Sujet: 1951, l'année de Lattre. Ven 15 Juil 2011 - 18:19
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1951, l'année de Lattre.
Après la défaite de Cao Bang et de la RC4, le choix d’un nouveau chef militaire s’impose. Débarqué à Saigon le 17 décembre 1950, de Lattre ranime l’espoir dans le cœur des combattants français. Mais c’était sans compter sur le destin…
Meneur d’homme fait pour etre chef de troupe sur le terrain, de Lattre avait éprouvé bien des frustrations dans les différents postes d’état major qu’il avait exercés depuis la brutale dissolution de la 1ère armée par de Gaulle. Sachant qu’à l’OTAN qui se constituait sous les ordres d’Eisenhower, il n’y avait pas de place pour lui, de Lattre n’hésita pas : sa place était là ou l’on se battait, là ou battait le cœur des lieutenants et des capitaines, là ou il était l’homme de la situation.
Sur la base d’un rapport sommaire du général Juin, René Pleven, président du conseil désigne comme commissaire de la République et, commandant des forces terrestres au Nord-Vietnam, le général Boyer de Latour. A celui-ci qui s’inquiétait du bruit selon lequel le général de Lattre serait nommé commandant en chef en Indochine il répondit qu’il n’en était pas question et que lui-même peut etre…Boyer de Latour partit rassuré.
Il apparut très vite que cette demi-mesure ne suffirait pas. Une psychose d’abandon déferlait au Tonkin que renforça la décision du nouveau commissaire d’évacuer les familles. Dans le même temps, le Viet-minh annonçait qu’il serait là à Hanoi pour le Tet, le 6 février. Simultanément les évenements se précipitaient en Corée. Il fallait trouver pour l’Indochine un chef militaire d’une pointure supérieure.
Juin, Koenig ou de Lattre ?
Le gouvernement pensa par priorité à Juin, considéré depuis 10 ans comme le meilleur professionnel de l’armée. Sa nomination aurait en plus permis de « baisser les feux » au Maroc. Mais Juin, s’il voulait bien etre appelé comme médecin consultant au chevet de l’Indochine, n’avait aucune envie d’en devenir le médecin traitant. Pied-noir, il ne « sentait » pas l’Indochine. Seul l’intéressait le Maroc à garder à la France.
La désignation de Koenig aurait eu l’avantage de « mouiller » de gaulle dont la statue du commandeur gelait les problèmes outre-mer de la IV ème République et interdisait tout arrangement en Indochine. Mais Koenig homme habile, subordonna son acceptation à l’envoi du contingent, évidemment impossible en année électorale.
Il ne restait que de Lattre qui depuis longtemps pensait à l’Indo. Beaucoup de ses officiers de Rhin et Danube y avaient servi ou y servaient. Son fils Bernard qui depuis le 3 septembre 1949, lieutenant au 1èr chasseurs, avait un poste territorial dans le Delta, écrivait tous les cinq jours à sa mère. Il témoignait de l’ardeur des jeunes chef de poste qui se vouaient corps et ame à la pacification.. Quand le gouvernement lui proposa l’Indochine il accepta tout de suite…à trois conditions : - Avoir les pleins pouvoirs civils et militaires c’est-à-dire etre haut commissaire et avoir la marine et l’aviation sous ses ordres. - Disposer de beaucoup d’argent pour le renseignement et le reste. - Ne pas dépendre de Jules Moch ministre de le défense….
Ainsi commençait une superbe aventure, « une des plus grande des temps modernes » dira Lucien Bodard.
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GRU
Nombre de messages : 128 Age : 73 Date d'inscription : 10/07/2011
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 15 Juil 2011 - 18:45
- son fils "Bernard" qu'il avait d'ailleurs décoré et qui est tombé à Ninh Binh en Indochine le 30 mai 1951 - Très beau post Zitoune.... on attend la suite
Zitoune Invité
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 16 Juil 2011 - 11:57
Salan, Allard, Beaufre….
De Lattre n’eut aucun mal à constituer son équipe militaire. Il avait toujours su trouver et s’attacher les meilleurs officiers, capables de le mieux servir. Il prit comme adjoint Salan, général « républicain » dont il avait pendant la guerre éprouvé le sang froid. C’était en plus un vieil Indochinois ayant passé sa jeunesse dans les territoires militaires à la frontière de Chine. Il avait en 1946 pris part aux négociations avec Ho Chi Minh et Giap et à l’automne 1947 mené en haute Région des opérations qui avaient été prometteuses, sinon décisives.
Comme chef d’état major, il choisit Allard, héroïque chef de bataillon, grièvement blessé en Italie, chef du 4ème bureau à la première Armée. Comme directeur de cabinet, chargé des renseignements il prit Cogny, « la baleine aux yeux bleus », fin politique. Pour le Tonkin, futur champ de bataille conventionnel, il fallait un guerrier, ce sera de Linares. Celui là dira de Lattre il est trop intelligent. « Il finira par me faire faire des conneries »
L’équipe civile
Elle fut plus difficile à réunir… Après quelques échecs de personne de Lattre s’adressa au général Weygand, son « vieux chef » qui le mit en rapport avec l’amiral Decoux, ancien gouverneur général de l’Indochine. Celui-ci lui recommanda ses deux anciens collaborateurs les plus proches : le gouverneur Gautier et son chef de cabinet Jean Aurillac.
Le 17 décembre à Saigon.
C’est ainsi, drapé dans ses « pleins pouvoirs » que de Lattre débarqua le 17 décembre 1950 à Saigon. Il allait prononcer quelques fournées de proscriptions parmi les officiers planqués, médiocres, malchanceux ou moches et s’installer, comme ses prédécesseurs dans le palais Norodom. Il arrive à Hanoi dans la soirée du 19 décembre , anniversaire du coup de force VM de 1946. « l’heure était à l’attente de grands événements obscurs » peut être l’arrivée de l’armée populaire… Ce soir là, près du petit lac, défilent dans l’ombre devant de Lattre quelques bataillons rameutés de ci de là, dans leurs vieilles tenues de brousse,avec leurs chaussures boueuses, leur fatigue, leur sursaut de fierté « tête droite »
De Lattre appuyé sur sa canne, les fixe intensément, puis il descend de la petite estrade en bois et sa rapproche de la troupe jusqu’à la toucher. « Comme ils sont beaux » murmure t-il. Cette cérémonie de communion, ce rite de possession, marque le début de la grande année de la guerre d’Indochine, celle de l’espoir, celle de de Lattre.
Dans les périls il était souverain.
Le VM semble d’abord concentrer quelques forces du coté de Tien Yen au débouché de la RC4 sur le golfe du Tonkin. De Lattre y expédie Beaufre avec un nombre respectable de bataillons et l’appui de l’artillerie de la marine sous les ordres de l’amiral Ortoli, petit par la taille grand par le caractère…le VM n‘insiste pas…/…
Restructuration des TAP
Dès le 4 janvier, par notes de service n ° 430/EMIFT/l et n° 477/EMIFT/, le général de Lattre a prescrit de porter de six à neuf le nombre des bataillons parachutistes opérant en Indochine par création de trois bataillons au Tonkin. L'aménagement et le «jaunissement» des formations déjà existantes vont permettre de dégager les moyens pour recréer le 1er BEP et de constituer deux nouveaux bataillons. Un plan en trois tranches est mis sur pied par le commandant des FAPI : • lre tranche : 6e et 7e GCCP, 10e GPCP («jaunissement») • 2e tranche : 1" et 2e GCCP, 2e BEP («jaunissement») • 3e tranche : Bataillons A, B et C (création). Le Bataillon «C» (capitaine Moretti) commence à se former le 13 février avec le GC 2 du 6e GCCP, (172), le GC 3 du 7e GCCP (115), des éléments de la BAPN, (125) et 400 supplétif*. Le Bataillon «B» (capitaine Gautier) est créé le 28 février avec les GC 3 des 1er et 2e GCCP. des éléments du 10e GPCP et des renforts arrivés de Métropole. Le 1er mars, les FAPI changent d'appellation et deviennent «Troupes Aéroportées en Indochine» (TAPI), tandis que, par souci d'unification, les GCCP prennent la dénomination de «Bataillons de Parachutistes Coloniaux» (BPC). Le 10e GPCP redevient 10e BPCP. Le Bataillon «B» devient 8e BPC à une CCB, deux compagnies mixtes et une CIP. Le Bataillon «C» devient 9e BPC, également à quatre compagnies dont la 9e CIP et le Bataillon «A» est constitué aux ordres du capitaine Vieulès avec la Compagnie de marche du 1er BEP et des éléments de la 3e Compagnie du 2e BEP. Le GLAP est dissous pour former les «Troupes Aéroportées Nord» (TAPN) alors que la 2e DBCCP prend le nom de « Troupes Aéroportées Sud» (TAPS). Les EMO Nord et Sud deviennent «Sections Opérationnelles» Nord et Sud aux ordres du lieutenant-colonel Grall, C’est-ce même officier qui, en mai, à la demande du Commandant en chef, sera chargé d'assurer la direction de toutes les activités du Service Action d'Indochine (mis en place début 1950 par le colonel Fourcaud du SDECE). Ce service sera alors rattaché aux TAPI sous l'appellation de « Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés» (GCMA), (organigrammes des bataillons n" 2l, 22, 23) Le 15 mars, l'arrivée de Sétif d'une maintenance de légionnaires parachutistes permet de rendre le Bataillon «A» opérationnel. Le 18, les compagnies de renfort sont dissoutes et le 1e BEP est recréé à trois compagnies européennes et une CIPLE. Le capitaine Darmuzai en assure le commandement. Le 16 avril, le renforcement hâtif du 6e BPC et une série de mutations dans les différentes unités conduisent à la dissolution du 9e BPC qui est transformé en «Centre d'Instruction des Troupes Aéroportées en Indochine» (CITAPI). Le CITAPI est notamment chargé de l'instruction des recrues vietnamiennes-des bataillons mixtes. A partir du mois de juillet, il assurera également la gestion des «Commandos des Forces Terrestres du Nord-Viet-Nam» dont la mise sur pied est confiée au commandant Fourcade. Ces unités, appelées «commandos d'intervalle», ont pour mission la recherche du renseignement en sillonnant les «trous» du dispositif défensif entourant le Delta. Quarante-cinq commandos, comprenant six Européens et cent vingt supplétifs autochtones, vont être en tout constitues. Pour les encadrer, le commandant Fourcade a fait appel au volontariat, et les parachutistes y sont venus nombreux. Des officiers, comme les lieutenants Poey et de Lestang (1er BPC), Bruch et Oudinot (CITAPI), Fournier (7e BPC), Alezeau (8e BPC), Chaussade et Juval (10e BPCP), lltirbier de Préville (2e BEP), s'y distingueront tandis que d'autres, comme le capitaine Legrand (2r BPC), le capitaine Tommasi (5e BPC), le lieutenant Balthazar (2e BPC) dirigeront de haute main l'instruction dispensée au Centre de Vatchay.
