Le désastre de Cao Bang et de la RC4

Rappel du premier message :


LE CADRE

Le Nord Ouest du Tonkin, qui, à partir de Dong Khé, est un capharnaum de pics calcaires couverts de jungles et truffés de grottes, sillonnés de petites routes et de pistes qui ne sont que d’immenses coupe-gorge. L’artère principale, c’est la fameuse Route Coloniale No. 4 (RC4) qui longe toute la frontière de Chine de Monkai, au nord de la Baie d’Along, jusqu’à Cao Bang. C’est une route stratégique car elle controle les 3 seules portes de la Chine: Monkai à l’est, Langson au centre, et Cao Bang au nord. Qui la controle bloque tout le trafic routier entre la Chine et le Tonkin.

De Langson à Dong Khé, la route sillonne une vallée bordées de collines cultivées, et ne présente pas de points incontrôlables.


A partir de Dong Khé jusqu’à Cao Bang, c’est le coupe-gorge c’est l’enfer! La route ou ce qu’il en reste se faufile à travers un défilé abrupt de montagnes calcaires recouvertes de forets vierges, il n’y a pas ou presque de lignes de crête, il faut descendre d’un piton pour grimper sur le suivant.
Dans les calcaires, de nombreuses grottes ayant vue sur la route permettaient aux viets de tirer sur le convoi en restant bien à l’abri et en se moquant des tirs éventuels de l’aviation. Les convois étaient attaqués une fois sur deux et il suffisait d’un camion brûlé sur la route pour immobiliser le convoi sous les feux ennemis.

Cao Bang, le plus au Nord, est un poste commandé par le colonel Charton* et tenu par un bataillon de légion le 3/3 REI et un bataillon de partisans Tho avec leurs familles, ainsi qu’une centaine de commerçants. Il dispose d’une piste d’atterrissage pouvant recevoir des DC3. Au fil du temps et du renforcement du Vietminh Cao Bang était totalement isolé et du fait de la dangerosité des convois fut organisé pour vivre seul, son ravitaillement n’était plus assuré que par les airs.

Dong Khé à 45 Kms de Cao Bang  en direction de Lang Son, et That Khè 25 Kms plus loin toujours sur la  RC4, surnommée déjà à juste titre « la route sanglante »
Dong Khè avait déjà subit une attaque le 25 mai, tenu par deux compagnies du 8e RTM il était tombé en 36 heures mais repris immédiatement par le 3eBCCP largué directement sur le poste occupé par les viets. Il est tenu maintenant par deux compagnies du 3e  REI.

LES PREPARATIFS

A Paris, on n'avait pas pris conscience du subit renforcement de l'A.P.V. et du péril qu'il représentait. L'expérience Bao-Daï et la pacification apparaissaient comme les clés du succès et, pour le reste, on s'en remettait à la confiance que montraient, chacun  à sa manière, le général Carpentier et le général Alessandri. Le 18 août, le Comité de défense nationale enjoignit au commandant en chef de prélever des forces au Tonkin pour accélérer la pacification dans les autres territoires. Comme on ne pouvait pas réduire sans danger le nombre des bataillons mobiles des F.T.N.V., cette décision impliquait de toute évidence un resserrement du dispositif au nord et par conséquent l'évacuation de Cao Bang.

Cette évacuation, il en était question depuis plus d'un an. Le général Revers l'avait recommandée lors de son inspection en Indochine et le Comité de défense nationale en avait admis le principe, le 25 juillet 1949, en spécifiant qu'elle devait être liée à l'occupation de Thaï Nguyen, en laissant également au commandement local le choix du moment opportun. Le général Blaizot, alors commandant en chef, voulait l'exécuter dès le mois de septembre. Mais le général Carpentier, qui lui avait succédé à ce moment-là, avait retardé l'opération en invoquant la nécessité de contrôler à la frontière le reflux des nationalistes chinois vers le Tonkin. Le 28 novembre, au cours d'un Comité de défense nationale qui évoquait de nouveau la question, Vincent Auriol avait insisté pour que l'évacuation fût décidée et ne se fît pas sous la pression de l'ennemi. Mais après le passage des troupes nationalistes, en dépit d'une nouvelle recommandation du comité des chefs d'état-major, en août 1950, Cao Bang n'était toujours pas évacué….
Pourtant dès juillet il était évident que les postes de la RC4 n’étaient plus en mesure de barrer les routes de Chine au Vietminh et leur soutien imposait des servitudes trop lourdes. Cao Bang et Dong Khè n’étaient plus en fait que des places fortes totalement isolées.
Le 2 septembre Pignon et le général Carpentier décidèrent, enfin, d’évacuer Cao Bang et Dong Khè.

LE PLAN D’EVACUATION

L'opération envisagée s'annonçait à risque  en raison de l'éloignement de Cao Bang et parce que les deux routes de repli possibles traversaient en zone viet-minh un terrain particulièrement difficile.
On pouvait évidemment  utiliser la voie aériennne pour évacuer la garnison. Le terrain de Cao Bang était  accessible aux avions Ju-52 et Dakota. L'opération était possible avec le minimum de risques à condition d'être exécutée par surprise. Elle demandait environ deux jours. Cette solution était la meilleure et la plus simple, et le colonel de Maricourt, commandant les forces aériennes du Tonkin, se faisait fort de la réaliser. Elle ne fut cependant pas retenue. Il y avait à Cao Bang, comme on l’a vu plus haut, en plus d'un bataillon de Légion étrangère, des supplétifs et leurs familles.
Le général Carpentier ne voulait pas abandonner tous ces civils. Dans ces conditions l'évacuation par air serait beaucoup plus longue. Elle finirait par attirer l'attention de l'ennemi et l'on risquait de ne pouvoir embarquer les dernières unités assurant la protection du terrain.

