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 Le désastre de Cao Bang et de la RC4

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Zitoune
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MessageSujet: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 17:44

LE DESASTRE DE CAO BANG ET DE LA RC4


cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Route-10

LE CADRE

Le Nord Ouest du Tonkin, qui, à partir de Dong Khé, est un capharnaum de pics calcaires couverts de jungles et truffés de grottes, sillonnés de petites routes et de pistes qui ne sont que d’immenses coupe-gorge. L’artère principale, c’est la fameuse Route Coloniale No. 4 (RC4) qui longe toute la frontière de Chine de Monkai, au nord de la Baie d’Along, jusqu’à Cao Bang. C’est une route stratégique car elle controle les 3 seules portes de la Chine: Monkai à l’est, Langson au centre, et Cao Bang au nord. Qui la controle bloque tout le trafic routier entre la Chine et le Tonkin.

De Langson à Dong Khé, la route sillonne une vallée bordées de collines cultivées, et ne présente pas de points incontrôlables.

RC4 entre That Khé et Don Khé
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Rc_410

A partir de Dong Khé jusqu’à Cao Bang, c’est le coupe-gorge c’est l’enfer! La route ou ce qu’il en reste se faufile à travers un défilé abrupt de montagnes calcaires recouvertes de forets vierges, il n’y a pas ou presque de lignes de crête, il faut descendre d’un piton pour grimper sur le suivant.
Dans les calcaires, de nombreuses grottes ayant vue sur la route permettaient aux viets de tirer sur le convoi en restant bien à l’abri et en se moquant des tirs éventuels de l’aviation. Les convois étaient attaqués une fois sur deux et il suffisait d’un camion brûlé sur la route pour immobiliser le convoi sous les feux ennemis.

Cao Bang, le plus au Nord, est un poste commandé par le colonel Charton* et tenu par un bataillon de légion le 3/3 REI et un bataillon de partisans Tho avec leurs familles, ainsi qu’une centaine de commerçants. Il dispose d’une piste d’atterrissage pouvant recevoir des DC3. Au fil du temps et du renforcement du Vietminh Cao Bang était totalement isolé et du fait de la dangerosité des convois fut organisé pour vivre seul, son ravitaillement n’était plus assuré que par les airs.

Cao Bang, au fond la citadelle
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Cao_ba14

Cao Bang, plan général
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Cao_ba15
Dong Khé à 45 Kms de Cao Bang  en direction de Lang Son, et That Khè 25 Kms plus loin toujours sur la  RC4, surnommée déjà à juste titre « la route sanglante »
Dong Khè avait déjà subit une attaque le 25 mai, tenu par deux compagnies du 8e RTM il était tombé en 36 heures mais repris immédiatement par le 3eBCCP largué directement sur le poste occupé par les viets. Il est tenu maintenant par deux compagnies du 3e  REI.

La RC4 de Moncay à Cao Bang
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Img19910

Les différents postes sur la RC4 de Lang Son à Cao Bang
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Img20010
LES PREPARATIFS

A Paris, on n'avait pas pris conscience du subit renforcement de l'A.P.V. et du péril qu'il représentait. L'expérience Bao-Daï et la pacification apparaissaient comme les clés du succès et, pour le reste, on s'en remettait à la confiance que montraient, chacun  à sa manière, le général Carpentier et le général Alessandri. Le 18 août, le Comité de défense nationale enjoignit au commandant en chef de prélever des forces au Tonkin pour accélérer la pacification dans les autres territoires. Comme on ne pouvait pas réduire sans danger le nombre des bataillons mobiles des F.T.N.V., cette décision impliquait de toute évidence un resserrement du dispositif au nord et par conséquent l'évacuation de Cao Bang.

Cette évacuation, il en était question depuis plus d'un an. Le général Revers l'avait recommandée lors de son inspection en Indochine et le Comité de défense nationale en avait admis le principe, le 25 juillet 1949, en spécifiant qu'elle devait être liée à l'occupation de Thaï Nguyen, en laissant également au commandement local le choix du moment opportun. Le général Blaizot, alors commandant en chef, voulait l'exécuter dès le mois de septembre. Mais le général Carpentier, qui lui avait succédé à ce moment-là, avait retardé l'opération en invoquant la nécessité de contrôler à la frontière le reflux des nationalistes chinois vers le Tonkin. Le 28 novembre, au cours d'un Comité de défense nationale qui évoquait de nouveau la question, Vincent Auriol avait insisté pour que l'évacuation fût décidée et ne se fît pas sous la pression de l'ennemi. Mais après le passage des troupes nationalistes, en dépit d'une nouvelle recommandation du comité des chefs d'état-major, en août 1950, Cao Bang n'était toujours pas évacué….
Pourtant dès juillet il était évident que les postes de la RC4 n’étaient plus en mesure de barrer les routes de Chine au Vietminh et leur soutien imposait des servitudes trop lourdes. Cao Bang et Dong Khè n’étaient plus en fait que des places fortes totalement isolées.
Le 2 septembre Pignon et le général Carpentier décidèrent, enfin, d’évacuer Cao Bang et Dong Khè.