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Quelques jours plus tard, l’on apprend par les décryptements qu’il concentre le gros de ses forces disponibles, la division 308 et la 312 qui achève son rééquipement, au nord-ouest du Delta, sur les pentes du Tam Dao, au nord de Vinh Yen. La bataille de Vinh Yen commence selon un schéma classique pour le VM : attaque la nuit d'un gros poste et mise en place d'une très forte embuscade sur l'itinéraire que devra emprunter la colonne de secours. En l'espèce le piège se referme le 15 janvier sur le groupe mobile qui vient d'être constitué et placé sous les ordres du lieutenant colonel Vanuxem que de Lattre a fait chercher en Cochinchine. Deux des trois bataillons engagés refluent en désordre avec de lourdes pertes vers la petite citadelle de Vinh Yen, « pauvrette et ancienne ». Cette nuit-là, et encore la nuit suivante, le VM aurait pu, en poursuivant son avance, s'emparer facilement de la position, encombrée de blessés et défendue seulement par le bataillon Muong et un groupe d'artillerie à court de munitions. Pourquoi ne le fit-il pas ? Il fut sans doute dépassé par l'ampleur de son succès initial. Faute de transmissions adéquates et prisonnier de son centralisme, il réagissait difficilement à l'imprévu, fut-ce un succès à exploiter dans la foulée. De Lattre, avec son petit Morane, se posa à Vinh Yen en pleine bataille, mesura la gravité de la situation et de retour à Hanoi rameuta de partout des renforts - qui n'auront pas à être engagés. Dans les périls, il était souverain.
Zitoune Invité
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Juil 2011 - 8:39
La victoire de Vinh Yen. Deux jours plus tard, miraculeusement, le crachin se dissipa, permettant d'engager à plein l'aviation qui employa pour la première fois en Indochine, le napalm que le gouvernement s'était interdit jusqu'alors d'utiliser. Ses effets furent terrifiants sur les bataillons de jeunes recrues envoyés par Giap en première ligne. Des combats acharnés se déroulèrent encore pendant toute une nuit sur les croupes devant Vinh Yen dont se rapprochait lentement, venant de l'Est, le groupe mobile du colonel Edon. Finalement le Viêt-minh décrocha sans que l'on essayât de le poursuivre. La catastrophe de la RC4 était trop récente, trop insuffisante la remise en ordre du corps expéditionnaire, pour que de Lattre s'aventurât en Haute Région. Bien qu'à la vérité elle n'ait vu s'opposer que des effectifs peu importants : du côté français deux groupes mobiles renforcés, soit sept ou huit bataillons, du côté viêtminh douze bataillons, dont quatre de jeunes recrues, la victoire de Vinh Yen fut une vraie victoire, la vraie victoire de De Lattre en Indochine. Le général ne se fit pas faute de magnifier ce « tournant de la guerre » et l'Armée populaire, du haut en bas de l'échelle, fit son autocritique. Les conséquences allaient peser sur la stratégie future des deux camps.
Les divisions de Giap sont bien armées Bien que vainqueur, de Lattre avait été profondément impressionné par l'héroïsme fanatique des soldats viêt-minh dans leurs assauts à base de submersion. De cette révélation autant que de la menace d'une invasion chinoise découla sa décision, critiquée, d'entourer le Delta d'une ceinture fortifiée coûteuse en hommes et en crédits. De Lattre découvrait l'immensité de sa tâche : ainsi la défaite de la RC4 ne s'expliquait pas seulement par l'impéritie du commandement mais par la qualité intrinsèque de l'adversaire, d'un adversaire qui ne cessait de se renforcer qualitativement et quantitativement grâce à l'armement américain quasiment neuf en bien meilleur état que celui du corps expéditionnaire rescapé des campagnes d'Italie et de France, pris aux armées du Kuomintang en Mandchourie.
Dans peu de mois, Giap allait disposer, non plus de deux, mais de cinq divisions, les 304, 308, 312, 316, 320, rustiques, mobiles, acharnées, bien armées, bien encadrées, bien commandées, égalant les meilleures unités du corps expéditionnaire et supérieures aux autres hors artillerie et hors aviation. Ainsi s'explique que de Lattre « naturellement prudent, instinctivement méfiant » n'ait jamais osé « aller chercher » l'ennemi dans ses repaires en Haute Région et qu'il n'ait pas, après la victoire de Vinh Yen, renvoyé en Cochinchine et en Annam les bataillons qu'il y avait prélevés « temporairement » pour faire face à ce qu'il croyait être la grande offensive Viêt-minh au Tonkin. Avant que le corps expéditionnaire soit en mesure d'attaquer à son tour, il fallait accroître très sensiblement sa puissance en obtenant de la métropole un minimum de renforts, en dédoublant les unités existantes par « jaunissement », en donnant au Vietnam de Bao Dai la volonté d'affronter le Vietnam d'Hô Chi Minh et en arrachant à l'Amérique de grandes quantités de matériel neuf.
La stratégie de Mao Du côté Viêt-minh, les leçons de l'échec ne furent pas perdues sur le plan de la tactique : jamais plus l'infanterie viêt-minh ne se lancera frontalement à l'attaque de jour en terrain découvert où elle s'exposait nue à la puissance de feu de l'artillerie et de l'aviation. Dans les batailles suivantes du Dong Trieu et du Day, les régiments viêt-minh attaqueront de nuit en jaillissant des montagnes proches pour des coups de poing contre nos positions avant de se replier avant le jour dans les montagnes ou de se diluer dans la rizière. Stratégiquement, les conséquences de Vinh Yen furent encore plus considérables. Le congrès qui se tint du 11 au 19 février au Viêt-Bac vit non seulement la reconstitution sous le nom de « Parti des travailleurs » du parti communiste Indochinois théoriquement dissous en 1945 quand le Viêt-minh voulait apparaître comme un Front national, mais l'adoption de la stratégie de Mao Tsé Toung privilégiant une guerre longue ayant pour but non l'occupation du terrain, mais la main mise progressive sur la population et la destruction physique et morale de l'ennemi. Cette stratégie devait s'avérer efficace face à la France, car si en règle générale une démocratie a de la peine à mener une guerre longue, les Etats-Unis allaient en donner la preuve en Corée, a fortiori était-ce le cas d'un pays fatigué comme la France de la IVe République.
Vinh Yen première offensive viet dans le Delta.
Zitoune Invité
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Juil 2011 - 12:35
Le combat à Paris Après Vinh Yen le premier objectif de De Lattre fut d'aller demander quelques renforts « calculés au plus juste » au gouvernement français. Mais le temps que s'achève le feuilleton à rebondissements de la constitution du « premier gouvernement vietnamien del’indépendance », en France le gouvernement Pleven avait été renversé. De Lattre dut attendre la formation du nouveau gouvernement, par Queuille (avec les mêmes). Alors il put partir à Paris et pendant une semaine, inlassablement, il fit à deux reprises le siège des membres du gouvernement. Finalement, grâce à Vincent Auriol, à Queuille et à Letourneau, malgré l'opposition de Pleven resté vice-président du Conseil, de Jules Moch, ministre de la Défense qui voulait en priorité tenir la promesse faite par la France de fournir dix divisions à l'OTAN, et de François Mitterrand, ministre de la France d'outre-mer, qui estimait ne pas pouvoir dégarnir davantage les territoires dont il avait la charge, il obtint une bonne partie de ce qu'il avait demandé, mais sous promesse de rendre ces effectifs le 1er juillet 1952. C'était une formule bâtarde, mais « à chaque jour suffit sa peine ». De Lattre revint en Indochine en se déclarant satisfait, mais inquiet du décalage qu'il apercevait entre les exigences de la guerre et les dispositions du gouvernement. En envoyant en Indochine son chef militaire le plus flamboyant, le gouvernement avait voulu parer au plus pressé, mais une bonne moitié des hommes politiques espéraient confusément qu'après avoir remporté « une petite victoire », selon l'expression de Vincent Auriol, de Lattre proposerait ce dont le gouvernement ne pouvait pas prendre l'initiative à cause du MRP et de De Gaulle : un appel à la partie adverse en vue d'un cessez-le-feu. « J'ai entendu à Paris, rapporta de Lattre à Salan, une phrase terrible : Ne vous installez pas dans la guerre ». Comme si l'armée nationale vietnamienne pouvait se faire en quelques jours !