Restaient donc les deux routes, RC3 et RC4.
La première, directe de Cao Bang à Hanoi, comportait quelques passages dangereux, mais traversait le plus souvent des régions relativement dégagées, de relief assez mou, où ne subsistaient que des lambeaux de forêt, et par conséquent un terrain plus favorable à la manœuvre des troupes et à l'appui de l'aviation. La route s'éloignait tout de suite de la frontière chinoise où stationnaient les nouveaux régiments viets. L'adversaire ne disposait sur la RC3 que de quelques bataillons. Malgré la distance plus longue — 140 km de Cao Bang au delta — le repli par cet itinéraire présentait de moins grandes difficultés, à condition d'occuper au préalable Thaï Nguyen et Bac Kan.

La R.C. 4, au contraire, suivait de très près la frontière de Chine dans un pays chaotique et impénétrable. Tout le long du parcours, ce n'était que montagnes escarpées, couvertes d'une jungle dense, dénivellations de centaines de mètres, rochers calcaires aux arêtes déchiquetées et aux parois abruptes, torrents qu'on passe à gué. Les rares pistes qui s'insinuaient dans ce relief tourmenté étaient de véritables sentiers de chèvres, raides, étroits, glissants à la première pluie.
Un tel terrain offrait à la marche et à la manœuvre des difficultés inouïes que seuls peuvent se représenter ceux qui l'ont parcouru à pied. Dès qu'on s'y aventurait hors des routes ou des pistes déjà tracées, il fallait parfois plus d'une heure pour progresser de 300 mètres. On ne pouvait donc marcher à vitesse normale que sur la route. Or celle-ci, large de 4 mètres, serpentait au milieu de hauteurs boisées et inaccessibles en une suite de côtes et de lacets qu'une végétation touffue enserrait comme un couloir. Elle n'était le plus souvent qu'une succession de lieu d'élection pour les embuscades où, contre un ennemi qui se cachait hors d'atteinte, on ne pouvait ni riposter par le feu avec précision ni se dégager par un assaut.

En revanche, la R.C. 4 représentait le chemin le plus court, avec  le poste de Dong Khê, à 45 km, et celui de That Khê à 25 km plus loin. C'est pour cette raison que, malgré les immenses difficultés du terrain, le général Carpentier choisit cet itinéraire.
L'ordre qu'il adressa le 16 septembre au général commandant la zone opérationnelle du Tonkin jumelait le double retrait des postes de Cao Bang et de Dong Khê avec l'occupation définitive de Thaï Nguyen.
Son idée maîtresse était d'entreprendre l'évacuation de Cao Bang aussitôt après s'être saisi
de la région de Thaï Nguyen et avoir porté la défense du delta sur la nouvelle ligne Kep, Boha, Nha Nam, Thaï Nguyen, Trung Cat. Le général Carpentier espérait ainsi que le succès et cette action atténuerait l'effet psychologique de l'abandon de Cao Bang et servirait en même temps de diversion pour attirer les forces viet-minh loin de la R.C. 4. L'opération devait être déclenchée aux Environs du 1er octobre , mais auparavant la garnison de Cao Bang serait renforcée d'un bataillon par voie aérienne, tandis que les femmes, les enfants et les vieillards, ainsi que les matériels précieux seraient évacués sur Lang-son par les avions au retour.

A peine cet ordre était-il parvenu au général commandant la Z.O.T.* qu'un événement grave rendait impossibles certaines de ses dispositions.

Nous sommes le 16 septembre 1950 il est 7 heures du matin…






* Le colonel Charton est une figure de la Légion, ou il  sert depuis 1928. Son premier commandement en 1932...au Tonkin. Il est décédé en 1987.
*Zone Opérationnelle du Tonkin. C’est en principe le général Allessandri, en permission en France, il est remplacé par le général Marchand.

JC3 a écrit:

Mais moi seul, consultant des archives des anciens élèves: Il est passé l’EOGN en 1967, général de brigade en 1981 et décédé en 1992.

Un général de gendarmerie, ça ne disparaît pas comme ça tout de même !

Connaissez-vous le prénom du général Roy - c'est un nom courant en France...

Merci... J'ai trouvé un Amédée, mais bien plus jeune.

Le général Roy dont je parle était né en 1923

Et bon une fois trouvé j’ai contacté un autre officier, historien lui-même, et il m’a dit que va essayer de me procurer son parcours.
Mais qu’il y ait eu un général de gendarmerie ex-lieutenant au 1 BEP lors de la RC4, rescapé ; combattant à Dien Bien Phu et rescapé également ; devenu par la suite officier de gendarmerie ; et que personne ne connait ! Et même si l’on ne connait pas qu’on s’en fiche... Décevant pour moi. Désolé mais c’est comme je me sens.

jc a écrit:

Mais qu’il y ait eu un général de gendarmerie ex-lieutenant au 1 BEP lors de la RC4, rescapé ; combattant à Dien Bien Phu et rescapé également ; devenu par la suite officier de gendarmerie ; et que personne ne connait ! Et même si l’on ne connait pas qu’on s’en fiche...

C'est inacceptable !

Bien que les gendarmes ne soient pas très populaires
Je vois "mon" gendarme ce soir, je lui demanderai s'il connait un site.

Peut-être aurons-nous plus de chance du côté de la Légion car là, on n'oublie jamais les siens...

Bon je suis toujours à l’EOGN. Le seul espagnol là-bas. Alors facile à me trouver au cas où “votre” gendarme passerait par là

Mon gendarme est à la SR de Versailles... Des Espagnols il en rencontre parfois, mais pas à l'EOGN

Je "crois" lui avoir offert un ouvrage sur la Gendarmerie.
Mais j'ai lancé un appel à la Légion. Attendons la réponse.

Je lis, je regarde et j'écoute ! mais pas de recherche pour moi, trop convalescent en ce moment !!!

parabruno a écrit:

Je lis, je regarde et j'écoute ! mais pas de recherche pour moi, trop convalescent en ce moment !!!

