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 La prise du P.O. de La Ferté - L’assaut - 2

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Paracolo
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Paracolo


Nombre de messages : 19925
Date d'inscription : 08/03/2009

La prise du P.O. de La Ferté - L’assaut - 2 Empty
MessageSujet: La prise du P.O. de La Ferté - L’assaut - 2   La prise du P.O. de La Ferté - L’assaut - 2 Icon_minitimeJeu 4 Nov 2010 - 8:02

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La prise du P.O. de La Ferté… L’assaut...


Dans la soirée du vendredi 17 mai, l'artillerie allemande tire sur l'ouvrage de La Ferté. Les mortiers de 210 arrivés de Belgique participent à l'action et leurs projectiles causent d'énormes dégâts dans la nappe de barbelés d'en­ceinte où ils ouvrent de larges entonnoirs…
Vers 19 h 45, le lieutenant Bour­guignon transmet par radio : « Artillerie ennemie tire sur nous à nouveau - Réseau rails détruit cote 213, 2 - Situation difficile. »

La cadence de tir est d'environ 30 coups/minute et les arrivées sur l'ou­vrage sont d'une telle violence que la couche de terre gazonnée qui recouvre les blocs est arrachée et le béton mis à nu.
Les observateurs des cloches se sont réfugiés dans la partie inférieure des puits pour ne pas avoir les tym­pans crevés. Dans la fumée et les projections de terre, ils ne verraient d'ail­leurs pas grand-chose…

Le bloc 2 du sous-lieutenant Thouément, le seul qui soit visible depuis les lignes allemandes, semble particulièrement visé…
Plus tard, on réalisera que les artilleurs ne consomment pas leurs munitions à la légère mais effectuent avec précision un véritable travail de terrassement : A travers le champ de rails et la nappe de barbelés de 70 mètres d'épaisseur qui ceinture le bloc 2 ils ouvrent au canon un chemin que les Pionniers n'auront plus qu'à aménager à l'aide de leurs outils individuels.

Les obus de 210 et de 150 éclatent également sur la face ouest du bloc 2 et, sous les impacts, le béton s'effrite et les fers apparaissent.
A 20 h 30, l'adjudant Joly, des Transmissions de l'ouvrage du Chesnois, envoie au lieutenant Bourguignon un message radio du capitaine Aubert : « Liaison fil rétablie mais 0.201 doit attendre autorisation pour s'en servir. »

0.201 est l'indicatif téléphonique de La Ferté…
Puisque la ligne fonctionne, pourquoi n'autorise-t-on pas Bourguignon à l'utiliser?
A la tombée de la nuit, l'adjudant Paul Sailly, chef des Transmissions de La Ferté, code un message que Bourguignon vient de lui remettre.
La liaison radio est tou­jours mauvaise et, au Chesnois, l'adjudant Joly met plus d'une heure à décryp­ter le message qui aurait pu être passé en clair sans inconvénient.

Bourguignon qui, sachant que les dessus de son ouvrage ne sont protégés ni par un réseau bas de bar­belés ni par des mines, semble craindre l'incursion de patrouilles allemandes entre les deux blocs et demande à la casemate de Margut de l’éclairer…
De la casemate de Margut, le lieutenant Labyt fait donner de brefs coups de projecteur en direction du bloc 1 et du réseau de rails.

A 21 h 38, Bourguignon envoie un nouveau message radio: « Suis attaqué. Je demande tir sur les dessus de l'ouvrage. »

A 8 kilomètres de là, le lieutenant Turpault, l'artilleur du Chesnois, fait envoyer une rafale de 80 coups de 75 sur La Ferté…
…Où, bien entendu, aucune attaque n'est en cours puisque les Allemands piétinent encore, on l’a vu devant Villy !!
Mais la rapide intervention du jumelage de 75 du Chesnois semble rassurer les hommes enfermés dans leur taupinière de béton (Du 17 au 19 mai, la tourelle du Chesnois consommera 4 500 obus de 75 pour la plupart au profit de La Ferté).