LE PLAN D’EVACUATION

L'opération envisagée s'annonçait à risque  en raison de l'éloignement de Cao Bang et parce que les deux routes de repli possibles traversaient en zone viet-minh un terrain particulièrement difficile.
On pouvait évidemment  utiliser la voie aériennne pour évacuer la garnison. Le terrain de Cao Bang était  accessible aux avions Ju-52 et Dakota. L'opération était possible avec le minimum de risques à condition d'être exécutée par surprise. Elle demandait environ deux jours. Cette solution était la meilleure et la plus simple, et le colonel de Maricourt, commandant les forces aériennes du Tonkin, se faisait fort de la réaliser. Elle ne fut cependant pas retenue. Il y avait à Cao Bang, comme on l’a vu plus haut, en plus d'un bataillon de Légion étrangère, des supplétifs et leurs familles.
Le général Carpentier ne voulait pas abandonner tous ces civils. Dans ces conditions l'évacuation par air serait beaucoup plus longue. Elle finirait par attirer l'attention de l'ennemi et l'on risquait de ne pouvoir embarquer les dernières unités assurant la protection du terrain.

Restaient donc les deux routes, RC3 et RC4.
La première, directe de Cao Bang à Hanoi, comportait quelques passages dangereux, mais traversait le plus souvent des régions relativement dégagées, de relief assez mou, où ne subsistaient que des lambeaux de forêt, et par conséquent un terrain plus favorable à la manœuvre des troupes et à l'appui de l'aviation. La route s'éloignait tout de suite de la frontière chinoise où stationnaient les nouveaux régiments viets. L'adversaire ne disposait sur la RC3 que de quelques bataillons. Malgré la distance plus longue — 140 km de Cao Bang au delta — le repli par cet itinéraire présentait de moins grandes difficultés, à condition d'occuper au préalable Thaï Nguyen et Bac Kan.

La R.C. 4, au contraire, suivait de très près la frontière de Chine dans un pays chaotique et impénétrable. Tout le long du parcours, ce n'était que montagnes escarpées, couvertes d'une jungle dense, dénivellations de centaines de mètres, rochers calcaires aux arêtes déchiquetées et aux parois abruptes, torrents qu'on passe à gué. Les rares pistes qui s'insinuaient dans ce relief tourmenté étaient de véritables sentiers de chèvres, raides, étroits, glissants à la première pluie.
Un tel terrain offrait à la marche et à la manœuvre des difficultés inouïes que seuls peuvent se représenter ceux qui l'ont parcouru à pied. Dès qu'on s'y aventurait hors des routes ou des pistes déjà tracées, il fallait parfois plus d'une heure pour progresser de 300 mètres. On ne pouvait donc marcher à vitesse normale que sur la route. Or celle-ci, large de 4 mètres, serpentait au milieu de hauteurs boisées et inaccessibles en une suite de côtes et de lacets qu'une végétation touffue enserrait comme un couloir. Elle n'était le plus souvent qu'une succession de lieu d'élection pour les embuscades où, contre un ennemi qui se cachait hors d'atteinte, on ne pouvait ni riposter par le feu avec précision ni se dégager par un assaut.

En revanche, la R.C. 4 représentait le chemin le plus court, avec  le poste de Dong Khê, à 45 km, et celui de That Khê à 25 km plus loin. C'est pour cette raison que, malgré les immenses difficultés du terrain, le général Carpentier choisit cet itinéraire.
L'ordre qu'il adressa le 16 septembre au général commandant la zone opérationnelle du Tonkin jumelait le double retrait des postes de Cao Bang et de Dong Khê avec l'occupation définitive de Thaï Nguyen.
Son idée maîtresse était d'entreprendre l'évacuation de Cao Bang aussitôt après s'être saisi
de la région de Thaï Nguyen et avoir porté la défense du delta sur la nouvelle ligne Kep, Boha, Nha Nam, Thaï Nguyen, Trung Cat. Le général Carpentier espérait ainsi que le succès et cette action atténuerait l'effet psychologique de l'abandon de Cao Bang et servirait en même temps de diversion pour attirer les forces viet-minh loin de la R.C. 4. L'opération devait être déclenchée aux Environs du 1er octobre , mais auparavant la garnison de Cao Bang serait renforcée d'un bataillon par voie aérienne, tandis que les femmes, les enfants et les vieillards, ainsi que les matériels précieux seraient évacués sur Lang-son par les avions au retour.

A peine cet ordre était-il parvenu au général commandant la Z.O.T.* qu'un événement grave rendait impossibles certaines de ses dispositions.