La bataille sur le terrain La bataille du Dong Trieu s'engageait quand de Lattre arriva à Hanoi le 28 mars au soir. Le général Salan avait sagement un peu déplacé vers l'est le centre de gravité du corps expéditionnaire, mais il n'avait pas osé évacuer tous les petits postes qui jalonnaient la RP18 entre le massif du Dong Trieu et le Song Da Bach : ils étaient tombés au cours des nuits précédentes l'un après l'autre. Fiévreux, mis au lit par son médecin, le fidèle Petchot Bacquet, le général soudain se redressa et comme en transe cria : « Mao-khé, Mao-khé ». Il avait deviné que là aurait lieu l'attaque décisive... Dans la nuit du 29 au 30 le poste de Mao-khé-Mines tenu par une compagnie de partisans Tho commandée par le fils d'un grand chef coutumier, le lieutenant Toan, résista héroïquement aux tentatives de submersion ennemies avec le seul appui de l'artillerie, et des canons du vieux Duguay-Trouin, auquel, malgré les hauts fonds, la Marine avait pu faire remonter le Song Da Bach. La nuit suivante, ce fut le tour du poste de Mao-khé-Eglise, situé en contrebas qui, renforcé par l'élément de tête de la colonne de secours, le 6e BPC, soutint l'assaut de deux régiments. Les jours suivants d'autres gros postes comme Ben Tam furent à leur tour attaqués et, bien encagés par l'artillerie, tinrent bon. Puis le feu s'éteignit comme il s'était allumé : brusquement. Les régiments Viêt-minh repartirent sans être poursuivis dans leurs montagnes, sauf quelques bataillons qui s'infiltrèrent dans le Delta.
La mort de Bernard Le même schéma se reproduisit deux mois plus tard en zone Sud, sur le Day. Après avoir, surgissant à l'improviste, anéanti dans la nuit du 28 au 29 mai le commando François installé dans l'église de Ninh Binh, la division 308 attaqua la nuit suivante les deux rochers de Ninh Binh tenus par le bataillon de marche du 1er chasseurs, constitué de recrues vietnamiennes hâtivement instruites par de jeunes officiers détachés de ce régiment. Bernard de Lattre avait voulu donner l'exemple et pris le commandement d'un escadron. Il fut tué cette nuit-là d'un obus de mortier. Le général perdait son étoile, sa plus grande raison de vivre. Accablé de chagrin et du sentiment de sa responsabilité, sentant peut-être aussi qu'il y avait là l'occasion de faire rendre un hommage solennel par la nation à tous ses enfants morts dans une guerre qui était sale pour certains, et lointaine pour tous, de Lattre, sans attendre le retour du général Salan alors en France, partit ramener à sa mère et à « Notre-Dame de France » le corps de son fils et de deux de ses camarades. Parmi ceux qui à Paris rendirent hommage au jeune officier « mort pour la France », qui pouvait penser que la cérémonie était la répétition de celle qui dans six mois serait célébrée pour son père ? La bataille continua sous les ordres de Linarès ; après plusieurs assauts extraordinairement violents, comme à Yen Cu Ha, les Viêts s'évanouirent non sans avoir réussi à infiltrer plusieurs bataillons dans le Delta pour s'emparer de la récolte du cinquième mois. Pour rassurer l'opinion et comme pour justifier le sacrifice de Bernard, de Lattre proclama que la victoire du Day avait causé à l'ennemi des pertes très supérieures à toutes ses défaites précédentes. Cependant dans son for intérieur, même sans une intervention chinoise qui était son obsession, le général sentait qu'il n'y avait pas de solution militaire à proche échéance.
La lutte contre le communisme Pour que le problème devienne soluble, il fallait qu'une forte armée nationale vietnamienne animée d'une volonté de vaincre égale à celle du Viêtminh, adossée à un gouvernement de combat, formée par la France mais armée et équipée par l'Amérique, vienne s'ajouter à un corps expéditionnaire lui-même considérablement renforcé par l'aide américaine en aviation, artillerie, blindés, bâtiments fluviaux, véhicules de tout genre, moyens de transmission, etc. La face politique de sa mission, au Vietnam, aux Etats-Unis, dans la conscience du « monde, libre » devenait pour de Lattre l'essentiel. A d'autres peut-être de gagner plus tard la guerre, à lui d'en assurer maintenant la promotion. Le 19 avril, trois mois après la victoire de Vinh Yen, le général ayant montré au président Tran Van Huu, accompagné de ses principaux ministres, la ceinture fortifiée qui se construisait autour du Delta, amena ses invités sur le « haut lieu » où s'était joué selon lui le sort du Delta, la petite citadelle de Vinh Yen. Il y affirma avec éclat son rôle qui n'était pas de limiter l'indépendance du Vietnam, mais de l'accomplir en aidant le pays à grandir dans « la communauté des peuples libres ». Le président Tran Van Huu en réponse annonça que le Vietnam s'engageait désormais avec toutes ses forces dans la lutte contre « l'ennemi commun », qui était le communisme. Bien sûr, de Lattre avait amené à Vinh Yen Tran Van Huu à défaut de Bao Dai. Il estima pourtant avoir fait prendre à la guerre son deuxième grand tournant.
De lattre décore son fils le 11 mai 1951,
quelques jours plus tard il sera tué par un obus de mortier
Dong Trieu et Mao Khe : De Lattre va contrer Giap pour la seconde fois.
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Zitoune Invité
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Juil 2011 - 18:45
Bao Dai à Hanoi Le grand moment, l'apogée de l'année de Lattre en Indochine, fut à Hanoi, le 14 juillet. Enfin, bien que souffrant des yeux, Bao Dai était monté dans sa capitale du Nord. Une foule chaleureuse et bon enfant applaudissait les nouveaux bataillons vietnamiens et le corps expéditionnaire comme une armée alliée, amie. Le lendemain, Bao Dai signa l'ordonnance de mobilisation qui permettait au gouvernement par voie d'arrêté d'appeler sous les drapeaux n'importe quelle tranche ou catégorie de citoyens. C'était un grand acte symbolique dont l'effet serait limité par l'absence de recensement et de structures d'accueil. Dans la pratique 15 000 jeunes Vietnamiens seront mobilisés pour deux mois, et ensuite, de deux mois en deux mois, une autre tranche pour la même durée. A l'issue de leur période de mobilisation, une partie des jeunes recrues signèrent un engagement dans l'armée nationale, une autre partie prit de gré ou de force le chemin du Viêt-minh. De retour à Paris fin juillet, de Lattre alla exposer au président de la République tout ce qu'il avait réalisé ou engagé. La situation était rétablie, il n'y avait pas d'autre solution que de continuer l'effort. Il fallait exclure toute négociation avec l'adversaire qui serait une trahison de nos amis au moment même où ils commençaient à se mouvoir dans la bonne direction. Divisé comme il était, le gouvernement ne pouvait évidemment passer outre à la volonté inflexible d'un général victorieux engagé dans une croisade. La faiblesse du régime faisait la force de son proconsul... et la différence avec MacArthur. Restait à valoriser auprès des Américains, alors que les pourparlers d'armistice s'engageaient en Corée, la lutte que la France menait seule contre ce que l'on appelait à l'époque « le bloc communiste ».
Mission aux USA Eclairé par son ambassade à Paris et sa légation à Saigon sur la susceptibilité du « French Fighting General », l'administration américaine veilla à ce que de Lattre soit reçu aux USA partout avec les plus grands honneurs, et le nombre de coups de canon auquel a droit un « General of the Army », qui est beaucoup plus aux Etats-Unis qu'un général d'armée en France ! Au prix d'un effort surhumain, de Lattre obtint de l'« administration » américaine tout ce que celle-ci pouvait accorder en un temps où l'industrie de guerre remise en route lors de la guerre de Corée ne dégageait pas encore beaucoup de surplus pour un autre théâtre d'opérations et où le Congrès n'avait pas encore voté le budget 1951. De retour à Paris fin septembre, le général continua de mener la vie trépidante qui était la sienne, exposa de tous côtés les résultats positifs de sa mission aux Etats-Unis, tenta un doublé du côté de la Grande-Bretagne où il recueillit des paroles aimables et même amicales, et essaya de convaincre les ministres réunis au sein du Comité de défense nationale que l'on pouvait maintenant en Indochine entrevoir « le bout du tunnel » . Enfin le général consentit à se laisser examiner, apprit avec certitude qu'il avait un cancer et obtint cependant l'autorisation de retourner un mois en Indochine avant de revenir se faire opérer à Paris. En route vers l'Indochine, de Lattre s'arrêta à Rome, fut reçu à Castel Gandolfo par le pape, obtint de lui la désignation d'un délégué apostolique et son soutient dans ce qui était, selon lui, une œuvre de défense de la civilisation et de la chrétienté. A Saigon l'accueil fait par « l'Indochine à son Sauveur », préparé minutieusement par un comité ad hoc, fut grandiose et artificiel. « Fin comme l'ambre », le général le sentit et cela accrut son hostilité nouvelle contre Tran Van Huu dont le gouvernement ne progressait qu'à pas comptés sur la voie royale ouverte à Vinh Yen, et qui s'était permis de faire écrire dans l'Echo du Vietnam que « la mission du général de Lattre aux Etats-Unis avait utilement complété sur le plan militaire l'action qu'avait menée le président du gouvernement vietnamien sur le plan politique ». La riposte du général fut fulgurante. A l'occasion d'un dîner offert par Tran Van Huu en l'honneur de S.M. Bao Dai, il prononça à l'improviste un discours hyperbolique exaltant la fonction de la Couronne et la personne de l'empereur, source de tout pouvoir, support de l'unité nationale. Tran Van Huu, vieux républicain, était provoqué et perdait la face à sa propre table. Le général retrouva Hanoi avec plaisir et émotion. Saigon sentait la piastre qui lui faisait horreur. Hanoi était son enfant, qu'il avait sauvé. Il faisait beau. Le temps était clair. C'était l'automne, propice dans le Nord aux opérations militaires. Mais le Viêt-minh n'attaquait pas. Et de Lattre non plus.
