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 Commandos et forces spéciales en Indochine..III

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Paracolo
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Paracolo


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MessageSujet: Commandos et forces spéciales en Indochine..III   Commandos et forces spéciales en Indochine..III Icon_minitimeJeu 4 Nov 2010 - 12:57

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Commandos II


Un moment, j'ai délaissé mes Panthers et autres Tigres, pour continuer cette histoire des commandos et forces spéciales en Indochine...Il en faut bien pour tout le monde...

*****

Le Corps Léger d'Intervention (C.L.I.)


Depuis août 1944, Mountbatten demande à Washington son accord et les moyens de transport pour amener le C.L.I. d'Algérie aux Indes.

Cette demande est renouvelée plusieurs fois sans succès en raison de l'opposition de Roosevelt au retour des Français en Indochine.

Ce n'est qu'à la fin de mai 1945 que les 700 hommes du C.L.I. débarquent enfin à Ceylan pour y parfaire leur entraînement et prend l'appellation de 5e RIC, pour éviter toute confusion avec le Ceylon Light Infantry…

Au début d'août 1945, les effectifs du C.L.I. sont complétés par l'arrivée à Colombo du Commando aéronaval du capitaine de corvette Ponchardier, une centaine de marins de grades divers.
Cette unité constituée à Hyères en janvier, a reçu en Angleterre, à partir de mai, une formation parachutiste et de combat analogue à celles des parachutistes SAS britanniques...

En septembre, le C.L.I. du colonel Huard compte environ 1700 hommes dont une très forte proportion de cadres. (200 officiers et 500 sous officiers)

Il est composé de trois compagnies parachutistes (le Commando aéronaval et deux compagnies de coloniaux brevetés par les Anglais au Cachemire), soit environ 350 combattants qui constituent le « SAS Bataillon» ou « SAS B » aux ordres de Ponchardier.

A l'état-major et aux divers services s'ajou­tent deux « Commandos légers» : le CL1 du commandant Delaveau (400 volon­taires instruits) et le CL2 du commandant Guennebaud (600 hommes encore à l'instruction) qui compte des engagés récents et des cadres en provenance des FFI, tous volontaires.

Un détachement de légionnaires du 5e REI, venu de Chine avec le capitaine de Cockborne complète les « Commandos légers ». C'est sans le CL n°2, encore à l'instruction et qui n'arrivera en Indochine qu'en décembre, que le C.L.I. débarque à Saigon au début d'octobre 1945.

Auparavant, la Compagnie A (120 hommes) du lieutenant-colonel Rivier, a été aéroportée de Jessore à Saigon le 12 septembre avec les Gurkhas de la 20e Division hindoue.
La Compagnie B (également appelée Compagnie Cadre a été parachutée en deux éléments de 30 hommes à Nong Khai au Siam (capitaine Le Guillou, le 23 septembre, lieutenant Drouin, le 29), afin d'opérer dans la région de Vientiane, de l'autre côté du Mékong, avec les Forces Spéciales.

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Cl2_in10
Le CL N°2 aux Indes

Les combats pour la reconquête:

Dès son engagement, à partir de septembre 1945, les mission confiées au C.L.I. et à ses différentes composantes seront variées ; certaines auront peu à voir avec l'action spécifique de « Commando » mais, dans des situations particulièrement délicates et périlleuses, elles ne pouvaient être menées à bien que par des combattants d'élite.

La Cie A, intégrée à la 20e Division Indoue du Général Gracey, est aéroportée à Saïgon le 12 septembre 1945, venant de Myngaladon en Birmanie, en compagnie de 200 Gurkas.
Le détachement est commandé par le Lt-colonel Rivier, ancien d'Indochine.

Partis à 121 de Ceylan, prélevés sur les commandos du C.L.I., à la nouvelle de la capitulation japonaise: 108 affectés à la Cie A commandée par le Capitaine Noirtin et un petit état-major aux ordres du Capitaine d'Otton Loyewski qui assiste Rivier… Ils ne sont plus que 120 car le Sergent Moretteau s'est tué au volant de sa Jeep sur la route de Rangoon, où ils étaient arrivés le 29 août sur le porte-avions "Sea Archer".