Nous sommes le 16 septembre 1950 il est 7 heures du matin…






* Le colonel Charton est une figure de la Légion, ou il  sert depuis 1928. Son premier commandement en 1932...au Tonkin. Il est décédé en 1987.
*Zone Opérationnelle du Tonkin. C’est en principe le général Allessandri, en permission en France, il est remplacé par le général Marchand.


Dernière édition par ZITOUNE le Mar 20 Sep 2011 - 18:04, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 18:16

Citation :
Dong Khè avait déjà subit une attaque le 25 mai
La première vague du 3e GCCP est composé du GC1 du Cne Braquilanges et du GC2 du Lt Leroy, ils seront largués à la limite de sécurité de 180 m...directement sur les viets qui grouillent dans le poste...
La seconde vague GC3 et CIP est larguée 500 m à l'Est dans les rochers, à cause d'une intense DCA...

Le poste sera repris et la garnison sauvée au prix d'un tué, un disparu, deux blessés et... huit accidentés au saut...

Le matériel du poste enlevé par les Viets sera repris, notamment les véhicules, deux canons et trois mitrailleuses...

Ils ne savent pas qu'en octobre sonnera leur glas...

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 20:51

Oui, ce qui vaudra à deux officiers du 3 BCCP, Graziani et à ton capitaine Planet, quatre ans dans les geôles Viêt-Minh
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 17 Sep 2011 - 22:13

.

Oui mais ce sera pire pour Cazaux qui va mourir...

Le 3 aussi. De tout le 3e GCCP seuls trois officiers, le Cne Mourier,les lts Chevret et Bellamy...
Un sous officier l'adj Quéré, trois Caporaux chefs, Briant, Jellamion, Kergroac'h et le 1ere cl Astruc rejoindront DonDang, le 17 octobre ...Deux heures avant l'évacuation de la ville...

Deux autres paras rejoindront Lang Son le lendemain: Foster qui ramène son FM et Guénard

Avec un effectif total de dix hommes le 3 vient de mourir...

... Sacrifié car rapatriable, il était de toutes façons perdu pour le CEFEO?...

...On l'a dit...


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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeDim 18 Sep 2011 - 14:24

DONG KHE

Nous sommes le 16 septembre 1950 il est 7 heures du matin.

Cinq bataillons viets, dont un d'armes lourdes encerclent le poste de Dong Khé. La place est gardée par deux compagnies du 3e REI, soit environ 300 hommes soutenus par un canon de 105 et un de 57.
Suivant le scénario habituel, ce fut d’abord l’écrasement des défenses par l’artillerie, puis dans la nuit les "bo doï" montent à l'assaut à 8 reprises et pénètrent dans l'enceinte du poste. La garnison compte déjà 40 morts et 86 blessés. Une violente contre-attaque lui permet de reprendre un peu du terrain perdu. Les combats se poursuivent toute la nuit. Certains blockhaus changent de mains à plusieurs reprises avant d'être définitivement perdu. Le toit de celui du sud-est s'effondre vers 6 heures du matin. Un seul rescapé peut rejoindre la trentaine de survivants acculés dans la citadelle.
L’action de l’aviation, « King Cobra » et bombardiers JU 52, fut considérablement genée par le mauvais temps.

cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Dong_k10

Le 18 septembre à l’aube après un dernier message radio, les légionnaires résistent encore toute la journée. Le capitaine Jaugeon fait alors distribuer aux 19 légionnaires encore valides les 300 dernières cartouches. Trois groupes tentent de s'infiltrer dans les lignes ennemies sous le couvert de l'obscurité. Seuls rescapés, le capitaine Allioux et 31 légionnaires parviennent à rejoindre épuisés, le 25, le poste de Pont Bascou proche de That Khè. Dans les jours suivants, deux caporaux puis un sergent les rejoignent après s'être évadés. 85 légionnaires sont morts. 140 autres prennent le chemin de la captivité, blessés ou ensevelis sous une marée humaine. Les pertes ennemies oscillent probablement entre 500 et 800 hommes hors de combat.
A partir de maintenant plus rien ne se passera comme prévu.