Soudain une lettre manuscrite de François Valentin* signala l'aggravation brutale du climat en France. A la veille de l'examen par la Chambre des crédits militaires pour l'Indochine qui avait presque doublé d'une année à l'autre, le gouvernement s'inquiétait. L'opinion était lasse. Le pays avait envoyé en Indochine « avec les pleins pouvoirs » son général le plus prestigieux. Celui-ci avait remporté victoire sur victoire sans que l'on se rapproche de la Victoire. Les mauvais esprits ajoutaient que les victoires remportées étaient uniquement défensives et que le général ne semblait pas capable de reprendre l'initiative des opérations ; sa stratégie était purement statique. De Lattre devant Allard reposa la lettre sur son bureau avec une infinie lassitude. « Ils ne comprennent rien à Paris. Ils veulent que j'attaque. Eh bien je vais attaquer ». Telle fut l'origine de l'offensive sur Hoa Binh, extraordinaire déploiement de forces pour occuper un objectif que l'ennemi n'occupait pas ou ne défendit pas et que Salan fut obligé d'évacuer trois mois plus tard.
Il faut savoir mourir Mais le boomerang ne pouvait plus atteindre de Lattre : il était parti rejoindre Bernard. « Pour être un grand homme, disait La Rochefoucauld, il ne suffit pas de naître, il faut encore savoir mourir. » Au moment des obsèques du nouveau maréchal de France, la IVe République était une fois de plus en crise ministérielle. Les funérailles nationales, magnifiquement ordonnancées, permirent au pays d'oublier un instant ses problèmes, petits et grands, pour communier avec émotion, en la personne d'un héros, dans le culte de sa grandeur passée. Ce fut un grand moment que de Lattre eût aimé vivre. Restait la guerre d'Indochine. Le gouvernement était aussi incapable de la conclure que de la conduire. Restait aux combattants d'Indochine, aux lieutenants et aux capitaines, le sentiment d'avoir participé à une grande aventure, celle de la renaissance de l'espoir et de la fierté. L'espoir mourra à Diên Bien Phu, non la fierté.
Hoa Binh, Rivière Noire, RC6 (10.12.51- 12.1.52) ou durant un mois, les divisions VM vont s'essouffler sans succès.
* François Valentin : Avocat, il avait défendu de Lattre devant le tribunal militaire de Lyon en janvier 1943. Très proche François Valentin vivait pour le général.
Rapport de fin de mission (extraits) de JP Dannaud, conseiller au cabinet de De Lattre. Les cartes : Paras d'Indochine, JP Pissardy.
rpima-6
Nombre de messages : 427 Age : 76 Localisation : Auvergne Date d'inscription : 07/06/2011
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Mer 8 Aoû 2012 - 18:16
Moultes fois lu et relu !
Merci , ZIT , pour ce résumé " éclair " ...
"il était parti rejoindre Bernard. « Pour être un grand homme, disait La Rochefoucauld, il ne suffit pas de naître, il faut encore savoir mourir. "
Tous CEUX qui sont morts la bas , pour moi , ce sont tous des " De Lattre " ...
ILS nous ont montré comment mourir pour l'honneur de servir ...
Et comment la France peut se regarder en face , suite à la considération qu'ILS ont reçu lors de leur retour ...
" J'ai mal à ma France ... "
Manta210
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 6 Fév 2015 - 15:53
Bonjour,
1951 :La défense du Tonkin
Fin 1950, la guerre d'Indochine dure depuis plus de quatre ans et le Corps Expéditionnaire Français d'Extrême-Orient (CEFEO) subit une défaite extrêmement meurtrière au nord Tonkin. C'est la tragédie de la RC4 et la retraite de Cao Bang vers Dong Khe et Lanson qui s'est transformée, en quelques jours, en un effroyable bain de sang pour plus de 5000 soldats et des milliers de civils vietnamiens qui fuient avec l'armée française, devant les forces du Vietminh dont le commandement français a largement sous-estimé l'importance. Avec cette tragédie de la RC4, la France semble brutalement découvrir la guerre qui se déroule à 13 000 km de chez elle:c'est un véritable coup de tonnerre!Le Tonkin est menacé et la peur s'installe à Hanoï. La situation militaire devient extrêmement dangereuse. Les erreurs d'appréciation et de commandement qui ont conduit à cette catastrophe sont incontestables. Un changement de chef s'impose.
Plusieurs généraux prestigieux sont pressentis. Les généraux Juin et Koenig refusent. Le général Jean de Lattre de Tassigny, commandant en chef prestigieux de la Première Armée en 1944-1945, accepte le challenge. Il demande et obtient les pouvoirs civils et militaires le 6 décembre 1950 en étant nommé Haut commissaire de France en Indochine et Commandant en chef du CEFEO.
Le « roi Jean » n'a pas servi en Indochine, mais il a suivi de près l'évolution de la situation grâce aux nombreux officiers du Corps Expéditionnaire qui ont été ses camarades de combat et avec lesquels il est en contact. Son fils, Bernard, au Tonkin depuis quinze mois avec le 1er Régiment de Chasseurs, avait écrit à sa mère : « Dis à papa qu’on a besoin de lui, sans cela ça ira mal... ».
La bataille du Tonkin 1/3
L'annonce de son arrivée suscite un immense espoir auprès des soldats mais aussi de la population européenne et des Indochinois non acquis au Vietminh. Sa personnalité exceptionnelle et ses qualités militaires laissent présager un souffle nouveau et un sursaut dans cette Indochine où la France s'enlise. Le 17 décembre 1950, il débarque à l'aéroport de Saïgon, avec une grande solennité et le sens de la mise en scène qui lui est propre. Il est accompagné du ministre des Etats associés, Jean Letourneau, qui lui a promis son soutien.
Les Généraux de Lattre et Salan dans l'avion qui part pour l'Indochine
Pour relever ce défi du redressement, il arrive avec ses « Maréchaux », fidèles compagnons de la 1ère Armée, mais il a choisi également quelques hauts fonctionnaires et officiers qui connaissent bien l'Indochine, tels l'administrateur Jean Aurillac et le Général Raoul Salan "Le Mandarin"dont il fait son adjoint opérationnel.Allard sera chef d’état-major, Cogny deviendra chef de cabinet, Beauffre sera chargé des plans et stratégies. Il ne masque pas sa froideur à l'égard de la plupart des responsables civils et militaires venus l'accueillir et fait bien comprendre son désir de voir changer les comportements.
A Hanoï, qu'il rejoint aussitôt, il passe les troupes en revue et déclare aux officiers : « L'ère des flottements est révolue. Je suis venu pour vous, les lieutenants et les capitaines. Désormais vous serez commandés. Quoi qu'il arrive, je serai avec vous. Nous ne cèderons plus un pouce de terrain. Je vous apporte la guerre, mais aussi la fierté de cette guerre ».
De Lattre est un chef qui a le don de galvaniser les énergies. Dès les premiers jours c'est un véritable électrochoc, et la confiance revient. De Lattre veut des changements rapides, sur le plan militaire et politique. Mais l'urgence, c'est la menace qui plane sur Hanoï. Les troupes d'Ho Chi Minh sont très proches. Où vont-elles frapper ? L'ennemi brouille les cartes et les informations des services de renseignements sont cruciales dans ce jeu de cache-cache et d'intoxication.
Contrarié par l’impact provoqué par l’arrivée du nouveau commandant en chef, le général Vô Nguyen Giap, commandant les troupes du Viêt-minh, décide de passer à l’offensive. Il masse ses troupes (les DD304, 308, 312, 320 et 351) sur le Tam Dao, un massif montagneux du Tonkin situé à moins de 60 km de la capitale. Le 14 janvier 1951, il attaque Vinh Yen et Phuc Yen, villes ouvrant la route vers Hanoi. Le général de Lattre réagit en mobilisant des bataillons et des groupes mobiles et fait intervenir l’aviation. La bataille dure trois jours, l’offensive du Viêt-minh est repoussée. C’est la première victoire de l’armée de de Lattre.