Le béret vert des commandos est échangé contre le chapeau de feutre des Gurkas, le commandement anglais désirant une grande discrétion, afin de ne pas heurter les alliés russes, américains ou chinois hostiles au retour de la France en Indochine ...
…Où certains Japonais refusent la capitulation et rejoignent les rebelles qu'ils arment et encadrent…

Aussi personne ne sait ce qui les attend lorsque le détachement se pose à Tan Son Nhut à 10 heures du matin…

Là quelques officiers anglais et quelques rescapés de l'équipe Cédile, attendent en compagnie d'officiers japonais...

Armé, approvisionné, le détachement embarque dans des camions de l'armée nippone pour gagner Saigon par la rue Mac-Mahon.
Des banderoles rédigées en anglais proclament l'Indépendance et souhaitent la bienvenue aux Britanniques…
Partout une profusion de drapeaux rouges frappés de l'étoile jaune d'où émergent quelques drapeaux alliés.

Aucun drapeau français…

Aucun blanc dans les rues où la foule jaune est de plus en plus dense.

La précarité de la situation est évidente...
Les français sont parqués depuis six mois, avec interdiction de sortir. Ils logent dans des compartiments surpeuplés, généralement dépouillés, dans une pénurie alimentaire presque complète, aggravée par le climat et le manque de médicaments...

Victimes des bombardements aériens américains, ils ont subi le Coup de Force japonais du 9 mars, les pillages et les assassinats par les insurgés.
Arrachés à leurs maisons, usines ou plantations, ils montrent des allures de naufragés. Certains sortent a peine des cages de la terrible Kampetaï, la Gestapo japonaise.
Depuis quelques jours ils ont été rejoints par les prisonniers alliés relâchés par les Japonais, des survivants squelettiques… Fort heureusement, car se sont ces rescapés de l'enfer, Hollandais, Anglais, Australiens qui vont sauver la vie à plusieurs d'entre eux en s'interposant face à la populace déchaînée...

Le lendemain matin, le Gouverneur Cédile fait envoyer les couleurs sur le Gouvernement Général.
C'est la première fois depuis le 9 mars…

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Moyens10
Les « moyens » du 5e RIC au Laos

…Mais il faut vite déchanter.
Les Anglais pris à partie par le chef Viet Minh Tran Van Giau et par les Japonais demandent d'amener le drapeau. Cédile refuse; il tiendra bon jusqu'au soir.
Mais le lendemain on ne le remontera pas…

Il faut aussi renoncer à libérer les 3.000 prisonniers de guerre, toujours parqués dans la caserne Martin des Pallières, gardés par les Japonais. Les Anglais s'y opposent pour des raisons de sécurité.

- Le 15, une rafale éclate…
Un factionnaire, le soldat Lebert gît dans une mare de sang…
On croit à un attentat. le dispositif d'alerte est déclenché. Il s'agit en fait d'un accident : un choc a déclenché la Sten dont la sécurité n'était pas mise…
- Le 16, quatre paras de la DGER, sortis sans armes, sont arrêtés par les Viets et jetés en prison.
Impossible d'obtenir leur libération…
- Le 17 les révolutionnaires célèbrent la proclamation de l’Indépendance. Une énorme manifestation bardée de banderoles et de drapeaux débouche de Cholon par le boulevard Galièni. Les Gurkas obligent les Japonais à la disperser.... En représailles, les Viets coupent le courant dans toute l'agglomération...

Il faut agir d'urgence...

Le 20 septembre, la nuit tombée, une section de la Cie A, investit la Pyrotechnie...
Récupérant les armes confisquées par les Japonais aux troupes d'Indochine, celles du moins qu'ils n'ont pas distribuées aux rebelles. Elles sont réparties immédiatement parmi les 1500 prisonniers valides de Martin des Pallières dont la garde japonaise est aussitôt renvoyée.

Trois bataillons de coloniaux sont alors constitués, qui deviennent le Groupement de Marche du 11e RIC sous le commandement du Lt-colonel Runner, et un bataillon de fusiliers marins commandé par le Capitaine de Corvette Picheral... Très motivés, connaissant bien le pays, ils vont se révéler très utiles…

Il était temps, les Viets multiplient exactions, incendies, assassinats et pillages...

Le 21 ils attaquent un détachement anglais qui subit des pertes. Gracey se fâche, affiche une proclamation musclée et donne son accord à une reprise en main de Saigon par l'ensemble des troupes françaises dont Rivier assume le commandement…

Il est 23 heures, le 22 septembre, quand les ordres arrivent…

C'est pour cette nuit... Heure H : 4h 00.
Objectifs de la Cie A:
Tous les bâtiments publics avec les ler et 2e Bataillons du 11e RIC.
Avec le 3e Bataillon et les marins, le port, la gare, les ponts et les postes de police de la périphérie.
Les commandos de la Cie A sont répartis entre chaque objectif, comme éléments de pointe chargés de neutraliser les résistances éventuelles.