La chute de Dong Khê fut si rapide que les renforts qui se préparaient à Hanoï et à Lang-son n'eurent pas le temps d'intervenir. La première réaction du commandement fut de faire appel aux parachutistes pour dégager le poste. Le colonel Constans, commandant la zone frontière du nord-est, demanda qu'on parachutât immédiatement un bataillon sur Dong Khê. C'est à grand-peine que le chef de la Section « opérations » des T.A.P. Nord, le commandant Grall, parvint à dissuader le général Marchand de lancer une action aussi scabreuse en lui faisant valoir qu'on ne devait pas, cette fois, compter sur la surprise; il n'existait qu'une seule zone de saut près de Dong Khê, celle qui avait déjà été utilisée pour la reprise du poste, le 27 mai, et engager un bataillon dans ces conditions serait l'envoyer à une destruction certaine. Le général Marchand décida donc d'effectuer ce largage (le1eBEP)à That Khê, pour renforcer le poste et en faire la base d'opérations ultérieures. Il ne restait donc que la voie de terre pour secourir les assiégés.
Dès le 16 septembre, alors que la citadelle de Dong Khê résistait encore, un groupement opérationnel de quatre bataillons, nom de code « Bayard » les 1er, 3e, 11e tabors marocains et B.M. du 8e R.T.M, fut constitué à Lang-son sous les ordres du colonel Le Page. Il commença le soir même son mouvement vers Thant K.
A Hanoi, le 1e BEP est mis en alerte. A sa tête le commandant Segretain et le capitaine Jeanpierre, le 1eBEP a déjà près de vingt-trois mois de séjour au Tonkin. Il connaît bien son adverserie, le terrain, et il a acquis, aussi bien près des nôtres que chez les viets, une extraordinaire réputation d’efficacité . Mais il ne peut aligner maintenant que 497 parachutistes.
Au terrain de Bach Maï, le BEP attend tandis que les légionnaires du poste attaqué se battent furieusement, matraqués par une artillerie puissante. Il attend, car l'état-major d'Hanoi n'arrive pas à se décider.
Le lendemain, le BEP est toujours sur le terrain d'aviation. Ce n'est qu'à 16 heures que la première vague décolle avec le PC, la 1e et la 2e compagnie qui seront largués sur That Khé. Dong Khé tient toujours, mais la liaison radio est coupée.
La deuxième vague saute le 18 au matin, mais Dong Khé vient de tomber, vers 8 heures.
Le BEP protégera donc That Khé, en attendant « Bayard » qui doit arriver à pied, car peu après Na Cham la route est coupée, impraticable aux véhicules.
La colonne Le Page rejoint That Khé le 19 et le BEP est intégré à son groupement….

1e BEP 3e sec 2e comp lt Chauvet Sgt Chartel
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Bep10

L’ ORGANISATION DU DESASTRE.

C'est à Lang-son, le 18 septembre que le général Carpentier apprit la chute de Dong Khê. Cet événement le confirma dans sa volonté d'évacuer Cao Bang le plus vite possible au cours de l'opération d'ensemble prévue par son ordre du 2 septembre.
Le commandant en chef ne renonçait pas à l'offensive sur Thaï Nguyen. Il avait au contraire l'intention d'y engager le gros de ses forces mobiles et de la mener comme on frappe un grand coup, en prenant la ville par une action aéroportée. Pendant ce temps, le groupement Lepage, partant de That Khê, se porterait au-devant de la garnison de Cao Bang que l'on renforcerait au préalable par avion avec le 3e tabor. Les deux opérations de Thaï Nguyen et de Cao Bang seraient déclenchées successivement avec un décalage de trois jours. La colonne venant de Cao Bang devrait donc être allégée au maximum, « ne pas s'encombrer de bagages et avancer avec le seul souci d'aller au plus vite à la rencontre du détachement Le Page, et si possible au cours d'une première étape de nuit ».
De Lang son, le général Carpentier se rendit ensuite à Cao Bang où il informa le colonel Charton de l'arrivée en renfort du 3e Tabor et de l'évacuation de la population civile.
Mais il ne lui souffla mot de sa décision d'abandonner la ville, qui ne devait lui être communiquée qu'à la dernière minute. Il lui confirma, au contraire, sa mission de défendre Cao Bang.

( A ce stade on peut bien se demander pourquoi ne pas mettre au courant le colonel Charton de l’abandon de Cao Bang qui de toute évidence ne saurai tarder…)

Mais c’est loin d’être la seule aberration.

De retour à Hanoi le 20, le général Carpentier y trouva le général Alessandri, rentré de permission la veille. Au cours d'une réunion présidée par Pignon, il le mit au courant des décisions prises pendant son absence. La réaction du général Alessandri fut extrêmement vive. Il exprima aussitôt avec force son désaccord total sur les plans du commandant en chef.
Mais ce dernier, écartant ses critiques, lui rétorqua que « la décision était prise, que les mesures essentielles d'exécution de cette opération avaient été minutieusement étudiées et l'ordre les prescrivant diffusé dès avant son retour au Tonkin ». Et le général Carpentier d'ajouter en conclusion « qu'il pousserait un ouf de soulagement lorsqu'il apprendrait que le dernier homme de la colonne Charton aurait quitté Cao Bang ».
Le lendemain, le général Carpentier rentra à Saigon, laissant au général Alessandri la responsabilité de préparer et de conduire une opération qu'il désapprouvait.

Il est vrai qu'à l'échelon du commandant en chef, l'évacuation de Cao Bang apparaissait comme une affaire secondaire, ne mettant pas en cause la sécurité du corps expéditionnaire. Dans ces conditions, son exécution incombait normalement au commandement local. S'il convenait de l'entourer de certaines précautions, sa réussite ne faisait aucun doute. Il est d'ailleurs caractéristique à cet égard que, pas plus dans son ordre du 2 septembre que dans ses instructions verbales, le général Carpentier n'envisageait les possibilités d'intervention des forces viet-minh. Sa manœuvre était montée a priori, comme si l'adversaire n'existait pas ou que le complexe d'infériorité qu'il avait montré jusqu'alors en combat régulier dût le paralyser.