L'année 1951 va voir la bataille pour le Tonkin s'articuler en cinq actes:
Le 11 juillet 1951 au lycée Chasseloup-Laubat de Saigon, à l’occasion d’une distribution de prix, le général prononce un discours destiné à inciter la jeunesse du pays à s’engager : « Soyez des hommes, c’est-à-dire, si vous êtes communistes, rejoignez le Viet Minh, il y a là-bas des individus qui se battent bien pour une cause mauvaise. Mais, si vous êtes des patriotes, combattez pour votre patrie, car cette guerre est la vôtre. Elle ne concerne plus la France que dans la limite de ses promesses envers le Vietnam et de la part qu’elle entend prendre à la défense de l’univers libre. D’entreprise aussi désintéressée, il n’y en avait pas eu, pour la France, depuis les croisades. Cette guerre, que vous l’ayez voulue ou non, est la guerre du Vietnam pour le Vietnam. Et la France ne la fera pour vous que si vous la faites avec elle. ». Par ce discours, il tente d’entraîner le Vietnam officiel (celui de Bao Dai) dans la guerre. Il sera récompensé cinq jours plus tard par la décision de Bao Dai de mobiliser le pays.
Cependant, la nature du conflit a évolué et de Lattre va développer de nouvelles approches : constitution de nombreux groupes mobiles, création de forces spéciales (GCMA), construction d'une ligne de fortifications dans le delta tonkinois, développement des forces maritimes et aériennes, mise en place d'antennes chirurgicales proches des théâtres d'opérations, actions sociales en direction des populations.
La bataille du Tonkin 3/3
L'efficacité des Groupes mobiles - qui réunissent environ 2000 hommes sous un même chef opérationnel, souvent l'un des fidèles « maréchaux » - réside principalement dans leur flexibilité et leur rapidité d'intervention. Le GM n'a pas de secteur réservé et son armement, comme les unités mobilisées, varie en fonction des opérations. En outre, une étroite coordination est mise en place entre les troupes terrestres et les forces aériennes et navales, dont l'intervention sera souvent déterminante pour arracher la victoire. Pour protéger le delta du Fleuve Rouge de Lattre va faire construire un réseau de fortifications, qui seront autant de sonnettes d'alarme et de bases permettant de disposer de points de défense sécurisés et facilitant les actions d'infiltration dans les zones contrôlées par le Vietminh.
Mais de Lattre ne veut pas se limiter à la guerre traditionnelle. Il va également développer, sur presque tout le territoire, des maquis avec les minorités ethniques hostiles au Vietminh, et des commandos qui accueilleront de nombreux partisans indochinois, dont beaucoup d'anciens prisonniers vietminh retournés (à l'image du Commando Vandenberghe). Ces formations se révèleront extrêmement efficaces. La Cochinchine et le sud Annam sont partiellement pacifiés, mais devant la montée en puissance de l'armée de Giap, les forces de l'Union française sont insuffisantes, surtout au Tonkin : début 1951, les effectifs du Corps Expéditionnaire s'élèvent à environ 140 000 hommes, venant d'horizons divers (30 % de métropolitains, 10 % de légionnaires, 27 % originaires d'AFN ou d'Afrique noire, 33 % d'Indochinois). Après les premières victoires franco-vietnamiennes (Vinh Yen en janvier, Mao Khé / Dong Trieu en mars-avril, puis la bataille du Day en mai-juin), de Lattre va insister pour que les Vietnamiens s'impliquent davantage dans la défense de leur pays.
Le « Jaunissement » du Corps Expéditionnaire et le développement de l'Armée Nationale vietnamienne de Bao Daï vont être prioritaires pour de Lattre. Le pourcentage de soldats indochinois dans les unités des forces françaises va croître et l'Armée nationale vietnamienne verra ses effectifs doublés en 1951, pour atteindre 130 000 hommes. Les écoles militaires de cadres ou de spécialisation se multiplient dans tout le pays. Le recrutement a été difficile, il a fallu convaincre les autorités vietnamiennes. De Lattre s'y est attaché inlassablement.
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Jeu 9 Avr 2015 - 16:54
.
La maladie puis la mort de De Lattre est peut être, plus que toutes les batailles, la plus grande tragédie pour l'Indochine.
De Lattre avait, indépendamment de ses qualités de soldat, une aura politique... Et l'oreille des américains...
_________________ Si ce que j'ai fait est vain, qu'il me reste au moins de m'être dépassé en le faisant...
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Mer 11 Jan 2017 - 17:59
Souvenons nous.... pour ceux qui le peuvent, évidemment !
Il y a 65 ans ce 11 janvier, disparaissait le "Roi Jean"....
A 62 ans, il est emporté par un cancer, le surmenage et lu décès de son fils unique, Bernard.... tué au combat quelques mois plus tôt....
C'est lors de ses obsèques nationales, à Notre-Dame et aux Invalides, qu'il est élevé à dignité de Maréchal de France, avant d'être inhumé dans son village de Vendée, Mouilleron-en-Pareds, où repose son fils, à quelques mètres de Clémenceau...
Etaient présents entre autres personnalités : de Charles de Gaulle, Dwight David Eisenhower et Bernard Montgomery....
_________________ S.F. "La Guerre n'est pas belle, l'Humanité ne l'est pas non plus..." - Général Bigeard Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 14 Jan 2017 - 19:09
Remember.... Cela pourrait bien être le titre d'un nouveau sous-forum avec toutes les dates anniversaires que nous rencontrons ce mois de janvier, et probablement durant les suivants !
En lien avec le 65e anniversaire de la disparition du "Roi Jean", l'un de mes correspondant m'adresse ce lien vers l'ANAI.... Il aborde la période trop courte, hélas, où de Lattre opéra en Indochine...
Le général de LATTRE en Indochine - 1951 une année de victoires
Ndlr : les photographies qui illustrent cet article sont issues de la collection de la Fondation Maréchal de Lattre
Fin 1950, la guerre d'Indochine dure depuis plus de quatre ans et le Corps Expéditionnaire Français d'Extrême-Orient (CEFEO) subit une défaite extrêmement meurtrière au nord Tonkin. C'est la tragédie de la RC4 et la retraite de Cao Bang vers Dong Khe et Lanson qui s'est transformée, en quelques jours, en un effroyable bain de sang pour plus de 5000 soldats et des milliers de civils vietnamiens qui fuient avec l'armée française, devant les forces du Vietminh dont le commandement français a largement sous-estimé l'importance. Avec cette tragédie de la RC4, la France semble brutalement découvrir la guerre qui se déroule à 13 000 km de chez elle.
Comment en est-on arrivé là ?
En septembre 1945, après la capitulation japonaise, Ho Chi Minh, chef du mouvement vietminh, proclame unilatéralement la République Démocratique du Vietnam. Fin 1945, les troupes du Corps Expéditionnaire, conduites par le général Leclerc, reprennent pied en Indochine. Au cours de l'année 1946 Thierry d'Argenlieu, chargé de restaurer la souveraineté française, se heurte à la détermination du chef du Vietminh qui s'est imposé assez vite, par la violence et l'emprise sur les populations, comme seul interlocuteur nationaliste. Les discussions politiques échouent, en partie à cause des divisions et des flottements dans le camp français. Le Vietminh décide de passer à l'attaque. Le 19 décembre 1946, Ho Chi Minh déclenche une insurrection générale qui marque le début d'une guerre de huit ans avec la France. Sur le plan militaire, ce fut tout d'abord, pour le Vietminh, une guérilla faite de harcèlements et de coups de main sur tout le territoire. L'enjeu étant pour lui le contrôle des populations et la démoralisation de l'adversaire autant que la conquête du terrain.
En 1949, la France essaye de construire une alternative politique pour le Vietnam, en reconnaissant l'indépendance et le pouvoir de l'empereur Bao Daï, mais le Vietminh contrôle déjà une partie importante du territoire et son influence sur les populations est croissante.
De plus fin 1949, le combat change de nature, après la prise de pouvoir de Mao Zedong en Chine et grâce à son soutien, l'armée vietminh est désormais équipée d'armement moderne et ses soldats sont très entrainés. Les provinces chinoises proches de la frontière sont pour elle des bases arrière totalement protégées. En septembre 1950, le Nord Tonkin devient indéfendable et le commandement français décide, trop tard, une évacuation de Cao Bang vers le Delta. Les Vietminh encerclent déjà toute la zone et, en quelques jours, plusieurs bataillons français de troupes d'élite sont anéantis. La situation militaire devient extrêmement dangereuse. Le Tonkin est menacé et la peur s'installe à Hanoï. En France comme en Indochine c'est un coup de tonnerre. Les erreurs d'appréciation et de commandement qui ont conduit à cette catastrophe sont incontestables. Un changement d'homme s'impose.
Pour redresser la situation, quel sera l'homme providentiel choisi ? Plusieurs généraux prestigieux sont pressentis. Les généraux Juin et Koenig refusent. Le général Jean de Lattre de Tassigny, commandant en chef prestigieux de la Première Armée en 1944-1945, accepte le défi. Il est nommé Haut commissaire et Commandant en chef. Le nouveau proconsul n'a pas servi en Indochine, mais il a suivi de près l'évolution de la situation grâce aux nombreux officiers du Corps Expéditionnaire qui ont été ses camarades de combat et avec lesquels il est en contact. De plus son fils Bernard, qui s'est engagé, est lieutenant dans un poste au Tonkin depuis 17 mois.