A 2h 30, tout est en place.
Les unités filent silencieusement dans la nuit...

Un groupe s'occupe de l’Hôtel de Ville…
A 4h 00 escalade des grilles fermées, les sentinelles somnolentes sont désarmées.
Surprise complète…

Les occupants viets éberlués sont réveillés les armes, munitions et documents ramassés…

En ville, tous les objectifs sont ainsi coiffés sans effusion de sang.
Avec les premières lueurs de l'aube, la nouvelle se propage. Les civils européens, hier encore désespérés, arrivent fous de joie. Il faut d'urgence tempérer leur enthousiasme et leur ardeur…
En effet la foule asiatique s'accumule… Parmi elle de nombreux Chinois qui agitent de petits drapeaux bleus et blancs de la Chine nationaliste, sans doute pour ne pas être confondus avec les Annamites qui ont désormais perdu la face…

Les nouvelles arrivent de la périphérie.
La première surprise passée, les Viets, bien armés et nombreux, réagissent...
Le 11e RIC arrête de justesse une contre-attaque menée drapeaux en tête au pont de Dakao.
A Phumy, la Compagnie de Gaillande du 11e RIC, bloquée, perd 2 tués et 3 blessés...

Il faut la dégager...

Rivier fonce avec la Section du Lt Dettré...
Épaulé, le 11e RIC réagit alors avec vigueur… Un peu trop aux yeux des observateurs anglais...

Gracey veut calmer le jeu.

Il fait relever le 11e RIC par les Gurkas et confie aux Japonais la garde des ponts, dont celui aboutissant à la cité Hérault.
Il ordonne aussi la libération du millier de prisonniers capturés depuis le matin.
La Cie A couche sur ses objectifs conquis…

Dès le lendemain, une grande pression se développe. Des incendies éclatent à Khan Hoi et au Song Be. La fumée obscurcit le ciel. Les Gurkas qui occupent le Commissariat Central du boulevard Galièni arrêtent une nouvelle manifestation. Les insurgés enlèvent et assassinent plusieurs européens…

Dans la matinée du 25 septembre, des femmes et des enfants affolés arrivent de la Cité Hérault. Ils disent le massacre qui vient de s'y perpétrer...
Les Japonais ont laissé une bande armée envahir la cité et massacrer ses habitants français et annamites avec une sauvagerie inimaginable…
Sur plus de 100 personnes enlevées on ne retrouvera que 56 survivants lorsque les Anglais, très réticents, autoriseront enfin la Cie A à intervenir avec les Gurkas.

Impressionné, Gracey renvoie le 11e RIC garder les ponts… C'est un peu tard. Les détachements sont aussitôt assaillis de toutes parts.

Le 26 les rebelles attaquent le pont Mac Mahon…

Le Capitaine Noirtin et la deuxième section du Lt Martin accourent.
Le 11e RIC a déjà 2 tués et 1 blessé...
Grâce à un camion sommairement blindé, faisant feu de toutes ses armes, Noirtin force le passage…. Malheureusement, l'Adjudant Deplaine et le Sous Lieutenant Achard sont tués, le Capitaine d'Otton et le Sous-Lieutenant Lavigne sont blessés.

Le Colonel Dewey, chargé d'affaires américain, tente de gagner l'aéroport sous la protection de son pavillon et de ses gardes du corps.
On ne les retrouvera jamais...

La nuit tombée nouvelle attaque sur les ponts de Dakao et du tramway. Nouvelles pertes en tués et blessés au 11e RIC.

Les 28 et 30, nouvelles attaques sur les ponts et nouvel incendie rue Lacotte.
Les Viets font circuler des bruits fantaisistes: la flotte russe arriverait à leur secours…
En fait c'est le "Wawenay", battant pavillon britannique qui accoste.

Les négociations entre Gracey et Tran Van Giau portent enfin leurs fruits.

Une trêve prend effet le 2 octobre à 18 heures.

Elle permet le débarquement pacifique, les 3 et 4 octobre, du reste du C.L.I., arrivés par le "Richelieu" et le "Triomphant" et deux transports de troupes anglais, le "Queen Emma" et le "Princess Beatrix".

