano teintés en noir s'infiltrent dans l'aéroport de Carpiquet près de Caen.
Ils prennent place à bord d'un avion et décollent avec un
Bucker biplan appartenant à la Luftwaffe.
Un mécanicien allemand les regarde un peu bizarrement, sans plus, et puis comme le dit Denis Boudard
"Quoi de plus normal qu'un avion allemand qui décolle sur un aérodrome allemand ?""
L'avion était à doubles commandes. On a tiré "à pile ou face" . Jean a gagné le décollage, moi l’atterrissage. Jean, qui aimait faire du rase-mottes, est passé au-dessus de la gare de Caen. Il a battu des ailes pour faire signe à un copain cheminot que tout s’était bien passé et qu’il pouvait aller porter les lettres que nous lui avions confiées à nos parents. »
Après 1h30 de traversée et de saute-mouton au-dessus des collines du sud de l'Angleterre les deux jeunes aviateurs qui n'ont que 150 heures de vol à eux deux se posent sur l'aérodrome de
Christchurch avec leur incroyable prise de guerre.
Reprenant très vite leurs esprits, ils enverront un télégramme plein d’humour aux Allemands :
« Ne vous inquiétez pas, l’appareil et les deux pilotes vont bien. Continuez à nous envoyer des appareils neufs. On va gagner la guerre plus rapidement… »Denis Boudard et Jean Hébert connaîtront deux destins différents.
Jean Hébert disparaît tragiquement au cours d'un vol d'entraînement le 9 juin 1943.
Le 6 juin 1944 Denis Boudard a l'honneur d'effectuer 2 missions aux commandes de son
Spitfire.
Celle effectuée l'après-midi lui laisse un goût amer. En approchant des côtes normandes, devant Ouistreham, en apercevant une épaisse colonne de fumée noire s'élevant dans le ciel il voit tout de suite que sa ville est réduite en cendres.
Il finira sa carrière comme pilote d'essai dans l'armée de l'air....
(Ce serait presque de l’humour si la guerre n’était pas si sérieuse)
_________________
N° 312 793 - 1er RCP