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LE GCMA
Sigle dont, peu de gens, même parmi les anciens d'Indochine connaissent la signification. Ces lettres sont les initiales du
Groupe de commandos mixtes aéroportés, unité officiellement créée par le général de Lattre le 7 avril 1951. Les termes, commandos aéroportés, indiquent bien que cette formation est conçue pour le risque et l'aventure guerrière, la notion de mixité signifie que les combattants autochtones sont au nombre des participants.
Dès l'année 1949, le colonel Chavatte commandant les FAPI*, avait tracé la mission d'un Service Action en Indochine en faisant établir des monographies sur toutes les régions où les parachutistes pouvaient être amenés à intervenir : le Nord-Laos, certaines zones de l'An-nam, la frontière de Chine, le Pays thaï...
Le colonel Chavatte avait également procédé, dans le cadre des Etats-Majors opérationnels, à un recensement de zones de saut ou de largage de matériel. Cet important travail, mené pourtant avec des moyens insignifiants, rendit, à l'époque, possibles un certain nombre d’actions en collaboration avec les populations locales. Il s'agissait d'implanter à l'intérieur de zones ennemies des éléments armés, administratifs, politiques, disposés à s'opposer à l'emprise et à la pénétration du vietminh..
Par ailleurs, le SDECE qui coiffait théoriquement un ensemble de services agissant apparemment sans aucun lien, tels la Sécurité militaire, le Service de Renseignement Opérationnel, cherchait, en vain, à faire accepter un plan d'ensemble de Service Action,analogue à clui qui fut appliqué pendant la Deuxième Guerre mondiale dans les territoires occupés par les Allemands.
Début 1950, le colonel Fourcaud, adjoint du directeur du SDECE. débarque à Hanoï et propose, en accord avec le Haut-commissaire, d'étudier la création d'un Service d'Action, d'examiner le problème des minorités de coordonner les activités dispersées des divers services agissant sur le territoire sous l'autorité d'un organisme central à créer. Cet organisme prend forme sous la dénomination de direction Générale de Documentation (DGD). Il est confié au colonel Gracieux, officier des Troupes Coloniales connaissant parfaitement l'Indochine et ses diverses ethnies. Après le retour de Fourcaud, le Service Action du SDECE, dirigé à Paris par le colonel Morlanne. désigne ses premiers instructeurs spécialisés pour encadrer l'école Action de Ty Wan au Cap Saint-Jacques.
Un officier expédié sur les plateaux moï afin de tenter un essai de regroupement en auto-défense et maquis, envoie des chefs de village suivre les stages de l'école. Un autre officier gagne le territoire chinois afin de prendre contact avec des éléments du clergé catholique sympathisants.Sans passer à l'offensive, le Service Action se met en place. Mais ce n'est qu'au début de l'année 1951, grâce aux moyens accordés par les généraux de Lattre et Salan sous l'impulsion du colonel Bulleux, directeur du SDECE Saigon, et du colonel Gracieux que le Service Action peut entrer en activité et commencer à agir avec toute l'ampleur souhaitable.
Au mois de mai, le Service Action en Indochine est rattaché officiellement aux TAP et prend l'appellation de « Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés ». (GCMA)
*Forces Aéroportées en Indochine
ROLE ET ORGANISATIONDépendant du DGD* et par là même du SDECE, le GCMA est doté de l'organisation de base d'un corps de troupe et est mis pour emploi à la disposition du Haut-commissaire.Celui ci délègue ses pouvoirs au Général en chef en ce qui concerne l'emploi dans certaines actions de caractère opérationnel. Hiérarchiquement, le chef du SDECE note les officiers du GCMA.
Placé sous le commandement du lieutenant-colonel Grall, ancien patron du 5 BCCP, le GCMA prend à son compte tout ce dont le Service Action devait être chargé : commandos spéciaux, guérilla, contre-guérilla, infiltration, raids de pénétration, action psychologique, reconnaissance d'objectifs, organisation de maquis, contact avec les éléments favorables et pacification, sabotage de voies de communication, enlèvements et exécutions en zone vietminh.