(Si j’ai choisi, de m’appesantir un peu sur la « prise » de Saïgon, c’est dans le but de montrer que les problèmes que va rencontrer le CLI dans un premier temps, mélangent intimement le militaire au politique, dans cette ambiance de fin de guerre mondiale où chacun essaye de tirer la couverture à soi…)

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Cli_sa10
Défilé, le 3 octobre, du reste du C.L.I., fraîchement débarqué

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Dernière édition par Paracolo le Dim 18 Déc 2011 - 11:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Commandos et forces spéciales en Indochine..III   Commandos et forces spéciales en Indochine..III Icon_minitimeJeu 4 Nov 2010 - 12:58

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Du 23 au 30 septembre, la Cie B à l'effectif de 60 cadres est parachutée au Siam à Nang Khai, après avoir traversé le Mékong, les premiers éléments entrent dans Vientiane le 24 sep­tembre, précédant de peu les Chinois de la 93e Division qui, selon les accords de Potsdam (28 août) ont reçu mission d'occuper la péninsule indochinoise jusqu'au 16e parallèle.
Les ordres étant d'éviter l'affrontement elle se retire à 15 km, au Nord à Tan Ngon et Ban Koeun où elle est violemment attaquée par des bandes basées au Siam sur l'autre rive du Mékong.

Le capitaine Le Guillou renforce clandestinement le Groupement Fabre («  Sagittaire ») et ensemble, ils consti­tuent, avec des volontaires européens et des recrues autochtones, un détachement de 200 hommes....
Jusqu'en janvier 1946, date à laquelle cette unité sera incorporée aux Forces du Laos qui ont entrepris la réoccupa­tion du royaume, elle aura à faire face à la mau­vaise volonté des Chinois et même à leurs tentatives armées, aux attaques des partisans nationalistes issaraks ou du Viêt­-minh communiste, soutenus ouvertement par les agents de l'OSS.

Le 10 octobre, à la demande du général Leclerc, le Commando léger n°1 du 5e RIC, fournit 220 hommes qui sont aérotransportés à Phonm Penh. La pré­sence de ce détachement permet sans coup férir la mise hors circuit de Son Ngoc Thanh, personnalité cambodgienne mise en place par les Japonais, et le retour au pouvoir du roi.

D'octobre à janvier, les Marsouins du 5e RIC, stationnés au Cambodge, effectuent diverses opérations de nettoyage en direction de la Cochinchine et du nord-est du pays.
Un de leurs éléments s'installera à Siem Reap afin de faire face à la menace des Khmers issaraks regroupés dans la région de Battambang, soutenus par les Siamois.

Les légionnaires du 5e REI qui appartenaient au CL n°1 seront mutés à la 13e DBLE en janvier 1946. Leur départ sera compensé par le recrutement de tirailleurs et de partisans autochtones.

Le « SAS B »

Les trois Commandos du SAS B (qui deviendra le « groupement autonome Ponchardier » le 16 février1946) subissent leur baptême du feu à partir du 12 octobre 1945, au cours des opérations qui visent à débarrasser Saigon de la menace viêt-minh.

Les hommes de Ponchardier, utilisant discrètement, de nuit, la Rivière de Saigon, débarquent par surprise au nord et au sud de l'agglo­mération. Dans cette manœuvre de type « commando », ils enlèvent leurs objectifs.
La surprise est totale, les assaillants n'éprouvent pas de pertes sérieuses contrairement à leur adversaire...

En quelques jours, les troupes britan­niques et françaises nettoient la ville, délivrant des otages européens et anna­mites. Malgré plusieurs tentatives de contre-attaques, le Viêt-minh est chassé de ses positions.
Le SAS B a perdu sept tués dont plusieurs gradés et déplore une douzaine de blessés.

A partir du 24 octobre, le gros du 5e RIC opère en Cochinchine où les élé­ments du CL n°1 participent aux opérations de reconquête et de nettoyage de la région Saigon, Mytho, Tay Ninh.

De son côté, le SAS B livre une longue série de combats audacieux aux résultats impressionnants.