Courage Gustave et prends soin de toi.

Dans l'esprit des témoignages postés plus haut par Manta....

5 octobre 1950, Coc Xa.


Les officiers du 1er B.E.P. peuvent faire le point. Ils découvrent, sur leur droite et sur leur gauche, les arêtes rocheuses qui leur barraient le chemin durant la nuit. La fameuse vallée de Quang Liet, étroite bande de rizières entre les hauteurs, s’allonge nord-est en contrebas de leur position. La cote 533 domine le thalweg. Le hameau de Coc Xa doit se trouver à trois bons kilomètres. Le P.E.G. utilise la faille : la voie vers la vallée est ouverte. La 1ère compagnie dépêche sur la 533 la section du lieutenant Tchabrichvili.

Vers midi, un convoi muletier venant du P.C. Lepage se manifeste. Pas de quoi réveillonner mais, pour des affamés, cette manne calme un peu les ventres creux. Le lieutenant Lefebure, chef du détachement, a risqué gros en s’aventurant sans grande protection. En milieu d’après-midi, le convoi repart avec les blessés et une section de légionnaires comme escorte.
Vers 17 heures la liaison avec le P.C. Lepage s’établit ; Segrétain et Jeanpierre veulent quitter cette position indéfendable : les ordres attendus arrivent ; le 1er B.E.P. doit s’implanter sur la cote 477, qui domine la vallée de Quang Liet sur l’ouest.

Le 1er B.E.P. commence son mouvement quand une intense fusillade éclate sur la cote 533. La 1ère compagnie marche au canon. Trop tard. Une nuée de bo-doïs, s’est ruée sur la section Tchabrichvili. Le combat a été bref. La section est balayée. A cet assaut répond le rush des légionnaires balayant tout sur son passage. Au sommet, ils retrouvent les rares rescapés de la section. Le sergent Antonoff se demande quelle baraka l’a inscrit avec trois camarades au nombre des rescapés.

Cette attaque remet en cause tout le déroulement de la bataille. Les Viets se manifestent en force dans la vallée de Quang Liet. Les groupements Lepage et Charton sont encerclés.
Le 1er B.E.P. se met sur la défensive, à court de munitions, dans un terrain truffé de Viets. Il doit désormais rejoindre le colonel à Coc Xa dès que possible.
La marche s’amorce sur une piste étroite. Les voltigeurs de pointe se méfient de l’embuscade : elle survient sur les arrières. A la 3. Les sections des lieutenants Marce et Berthaud sont coupées du gros. Marce rejoindra le lendemain mais Berthaud isolé sera piégé trous jours plus tard.

De son côté, le convoi de Cao Bang parcourt en deux jours une vingtaine de kilomètres. La chaussée devient inutilisable. Cependant, le Vietminh ne manifeste que rarement sa présence. Le gros de ses forces s’oppose au groupement Lepage qui se trouve en grande difficulté. Dès lors le plan prévu ne peut être suivi et la colonne Charton doit modifier sa marche. Evitant la R.C.4 et Dong Khé, elle emprunte la vallée du Quang Li
La section du lieutenant Tchiabrichvili de la 1re compagnie du 1er BEP est anéantie sur la cote 533 par le TD 88.
En fin de soirée, le 1er BEP part rejoindre le reste du groupement Bayard.
Un détachement de partisans, aux ordres du capitaine Morichère, constitué des 136e, 138e et 142e CLSM est accroché à Quang Liêt. La 140e CLSM reste quant à elle avec la colonne de civils. La 138e est presque anéantie.

Des photos qui manquent peut-être dans la première partie du sujet, vidée des ses photos

Lothy-SF a écrit:

Des photos qui manquent peut-être dans la première partie du sujet, vidée des ses photos

oui, j'ai vu des trous ... donc j'ai recherché ...

L'idéal aurait été de placer ces photos à la place où elles étaient initialement, c'est plus facile à comprendre !

La capacité de manoeuvre et la qualité des combattants Viets de Cao Bang et de la RC 4 auraient du alerter et faire réagir avec célérité notre haut Etat Major....qui n'a malheureusement pour la suite du conflit,  tiré aucune des conclusions qui s'imposaient.

Lothy-SF a écrit:

L'idéal aurait été de placer ces photos à la place où elles étaient initialement, c'est plus facile à comprendre !

mais j'ignore quelles photos il y avait et leurs emplacements dans le texte

il y a la légende et plus rien dessus dans partie de Zitoune.

Je vais devoir reprendre les posts un à un pour mettre de l'ordre, car c'est le principal sujet de l'hebdo de la semaine de demain

Un témoignage....


En ce 6 octobre 1950, une évidence s’impose : le groupement Bayard est encerclé par les viets dans la cuvette de Coc-xa. Le Page donne ses ordres : le 1er BEP (paras-légion) mènera l’assaut pour tenter de faire sauter le verrou. Suivront le 1er et 11eme Tabors puis le 8e RTM. Le Page conclut la réunion en s’adressant au commandant Segrétain : « il faut percer coûte que coûte. Le sort du groupement est entre les mains du 1er BEP. » Dans la nuit le regroupement des compagnies se fait à tâtons. En tête du bataillon avec la 2ème Cie, le peloton Faulques marche à la mort.