Par extension, le GCMA va rapidement servir d' éclaireur aux opérations de débarquement et parachutées. En septembre 1951 , l'île de Cu Lao Ré, que nos parachutistes viennent d'occuper, est mise à sa disposition. Sous l'égide du capitaine Prévot, il y crée une base de départ en construisant un terrain d'aviation et en constituant une véritable flottille de débarquement (trois pinasses armées et une vingtaine de dinghys) pour des coups de main sur la côte et pour l'interception des jonques faisant le trafic d'armes, qui peuvent échapper à la surveillance des patrouilleurs de la Marine.
Lorsque le commandement du GCMA est confié au lieutenant-colonel Grall, celui-ci assure déjà le commandement des Sections opérationnelles des bases aéroportées. Ce cumul présente pour le groupement une sérieuse économie de moyens, en particulier de personnel, puisque les SO/BAP* ont pour mission principale de préparer les opérations aéroportées, c'est-à-dire, entre autres, de reconnaître le maximum de zones de saut possible. Elles sont ainsi amenées à survoler très souvent la zone viet, futur champ d'action du GCMA.
Comme les SO/BAP*, le GCMA doit couvrir toute l'indochine. Son implantation est donc calquée sur celle de l'organisation du Commandement en Indochine. L'Etat-Major du Groupement est installé à Saïgon. Dans chaque territoire, une représentation régionale est créée, dont le chef est installé auprès du commandant dudit territoire : à Hanoï, la RR du Nord-Viet-Nam ; à Vientiane, la RR du Laos ; à Saïgon la RR du Sud-viet-Nam ; à Tourane la RR du Centre-Annam animée par les capitaines Puy-Montbrun, Erouard et Bauer ; à Ban Me Thuot la RR des Plateaux. Au fur et à mesure de l'évolution du GCMA cette organisation deviendra de plus en plus complexe.
* Direction Générale de Documentation / *Section Opérationnelle/ Base AéroPortée
ACTIVITESDès sa création, le GCMA commence à implanter des antennes dans toutes les zones sous contrôle français, d'où ses commandos pourront frapper en territoire ennemi, et constitueront un point d'ancrage pour les différents maquis à constituer. Plusieurs antennes sont successivement mises en place en Pays thaï, en bordure du Delta, et en Annam.
Principales antennes en Pays thaï.Laï Chau - base principale du GCMA ; responsable : lieutenant Bole du Chaumont ; zone d'action : région de Laï Chau.
Nghia Lo - responsable : lieutenant Hans ; zone d'action : bordure du Fleuve Rouge désorganisée après l'offensive vietminh d'octobre 1952 et disparue en novembre après la capture de ses cadres : lieutenant Hans, prisonnier et mort torturé - sergent Muet, grièvement blessé - sergent schoepf, prisonnier.
Than Uyen[/color] - responsable : lieutenant Castagnoni ; zone d'action : région de Cha Pa Lao Kay ; désorganisée après l'évacuation du poste à la mi octobre 1952.
Principales antennes en bordure du deltaTien Yen - responsable : lieutenant Dabezies puis capitaine Banhiot ; Champs d' action : zone côtière, RC 4 frontière de Chine.
Phuc Yen - responsable : lieutenant Borcard ; zone d’action : région de Phu To ; implantation des maquis « potirons », secteur de Hoang Mo et « ibiscus » secteur e Binh Lieu.
Hadong [/color] - zone d’action : Pays muong jusqu'à la frontière d’Annam ; implantation des maquis « tabac » (mis en sommeil très rapidemènt) et « sangsue »(région de Kéna Bong qui doit servir de point de départ d’agents dans Thanh Hoa ;
Luc Nam - responsable : capitaine Hernandez ;zone d'action : région de Dinh Lap-Loc Binh-Lang Son, frontière de Chine et RC 4.
Principales antennes en Annam.Ile de Hong Mé - responsable :capitaine Bichelot ; zone d'action : côtes du Thanh Hoa.