Embarqués sur un LCI de la Royal Navy, les hommes de Ponchardier sont d'abord engagés dans une opé­ration combinée qui vise à l'occupation de Mytho, située à 60Km au sud de Saïgon réputée importante base poli­tico-militaire du Viêt-minh.
L'unité a pour mission, après avoir progressé par des voies fluviales incertaines, de boucler les accès de l'agglomération qui sera prise et nettoyée par des blindés de Massu, commandés par le capitaine Dronne, (célèbre depuis la libération de Paris) et l'infanterie de la 2e DB venus par voie terrestre…
Or, cet élément est considérablement retardé par les multiples destructions ren­contrées sur son itinéraire.
S'affranchissant des ordres reçus, Ponchardier, par­venu aux abords de Mytho dans la nuit du 24 au 25 octobre, décide de s'empa­rer de la ville.
Appuyée par les armes de bord du LCI, qui canonne rives et détruit les barrages,l'opération est menée contre un adversaire surpris et désemparé, réussit parfaitement au prix d'un seul blessé chez les Commandos.
La nuit suivante, une tentative d'action viêt-minh ne fait qu'augmenter les pertes chez ce dernier...

Les blindés de Dronne n’arriveront que deux jours plus tard et Ponchardier fera un accueil goguenard à Massu…

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Dronne10
Le capitaine Dronne

Relevés donc, le 27 octobre par le groupement terrestre, avec lequel marche la Compagnie A du 5e RIC, les hommes du SAS B atteignent Bentre sans rencon­trer d'opposition notable.
- Le 29, à 4 h 30, après une audacieuse manœuvre par les canaux, le LCI débarque les Commandos à Vinh Long.
En une heure la ville est prise, Ponchardier ne perd que trois hommes.
- Le 30 octobre, une manœuvre du même style permet d'occuper Cantho sans coup férir alors que les pertes de l'ennemi, en hommes et en armement sont importantes.

Jusqu'au 27 décembre, date à laquelle le SAS B est relevé sur le terrain par le 6e RIC, les Commandos de Ponchardier vont mener de très nombreuses opé­rations, tantôt seuls et de leur propre initiative, tantôt en collaboration avec d'autres unités: coups de main de va-et-vient, embuscades, recherche et exploi­tation de renseignements, mise en place des structures sociales et administra­tives ...

Occupés le 2 décembre, Nga Tu et ses environs sont traités pendant plu­sieurs jours.
Le 6 décembre, deux Commandos et les fusiliers marins enlèvent Tra Vinh tuant une centaine de rebelles, récupérant de nombreuses armes…

Prise difficile, qui nécessita l’appui d’un aviso puissamment armé et….un détachement de cyclistes qui réussit à sécuriser une route abondamment piégée…Ainsi qu’une opération navale sur une île entre deux bras du Mékong, permettant de délivrer une communauté catholique, et de remorquer une centaine de jonques, transportant un millier d’otages sauvés par cette action…

Une semaine plus tard, ils occupent Tra Cu, à 20 km. de Tra Vinh...
Non seulement ils détruisent l'ennemi par leurs actions offensives mais ils s'efforcent de rétablir une vie normale pour les populations libérées.
Les résultats sont tels qu'ils permettent un recrutement important, plus de 300 tirailleurs et partisans sont incorporés.

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Recrut10
Volontaire autochtone recruté par le 5e RIC

Chez Ponchardier, les pertes au combat ont été relativement faibles compte tenu des résultats spectaculaires obtenus, ce qui prouve l'intérêt des conceptions audacieuses ajoutées à l'utilisation de judicieuses opportunités exécutées par une troupe motivée et sérieusement instruite.
Par contre, la fatigue des hommes et les problèmes sanitaires dus au climat et aux inconvé­nients de la vie en brousse ont creusé des vides sérieux dans les effectifs du SAS B.
A son retour à Saigon, pour compléter son potentiel, Ponchardier créé un Commando supplémentaire à partir de volontaires venus de Chine et du recrutement local d'Européens (parmi lesquels Drachy, Trinquier, De Pins, Mac Carthy, venant de chine, Missofe venant du 1er Choc…Des noms connus parmi les paras).

Le 5e RIC - Plateaux Moïs et sud Annam

A Saigon, le CL n° 2, enfin arrivé de Ceylan le 18 décembre 1945, fait ses pre­mières armes dans des opérations classiques de nettoyage au nord de Saigon, d'un intérêt relatif certes, mais qui assu­rent son accoutumance.
Il est implanté à la périphérie nord-est de Saigon, avant d'être envoyé au Laos, en Février 1946.
Il a repris pour insigne la tête de gaur abandonnée par le détachement des Indes dissout.

Après leurs opérations au Cam­bodge et en Cochinchine, la Compa­gnie A et les éléments du CL n°2 dis­ponibles vont participer aux raids audacieux qui permettent la libération de Ban Me Thuot au début de décembre, de Dalat et de la liaison avec Nha Trang, le 30 janvier...