Voici le témoignage du lieutenant Faulques : « A 4 heures, le peloton d’élèves gradés, au coude à coude, s’élance sur la pente accueilli par un feu terrible. On se fusille à bout portant, tirant sur les lueurs des armes viets. En 5 minutes le PEG a perdu plus de la moitié de son effectif. C’est une fournaise, les balles claquent de partout. Une m’a déjà touché au coude gauche; une autre traverse la cuisse droite sans dégâts. Fejes est tué devant moi, Pelletat de Borde derrière moi. Une décharge électrique me secoue et je m’abats sur le sol la cuisse gauche fracassée. Le caporal Carta m’adosse à un tronc d’arbre. Une autre balle me frappe à l’épaule droite... »

En peu de temps, le sacrifice du 1er BEP est consommé. Bouyssou et Saint-Etienne, Garrigues et Pelletat de Borde, les quatres commandants de compagnie sont morts à la tête de leurs hommes lors des assauts répétés. Lorsqu’un peu plus tard, le capitaine Raval, commandant le 59e goum, qui doit reprendre l’assaut à la suite du BEP demande à Jeanpierre : « par où devons-nous passer? »
Ce dernier lui fait cette réponse terrible : « l’itinéraire est jalonné par les cadavres du BEP! »

en résumé :

8 octobre 1950 : 4500 morts pour évacuer Cao Bang

n'oublions pas ceux qui sont restés sur la route coloniale 4

marcel a écrit:

en résumé :
8 octobre 1950 : 4500 morts pour évacuer Cao Bang
n'oublions pas ceux qui sont restés sur la route coloniale 4

Je ne pense pas que qui que ce soit ait été oublié, le sujet est assez long il est vrai, mais bien documenté et assez précis !

Un témoignage qui nous rappelle que les Troupes Indigènes ont beaucoup donné dans cette bataille...


Le 7 octobre 1950 depuis 3 heure du matin le 1er B.E.P combat farouchement dans la jungle,ils ont besoin de renfort.
C’est au tour du 1er Tabor, avec en tête le 59e Goum emmené par le lieutenant Villeneuve, de s’élancer en entonnant "la Chahada" .
Les Marocains leur passent dessus, escaladent la faille. Les Tabors d’une compagnie du 8’ R.T.M. commandés par le capitaine Feaugas se lancent au coude à coude en chantant ce chant sacré.
A la fin de l’assaut, il n’en restera plus grand-chose. Le lieutenant Lefébure, un rescapé, dira plus tard :
« La guerre, je l’avais connue en Italie, en France, en Allemagne. Sur la R.C.4, je n’ai vu qu’une boucherie à laquelle rien ne peut se comparer ».

Voici le récit du colonel Lepage:

"Les commandants de bataillon sont là, derrière moi. J'interpelle l'un d'eux dont le Tabor est à pied d'oeuvre :
- "Feaugas ! Il faut y aller, c'est votre tour, il y va de l'honneur des goums et du salut de la colonne !"
Se tournant vers Jeanpierre, celui ci lui demande :
- "Quel est l'itinéraire à suivre pour sortir de la cuvette ?"
- Le chemin est facile à repérer, il est jalonné des cadavres du BEP ! répond Jeanpierre
Feaugas alerte alors le capitaine Deminière qui commande le GCA du 1er Tabor :
- "Vous ferez tirer tous les mortiers et vous arroserez à la mitrailleuse la petite crète qui devant nous marque le col où passe la piste. Vous poursuivrez le tir jusqu'à que vous me voyez personnellement au sommet.
Deminière, au garde à vous, fixant son patron dans les yeux, lui fait remarquer :
- Mais mon capitaine, je risque fort de vous descendre.
- Sans doute mon vieux; mais il faut absolument forcer le passage. Pour cela entraîner les goumiers et foncer avec eux, afin qu'ils sachent bien que c'est la seule chance de sortir de là. faites moi un feu d'enfer sur cette crête et In Ch'Allah !

Les deux hommes s'embrassent. Ironie du sort, c'est le capitaine Deminière qu'on ne reverra pas.

Le capitaine Feaugas a donné l'ordre au 59° goum de foncer avec lui, d'abord en formation diluée, pour l'approche, puis d'attaquer en force la crête qui apparaît déjà dans un nuage de fumée et de feu. Le capitaine Raval, qui commande le Goum et son adjoint le lieutenant du Crest de Villeneuve ont parfaitement conscience de l'importance de l'enjeu. Ils partagent entièrement le sentiment de leur chef et entraînent derrière eux les goumiers qui, hurlant la "Chahada" se libèrent de leur peur panique.

Ils se ruent littéralement à l'assaut de la crête. Ils sont maintenant en rangs serrés, bientôt au coude à coude. Les premiers sont fauchés par la mitraille, mais d'autres suivent. Ils tombent aussi, d'autres suivent encore en hurlant plus fort, farouchement déterminés, plus acharnés encore d'arriver en haut, ils y parviennent. Surpris et effrayés par cet assaut démentiel, les Viets sont pris de panique et lâchent pied. Le passage est libre. Hélas ! Il est trop tard. Seules quelques unités en profiteront...

Lothy-SF a écrit:

Je ne pense pas que qui que ce soit ait été oublié, le sujet est assez long il est vrai, mais bien documenté et assez précis !

pas d'accord ...
peut-être ici mais pas en général ...

il m'arrive parfois d'évoquer la guerre d'Indochine notamment avec des anciens militaires... les gens connaissent le sujet un peu dans la globalité ...

mais quand tu parles de la RC 4, ils ignorent le plus souvent où elle se trouve précisément et son intérêt logistique ... c'est tout juste s'ils savent qu'elle traversait le Tonkin du Nord au Sud

pareil pour les noms qui résonnent : Cao Bang, Coc Xa, Dong Khé, Lang Son ... ils disent, oui, de grandes batailles contre les viets, mais ignorent ce que représentaient ces postes, ignorent le plus souvent qu'ils défendaient la RC 4 et les sacrifices des régiments qui les ont défendus

Très honnêtement, je dirai que si quelques hommes parmi mes proches n'avaient pas combattu en Indochine - et que je me sois intéressée à la question - je n'aurais probablement entendu parler que de Diên Biên Phu ! Celle-ci, personne ou presque ne l'oublie !