Or que savait-on des forces viet-minh au 2e Bureau d'Hanoï au moment où se décidait la double opération de Thaï Nguyen et de Cao Bang ?
On y avait suivi, jour après jour, la formation du corps de bataille ennemi. On savait que l’A.P.V. possédait désormais des formations comparables par l'organisation et la puissance de feu à celles du corps expéditionnaire; que depuis le 1er janvier, le nombre des bataillons viets dans le Nord était passé de 75 à 103 et que parmi eux, environ 30, dont 6 lourds, étaient dotés d'un armement moderne.
Le 2e Bureau savait enfin que le Viet-minh avait réparti ses unités régulières en une masse principale au nord-est et deux masses secondaires au Thanh Hoa et au nord-ouest.
Peu à peu, au cours de l'été, le dispositif viet apparut plus clairement, le centre du Viet Bac s'était vidé de troupes régulières, tandis qu'entre la R.C. 4 et la frontière chinoise, le nombre des bataillons viets, qui ne dépassait pas 6 ou 7 en temps normal, s'élevait progressivement à 18 ou 20, dont 3 d'artillerie, au début de septembre. D'autres indices, comme les importantes coupures de route pratiquées au sud de That Khê, trahissaient l'intention du commandement viet-minh de porter son effort contre les postes du nord de la R.C. 4.

De ce tableau qu'il avait dressé de l'adversaire, le 2e Bureau concluait dans sa synthèse de renseignements du mois d'août que « les possibilités des forces viet-minh allaient se modifier profondément du fait de l'amélioration considérable apportée à leur armement et à leur encadrement, parallèlement à l'accroissement du nombre de leurs unités » et que « les progrès des rebelles étaient de nature à transformer la physionomie de la lutte au Tonkin ».
Cependant, l'inquiétude qui commençait à se faire jour au 2e Bureau n'atteignait pas encore le commandement qu'aveuglait la crainte irraisonnée, et en tout cas non fondée, d'une ingérence armée des Chinois. Malgré la valeur et la précision des renseignements sur PA.P.V., malgré tout ce qu'ils comportaient de troublant et d'inquiétant, le commandement continuait d'apprécier sa force avec l'optique habituelle, celle de la première affaire de Dong Khé, où un bataillon parachutiste avait dispersé six bataillons viets. La conception de la double opération de Thaï Nguyen et de Cao Bang reposait tout entière sur la certitude de telles équivalences, que partageait, il faut bien le souligner, la grande majorité des officiers, tant il est difficile d'imaginer tout d'un coup l'ennemi différent de ce qu'on connaît de lui par expérience.

Le général Carpentier montrait si peu d'inquiétude qu'à la veille de déclencher l'opération, il avait engagé presque toutes ses réserves stratégiques dans d'autres secteurs, et en particulier les bataillons parachutistes.
Les sept bataillons parachutistes du corps expéditionnaire se trouvaient ainsi, fin septembre, éparpillés aux quatre coins de l'Indochine : le 1er B.E.P. à That Khê avec le groupement Lepage, le 2e B.E.P. à Pakha, le 10e B.P.C.P. en renfort à Phat Diem, le 3e B.C.C.P. au Laos d'où il ne rentrera à Hanoï que le 5 octobre, harassé par un mois d'opérations de police, le 6e B.C.C.P. au Centre-Annam, le 1er B.C.C.P. en Cochinchine et enfin le 7e B.C.C.P. ramené à Hanoï le 28 septembre pour prendre Thaï Nguyen. Le commandant en chef ne disposait donc plus d'aucune réserve à envoyer sur la R.C. 4 si l'affaire tournait mal.

Lorsque surviendra la crise, le commandement français sera surpris par l'ampleur et la rapidité de l'offensive viet-minh. Faute de l'avoir prévue, il assistera impuissant à la destruction de ses bataillons sur la R.C. 4, sans avoir la moindre possibilité de leur porter secours. Quand il aura rassemblé ses réserves dispersées, il sera trop tard pour changer le cours des événements.
C'est dans un état d'esprit des plus réticents que le général Alessandri allait organiser, avec le colonel Constans, le repli de Cao Bang, en nom de code « opération Thérèse ».
S'il en désapprouvait le principe, il ne contestait pas que l'opération fût réalisable avec les moyens qu'on lui consacrait.