Si ces opérations ne sont pas à inscrire dans le registre « Comman­dos», menées avec beaucoup de déter­mination, de faibles moyens et des risques considérables, elles n'en sont pas moins à retenir comme des opérations sortant de l'ordinaire dont la réussite est due aux qualités des exécutants.
En plus du nettoyage des régions réoccu­pées, débarrassées de la présence rebelle, elles ont permis le rétablissement de la confiance des populations et le recrutement de nombreux tirailleurs autochtones...

Le 19 février 1946, ces éléments du 5e RIC retrouvent Saigon pour peu de temps, avant que de nouveaux ordres les expédient au Laos.

5e RIC et Forces Spéciales au Laos

Au Laos, l'isolement des groupes de guérilla organisés par les Forces Spé­ciales est devenu dramatique du fait de la mauvaise volonté agressive des forces chinoises d'occupation, des manœuvres anti-françaises des agents de l'OSS et de la guerre ouverte menée par les nationalistes locaux et le Viêt-minh approvisionnés et souvent soutenus ouvertement par les Japonais encore en place.

Depuis les Indes, la DGER et la Force 136 se sont efforcées de fournir des renforts en personnel avec des agents venus de la métropole.
Après un bref stage d'accoutumance et de formation, deux groupes de 30 volontaires atterris­sent à Pacsé les 11 et 18 octobre, destinés à opérer avec les guérilleros dans le secteur de Savannakhet; deux groupes analogues ont été parachutes à Nakhon Pan Hon, au Siam les 20 et 25 octobre, en face de Tak Hek.

A la mi-novembre 1945, en raison du départ des Anglais d'Indochine, la Force 136 annonce la fin de ses activités au profit du CEFEO. Elle est remplacée par la DGER qui s'installe à Saigon où la pauvreté des moyens dont dispose le com­mandant Morlanne conduit ce dernier à suggérer le passage des guérillas lao­tiennes sous le commandement effectif du général Leclerc.

La reconquête du Laos

Forces Spéciales et 5e RIC

Ainsi, à partir de janvier 1946, réorganisés en bataillon et en commandos ces détachements, avec l'aide extérieure fournie par Saigon, entreprennent la reconquête effective du Laos.
A ces « Forces du Laos » commandées par le colonel de Crevecœur vont participer des éléments du CL n°1 et le CL n°2 du 5e RIC. On y verra également d'ailleurs apparaître une unité particulière: le « Commando Conus ».

les « Forces du Laos » vont être confrontées à des combats sévères pour mener à bien leur mission, comme à Ban Keun, près de Vientiane, le 22 janvier, où est tué le commandant Guenon, officier adjoint du Commando Conus.

Le CL n°2 du 5e RIC combat sur la RC 13 au Nord de Pakse avant de s'emparer de Savannakhet et le 21 Mars de Thakhek, après un combat qui lui coûte 9 tués et 13 blessés dont le capitaine Buretel De Chassey du CL n°2.
Dans l'affrontement, l'ennemi compte plus de 400 tués et 150 prisonniers, et perd une quantité considérable d'armement et de matériel.
Après la prise de la ville, une colonne baptisée « Alpha » atteint Hué, le 29 mars.
Ils entrent le 25 Avril dans Vientiane avec la Cie B après l'évacuation des troupes chinoises ils poussent jusqu'à Luang Prabang qui est prise le 11 mai 1946 par les « Forces du Laos » au cours d'opérations combi­nées avec les parachutistes de la 1/2 Brigade SAS, reconduisant l'Armée Chinoise jusqu'à la frontière.

Le 17 juin, le 5e RIC est dissout, ses 900 hommes et son drapeau passent aux « Forces du Laos ».

Le SAS B « Groupement autonome Ponchardier»

Dès le 25 janvier, de retour à Saigon, le SAS B reprend son rythme opérationnel. Rapidement, Ponchardier, insatisfait des conceptions et des exigences de l'état-major, obtient de ne dépendre pour son emploi que du général Leclerc...

A la mi­ février, son unité prend l'appellation de « Groupe autonome Ponchardier ».
Il met au point lui-même et exécute, souvent avec la Marine et la Légion étrangère, des opérations couron­nées de succès dans les régions de Bien Hoa, Hoc Mon, Thu Dau Mot...