Lao Ré - responsable :capitaine Prévot, puis capitaine Léger ; zone l'action : côtes du Lien Khu.
Kontum - responsable : capitaine Hentic, puis lieutenant Thébault ; anime l'action des tribus Hré ; mission : opérations de commandos sur les axes de communication vietminh
LES MAQUISTrès tôt, dans le conflit indochinois, les Services sociaux français cherchent à exploiter à leur profit la répulsion raciale que nourrissent pour les Annamites du Delta et des côtes les populations montagnardes et certaines minorités ethniques. Si, dans les régions du littoral tonkinois et sur les Plateaux moï du Sud-Annam, cette tâche va être relativement aisée il ne va pas en être de même dans les zones de peuplements thaï, dans celles de races meo et man populations vivant entre 1000 et 1800| mètres d'altitude dans les régions de Lao Kay, Ha Giang, Yen Bay. Laï Chau. Son La, Xiang Khouang, Nong Het) où il faut attendre octobre 1950 et les premières opérations du Vietminh en Haute Région pour susciter des mouvements hostiles.
Fin octobre, les forces françaises évacuent toute la région située à l'est du Fleuve Rouge et se regroupent sur la rive droite. Cet abandon marque le début d'une exaltante, mois douloureuse aventure, celles des maquis. La mission des maquis est triple : empêcher les populations de collaborer avec le Viet' minh ; créer sur les arrières viets un climat d'insécurité permanente ; amener progressivement les populations à prendre part à l'action en détruisant systématiquement l'organisation politico-militaire de l'adversaire.
Toutefois une difficulté se pose. Les montagnards que le GCMA recrute ignorent à peu près tout des armes modernes, des techniques de destruction, du matériel radio, et il s'avère indispensable de leur donner un minimum d'instruction. Aussi, pour pallier l'inconvénient majeur que représente la durée des stages de formation, notamment le stage radio, parfois 6 à 8 mois, et obtenir un démarrage rapide, des cadres européens vont être employés.
Pris en main à l'origine par un officier chargé d'apprécier les besoins en armement, postes radio, divers équipements et vivres. de fixer les zones de largage et d'établir l'ordre des liaisons et des transmissions, les maquis sont organisés par des équipes, généralement composées d'un sous-officier et d'un radio, qui recrutent immédiatement des guerriers locaux, les forment et les constituent en groupes armés, appelés «centaines ».
A partir de la fin 1952, la formation de cadres autochtones s'accélère. L'école du Cap Saint-Jacques devient alors un véritable centre d'instruction des maquis, réservé très vite, en raison de l'importance des effectifs à former, aux seuls cadres de rang relativement élevé (officiers de maquis, spécialistes radio pour les postes importants), tandis que chaque représentation régionale est chargée de créer elle-même son propre centre pour instruire ses petits cadres, ses petits spécialistes et un ou plusieurs commandos d'intervention capables d'agir à la demande dans un maquis déterminé.
Parallèlement, une nouvelle politique d'utilisation du personnel européen est adoptée :
- Dans le maquis : deux équipes de sous-officiers en mission temporaire comme conseillers techniques des chefs de maquis, en particulier pour l'organisation des bases intérieures et pour s'assurer de l'exécution des missions.
- A la Centrale : un officier qui suit l'évolution et l'extension des maquis, établit les plans de prévision pour le ravitaillement en armes, munitions, vivres, matériels divers et veille également à l'exécution des missions.
A partir de ce moment, l'action des maquis va devenir pleinement efficace, action qui même après le cessez-le-feu n'arrêtera pas.
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QUELQUES ACTIONS DU GCMA- mi-octobre 1951 : harcèlement des unités vietminh qui se replient après l'échec de l'attaque de Nghia Lo.
- 20 mars 1953 : parachutage de 58 commandos dans le secteur de Dien Bien Phu pour lancer les maquis « arec » et « pamplemousse ».
- 16 avril 1953 : recueil par le maquis Servan des rescapés du repli de la garnison de Sam Neua.