A 23 h 10, le commandant de l'ouvrage donne encore un message à l'adju­dant Sailly. Il est destiné au capitaine Aubert: « Bon tir. Avons reçu votre appel. Attendons autorisation de téléphoner. »

Une nouvelle nuit commence à l'ouvrage où l'on ne dormira guère plus que la précédente.
Le 18 mai à 3 h 35, Bourguignon s'impatiente: « Télé­phone rebranché. Je demande autorisation de téléphoner. »

On ne lui répond même pas… Malgré les circonstances qui exigeraient la plus grande fluidité dans les transmissions, toute la journée du 18 mai s'écoulera avant que Bourguignon ne reçoive enfin, à 18 heures, l'autorisation tant de fois sollicitée… Près de vingt heures se seront écoulées depuis la coupure!

Lorsque la nuit s'achève, l'artillerie allemande tire toujours, avec des alternances de feu intense et des temps morts que l'équipage redoute car ils peuvent signifier une approche de l'infanterie adverse…
A 4 h 13, alors que le jour est déjà levé, le commandant de La Ferté adresse un autre radiogramme au capitaine Aubert: « Je demande tirs au-dessus de l'ouvrage, intérieur tous réseaux. »

Au Chesnois, la tourelle de 75 émerge de son puits et procède à un nouveau tir d'épouillage, aussi inutile que les précédents puisque les Stosstrupps (troupes d’assaut) n'ont toujours pas reçu l'ordre d'attaquer l'ouvrage !!!

A l'intérieur de celui-ci, une sorte de psychose des dessus semble s'être emparée des défenseurs qui, manquant de sommeil, deviennent de plus en plus nerveux… « La sueur épargne le sang » devise de base dans l’instruction de l’armée allemande prend ici toute sa valeur… Au lieu d’élever des poules et des lapins, de disputer des matchs de foot, n’aurait on pas mieux fait de poser des barbelés et miner les dessus ?… Il est bien tard pour y songer…
Gageons que de bien savoir cette carence, aura nourri cette psychose dont nous verrons les effets…

Du côté allemand au PC avancé du mont Tilleul, l'impatience du général Weisenberger ne fait que croître…
La veille, deux reconnaissances du 171e Pionnier Battalion (Bataillon de sapeurs d’assaut) ont été envoyées avec des binoculaires, l'une aux lisières de Fromy, l'autre der­rière Malandry afin d'observer les résultats obtenus par l'artillerie dans les réseaux d'enceinte de La Ferté.

Elles ont remis un rapport identique au géné­ral Weisenberger : Villy constitue la meilleure base de départ pour une attaque en direction du Panzerwerk 505…
…Seulement Villy est toujours entre les mains des Français et la résistance de l'indomptable lieutenant Laurent risque de rendre caduc l'ordre d'attaque signé le 17 mai à 12 heures par le général von Schobert.

A l'aube du samedi 18 mai, les pièces de 88 de la 2e batterie du Flak Abtei­lung 26 (Fliegerabwehrkanone, section de canons anti-aériens (le fameux 88 était au départ un canon AA)) ont été mises en place à Fromy et l'on procède à leur camouflage, car ce n'est pas aux premières heures de la matinée, comme on l'a prévu, qu'elles ouvriront le feu sur les cloches cuirassées...
Quant aux panneaux de signalisation de couleur jaune qui doivent être disposés par les Stosstrupps de tête devant leur position pour indiquer celle-ci aux Stukas, ils seront inutiles, le général Weisenberger est avisé que le Stukaberband qui devait bombarder l'ouvrage du lieutenant Bourguignon à partir de 8 heures n'interviendra pas, la Luftwaffe désirant l'engager à l'ouest de Sedan…
Ce n'est pas tout. Weisenberger apprend par l'Oberst Robert Mar­tinek, « Arko 7 » (Artillerie Kommandeur 7 (commandant l'artillerie du VIIe Armee Korps)) que les groupes de mortiers de 210, mis à sa disposition pour l'attaque lui seront retirés à la fin de la soirée du 18 mai, « même si une décision n'a pas été obtenue devant le Panzerwerk 505 ».

Pour le commandant de la 71e ID le choix n'est plus possible: c'est le 18 mai qu'il doit à la fois conquérir Villy et l'ouvrage…

Une chenillette venue au lever du jour du 18 mai ravitailler l’ouvrage emporte en début de matinée, le courrier… Ce sera la dernière liaison effectuée avant la tragédie… (Une seconde chenillette tentera d'établir une autre liaison avec l'ouvrage, mais elle sera détruite et incendiée à l'entrée du chemin d'accès au bloc 1.)