Lorsque le « Groupement autonome Ponchardier », ex­ SAS B du 5e RIC est rapatrié le 18 août 1946, il ne lui reste guère qu'une centaine d'hommes disponibles pour des activi­tés opérationnelles.
Sur un effectif qui n'a jamais dépassé 350 combattants, il a perdu 25 tués dont 6 officiers, 49 blessés dont 5 officiers, sans préjudice de nombreux évacués sanitaires.
Dans les deux citations à l'ordre de l'armée qui lui ont été attribuées, cette unité est qualifiée de : « Terreur des rebelles» et « Modèle de commandos dans la guerre coloniale ».

Commandos et forces spéciales en Indochine..III Ponch10
Le capitaine de Corvette Ponchardier, armé du PM Mas 38

Le Commando Conus

Du nom de son chef, le lieutenant-colonel Conus, officier de réserve et personnage à très forte personnalité.

Après avoir participé à plusieurs missions clan­destines en Europe (en particulier « Vercors ») Conus constitue, de sa propre ini­tiative, un détachement d'une quinzaine d'anciens agents de la DGER et débarque avec eux en Indochine à la mi-octobre 1945. Une équipe à peu près analogue, composée d'anciens parachutistes de la Seconde Guerre mondiale le rejoint en novembre.

Un recrutement local d'Européens aventureux (civils et militaires parmi lesquels Fourcade revenant de Chine) porte l'effectif du Commando à 80 volontaires.

Ils opèrent d'abord dans la région de Tay Ninh avec le 5e RIC et le 2e DB.
Affecté aux Forces du Laos en janvier 1946, le Commando parachute 44 des siens à Tha Ngon le 15 janvier.

Le Commando Conus participera activement aux libérations de Tha­khek, de Vientiane et le Luang Prabang, en coopération avec les parachutistes de la 1/2 Brigade SAS pour ces deux dernières opérations (15 hommes du Commando seront largués à proximité de Vientiane)...

Création « spontanée » pour laquelle le lieutenant­-colonel Conus a bénéficié de protections et complicités diverses, ce « commando » peut être considéré comme non conventionnel à de nom­breux points de vue, y com­pris son comportement sur le terrain où le goût de l'aventure l'a parfois emporté sur l'exécution stricte des ordres reçus...

Le Commando Conus sera dissout à la mi-juillet 1946, son personnel rapa­trié.


Commandos et forces spéciales en Indochine..III Para_s10
Brevet para du SAS B

Les citations

CITATIONS COLLECTIVES A l'ORDRE DE L'ARMEE,

COMPAGNIE A OU 5e RIC.

Décision n° 84 du 11 mars 1946 du Président du G.P.R.F.  

« Aéroportée de Birmanie en Indochine, a débarqué à Saigon le 12 septembre 1945. A pris une part prépondérante à la libération de cette ville le 23 septembre, puis à tous les combats qui se sont déroulés autour de Saigon du 23 septembre au 1er octobre. Jetée dans la bataille de Mytho a fait l'admiration des chefs qui l'ont employée. »
« Faisant partie d'un groupement chargé de s'enfoncer sur les arrières de l'adversaire a, du 30 novembre au 5 décembre, mené six assauts, capturant Ban Mé Thuat le 1er décembre 1945, bousculant la garnison adverse et captu­rant pour la deuxième fois de vive force cette place d'une importance vitale pour l'adversaire. »
 « Au cours de ces différentes actions, a mis hors de combat des effectifs adverses trois fois supérieurs aux siens, capturant un stock très important d'ormes et de munitions. »

GOUIN.

BATAILLON SPECIAL AIR SERVICE DU 5° RIC.

Ordre général du C.E.F.E.O. N° 326 du 30 avril 1946.

« Remarquable unité de commandos parachutistes qui, sous les ordres de son brillant chef, le capitaine de corvette Ponchardier, s'est toujours distinguée par ses rares qualités de courage, d'audace et d'allant.
« Après avoir débarqué le 3 octobre 1945 en Cochinchine avec les pre­miers éléments du Corps Expéditionnaire s'est aussitôt signalée en dégageant la région Nord de Saigon.
« Puis en une compagne de 65 jours dans le Sud Cochinchinois, s'est emparée successivement de Mytho par un coup d'audace, de Vinh Long, Can­tho et Travinh par des débarquements de vive force, ramenant la confiance et la vie normale dans plus de 50 localités après 150 accrochages victorieux sur les rebelles et délivrant de nombreux otages.
« Le 25 janvier 1946, a bousculé à Tan Uyen une bande de rebelles nombreuse et fortement armée, enlevant à la baïonnette les derniers retranche­ments rebelles du village de Tan Phu.
« A décimé dès le début d'avril, les bandes de pillards de la région de Govap en leur infligeant des pertes sévères en moins d'une semaine.
«  Restera pour la Marine et les Troupes Coloniales un magnifique exem­ple des plus hautes qualités guerrières pratiquées dans l’union et l'enthousiasme les plus parfaits »

Signé: JUIN.