L'annonce de son arrivée suscite un immense espoir auprès des soldats mais aussi de la population européenne et des Indochinois non acquis au Vietminh. Sa personnalité exceptionnelle et ses qualités militaires laissent présager un souffle nouveau et un sursaut dans cette Indochine où la France s'enlise. Le 17 décembre 1950, il débarque à l'aéroport de Saïgon, avec une grande solennité et le sens de la mise en scène qui lui est propre. Il est accompagné du ministre des Etats associés, Jean Letourneau, qui lui a promis son soutien. Pour relever ce défi du redressement, il arrive avec ses « Maréchaux », fidèles compagnons de la 1ère Armée, mais il a choisi également quelques hauts fonctionnaires et officiers qui connaissent bien l'Indochine, tels l'administrateur Jean Aurillac et le général Raoul Salan dont il fait son adjoint.
Arrivée à Saïgon le 17 décembre 1950. A ses côtés Jean Letourneau
Il ne masque pas sa froideur à l'égard de la plupart des responsables civils et militaires venus l'accueillir et fait bien comprendre son désir de voir changer les comportements. A Hanoï, qu'il rejoint aussitôt, il passe les troupes en revue et déclare aux officiers : « L'ère des flottements est révolue. Je suis venu pour vous, les lieutenants et les capitaines. Désormais vous serez commandés. Quoi qu'il arrive, je serai avec vous. Nous ne cèderons plus un pouce de terrain. Je vous apporte la guerre, mais aussi la fierté de cette guerre ». De Lattre est un chef qui a le don de galvaniser les énergies. Dès les premiers jours c'est un véritable électrochoc, et la confiance revient. De Lattre veut des changements rapides, sur le plan militaire et politique. Mais l'urgence, c'est la menace qui plane sur Hanoï. Les troupes d'Ho Chi Minh sont très proches. Où vont-elles frapper ? L'ennemi brouille les cartes et les informations des services de renseignements sont cruciales dans ce jeu de cache-cache et d'intoxication. Après des manoeuvres de diversion, en janvier, de nombreux bataillons vietminh attaquent Vinh Yen, au Nord-ouest d'Hanoï. Au bout d'une semaine de combats très durs, les régiments durement frappés du général Giap se retirent dans la jungle et les montagnes. Plusieurs divisions vont devoir se reconstituer en Chine. Le premier duel de Lattre - Ho Chi Minh a provisoirement sauvé Hanoï et une partie du delta tonkinois. C'est une grande victoire pour de Lattre.
Cependant, la nature du conflit a évolué et de Lattre va développer de nouvelles approches : constitution de nombreux groupes mobiles, création de forces spéciales, construction d'une ligne de fortifications dans le delta tonkinois, développement des forces maritimes et aériennes, mise en place d'antennes chirurgicales proches des théâtres d'opérations, actions sociales en direction des populations.
L'efficacité des Groupes mobiles - qui réunissent environ 2000 hommes sous un même chef opérationnel, souvent l'un des fidèles « maréchaux » - réside principalement dans leur flexibilité et leur rapidité d'intervention. Le GM n'a pas de secteur réservé et son armement, comme les unités mobilisées, varie en fonction des opérations. En outre, une étroite coordination est mise en place entre les troupes terrestres et les forces aériennes et navales, dont l'intervention sera souvent déterminante pour arracher la victoire. Pour protéger le delta du Fleuve Rouge de Lattre va faire construire un réseau de fortifications, qui seront autant de sonnettes d'alarme et de bases permettant de disposer de points de défense sécurisés et facilitant les actions d'infiltration dans les zones contrôlées par le Vietminh.
Mais de Lattre ne veut pas se limiter à la guerre traditionnelle. Il va également développer, sur presque tout le territoire, des maquis avec les minorités ethniques hostiles au Vietminh, et des commandos qui accueilleront de nombreux partisans indochinois, dont beaucoup d'anciens prisonniers vietminh retournés. Ces formations se révèleront extrêmement efficaces.
La Cochinchine et le sud Annam sont partiellement pacifiés, mais devant la montée en puissance de l'armée de Giap, les forces de l'Union française sont insuffisantes, surtout au Tonkin : début 1951, les effectifs du Corps Expéditionnaire s'élèvent à environ 140 000 hommes, venant d'horizons divers (30 % de métropolitains, 10 % de légionnaires, 27 % originaires d'AFN ou d'Afrique noire, 33 % d'Indochinois). Après les premières victoires franco-vietnamiennes (Vinh Yen en janvier, Mao Khé / Dong Trieu en mars-avril, puis la bataille du Day en mai-juin), de Lattre va insister pour que les Vietnamiens s'impliquent davantage dans la défense de leur pays.
Le « Jaunissement » du Corps Expéditionnaire et le développement de l'Armée Nationale vietnamienne de Bao Daï vont être prioritaires pour de Lattre. Le pourcentage de soldats indochinois dans les unités des forces françaises va croître et l'Armée nationale vietnamienne verra ses effectifs doublés en 1951, pour atteindre 130 000 hommes. Les écoles militaires de cadres ou de spécialisation se multiplient dans tout le pays. Le recrutement a été difficile, il a fallu convaincre les autorités vietnamiennes. De Lattre s'y est attaché inlassablement.
En avril à Vinh Yen, le président du conseil vietnamien Tran Van Huu désigne le communisme vietminh comme l'adversaire du Vietnam. De son côté, après le défilé du 14 juillet à Hanoï, l'empereur Bao Daï s'engage enfin et décrète la mobilisation générale. Le général veut aussi obtenir l'engagement de toute la jeunesse. Il est bouleversé par les souffrances des jeunes officiers français venus en Indochine, dont beaucoup tombent au combat comme son fils Bernard à Ninh Binh, en mai lors de la bataille du Day, alors qu'assez peu de Vietnamiens éduqués, issus des familles aisées, s'engagent pour défendre leur pays. En juillet à Saïgon, au lycée Chasseloup-Laubat, il leur lance un appel pressant : « Il faut choisir. C'est la guerre. Soyez des hommes ! Soyez des hommes, c'est-à-dire : si vous êtes communistes, rejoignez le Vietminh ; il y a là-bas des individus qui se battent bien pour une cause mauvaise. Mais si vous êtes des patriotes, combattez pour votre patrie, car cette guerre est la vôtre ».
Mais les défis politiques sont aussi hors d'Indochine et de Lattre va déployer une énergie surhumaine pour convaincre. Il faut persuader la France que l'effort de guerre doit être à la hauteur des enjeux et que les moyens en hommes et en matériel doivent être rapidement accrus. Les gouvernements changent plusieurs fois par an et les positions sur cette guerre lointaine sont floues ou fluctuantes, tandis que l'opinion publique est régulièrement alimentée par une propagande fustigeant « la sale guerre ».
Il faut, d'autre part, faire comprendre aux Alliés que la guerre froide n'est pas seulement en Europe de l'Est et en Corée et que l'Indochine est désormais une cible privilégiée pour le bloc communiste. Il faut les convaincre que l'action militaire de la France au Vietnam, au Laos et au Cambodge doit être soutenue. En septembre, il se rend aux Etats-Unis où il multiplie les contacts avec les responsables politiques et militaires comme avec les journalistes. Sans cesse, il rappelle les objectifs français en Indochine et les enjeux de la lutte contre l'extension du communisme en Extrême-Orient. Ce voyage sera un grand succès et, fin 1951, la contribution des Etats-Unis à l'effort de guerre en Indochine représentera plus de 30 %.
Rencontre avec le Président Truman - Il avait l'oreille des Américains, nous dit le Boss
Sur le plan militaire, les victoires des derniers mois sont éclatantes. En octobre à Nghia Lo, le général Salan, par une tactique audacieuse, écarte la menace du Vietminh sur le pays Thaï et Giap doit reculer devant les bataillons parachutistes. En novembre, c'est une offensive française en pays Muong par la RC6 et par la Rivière Noire qui bouscule les bataillons vietminh et permet la prise d'Hoa Binh, capitale de cette ethnie hostile au Vietminh. C'est une victoire hautement symbolique.
Cependant le général Giap reconstituera assez vite ses forces dans les zones du Tonkin qu'il contrôle totalement et dans ses bases arrière de Chine. Dès janvier 1952 la contre attaque des Viets sera très meurtrière et forcera le général Salan à effectuer un repli tactique des 20 000 hommes des forces franco-vietnamiennes stationnées dans la région d'Hoa Binh pour éviter le renouvellement d'une tragédie semblable à celle de la RC4 en 1950.
Blindés dans la bataille d'Hoa Binh
Mais le général est très gravement malade, son cancer progresse et le décès de son fils unique l'a profondément affecté. A bout de forces, il doit quitter l'Indochine fin novembre.
Jusqu'au bout il se préoccupera de ses soldats. Pour Noël, chacun où qu'il se trouve reçoit un cadeau, et il leur adresse un message chaleureux : « C'est à vous d'abord, mes soldats, à vous que j'envoie mes souhaits pleins d'affection, et l'expression de ma gratitude, de mon admiration et de ma confiance. Par votre héroïsme quotidien, vous avez fait de 1951 la grande année du Redressement. L'Union française qui, enfin, avoue la fierté qu'elle doit à vos vertus, le monde qui, enfin, perçoit la sécurité qu'il doit à vos sacrifices, achèveront de reconnaître en vous l'armée magnifique d'une cause magnifique : celle de la Liberté». Le 11 janvier 1952, le général de Lattre décède à Paris. Des funérailles nationales sont organisées. Le 15 janvier, son corps est transporté sur le char « Alsace » depuis les Invalides jusqu'à l'Arc de triomphe. Le même jour, il est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume.