Le lieutenant Bourguignon confie à sa femme:
Tout va bien jus­qu'ici. Je commence à être nettement isolé. Voilà 48 heures sans sommeil. Nous encaissons un bombardement de 500 coups par journée. Je profite du ravitaillement en munitions. Nous n'avons plus de courrier.

Le sous-lieutenant Hervé Fontaine, médecin de l'ouvrage, écrit à ses parents :
Nous sommes sous le bombardement mais je vous demande d'être courageux car nous avons pleine confiance dans la solidité de nos blocs. Pensez à notre devise : « On ne passe pas. »

L'adjudant-chef Surmonne, électro-mécanicien, rassure son épouse :
Voici huit jours que la tourmente est commencée et elle suit son cours […] J'écris cette lettre à la hâte car quelqu'un qui retourne à l'extérieur doit l'acheminer. Ça cogne drôlement mais le béton résiste. On ne dort pas mais le moral est très bon. Ici, c'est la charnière, le pivot, tu dois suivre les communiqués, inutile de t'en dire davantage. Ne te fais pas de souci, tout se passera bien.

L'adjudant Paul Sailly, qui est en écoute permanente à la radio, n'a pas le temps d'écrire ce matin-là. Sa dernière lettre est datée du 17 mai et, en quelques lignes, il exprime lui aussi sa confiance dans la solidité de la ligne Maginot, insistant auprès de sa femme pour qu'elle soit courageuse car, dit-il, « de mon côté il ne peut rien arriver ».

Au bloc 2, le sous-lieutenant Thouément n'a pas su que la chenillette venait d'arriver et son dernier courrier est parti le 16 mai. Prévoyant, il écrivait ce jour-là à sa femme :
Ne t'inquiète surtout pas à mon sujet si tu restes quelques jours sans recevoir de mes nouvelles.

A l'aube du 18 mai, aussi, quatre batteries de 105 du régiment de l'Oberstleutnant Otto von Rohr déclenchent un nouveau tir de concentration sur Villy…
Le bombardement va durer deux heures …
Dans le village (qui sera cité à l'ordre de l'Armée), il ne reste pas une maison intacte…
Les coloniaux souffrent de la soif et du manque de som­meil… De nombreux blessés attendent une évacuation devenue impossible…

A 7 heures, le II/IR 2II du Hauptmann Corduan, qui a été amené sur sa base de départ au cours de la nuit, se lance à l'attaque avec deux compagnies renforcées…
Les fantassins allemands qui progressent par le fossé antichar parviennent à prendre pied dans les ruines du quartier de l'église défendu par la section du 155e RIF de l'adjudant-chef Greff…

La matinée du 18 mai s'écoulera pourtant sans que cessent les combats isolés qui se livrent dans les ruines de Villy...

Wei­senberger demande alors à l'Oberst von Scheele d'envisager une action en direction du Panzerwerk 505 à partir des bosquets de la cote 226…
Von Scheele s'y rend et promet au Major Kranke qui s'y trouve avec son bataillon l'appui d'un Stosstrupp du I71e Pion. Bat., ce qui, dans la meilleure hypo­thèse, permettrait d'attaquer le bloc 2 qui est le plus proche de la tranchée où passe la route.

A Villy vers 13 heures, une section de Pionniers repère sur la lisière sud du village trois créneaux de mitrailleuses qui étaient jusqu'alors passés inaperçus. Par l'emploi de pots fumigènes, ils parviennent à s'en approcher et les neutralisent à l'aide de charges explosives. Le cercle se resserre autour du noyau défensif animé par Laurent…

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Villy Est (photo Zitoune)

A l'intérieur de l'ouvrage de La Ferté on ignore tout des combats désespérés qui se livrent à Villy et, sous les obus qui creusent la rocaille entassée sur l'arrière des blocs, l'équipage vit dans des conditions difficiles…
Les éclatements des projectiles de 210 se perdent en échos assourdis dans la galerie souterraine et dans les blocs la vie devient impossible.