J'aimerais savoir combien ont découvert ces batailles à travers quelques forums dont celui-ci !
D'où l'intérêt de conserver un forum qui fonctionne et de rappeler à chaque anniversaire ces combats pour éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli pour quelques centaines de personnes, au moins !
Certaines pages des réseaux sociaux gérées par des jeunes s'en préoccupent aussi désormais !

Nous pourrons rabâcher la même chose chaque année, cela ne changera rien puisque les contemporains s'en sont totalement désintéressés...

Lothy-SF a écrit:

Très honnêtement, je dirai que si quelques hommes parmi mes proches n'avaient pas combattu en Indochine - et que je me sois intéressée à la question - je n'aurais probablement entendu parler que de Diên Biên Phu ! Celle-ci, personne ou presque ne l'oublie !
J'aimerais savoir combien ont découvert ces batailles à travers quelques forums dont celui-ci !
D'où l'intérêt de conserver un forum qui fonctionne et de rappeler à chaque anniversaire ces combats pour éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli pour quelques centaines de personnes, au moins !
Certaines pages des réseaux sociaux gérées par des jeunes s'en préoccupent aussi désormais !
Nous pourrons rabâcher la même chose chaque année, cela ne changera rien puisque les contemporains s'en sont totalement désintéressés...

c'est sûr !
ceux qui ne s'intéressent que de très loin à la guerre d'Indochine ne connaissent que Dien Bien Phu...

pourtant la RC 4 a fait sans doute plus de faits d'armes et de glorieux combattants que Dien Bien Phu..

combien savent que la RC 4 à l'Est du Tonkin avait pour but de contenir l'invasion viet soutenue par la Chine
alors que Dien Bien Phu était complètement à l'Ouest, seule large plaine permettant la construction d'une piste d'aérodrome au plus près du Laos, avec qui nous avions des accords de défense, plaine que nous pensions pouvoir tenir facilement en mettant des points d'appui sur les collines voisines ...

Citation :

Nous pourrons rabâcher la même chose chaque année, cela ne changera rien puisque les contemporains s'en sont totalement désintéressés...

Je ne vois rien à ajouter de plus sauf débattre des heures pour répéter toujours la même chose....
Ce qui n'a, à mes yeux, aucun intérêt et pollue le sujet !

Il y a 71 ans, 8 octobre 1950, bataille de la RC4

rappel :

8 octobre 1950,le chef du 1er B.E.P tombe au milieu de ces hommes.

A Coc Xa vers 4 heures de matin.

Le commandant Segrétain est blessé à la jambe puis très grièvement touché au ventre, perdant son sang et ses forces, le commandant Segrétain donne l'ordre au Capitaine Jeanpierre de le laisser sur place et de sauver ce qui peut encore l'être. Il est rejoint par deux sous-officiers blessés qui restent avec lui.

C'est à son bataillon que vont ses dernières pensées : - "le BEP, Ie BEP" murmura-t-il avant de s'éteindre au milieu de ses légionnaires.

Dans le même temps périssait le bataillon dont il avait été l'âme. Le chef de bataillon Segrétain est tombé au champ d'honneur le 8 octobre 1950. Il avait trente-sept ans.

Aux abords de la RC4, au col de Lung Phaï,
Les hommes du général Giap,lui rendent les honneurs militaires. Ce chef et ses soldats indomptables les ont marqués.

La qualité des combattants du corps expéditionnaire, tout au long de la guerre d'Indochine a été remarquable.

Les exploits d'individus, de petits groupes, voire de bataillons entiers ont été exceptionnels et très nombreux, mais  quand on rapatriait des bléssés en métropole l'acceuil des rescapés était lamentable.
La CGT et les communistes constituaient les comités d'acceuil. Je m'en souviens encore...

Glard a écrit:

La CGT et les communistes constituaient les comités d'acceuil. Je m'en souviens encore...

Nous pouvons ajouter le sabotage de matériels, notamment les munitions...
De cela non plus on ne parle jamais...

Un témoignage.... Le jour où le 3e BCCP disparut il y a 71 ans.


"Hormis quelques isolés, les paras n’atteindront jamais Na Chan. Le 3e B.C.C.P. disparaît dans la retraite de That Khé"

Au petit jour, les rescapés arrivent par la R.C.4 à un kilomètre au nord de That Khé, où des camions viennent les chercher. Mais le repli tragique ne s’arrête pas là.
Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1950, sur ordre du colonel Constans, toujours à Langson, That Khé et tous les postes de la R.C.4 sont évacués. Des centaines d’hommes se pressent devant le Song Ky Cong car les Viets ont fait sauter le seul pont et la traversée du fleuve s’effectue par des bateaux M2 du Génie. Commence la longue route en direction de Na Cham, à 30 kilomètres de là, encore défendue par la 4e compagnie du capitaine Mattéi du I/3e R.E.I. Les paras assurent l’arrière garde du repli de That Khé tandis que les Viets serrent de près et ne cessant d’harceler la R.C.4.
   Le repli s’effectue sans trop de pertes grâce au sacrifice de la 4e compagnie du I/3e R.E.I. et des parachutistes du 3e B.C.C.P. et du 1er B.E.P. Des fuyards, rebroussant chemin, signalent que les Viets viennent d’occuper le défilé de Déo Cat. Les postes qui gardaient ce passage délicat ont été abandonnés prématurément par leurs garnisons. La R.C.4 est barrée vers le Sud. Poursuivre implique livrer bataille et de déloger les Viets. La compagnie Loth à plusieurs reprises avec l’appui de trois King Cobra tente de faire sauter le verrou. Loth, blessé, transmet le commandement au lieutenant de Labrouhe.
   En fin d’après-midi et sur ordre formel, le capitaine Cazaux du 3e B.C.C.P. abandonne sur la R.C.4 tués et blessés dont le lieutenant Loth du 1er B.E.P.
   Hormis quelques isolés, les paras n’atteindront jamais Na Chan. Le 3e B.C.C.P. disparaît dans la retraite de That Khé ; son chef de corps, le capitaine Paul Cazaux est tué. La compagnie de renfort du 1er B.E.P. du lieutenant Loth disparaît également aux côtés du 3e B.C.C.P. dans une nature hostile face à un adversaire omniprésent.
   Malgré leur bravoure, le 3e B.C.C.P. du capitaine Paul Cazaux et la compagnie de renfort du 1er B.E.P. du lieutenant Loth disparaissent dans la tourmente.