- 23 avril 1953 : opération « riff » - débarquement dans la région de Phan Thiet et destruction des installations viets.
- 1 mai 1953 : OAP « grenoble » parachutage de 48 commandos thaï à Dien Bien Phu.
- début août 1953 : les maquis du Pays thaï facilitent l'évacuation de Na San.
- 1septembre 1953 : opération « Mogador »- la centaine du lieutenant Tocqueville débarque à Duoï Nghoï (région de Quang Nghai) et detruit la batellerie viet.
- 6 octobre 1953 : opération ‘ chau quan tin » raid combiné du maquis « Cardamone » Coc Leu.
- 7 octobre 1953 : prise de Cha Pa par des éléments du maquis « Cardamone »
- 15 octobre 1953 : Opération « Pélican II » débarquement sur Thinh Gia et Ngoc Duong (province du Thanh Hoa), centaine du capitaine Bichelot plus deux centaines de la RR de Tourane plus trois commandos Marine plus trois commandos de FNtV détruisent les installations ennemies.
- 19 octobre 1953 : prise de Binh Lu par des éléments du maquis « Cardamonne ».
- 27 octobre 1953 : prise de Than Uyen par des éléments du maquis « Cardamone ».
- 22-23 novembre : parachutage de 25 commandos du GC 8 dans le secteur de Dien Bien Phu
- 10 11 décembre 1953 : recueil par le maquis « Gamma » de rescapés du repli des partisans de Lai Chau.
- fin décembre 1953 : parachutage d'une trentaine d’autochtones laotiens dans les secteurs de Seno et de Thakhek sur les arrières de la Division 325 (offensive vietminh du 21 décembre).
- novembre 1953 à juin 1954 : parachutage de quelque 400 commandos entre Than Uyen et Nghia Lo en vue de l'extension des maquis vers le sud.
- 7 décembre 1953 : occupation de Phong Saly par le maquis « Gamma »
- janvier 1954 : occupation de Muong Te par le maquis « Gamma ».
- fin avril 1954 : intervention au profit de Dien Bien Phu dans le cadre de l'opèration « Condor » - groupement Malo-Servan avec sous-groupement du lieutenant Mesnier, sous-groupement du lieutenant Vang Pao et sous-groupement du sergent Marcellin plus maquis « Alpha », « Banane », »Gamma », « pamplemousse » et « Arec ».
- mi-mai 1954 : recueil de 76 rescapés de Dien Bien Phu.
Il convient également de noter que l'action des six mille maquisards du quadrilatère Lao kay- Than Uyen-Muong Te-Na Pao permet au cours des mois d'avril et de mai 1954 d' immobiliser douze bataillons « chu luc » et régionaux qui ne pourront, de ce fait, prendre part à la bataille de Dien Bien Phu.
Ly Seo Nung membre du GCMAD’origine Thai, Ly Seo Nung est né le 17 février 1947 à Muong Khuong, un village de la zone frontalière en haute région tonkinoise. A 18 ans il s’engage dans l’armée puis entreprend avec Chi Quang Lo son ami, chef des partisans Méos la mise sur pied d’une résistance anti-japonaise. Les activités clandestines l’obligent à quitter officiellement l’armée et à devenir un « réserviste frontière ».
En fait sous couvert d’activités commerciales il établit la liaison avec les services spéciaux français installés au Yunnan. En juillet 1957n il entreprend la reconquête de la province, réoccupant Hoang Su Phi, Loa Kay en octobre. Li Seo Nung se porte volontaire pour servir au GCMA , au début de 1951. A l’été 1952 il est chargé de réunir les maquis situés de part et d’autre du fleuve Rouge.
Il est donc parachuté avec une trentaine de ses hommes dans la région de Nghia Lo, mais une violente offensive Viet balaie tout les postes militaires et les implantation GCMA de cette région. Le commando de Ly Seo Nung rejoint les implantations amies. En mai 1953, à la demande du commandement il déclenche l’opération « Cardamone ».