En effet La Ferté n'est pas comparable aux gros ouvrages du SF de Thionville, Metz ou de Haguenau où les hom­mes peuvent dormir et récupérer en dépit des plus violents bombardements...
A Métrich, à Rochonvillers ou au Schoenenbourg, la caserne-dortoir est greffée sur la grande galerie ou à proximité, mais en tout cas sur l'arrière de l'ouvrage…
…Même dans les blocs d'artil­lerie, l'équipage disposait de couchettes au pied du bloc, à environ 25 mètres sous terre…

A La Ferté, construit à une époque où les crédits étaient dispensés, on l’a vu dans notre précédente discussion, avec parcimonie, rien de tel…
Non seulement les dortoirs n'ont pas été prévus le long de la galerie souterraine mais la majorité des places couchées est située à l'étage supérieur de chaque bloc, c'est-à-dire dans la partie la plus exposée aux bruits de l'extérieur. Et quand ces « bruits » sont des éclatements de 210 …
Quant à l'hygiène, elle est réduite à sa plus simple expression car l'ouvrage n'a pas de salle de douches et dispose d'un seul lavabo par bloc !!!
Dans la galerie souterraine rien n'a été prévu pour un éventuel séjour de l'équipage après une neutralisation des deux blocs…
…Les hommes sont donc condamnés à vivre dans les blocs, soit à leur poste de combat, soit dans leur dortoir étroit mais de toute façon exposés au fracas des armes et aux « coups de roulis » du bombardement.

A la fin de la matinée du 18 mai, le lieutenant Bourguignon a d'ailleurs demandé à l'artillerie de la 3e DIC « de ne pas effectuer de tirs sur les dessus avec du 155 », les guet­teurs de cloche ne pouvant plus supporter les vibrations causées par l'écla­tement des obus…

Entre 14 heures et 14 h 30, le maréchal des logis Ferrier, qui ne quitte guère son périscope de cloche, signale qu'il vient de repérer deux pièces d'artillerie en batterie près de Fromy, au nord de la Chiers. Depuis la colline de Saint-Walfroy, les observateurs dirigent aussitôt leurs binoculaires en direction de l'endroit indiqué et assurent « qu'il s'agit de canons lourds, au moins du 280 »…Encore la psychose... On parle même d'affûts montés sur chenilles mais sans certitude car la fumée qui flotte sur le secteur masque en partie la visibilité…

Peu après 14 h 30, les deux pièces repérées par Ferrier ouvrent le feu mais immédiatement contre-battues par les 155 du 203e RAC, elles se taisent et on les croit neutralisées. Il n'en est rien car il s'agit des 88 Flak (on est loin des 280) de la batterie Pretzchner qui viennent de procéder à un rapide tir de réglage en attendant l'ordre d'envoyer leurs obus de rupture en direction des cloches de l'ouvrage.

Il est bientôt 16 h 30 et dans Villy, les coloniaux tirent leurs dernières cartouches…
Au PC de la 1re compagnie, le lieutenant Laurent détruit codes et documents, et se prépare à la reddition.

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Villy Ouest (photo Zitoune)

Informé par un motocycliste de la fin des combats, le général Weisenberger pense d'abord à faire communiquer de nouvelles directives au Major Kranke…
Celui-ci ne doit plus approcher le Panzerwerk 505 par le sud en partant des boqueteaux de la cote 226 mais donner la main à l'attaque principale qui partira de Villy enfin tombé.

Weisenberger craint, bien à tort, que les Français envisagent une contre-attaque sur Villy et il est décidé à lancer sur-le-champ l'opération contre la ligne Maginot…

On peut se demander pourquoi les allemands veulent prendre cet ouvrage qui n’offre aucun intérêt stratégique, puisqu’ayant percé à Sedan le 15, l’armée allemande atteindra l’estuaire de la Somme le 20 mai … Cambrai et Saint-Quentin sont pris le 19... Le général Giraud et les restes de la 9e armée française, anciennement l'armée Corap, sont fait prisonniers le même jour…

Il faut y voir l’action de la propagande…Prendre un ouvrage de l’imprenable ligne Maginot…
Nous verrons d’ailleurs en fin de récit, comment cette propagande, comme on disait à l’époque, va se manifester … des deux côtés…

Revenons donc, puisque Trud à manifesté son impatience, à notre récit…

A 17 heures, Weisenberger réunit à son PC du mont Tilleul les commandants des unités qui vont participer à l'affaire : l'Oberst von Scheele, le Major Albert Krumsiek, du I7Ie Pion. Bat., le Hauptmann Wilhelm Schott, officier de renseignements, l'Oberstleutnant von Rohr, du AR 171 et bien sûr l'Oberst Martinek.
L'infanterie sera fournie par le bataillon Corduan qui se trouve à Villy.