La garnison de Cao Bang disposait donc de deux jours pour rejoindre That Khê par la route, à 70 km, avant que les forces viets du « front nord-est » ne puissent intervenir en force. Elle avait le temps de passer à condition de se porter sur Dong Khê en même temps que le groupement Lepage et de faire diligence pour l'y rejoindre. C'était d'autant plus réalisable qu'il ne restait entre Cao Bang et Dong Khê que de faibles éléments des troupes régionales viet-minh. On pouvait escompter qu'au bout de vingt-quatre heures, les deux colonnes auraient fait leur jonction, ou que, s'il le fallait, leurs sept bataillons, agissant simultanément, rejetteraient sans peine les quelques unités viets qui seraient restées à Dong Khê. Il était peu probable que l'ennemi, pris ainsi entre deux feux, s'accrochât au terrain.

Pourtant, ce ne fut pas cette idée de manœuvre qui servit de base au plan de l'opération « Thérèse ». Le colonel Constans décida que, dans une phase préalable, dénommée opération « Tiznit », le groupement Lepage se porterait le 30 septembre sur Dong Khê, qu'il devrait réoccuper, pour tendre ensuite la main aux troupes de Charton, dont le départ de Cao Bang était fixé au 2 octobre à minuit. C'est-à-dire qu'au lieu de marcher simultanément et se donner rendez-vous à mi-chemin, les deux colonnes partiraient à trois jours d'intervalle, la colonne Charton ne quittant Cao Bang que lorsque le groupement Lepage tiendrait Dong Khê.
Cette conception de la manœuvre ne répondait plus aux critères fixés par les instructions du général Carpentier, puisque le repli de Cao Bang ne commencerait qu'après le délai de quarante-huit heures pendant lequel on pouvait escompter le bénéfice de la surprise et que l'opération s'étalait sur cinq jours, là où il n'y avait que deux journées de marche. Mais ni à Hanoi ni à Lang Son on n'avait analysé la situation de la sorte, tout simplement parce qu'on ne croyait pas qu'une réaction du Viet-minh fût possible.

II paraissait si certain que l'ennemi ne sortirait pas de cette attitude habituelle que, dans son ordre pour l'opération « Tiznit », il n'examinait même pas sa situation et que, bien sûr, il n'envisageait pas non plus le cas où le groupement Lepage ne pourrait reprendre Dong Khê.
Le colonel Constans, plus que quiconque, affichait un profond dédain de l'adversaire qu'il n'estimait point à sa mesure. C'était un officier brillant, séduisant, ambitieux. On le donnait comme l'un des futurs chefs de l'armée. Il avait fait carrière dans les états-majors et les cabinets et il était venu chercher au 3e étranger, avec l'appui du général Carpentier qui l'appréciait, la consécration d'un commandement en vue. Il s'y comportait en grand seigneur,, commandait de loin et recevait avec tout le faste de la Légion, montrant davantage le souci de sa renommée que le goût de l'action.

Affligée dès l'origine d'un vice fondamental dans sa conception, l'opération « Thérèse » allait en outre s'engager sans que personne la commandat sur le terrain. Les groupements Charton et Lepage agiraient d'abord séparément, chacun selon un ordre particulier. Puis après leur jonction, le It-colonel Lepage prendrait l'ensemble sous son commandement pour le ramener à That Khê. Quant au colonel Constans, il se bornerait à superviser l'opération et à téléguider les deux colonnes par radio depuis son PC de Lang-son, à une centaine de kilomètres du lieu d'action. Dans une affaire de cette importance qui aurait dû être dirigée sur place, et par le commandant de la zone frontière en personne, une telle organisation du commandement revenait à abandonner à eux-mêmes les deux commandants de groupement. Elle ne parut cependant pas anormale au départ, tant étaient grandes les illusions sur la situation et le rapport des forces en présence.
Au total, les dispositions prises par le commandement français pour replier Cao Bang découlaient d'une vue erronée de l'adversaire. Elles ne tenaient aucun compte de l'évolution récente de L’A.P.V. et de ses possibilités nouvelles. La manœuvre n'était qu'une application rigide de schémas et de procédés habituels qui ne s'adaptaient plus à la réalité. Le plan d'opérations ignorait la sûreté, dispersait les moyens et négligeait l'organisation du commandement.

Ces fautes portaient en elles le désastre.

Mais revenons aux dispositions du général Carpentier, nous sommes sur la RC3 plus précisément à  Thai Nguyen, le 29 septembre 1950 il est 4 h du matin.

Le colonel Charton est toujours à Cao Bang, le colonel Le Page à That Khé…..


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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeLun 19 Sep 2011 - 12:35

LA SURPRISE DE LA COLONNE LEPAGE

29 septembre 4 heure du matin, 150 Kms au Sud de Cao Bang.
L’offensive de diversion sur Thaï Nguyen est déclenchée. L'opération, dénommée « Phoque », était conçue comme toutes les opérations menées depuis un an pour occuper le delta. Un important groupement de marche, aux ordres du colonel Gambiez, pénétra en zone viet-minh à partir de Phu Lo, Bac Ninh et Phu Lang Thuong tandis qu'une dinassaut remontait le Song Cau. Sa progression ne rencontra d'autres difficultés que celles qui résultaient des pluies torrentielles d'une queue de typhon. Il arriva sans coup férir en vue
de Thaï Nguyen, qu'il aurait occupé lui-même si, dans l'après-midi du 1er octobre, une éclaircie n'avait permis d'exécuter sur la ville l'action aéroportée prévue pour la veille, et à vrai dire plus spectaculaire qu'indispensable. Les parachutistes du 7e B.C.C.P. sautèrent au nord du Song Cau, et y établirent une tête de pont. Leurs reconnaissances en direction du nord et du nord-est trouvèrent le pays vide d'ennemis. Dans toute la zone nouvellement conquise, l'installation du dispositif de pacification se poursuivait sans aucune opposition, lorsque brusquement, le 10 octobre, le colonel Gambiez reçut l'ordre de se replier.