3e RPIMa

Cette matinée a été consacrée au devoir de mémoire. Il y a 71 ans, le 8 octobre 1950, le 3e BCCP, renforcé d’une compagnie du 1er BEP, sautait sur That Khé pour venir au secours des rescapés des colonnes Charton et Lepage qui évacuaient Cao bang le long de la RC4.

Le 15 octobre, après des combats acharnés, le bataillon n’existait plus, submergé par un ennemi bien supérieur en nombre. Seulement 14 parachutistes du 3 réussirent à rejoindre le poste de Dong Dang. Les autres furent tués ou faits prisonniers.

A la suite de ce désastre, l’entraide du 3e BCCP vint en aide aux blessés et aux proches des paras qui ne revinrent pas. De cette initiative naquit l’entraide parachutiste.

Le général de division (2S) Jacops, président de l’entraide parachutiste, nous a fait l’honneur de sa présence à l’occasion de la cérémonie commémorant ce fait d’armes. A cette occasion, il a inauguré la salle du 8 octobre 1950, salle qui jouxte le bureau du chef de corps et qui a été rebaptisée pour nous rappeler le sacrifice de nos anciens.

Il est fort probable qu'à la Légion, un hommage aura été rendu à ceux du BEP qui tombèrent lors de cette effroyable bataille, et à ceux qui connurent les camps de prisonniers durant 4 ans !

Sur une page FB dédiée à la Guerre d'Indochine, un des intervenants a publié ces photos : les vestiges de l'ancienne citadelle de CAO Bang, aujourd'hui caserne militaire vietnamienne.




Ces vestiges rappellent un peu ceux de la Ligne Maginot (en moins bien entretenus), ils sont également un hommage à tous ceux qui sont tombés.

En mettant un peu d’ordre, je suis tombé sur un texte que j’avais écrit à propos d’un article concernant les combats de la RC4.
L’article pourrait être celui qui figure en tête de ce sujet.
Ce n’est peut-être pas le même mais je vous propose quand même mon texte…

Il faut lire cet article concernant la RC4.
Et je vais vous dire pourquoi.
D’abord, parce que c’est intéressant et très détaillé.
Et puis, en avançant lentement les pieds trempés dans des chaussures qui aspirent la boue…
Soldats de la boue, vous le savez bien…
Vous le savez bien que ce sont eux qui, colonne par un ou presque, ont cherché leur chemin.
Ils l’ont cherché pendant que d’autres sous un ventilateur fumaient un cigare ou regardaient par la fenêtre. Une fenêtre sans tain sans rien sans quoi ils étaient tranquilles à 100 kms…
Car, c’est ça aussi, cette histoire de boue qui accroche aux semelles et parfois orne le chapeau de brousse perdu lors d’un accrochage…
Ces blessés « gardés » par des soldats du Vietminh. Segrétain honoré par ces mêmes vietnamiens…
Ces messages en noir et blanc qui ne veulent parfois rien dire car ils disent l’inverse du message précédent ou sont lancés « dans le vide » pour l’ennemi qui écoute et les autres qui attendent mais n’entendent rien…
Et puis, vous savez, ça me rappelle…
Ca me rappelle plein de choses  comme à vous… Tenez, nous arrivons ! Ne lâchez rien on arrive…
Tenez bon, mais ne me demandez pas pourquoi…
Et en face, ces autos critiques que nous critiquons si sévèrement…
Elles ont permis Dien Bien Phu ! Elles leur ont permis Dien Bien Phu !
Oui, il faut lire cet article. Cela prend un peu de temps. Plus de temps qu’avec Face de book c’est certain… Mais il faut savoir ce que l’on veut.
Ou on regarde l’Histoire comme on écoute celle du Chaperon rouge et on va se coucher. Bonne nuit les petits !
Ou, on lit et on imagine…
On imagine l’imaginable de ce qu’on vécu ces soldats… de la boue et du bout du monde dont même Malraux n’a pas parlé. Il avait la voix, l’illumination, la flamme. Je le regrette…
Ce poète, cet écrivain, ce combattant dont j’ai lu les livres n’était pas au rendez-vous. Son « Espoir » sonne curieusement à mes oreilles. Il a oublié « quelqu’un » dans sa « Condition humaine ». Il a parlé de ceux que l’on envoyait dans les chaudières de locomotives, il a oublié ceux qui trébuchaient dans les lianes  qui contemplaient la RC 4.
Je n’aime pas son silence…
Alors, lisez cette histoire de la RC4. Prenez ce temps, demain il sera trop tard…

Très belle intervention Brelan !

Je me permettrai de préciser que les photos postées plus haut proviennent d'un travail de Mémoire effectué sur Facebook ... 
Il faut séparer le bon grain de l'ivraie sur ces réseaux. J'y trouve beaucoup d'informations, de rappels.

Merci Brelan , remuantes ces quelques lignes !!! elles nous ramènent sur la RC4 et cette valeureuse jeunesse .

Et oui, comme toujours, il y a ceux qui sont sur place, sur le terrain, dans la boue, la sueur le sang, la peur, la crasse et les autres bien propres, bien rasés, qui sentent bons sous les ventilateurs (et maintenant la clim), qui, une bière bien fraiche dans la main, manipulent des pions sur un grand échiquier...