Jean de Lattre de Tassigny est resté moins d'un an en Indochine, mais sa marque a été profonde. Il a illustré avec panache sa célèbre devise « Ne pas subir », restaurant d'emblée la confiance. Sur le plan militaire, le pire a été évité, l'invasion de l'ensemble du Tonkin par le Vietminh et derrière lui, par la Chine communiste. Giap a été contraint de reculer, avec des pertes extrêmement importantes, dans toutes les grandes batailles qu'il a lancées au Tonkin cette année-là. Fin 1951 la bataille d'Hoa Binh a montré que même au Tonkin, l'armée franco-vietnamienne pouvait menacer l'armée d'Ho Chi Minh. Mais l'issue de cette dernière opération et les difficultés pour pacifier le delta tonkinois ont également montré que les forces vietminh, prêtes au sacrifice permanent, infiltrées dans tout le territoire et de plus en plus aidées par la Chine, ne baissaient pas la garde et se reconstituaient très vite, rendant une victoire militaire décisive de l'armée franco-vietnamienne plus qu'improbable. Le général a inlassablement répété qu'en Indochine, la France ne cherchait pas à restaurer sa souveraineté et que ses soldats combattaient pour aider les trois Etats associés, le Vietnam, le Laos et le Cambodge à construire et à protéger leur indépendance récente. Il a réussi à faire comprendre à nos alliés Américains que cette guerre était une guerre du monde libre. Il a su peu à peu gagner la confiance de nombreux Vietnamiens hostiles au Vietminh. Si la mort n'avait pas interrompu son action, le redressement aurait-il été durable ? Certes sa vision politique et militaire, son ascendant sur les hommes ont permis un sursaut remarquable. Mais des problèmes presque insurmontables demeuraient : d'un côté l'aide accrue de la Chine à un Vietminh fanatisé et, de l'autre côté, une instabilité gouvernementale chronique en France empêchant tout choix politique durable, les faiblesses du pouvoir impérial de Bao Daï et des populations indochinoises écartelées
Mais quelle qu'ait été l'issue de cette guerre, de Lattre a montré, dans un contexte particulièrement difficile, une stature exceptionnelle d'homme d'Etat et de grand chef militaire. Il a redonné tout son sens au sacrifice des milliers de soldats du Corps Expéditionnaire français qui ont combattu et sont morts pour défendre la liberté de ces pays, et au nom de l'indéniable amitié franco-indochinoise après des décennies de présence française.
Gilles BONNIER
Ndlr : les photographies qui illustrent cet article sont issues de la collection de la Fondation Maréchal de Lattre
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Lothy-SF Admin
Nombre de messages : 16108 Age : 76 Localisation : Ile de France! Date d'inscription : 14/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 5 Mai 2017 - 8:00
Un sujet qui ne semble pas avoir passionné grand monde, et pourtant !
Bonne idée de le remettre sous la lumière.
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eric saintonge
Nombre de messages : 312 Age : 74 Localisation : Saintes (17) Date d'inscription : 08/12/2013
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 5 Mai 2017 - 18:02
"L'Indochine, c'est notre combat le plus juste depuis les croisades" disait le "Roi Jean" Quel chef militaire oserait dire aujourd'hui que la guerre contre Daech est "notre combat le plus juste etc..." et pourtant !!!! Le Roi Jean est parti en Indo avec quelques uns de ses "maréchaux" dont le Lt Colonel de Rocquiny, qui était le parrain d'une de mes sœurs et dont le beau-frère (et condisciple à St Cyr), le Cdt Segretain, avait été tué à Cao-Bang à la tête du BEP. Bravo de réécrire cette belle page de notre histoire.
Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 2:55
Mais qui n’intéresse pas les foules
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Lothy-SF Admin
Nombre de messages : 16108 Age : 76 Localisation : Ile de France! Date d'inscription : 14/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 7:08
24 h plus tard, il semblerait que j'avais raison.... Dommage !
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eric saintonge
Nombre de messages : 312 Age : 74 Localisation : Saintes (17) Date d'inscription : 08/12/2013
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 11:08
Pourtant, au risque de me répéter, certaines pages mériteraient d'être publiées. Quand j'échange avec des camarades paras (aussi mal-pensants que moi), même si je n'ai pas leurs états de services, je pense immanquablement à cette tirade du "colonel Chabert" : "...Et le soir, à la veillée, entre soldats nous parlerons de l'Empereur..."
Lothy-SF Admin
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 11:23
eric saintonge a écrit:
je pense immanquablement à cette tirade du "colonel Chabert" : "...Et le soir, à la veillée, entre soldats nous parlerons de l'Empereur..."
Elle est parfaite ! Elle reflète encore, je pense pour ne pas dire que je suis certaine, ce qui se passe lorsque nos Anciens se retrouvent entre eux, et qu'immanquablement le souvenir des compagnons disparus s'invite à la table... Amenant dans son sillage celui des chefs, grands et petits, célèbres ou inconnus.
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eric saintonge
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 11:30
Je m'aperçois, en prenant de la bouteille, que je fuis les mondanités: mes amis sont, pour la plupart, d'anciens paras, d'anciens légionnaires, des anciens de l'OAS : certains cumulent les trois .
Lothy-SF Admin
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 11:37
Les ans passent sur eux, comme ils passent sur nous !
L'inexorable marche du temps... J'apprécie pour ma part, le temps passé auprès de ces "Anciens"... Ils restent humbles, contrairement à tant d'autres !...
Ils n'éprouvent pas le besoin d'étaler quoi que ce soit, le côté de leur blazer parle pour eux... Et puis de temps en temps, même en présence d'un ou une "étrangère" à leur passé, ils acceptent de livrer quelques souvenirs...
_________________ S.F. "La Guerre n'est pas belle, l'Humanité ne l'est pas non plus..." - Général Bigeard Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.
Dernière édition par Lothy-SF le Jeu 11 Jan 2018 - 10:37, édité 1 fois
eric saintonge
Nombre de messages : 312 Age : 74 Localisation : Saintes (17) Date d'inscription : 08/12/2013
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 12:28
Avis que je partage totalement.
Paracolo Fondateur
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 15:03
Citation :
le côté de leur blazer parle pour eux...
Il est remarquable qu'avec le temps, tout doucement, on se soit lassé de porter nos blazers... Peut être sommes nous blasés...
_________________ Si ce que j'ai fait est vain, qu'il me reste au moins de m'être dépassé en le faisant...
eric saintonge
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 16:01
D'autant plus que souvent, la "bananeraie" de certains est totalement artificielle. Pour les "cacatoès" , on finira par leur donner "la rouge" et "la bleue" (Eau chaude - eau froide, comme chez Jacob Delafon) dans le paquetage lors de leur arrivée à Coëtquidan car ils l'ont presque tous... Feu mon père est allé chercher "la rouge" à Diên-Biên-Phu et l'armée l'a poussé dehors quand la Grande Zohra a créé "la bleue". Lors des cérémonies on voit des militaires qui confondent ¨leur tenue avec celle d'un caporal chef mexicain (ou ...un sapin de Noël ): on y voit toutes sortes de badges, de brevets et des médailles qui n'ont rien d'officiels. De plus, la manie de créer une médaille par Opex fait que le fourrier ou le cuistot finissent par être plus décoré qu'un général de l'ex armée rouge.
Lothy-SF Admin
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 16:03
En France, le blaser est toujours de rigueur !
Cette photo de la St-Michel en atteste, bien qu'elle soit axée sur les porte-drapeaux... Aujourd'hui, vu le temps ils y auront ajouté coupe-vent ou parka !
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eric saintonge
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 16:24
Moi je le porte encore : Camerone à La Rochelle
Mais au train où vont les choses, je risque fort de ne plus porter bien longtemps la cravate rouge de l'UNP.
Paracolo Fondateur
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 16:59
Citation :
D'autant plus que souvent, la "bananeraie" de certains est totalement artificielle. Pour les "cacatoès" , on finira par leur donner "la rouge" et "la bleue" (Eau chaude - eau froide, comme chez Jacob Delafon) dans le paquetage lors de leur arrivée à Coëtquidan car ils l'ont presque tous... Feu mon père est allé chercher "la rouge" à Diên-Biên-Phu et l'armée l'a poussé dehors quand la Grande Zohra a créé "la bleue".
Tu connais mon avis la dessus... Tout ce qui n'est pas une croix (hors la jaune ...et encore)ne sont que stickers d’hôtel sur les valises d'un voyageur...
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 17:11
Citation :
En France, le blaser est toujours de rigueur !
Blazer ou pas blazer... Je parle de ce qui est accroché dessus... ...Que je portais encore avec fierté il y a quelques années...et que j'ai délaissé...
...Qui encore sait lire les images en couleurs...?...On ne sait même plus faire une différence entre une VM une croix de guerre* et une Hernu cross...
De temps à autre quand j'y pense (et cela me navre) je porte un petit insigne formé d'une étoile (oui) de deux ailes et d'un parachute...
* Attention à la TOE, elle fut donnée à pleins panier durant la guerre du Golfe
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 17:12
Citation :
Moi je le porte encore : Camerone à La Rochelle
M'enfin, t'allais surtout porter une gerbe à la jolie blonde avec des jambes d'enfer
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Dernière édition par Paracolo le Dim 17 Sep 2017 - 19:18, édité 1 fois
Lothy-SF Admin
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 17:39
eric saintonge a écrit:
Moi je le porte encore : Camerone à La Rochelle je risque fort de ne plus porter bien longtemps la cravate rouge de l'UNP.