Au cessez-le-feu tout s’écroule, la France abandonne ses partisans. Ly Seo Nung atteint le Laos avec quelques hommes. Chevalier de la Légion d’Honneur, couvert de citations et de décorations il ne reçoit officiellement la nationalité française qu’en 1962.
Épuisé physiquement, le cœur brisé par la situation de son peuple et son sacrifice inutile Ly Seo Nung quitte le Laos en 1963 et meurt à Nouméa en 1982.
LE DEBUT DE LA FINA la fin de 1953, le GCMA prend le nom de GMI (Groupement Mixte d’Intervention) sous prétexte de sécurité à renforcer. Pour le GMI le premier semestre 1954 est marqué par de nouveau efforts exigés par le commandement au profit du Tonkin et du Laos. Antennes et centaines manipulées depuis le delta cesseront pratiquement leurs activités après la chute de Dien Bien Phu. Il faut cependant noter l’établissement de contacts intéressant avec les Thos de la moyenne région (Cao Bang), la mise en œuvre du maquis « Sangsue » avec ses 2000 hommes armés. Les survivants gagneront le Laos après le cessez-le-feu de juillet.
En Haute Région, l’antenne de Dien Bien Phu disparaît avec la garnison. Pendant la bataille près de 400 agents ont été parachutés sur les arrières Viets.
Au sud du fleuve Rouge les maquisards de « Cardamone » livrent de très violents combats, près de 3000 guérilleros occupent la rive droite du fleuve de Lao Kay à Van Ban.
Au nord du fleuve Rouge le maquis « Chocolat » est réactivé une nouvelle fois. En juin plusieurs milliers de partisans renforcés par des commandos autochtones du GCMA chassent les unités viets. Ils sont 7000 en juillet, le triangle compris entre le fleuveRouge, la frontière chinoise, Ha Giang et Lucan Chau est totalement libéré.
A partir du 20 juillet les personnels européens sont retirés des opérations, les partisans sont livrés à eux meme. Ils combattront jusqu’à épuisement des munitions.
Le 27 juillet le GMI est interdit d’activité. An nord du fleuve, partisans et populations seront massacrés par les Viets et les Chinois. Pour ceux de « Cardamone », une poignée atteindra le Laos après de furieux combats, il y continueront la lutte.
L’ABANDONQuelques rescapés de Dien Bien Phu et de Lai Chau sont récupérés par les zones de recueil près de la frontière laotienne. An nord Laos certaines implantations trop récentes seront bousculées par l’adversaire, des parachutages de commandos rétabliront la situation.
Au Laos, depuis la Tranninh et la région de Sam Neua, 2000 maquisards Méos, sous la conduite de quelques Européens, tentent de secourir Dien Bien Phu. Ils arriveront en vue de la cuvette au moment de la capitulation, ils sauveront quelques rescapés et regagneront leurs positions de départ, toujours aussi déterminés contre les Viets.
Mis en sommeil fin juillet, le GMI est officiellement dissous en octobre. Il ne sera pas tenu compte des succès remportés et des zones libérés dans les discussions de Genève. Au centre et au Sud-Vietnam, les installations du GMI et ses personnels (du moins ceux qui en étaient d’accord) passent à l’armée vietnamienne.
Mis sur pied trop tard dans un monde militaire hostile et un monde politique indifférent, le GCMA, malgré d’indéniables réussites n’a pu prouver tout son intérêt et toute sa valeur, malgré le courage et l’abnégation de ses cadres, officiers subalternes et surtout sous-officiers, malgré le sacrifice des populations qu’il a su soulever et motiver. Les tenants de cette forme de combat se sont heurtés au conformisme le plus étroit renforcé par des jalousies mesquines et à l’indifférence politique donc de la nation.
Après leur avoir demandé d’énormes sacrifices, le commandement a abandonné sans état d’âme les populations qu’il avait engagées dans un combat sans merci. Cet abominable abandon en précédait d’autres. Le traumatisme provoqué chez les acteurs européens de cette tragédie indochinoise ne pourra que s’accentuer en Algérie ou, malheureusement, les mêmes procédés auront des effets analogues.