Merci Brelan !

Peut-être en remplacement des photos effacées dans les premiers posts de ce sujet



En Indochine, le Général Carpentier a pris la décision de replier les garnisons de Cao Bang et de Dong Khê sur Lang Son par la RC 4.


A 06h00, ce 3 octobre, la garnison de Cao Bang aux ordres du Lieutenant-colonel Charton commence son mouvement en direction du Sud vers Dong Khê. Sa colonne comprend deux bataillons : le III /3e REI (Chef de bataillon Forget), le 3e Tabor marocain (Chef d’escadron de Cherget) et les 136e et 138e compagnies de supplétifs Thos, entraînées, aguerries et respectivement commandées par le Capitaine Morrichère (mort en captivité) et le Lieutenant Villetard. 

Elle est alourdie par les familles des partisans et leurs bagages. Elle doit rallier That Khê puis Lang Son tandis que vient à sa rencontre une colonne de secours.

Dans l’intervalle, le poste de Dong Khê a été enlevé une première fois par le VM et repris par les 5e et 6e compagnies du II /3e REI (Capitaine Labaume). La garnison va malheureusement disparaître entre les 16 et 18 septembre sous l’assaut de plusieurs régiments VM.


La colonne du Colonel Lepage (groupement BAYARD) reçoit l’ordre de reprendre le poste de Dong Khê, clé du dispositif. Elle se rassemble au sud, à That Khê, dès le 19 septembre. Constituée par I /8e RTM (Chef de bataillon Arnaud), le 1er BEP (Chef de bataillon Segrétain), et les 1er (Capitaine Feaugas) et 11e Tabors marocains (Capitaine Deleros), elle porte l’ensemble de nos moyens engagés à sept bataillons soit 8 000 hommes qui vont devoir se heurter à la division VM 308 renforcée par la 320 soit à plus de 30 000 combattants.

La colonne Lepage quitte That Khê le 1er octobre mais dès le 3, approchant de Dong Khê par le Sud, elle se heurte à des forces nombreuses et agressives qui lui infligent des pertes sérieuses l’obligeant à se replier sur les hauteurs Ouest de la RC 4 pour y attendre le Lieutenant-colonel Charton qui a quitté cette route en amont de Dong Khê pour emprunter une itinéraire considéré moins dangereux.

Un vrai "chemin de croix" pour nos braves soldats et les supplétifs.

Un de mes camarades, Légionnaire-parachutiste, avait rédigé un texte sur la RC4. (Il est décédé l’année dernière).
Ce document (très long) avait été publié sur un autre forum. Ne voulant pas faire double emploi avec celui de PTLH, je me contenterai simplement de donner sa conclusion.
 
 
Conclusion :
La bataille de la RC 4 reste un exemple de ce qu’il ne fallait pas faire : les erreurs d’appréciation du commandement avant l’action et l’absence de contrôle pendant celle-ci, se sont payées très cher, avec le sang des soldats français et de l’Union française.
A la veille de la commémoration du 70^e anniversaire de cette bataille, il convient d’honorer leur mémoire et de conserver le souvenir de cet épisode tragique de la guerre d’Indochine.
 
Et pourquoi pas en reprenant « La complainte du Tu-Binh » (prisonnier en vietnamien) rédigée par les lieutenants : Planet (3^e BCCP), Graziani (3^e BCCP), Chauvet (dit « Big Boy » ; 1^er BEP) au Camp n°1, sur l’air du chant « Aux légionnaires ».
 
 
 
Allez donc en Extrême-Orient,                         
Belle carrière !                                           
Voilà comment de bons enfants              
        
 
 
 
 
 
 
 
8. Notre ministre a rouspété
Puis limogé l'père Carpentier
Très en colère       
Et puis tout ça, ça s'est tassé
Paraît même que ça l'a aidé      
Dans sa carrière
 
9. L'Ecole de Guerre aux
aguets
Aura jugé ce cas concret
Comme exemplaire
C'est un exemple en vérité
De ce qu'on peut intituler
«A ne pas faire»
 
10. Aux pauvres bougres ainsi gaulés,
Le Ministère a décerné
Des tas d'Croix de guerre
L'Assemblée nationale s'est levée
Bien qu'au fond, elle s'en foutait
De cette affaire.
 
Une des sources de mon camarade était le livre de Serge Desbois « Le rendez-vous manqué des colonnes Charton et Le Page «.
 


Le docteur Serge Desbois. 1930 - 2013. Docteur en médecine en 1958. Il effectue quatre séjours en Algérie où il sert successivement à la 13e demi-brigade de la Légion Étrangère, à l’hôpital de Laghouat et comme chef de l’antenne chirurgicale de Reggane.
Assistant de chirurgie du Val-de-Grâce en 1963, il est nommé chirurgien des hôpitaux en 1969 et occupe successivement les postes d’adjoint du service de chirurgie de Bühl (Baden-Baden), chef du service de chirurgie et de la maternité de Trèves puis chef du service de chirurgie de l’hôpital Ambroise Paré à Rennes.
En 1978, il est chirurgien-consultant de la 3e Région Militaire. De retour à la vie civile, en 1981, il poursuit une carrière dans la médecine d’expertise et de contrôle."
 Serge Desbois avait de bonnes raisons de se prendre de passion pour cette Indochine où tant de ses camarades médecins, à peine sortis de leurs écoles de formation, se sont donnés sans réserve au secours des soldats comme des populations civiles ; pendant les combats de la RC 4, les médecins des bataillons ont été placés dans des conditions inédites jusque-là.
Leur courage, leur détermination, leurs hautes qualités morales, tout autant que leur expérience de praticien ont reçu une juste reconnaissance : à l’Ecole du Service de Santé des Armées de Lyon-Bron, le 18 octobre 2003, les élèves-officiers de la Promotion 2002 ont choisi comme nom « Médecins de bataillon de la RC4 »
  Sur les neuf médecins de la RC 4, deux ont été tués au combat, six ont été faits prisonniers –un d’eux décèdera en captivité-, un seul en échappera. 
Le parrain de la promotion était le médecin-colonel Pierre Pédoussaut qui lui remettra son fanion (source BCISSA : « Cet homme et soldat atypique est né en 1918. Il a vécu 17 années de guerre dont 2 ans de captivité en Allemagne et 3 ans au Tonkin.
Premier médecin breveté parachutiste (brevet n° 10661 signé le 20 juin 1947 par le général Gilles, inspecteur des Troupes aéroportées), il a été le médecin-capitaine du 1er Bataillon étranger parachutiste (BEP).
Comme tous ses camarades médecins, il aura un comportement extraordinaire pendant les combats de la RC4 en septembre et octobre 1950 puis en captivité [au camp n°1]. A l’époque de ces combats, il a eu ce propos adressé au capitaine Jeanpierre, commandant en second le BEP : « Je ne me mêle pas des combats, mais les combattants blessés m'appartiennent ».
Avec son équipe d’infirmiers, il soignera les blessés au mépris du danger. Lui-même blessé, il est fait prisonnier le 7 octobre 1950.
Il s'agissait du dernier survivant des médecins présents sur la RC4 ».
En 1991, la promotion de l’ESSA Lyon avait choisi comme nom « Médecins de Dien Bien Phu ».