La cravate est un accessoire, Eric ! Reste le blazer - minimum de respect en ces circonstances - avec ou sans décorations ! Ceux qui le méritent sont souvent les plus discrets, se limitant à l'essentiel.
Pour les autres ils font avec ce qu'ils ont ou pas ! Aux responsables d'association de ne pas tolérer dans leurs rangs, les arbres de noël et les maréchaux soviétiques...
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eric saintonge
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Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 6 Mai 2017 - 17:48
Oui, pour la belle blonde, j'avoue ....
Glard
Nombre de messages : 5979 Age : 81 Localisation : Aix en Provence Date d'inscription : 10/08/2015
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 19:55
Excellente piqûre de rappel.
Merci aux contributeurs !
Le Béarnais
Nombre de messages : 2695 Localisation : Environs de Metz Date d'inscription : 27/07/2011
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 21:27
Le "défaut" du forum c'est son immense bibliothèque de sujet aussi divers que varié, tu lis un sujet un peu long, entre temps, il y a un autre sujet qui apparait que tu rates...
Comme je l'ai déjà dit, il y a des sujets qui accrochent plus que d'autres et mettre un merci à tout bout de champ ne suffit pas, il faut encore y participer au sujet par un avis, un commentaire....
Voilà un monsieur de la trempe des Bigeard.... qui mériterait un sujet à lui tout seul et pas seulement sur son bref passage en Indo.
Pourquoi les autres généraux pressenti pour l'Indo juste avant lui, ont ils refusé ?
Lothy-SF Admin
Nombre de messages : 16108 Age : 76 Localisation : Ile de France! Date d'inscription : 14/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 21:39
En ce cas je ne peux qu'abonder dans ton sens.
J'ai pleinnement conscience de la quantité de sujets que contient le forum, moi la première, je suis loin d'avoir tout lu.
Sur le conseil du Boss, il y a des années, j'ai pris l'habitude de marquer comme "favoris" ceux qui m'intéressent. Ainsi je peux y revenir tranquillement. Sauf que j'ai perdu cette liste lorsque le forum a été piraté ; j'ai dû reprendre à zéro.
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Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 21:45
.
Effectivement on peut faire un parallèle, de Lattre lui non plus ne faisait pas l’unanimité, il usait et surtout abusait de son autorité envers des chefs médiocres et cultivait un certain goût du décorum et du faire valoir.
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Lothy-SF Admin
Nombre de messages : 16108 Age : 76 Localisation : Ile de France! Date d'inscription : 14/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 21:50
Paracolo a écrit:
. Effectivement on peut faire un parallèle,
Mon père me l'avait fait remarquer.... j'avais oublié ! Tu viens de me le rappeler....
Il vouait une admiration sans bornes à de Lattre... et à Bigeard dans une moindre mesure : il ne l'a jamais eu comme chef....
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Le Béarnais
Nombre de messages : 2695 Localisation : Environs de Metz Date d'inscription : 27/07/2011
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 22:00
Paracolo a écrit:
.
Effectivement on peut faire un parallèle, de Lattre lui non plus ne faisait pas l’unanimité, il usait et surtout abusait de son autorité envers des chefs médiocres et cultivait un certain goût du décorum et du faire valoir.
Certainement si j'ai bien lu le sujet. de Lattre comme Bigeard en Algérie plus tard, s'est entouré de fidèle compagnon et avec des résultats sur le terrain. Bien faire et le faire savoir.
Quant tu as une aura ça facilite aussi les choses...
On ne prête qu'au riche, un autre que de Lattre aurait-il eu des USA l'aide qu'il a obtenu pour l'Indo ?
Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Dim 17 Sep 2017 - 22:26
.
Certainement pas...
En plus il arrivait au bon moment, Aura + conjonction des éléments = réussite pour les deux.
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Glard
Nombre de messages : 5979 Age : 81 Localisation : Aix en Provence Date d'inscription : 10/08/2015
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Lun 18 Sep 2017 - 9:19
A son actif, il faut dire qu'il a aussi su attraper la balle au bond. Les circonstances favorables ne se reproduisent pas si souvent.
Le Béarnais
Nombre de messages : 2695 Localisation : Environs de Metz Date d'inscription : 27/07/2011
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Lun 18 Sep 2017 - 9:57
Par ailleurs paracolo, lorsque tu dis que de Lattre n'était pas trop sympa envers des chefs médiocre. Il me semble que Bigeard non plus lors de sa prise de commandement du 3 en Algérie, il a fait le tri dans le régiment lors de son arrivé...
Patton, monsieur "tripes et sang" non plus n'était pas un tendre.... Et nous pouvons remonter ainsi jusqu'à Napoléon 1er, avoir de la poigne et en même temps, comme qui dirait aujourd'hui un certain maCon, de la bienveillance pour ses troupes. La carotte et le bâton en somme..
Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Lun 18 Sep 2017 - 16:19
Citation :
Il me semble que Bigeard non plus lors de sa prise de commandement du 3 en Algérie, il a fait le tri dans le régiment lors de son arrivé...
C'est juste, et d'ailleurs cela contribue à ma mise en parallèle... Toutefois j'aurais du écrire "Ses chefs" pour une meilleure compréhension.
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zitoune
Nombre de messages : 2513 Age : 65 Date d'inscription : 17/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 12 Jan 2018 - 21:11
Paracolo a écrit:
enfin, t'allais surtout porter une gerbe à la jolie blonde avec des jambes d'enfer
Une blonde ? Ou, quand, pourquoi, comment ? Pas de photo ?
Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 12 Jan 2018 - 23:25
.
Reçu de Pierre BARISAIN MONROSE
De Lattre avait récupéré les archives de l'Armée allemande d'occupation en France, lors de son avancée en Allemagne.
C'était de la dynamite et avec cela , il a tenu la classe politique française jusqu'à sa mort, obtenant tout ce qu'il voulait
Ces archives sont probablement celles que De Marenches a entreposées à Vincennes et qui n'ont pas encore été traduites ni publiées...
.
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Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 12 Jan 2018 - 23:29
.
En fait n'oublions pas que de Lattre avait été fortement impliqué dans les "Chantiers de Jeunesse" du Maréchal, et qu'il y voyait, admirateur de son ennemi, une sorte de " Jeunesse Hitlérienne" dont sortirait la nouvelle armée française qui reprendrait les armes le moment venu.
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Lothy-SF Admin
Nombre de messages : 16108 Age : 76 Localisation : Ile de France! Date d'inscription : 14/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 12 Jan 2018 - 23:31
Je reste convaincue que le jour où il est parti, la France a perdu très gros...
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JaP
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Sujet: Au sujet du Général De Lattre Sam 13 Jan 2018 - 3:11
Excellent article. J'apprécierais de pouvoir lire avec autant détails la suite des opérations et du commandement en Indochine jusqu'au désastre de Dien Bien Phu. Merci au(x) rédacteur(s) pour ce magnifique document.
Paracolo Fondateur
Nombre de messages : 19925 Date d'inscription : 08/03/2009
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 13 Jan 2018 - 8:26
Jules Roy y donne de nombreuses indications et y présente quelques documents.
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Dranerb
Nombre de messages : 708 Age : 77 Date d'inscription : 14/06/2017
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Ven 10 Mai 2019 - 9:06
A retenir. A part les courageuses et fructueuses décisions prises et imposées par le général de Lattre de Tassigny, j'ai aimé le début de son discours aux jeunes du Lycée de Saïgon (11 juillet 1951); " Soyez des hommes, si vous êtes communistes, rejoignez le Viet-Minh, ils se battent bien, mais pour une cause mauvaise ....etc ". Fallait oser dire cela, et, en cette période. Déjà, il savait apprécier la valeur de son ennemi, très important pour le combattre. On ne connaît pas le choix consécutif de ses auditeurs.
zitoune
Nombre de messages : 2513 Age : 65 Date d'inscription : 17/12/2016
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 13 Juin 2020 - 19:18
Le Béarnais a écrit:
Pourquoi les autres généraux pressenti pour l'Indo juste avant lui, ont ils refusé ?
Perso je ne crois pas que des généraux ont refusés. Le peuvent t-ils d'ailleurs ?
Mais certains ont été vite écartés.
Glard
Nombre de messages : 5979 Age : 81 Localisation : Aix en Provence Date d'inscription : 10/08/2015
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 13 Juin 2020 - 19:40
Pour répondre au post de Paracolo (12 Janvier 2018)
""En fait n'oublions pas que de Lattre avait été fortement impliqué dans les "Chantiers de Jeunesse" du Maréchal, et qu'il y voyait, admirateur de son ennemi, une sorte de " Jeunesse Hitlérienne" dont sortirait la nouvelle armée française qui reprendrait les armes le moment venu."
Il n'était pas le seul à penser à l'avenir de la jeunesse . L'école des cadres d'Uriage a fourni une bonne partie du BCRA et des cadres d'autres organisations de résistance.
RomainX
Nombre de messages : 379 Date d'inscription : 10/06/2020
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 13 Juin 2020 - 20:35
Citation :
L'école des cadres d'Uriage a fourni une bonne partie du BCRA et des cadres d'autres organisations de résistance.
Tu dois te tromper, l'histoire nous apprend que tout s'est passé à Londres.
Glard
Nombre de messages : 5979 Age : 81 Localisation : Aix en Provence Date d'inscription : 10/08/2015
Sujet: Re: 1951, l'année de Lattre. Sam 13 Juin 2020 - 21:44