Les Pionniers de la 1re compagnie de l'Oberleutnant Alfred Germer, partiront de la lisière du village et avan­ceront à travers champs sous la protection de l'artillerie.
Celle-ci, aux ordres de Martinek, effectuera un tir non seulement précis mais minuté.
De 17 h 30 à 18 h 10, concentration de toutes les batteries (3 groupes à 3 batteries de mortiers de 210, 1 groupe de canons de 150, 3 groupes de canons de 100, 6 groupes d'obusiers de 150, 9 groupes d'obusiers de 105 et une batterie de 88 Flak, soit 259 tubes) sur le Panzer­werk 505, ce qui permettra aux « Pionniers » de s'approcher…
A 18 h 10, l'ar­tillerie allongera ses tirs et prendra pour cible les positions françaises de la rive droite de la Chiers, notamment la colline de Saint Walfroy .
Les projectiles utilisés seront des obus fumigènes de sorte que les postes d'observation français soient aveuglés pour que personne ne puisse se douter de la présence des Pionniers de Germer sur les dessus de La Ferté.

A partir de 18 h 10, et pendant seulement dix minutes, le Flak Abteilung 26 du Hauptmann Pretzchner déclenchera un tir à vue depuis Fromy sur les embrasures des cloches. Le but de ce tir direct au 88 Flak n'est pas de traverser les cloches d'acier mais d'y ouvrir de profonds écornages qui permettront ensuite de placer des charges explosives.
Lorsque les canons de Fromy se tairont, ce sera aux Pionniers de passer à l'action…

Action particulièrement dangereuse car, si au moment de l'attaque les 75 du 3e RAC ou la tourelle du Ches­nois déclenchent un tir « d'épouillage » sur les dessus, la compagnie Germer risque de subir d'énormes pertes.

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Pour s’y retrouver… Un peu

Au milieu de ses hommes camouflés à la lisière sud-est de Villy, l'Oberleutnant Germer attend, l'équipement a été réduit à l'essentiel. Les cartouchières, si gênantes lorsqu'il faut ramper, ont été laissées à Blagny et les paquets de cartouches sont dans les poches de va­reuse.
La boîte à masque a subi le même sort et chaque Pionnier porte son masque autour du cou, prêt à être ajusté. La plupart des lance-flammes sont également restés à Blagny car on s'est aperçu que leur emploi ralentissait le rythme des attaques…

Les consignes données par Germer aux chefs des Stosstrupps sont strictes : il faut littéralement coller au tir d'artillerie et se hisser sur l'ouvrage dès que le dernier obus de 88 Plak aura été tiré. Les Français ne doivent pas avoir le temps de réagir…

Peu avant 17 h 30, alors que d'une minute à l'autre l'artillerie va concentrer ses feux sur le Panzerwerk 505, Germer, qui observe à la jumelle la pente et les réseaux de barbelés éventrés voit des soldats allemands approcher de l'ouvrage par-derrière !!!
On les voit avancer par bonds dans les trous d'obus qui entourent le bloc 2…

Germer ne sait pas à quelle unité appartiennent ces enragés mais ils vont se trouver d'une minute à l'autre sous le feu de leur propre artillerie…
Ces hommes, les premiers allemands à atteindre l'ouvrage appartiennent au bataillon Corduan…

A peine l'écho du dernier coup de fusil s'est-il éteint dans Villy que l'Oberleutnant Westfahl, Bataillons-Adjutant du II/IR 2II, a commandé à la 5e compagnie de monter vers le Panzerwerk 505 par la droite de la route Villy-La Ferté-sur-Chiers, et à l'Oberleutnant Schuhmann, de la 6e compagnie, d'emprunter la gauche de la route pour atteindre les abords de la nappe de barbelés entre les deux blocs…

Vers 17 h 15, la Stosstrupp de l'Unteroffizier Walter Pape aborde la casemate-canon abandonnée la veille par le lieutenant Tyckozinski… Il est accueilli par des coups de feu mais s'approche du créneau de la pièce de 75 par lequel il lance deux grenades à manche.
L'effet est immédiat et Pape capture là quinze coloniaux… Il délivre en même temps un jeune Gefreiter du II/IR 211 qui avait été capturé en recherchant un de ses blessés.