Un complément pour le livre de Serge Desbois.
Commentaire lu sur Amazon :
 
Desbois s'est penché sur le sujet afin d'essayer de comprendre les causes du désastre de la RC4. S'il n'était pas du "sérail" militaire, il n'en fut pas moins médecin dans l'armée, notamment à la Légion une dizaine d'années après la bataille.
Desbois n'épargne pas le colonel Constans et les généraux Carpentier et Alessandri, bien légers selon lui dans la gestion de l'opération. Il dédouane le colonel Charton, en partie victime expiatoire après la tragédie.
Quant aux politiciens de haut rang en Indo et en Métropole, l'auteur n'est pas tendre.

Suite à cette parution, le fils de Constans a publié "Le fuyard de Lang-Son", également chez Indo éditions, tentant de dédouaner son père.
Mais dans ses mémoires ("Légionnaire, en avant"), Janos Kemenceï évoque un entretien entre Constans et Segrétain (commandant le BEP) à That Khé, dans les jours précédant le désastre. Témoin, il indique que Constans minimisait tout et dit à son interlocuteur qu'il n'aurait à faire qu'à 5 ou 6 bataillons faméliques. De même, il ne croyait aux renseignements recueillis lors du raid sur Poma, induisant que les Viets possédaient des canons de 75 et des mitrailleuses.

L'intérêt du livre de Desbois est notamment lié aux recherches dans les archives du SHAT à Vincennes et aux infos recueillies auprès d'anciens combattants viets.
Un cahier de cartes et de photos prises sur les lieux complète le texte et permet de cerner assez bien le déroulement des opérations du côté français et un peu chez l'adversaire.

Il est probablement illusoire de déterminer précisément les responsabilités -manifestement multiples, via une suite d'à peu près, de sous-estimation de l'adversaire, de désaccords, etc.
En résumé, d'un côté il y eut des Viets déterminés à saisir l'occasion d'une grande victoire et ayant assez bien préparé leur affaire. En face, une gestion lointaine, une suite de fautes professionnelles pour employer le jargon du travail -c'en est un que font les militaires- ayant coûté très cher à tous points de vue.

A lire, pour jauger sans nécessairement juger.

Un chant de la Légion que je découvre....

Merci Brelan, Tout est dit
Et le pire était encore à venir puisque en haut lieu on n'avait pas encore bien compris ce qui n'allait pas !

Glard a écrit:

Merci Brelan, Tout est dit
Et le pire était encore à venir puisque en haut lieu on n'avait pas encore bien compris ce qui n'allait pas !

Il semble qu'à aucun moment, on ait compris.....

"Il semble qu'à aucun moment, on ait compris....."
Et cela perdure...
Sans vouloir ouvrir une polémique (c'est vrai, c'est facile après...), je ne peux pas m'empêcher de penser à Uzbin (par exemple)... 
On aura toujours des drames par incompétence ou inorganisation aux niveaux supérieurs.  La question n'est pas "y a-t-il un pilote dans l'avion ?" mais : "y a-t-il un pilote qui réfléchit ?"
Et, bien entendu, l'autre question qui vient à l'esprit : Toutes ces catastrophes sont-elles rappelées (et enseignées) à l'Ecole de guerre ?
Il est impossible de ne jamais faire d'erreur mais au moins faut-il en être conscient. Mais pour l'être, il faut des gens qui réfléchissent... "un peu".
Au niveau de l'exécution, c'est pareil même si c'est à un autre niveau.
J'avance sur la piste, vais-je envoyer une équipe en reconnaissance sur les hauteurs avant de m'engager ? Les gars sont crevés... 
Si je ne le fais pas, ce sera peut-être Palestro...
Alors, debout là-dedans, X... allez me jeter un coup d'oeil !

Sans l'effort de tenir compte des "erreurs" du passé", on est à la merci d'une récidive parce que les gens changent. Et si en plus ils manquent d'expérience et n'ont pas le niveau...

@ Brelan

Je persiste dans ma constatation : "Il semble qu'à aucun moment, on ait compris....."
Entre Cao Bang et Dièn Bièn Phû, il s'est écoulé 4 ans ! Sans que la plupart de nos "têtes pensantes" ne changent de méthodes !
Pire encore, lorsque l'on se souvient que terminant un conflit meurtrier en juillet, on retombe dans un second moins de six mois plus tard !

Je n'ai jamais été stratège, mais comme quantité de Français je n'ai jamais compris !