De graves événements venaient de se produire sur la R.C. 4. C'était là-bas, en effet, que les choses se passaient.

Mais retournons à That Khè quelques jours avant...

Depuis sa formation, le 19 septembre, le groupement Le Page, dit groupement « Bayard »,  ne s'était pas éloigné de That Khê. Quelques reconnaissances aux alentours pour assurer la sécurité de la place et rechercher des renseignements sur l'ennemi. Le 23, au cours d'un raid sur la cuvette de Poma, le 1er B.E.P. qui marchait en tête, surprit une colonne du 40e bataillon d'artillerie viet-minh et lui infligea des pertes. Mais les légionnaires essuyèrent bientôt une réaction particulièrement violente d'armes automatiques qui révélait une puissance de feu encore jamais rencontrée au Tonkin. Il put néanmoins décrocher et rentrer à That Khê en ramenant des prisonniers qui confirmèrent ce que l'on savait déjà du renforcement et de la position des forces viet-minh. .
Le 30 septembre enfin, le colonel Le Page reçut sa mission. Elle se limitait à l'opération « Tiznit ». L'ordre du colonel Constans lui enjoignait de « porter le gros des forces du groupement sur Dong Khê » et, cet objectif atteint, de « se tenir prêt à exécuter sans délai des opérations de dégagement dont le but fera chaque fois l'objet d'ordres particuliers ». Il ajoutait qu'il était nécessaire « d'arriver à Dong Khê dans la matinée du 2, de façon à pouvoir amorcer une autre mission dès le 2 après-midi », mais sans en révéler l'objet réél, servir de recueuil à Charton….

Malgré des réserves justifiées, nature du terrain, absence d’artillerie, le mauvais temps qui le priverait d’appui aérien, sans arrières assurés au milieu de forces Viet-minh, il ne fut pas écouté, l‘ordre était impératif.
Il manquait aussi au colonel Le Page l'expérience, jusque là au Maroc dans l‘artillerie, il n’avait encore exercé aucun commandement opérationnel en Indochine. Et on lui demandait subitement de mener au combat un groupement d'infanterie dans des circonstances très difficiles. Il n'était pas qualifié et le reconnaissait lui-même. En le désignant, le commandement ne pouvait faire un choix plus aberrant.

30 septembre, 13 heures, région de That Khé….
C'est dans ces conditions que le  groupement se mit en marche en  progressant  avec lenteur et prudence, les bataillons se relayant à la tête de la colonne, mais sans rencontrer l'ennemi.
01 octobre, 17 heures. Dong Khé est en vue, tenu par les viets depuis le 18 septembre.   Le 1er B.E.P., à l'avant-garde, était prêt à engager aussitôt le combat mais le colonel Le Page  remit l'action au lendemain, dans l'espoir qu'une amélioration de la météo permettrait à l'aviation de l'appuyer et de lui parachuter sa section d'artillerie, restée à Nacham. L’effet de surprise n’existait plus.

Giap se son coté avait donné l'ordre au « front Nord-Est » de concentrer toutes ses forces contre les troupes de Le Page. La brigade 308 avait commencé son mouvement vers le sud-ouest et, dans la nuit du 1er au 2, la garnison de Dong Khê reçut des renforts….

2 octobre 6 heures.
« Bayard » repart à l’attaque.
Conformément aux ordres reçus, Le Page avait fait occuper les points importants de la R.C. 4, « pour faciliter ultérieurement le repli du détachement ». Il avait donc laissé en arrière deux goums du 11e tabor à la cote 703 et au col de Lung Phaï, puis le B.M. du 8e R.T.M. sur la crête de Na Moc.
Il lui restait donc deux bataillons qu’il engagea dans un mouvement de débordement, le 1er Tabor sur les cretes à l‘ouest de Dong Khé et le 1er BEP dans les calcaires au sud et au sud-est de la Citadelle et ne put en déboucher. Au début de l'après-midi, l'attaque avait échoué. Les moyens engagés étaient trop faibles et les unités trop dispersées ne pouvaient s'appuyer entre elles. Au même moment un avion d'observation signalait des colonnes viet-minh en marche entre Bo Bach et Na Pa vers Dong Khé.