A 17 h 30, les premières rafales de 210 qui éclatent sur la crête où s'élève l'ouvrage incitent les hommes du bataillon Corduan à chercher un abri où à s'écarter vers le sud de la colline où ils vont d'ailleurs rencontrer le premier Stosstrupp envoyé par le Major Kranke…
Le gros des projectiles s'abat à l'intérieur du réseau de barbelés et sur les blocs où les guetteurs de cloche, doivent descendre dans leur puits…

Les canons de 100 harcèlent les pentes de Saint-Walfroy et le village de La Ferté-sur-­Chiers où le clocher de l'église s'effondre sous les coups...

Sans se préoccuper des obus qui passent au-dessus de sa tête, l'Oberleut­nant Germer avance avec ses Pionniers.
Les dessus de l'ouvrage subissent un marmitage qui rappelle ceux de la guerre de 1914-1918… (Zitoune qui a visité le site pourra confirmer que le terrain situé entre les deux blocs de La Ferté offre, aujourd’hui encore, le même aspect que certains secteurs du champ de bataille de Verdun)

L'Unteroffizier Hellmut Wagner raconte:
Avec mon groupe de huit hommes j'avais pour mission d'avancer jusqu'à la nappe de barbelés et d'ouvrir un chemin à l'explosif dans le réseau qui au­rait échappé au bombardement. Le porteur du seul lance-flammes que nous possédions, le Gefreiter Heinz Engelmann, a été tué par une balle de mitrailleuse en traversant la route. Ce fut le seul tué du groupe au cours de l'action ...

Protégés par la concentration de projectiles qui dévore la colline, les Pionniers gagnent du terrain.
Fritz Grube :
J'appartenais à l'un des premiers groupes chargés de la destruction des cloches cuirassées et, de trou d'obus en trou d'obus, nous nous sommes approchés jusqu'à environ 70 mètres de l'ouvrage. Le bombardement avait obligé l'adversaire à fermer ses créneaux mais j'avais l'impression que tous les observateurs avaient leurs regards braqués sur nous…

Le groupe de destruction du Leutnant Sommerhuber s'approche, lui aussi, du bloc 2 couronné de flammes et de fumée.

Hans Nôlke :
Je marchais à côté du Gefreiter Biermann, juste derrière le Leutnant Sommerhuber. Les rafales et les coups de fusil tirés sur nous étaient rares, mais par précaution, nous avancions dans la tranchée qui longeait la route. Après la mort de Heinz Engelmann, nous avons couru en direction d'une casemate dont le canon était braqué vers le sud-est mais ne tirait pas. Elle venait d'être prise par les nôtres et nous pûmes nous y abriter en attendant le tir de la Flak.

La casemate Tyckozinski où se réfugient les hommes de Sommerhuber va être aménagée en dépôt de munitions, central téléphonique et poste de premier secours…

Soudain, comme prévu, les éclatements se déplacent vers la vallée de la Chiers et les pentes de la colline de Saint­ Walfroy que les obus fumigènes recouvrent d'un épais brouillard…

Il est 18 h 10, le tir d'artillerie orchestré par l'Oberst Martinek a été d'une remarquable précision et c'est surtout les pentes ouest de la crête qui ont été visées et le réseau de barbelés est largement éventré…

C’est le moment où les pièces de 88 Flak du Hauptmann Pretzchner ouvrent le feu par dessus les Pionniers, allongés à moins de cent mètres de l'ouvrage…
Pendant dix minutes, les obus de rupture vont labourer l'acier des cloches…

La tourelle à éclipse du bloc 2 est touchée par cinq projectiles qui ricochent sur sa toiture…
Mais la cloche, qui paraît constituer la cible préférée des artilleurs, sans doute parce qu'elle est plus visible que les autres, est celle de GFM (Guet et fusil-mitrailleur) dont un créneau est orienté vers Fromy d'où tirent les 88...

La cloche voisine qui sert d'observatoire au maréchal des logis Ferrier a également un créneau tourné vers Fromy, mais il est plus étroit et la cloche située en contrebas est plus difficile à atteindre.

Coup de chance pour les Allemands, malheureux coup du sort pour les Français ... les servants de la batterie de Flak qui tirent à la cadence maximum vont réussir à placer un coup au but dans le créneau sans doute mal fermé de la cloche de GFM.

Ce coup au but aura, nous le verrons, une grande importance sur le moral et jouera un grand rôle dans la tragédie qui s’ensuivra…


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