COMMANDOS PARACHUTISTES COLONIAUX DU GROUPEMENT PONCHARDIER.

« Magnifique Unité de Commandos Parachutistes élite du Corps Expéditionnaire en Extrême-Orient. Sous les ordres du Capitaine de Frégate PONCHARDIER, ont toujours exécuté avec succès les missions qui leur ont été confiées.
Le 1er mai, dans la région d'An-Hoa au nord ouest de Thu Dau Mot ont anéanti le corps des volontaires de la mort de N'Guyen Binh, au cours d’une action très vigoureusement menée, s'emparant de cinquante fusils de guerre, d'une arme automatique et d'un mortier avec ses munitions, sans subir la moindre perle.
• Au mois de juin, épuisée par neuf mois de dure campagne, a encore réussi à ramener le calme dans la région de Toy Ninh et à obtenir la reddition de nombreux dissidents, à la suite de trois raids audacieux, opérés ou coeur du repaire rebelle de la forêt de Long-Giang, à l'ouest de Vaïco.
« Terreur des rebelles, a quitté l'Extrême Orient le 28 août 1946, sans avoir essuyé un seul échec et après avoir joué un rôle prépondérant dans la libération du Sud de l'Indochine.
« Restera pour la Marine et les Troupes Coloniales le modèle du commando dans la guerre coloniale."
Paris le 7 octobre 1947
Signé: RAMADIER

ATTRIBUTION DE LA FOURRAGERE AUX COULEURS DE LA CROIX DE GUERRE.
Au groupement Autonome parachutiste Ponchardier (parachutistes coloniaux).
Décision n° 83 du ministre de la guerre en date du 7 octobre 1947.


5° REGIMENT D'INFANTERIE COLONIALE.

Ordre Général n° 14 du Haut Commissaire en Indochine, commandant en chef, en date du 18 novembre 1947.

« Premier régiment qui ait débarqué en Cochinchine en septembre 1945. Immédiatement engagé et toujours sur la brèche depuis cette date, s'est constamment fait remarquer par sa belle tenue, sa discipline, son allant et ses hautes qualités manoeuvrières. Ses commandos ont eu une part prépondérante dans les opérations de Cochinchine, de l'Annam, du Cambodge et du Laos; se distinguant en particulier à Tan An et Govap d'octobre à décembre 1945; à Ban Me Thuot du 5 décembre 1945 au 25 janvier 1946, à Ninh Hoa le 29 janvier, Savannakhet le 12 mars 1946, Thakhek le 21 mars 1946, Tchépone le 23 mars 1946, Hué le 29 mars 1946, Vientiane le 23 Avril 1946, Luang Prabang le 13 mai 1946 ».
« Au cours de ces différents engagements, a mis hors de combat des formations rebelles très supérieures en nombre, leur capturant un très important butin de guerre et portant très haut le renom et les traditions d'une des plus belles unités coloniales du C.E.F.E.O. »

Signé: D’ARGENLIEU



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Dernière édition par Paracolo le Sam 28 Juil 2018 - 23:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Commandos et forces spéciales en Indochine..III   Commandos et forces spéciales en Indochine..III Icon_minitimeLun 3 Jan 2011 - 19:35

Il en faut bien pour tout le monde...

IL(s) t'en remercie( nt) ....

ce  " compendium" sur les Commandos ne manque pourtant pas d'intéret .... et évite bien des livres ( à acheter ..) !

Notre bon vieux forum vieilli ... Il y à 3 ans ou plus , un post de cette qualité aurait déclanché moult réponses ...de la part des ""spécialistes ""   Wink

A notre " avantage ", il est vrai que si complet ... que dire de plus sur le 5° RIC et le CLI ...

Toujours est-il que passionnant et attisant ...
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Charly71

Charly71


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MessageSujet: Re: Commandos et forces spéciales en Indochine..III   Commandos et forces spéciales en Indochine..III Icon_minitimeDim 29 Juil 2018 - 8:12

Bien de le remettre en nouvelle lecture le boss, merci
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