2 octobre 14h30
Le colonel Le Page apprend par un message lancé d'avion, la véritable teneur de sa  mission : recueillir la garnison de Cao Bang, en se portant au-devant d'elle, le 3 octobre, jusqu'à Nam Nang (15 km au nord de Dong Khê). Or la manœuvre prescrite était déjà caduque. Dong Khê n'avait pu être repris, le groupement « Bayard » s'y trouvait bloqué de front et il risquait d'être accablé sur ses arrières par tout le corps de bataille viet-minh. De plus la colonne Charton ne pouvait plus passer par la R.C. 4, l'opération « Thérèse » se trouvait dans une impasse.

La seule façon de s’en sortir c’était de suspendre le repli de Cao Bang et ramener Le Page sur le col de Lung Phaï ou à That Khê, au point de départ, quitte à reprendre l'affaire plus tard d'une autre manière.

Seulement le problème n’était plus là, il était de livrer ou non bataille au gros de l’armée régulière viet minh qui se renforçait sur ses arrières, les viets ont les « blancs »! . A Lang Son, il était impossible au colonel Constans de prendre une vue aussi lucide de la situation et sur place Le Page ne voyait pas sa position aussi critique… Il ignorait ce qui préparait réellement sur son flanc droit. Sans doute savait-il que des forces viets se dirigeaient vers la R.C. 4. Mais il les évaluait seulement à 3 bataillons, qu'il était donc possible de contenir sans peine. L'ampleur de l'offensive viet-minh lui échappait. Comment d'ailleurs aurait-il pu la mesurer ? Il n'avait pas été convenablement éclairé par le commandement sur les forces ennemies qu'il trouverait devant lui, en fait, il s'avançait en aveugle au milieu du danger.

2 octobre 17h30.Le temps s’améliore et pendant que  la section d'artillerie est parachutée à Na Pa, la chasse peut mitrailler les colonnes viets à l'est de la R.C. 4.
Finalement  Le Page prit la décision de se porter au-devant de Charton avec deux bataillons en contournant Dong Khê par l'ouest, laissant ses deux autres bataillons au sud de Dong Khê pour fixer l'ennemi. Il lui semblait que les crêtes est de la cuvette pourraient être solidement tenues,  qu'en conséquence ce dispositif ferait « abcès de fixation » et libérerait le reste du groupement. En réalité, cette décision revenait à morceler ses forces, désormais divisées en trois détachements trop éloignés les uns des autres pour pouvoir se soutenir

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2 octobre 20h. Une compagnie du 8e R.T.M.  fut surprise au moment où elle quittait la crête de Na Moc. Elle fut bousculée et perdit son capitaine et 60 tirailleurs. Au cours de la nuit, les Viets prirent partout le contact des positions françaises. Sur le Na Kêo, le 11e tabor reçut de violents tirs de mortiers et repoussa trois assauts. Il y avait deux jours que le groupement « Bayard » était arrivé dans la cuvette de Dong Khê.

La nuit est calme et dans le même temps à Cao Bang, on fait ses valises…….


Dernière édition par ZITOUNE le Mar 20 Sep 2011 - 17:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMar 20 Sep 2011 - 10:23

LES DEUX COLONNES SE CHERCHENT

Finalement le colonel Charton fut averti de la manœuvre de dégagement de Cao Bang par une indiscrétion du Général Allessandri, le 24 septembre. La mission était de quitter Cao Bang dans la discrétion et à marche forcée rejoindre la colonne Le Page.
Des avions avaient fait la navette entre Lang son et Cao Bang pour amener le 3e Tabor sur place et au retour évacuer 2500 civils..
Seulement, Charton et le colonel Constans, c’était un peu comme chien et chat et cette mésentente le portait à se défier des dispositions de son commandant de zone.
Le colonel Charton trouvait aberrant et inconcevable d’évacuer une position aussi solide dont il jurais de pouvoir la défendre « encore très longtemps avec mes seuls moyens. »  Bref, il tergiverse et fait retarder le départ, si bien que celui-ci prévu le 28 septembre est reportée au 3 octobre…


Cao Bang, 3 octobre, 5h30 du matin.
Les premiers éléments de la colonne, avec 500 civils restants,  s’engagent sur la RC4 pendant que les dernières destructions de matériel intransportable s’achèvent. S’attendant à des embuscades le groupement n’avance que pas à pas par dépassements successifs. De fait, le soir vers 18 h la colonne n’avait parcouru qu’une quinzaine de km, au niveau du PK 33, sans avoir rencontré de viets et passe la nuit sur place…


Le Page, 3 octobre, 14h.
Le Page est sur la cote 765, il est parti avant l’aube avec le BM/ 8e RTM, confiant au commandant Delcros la mission de tenir Na Pa, le Na Kêo et la cote 615 avec son 11e tabor (moins les deux goums restés à Lung Phaï) et le 1er B.E.P. du commandant Secrétain, de marche, il atteignit la cote 765, à 5 kmàpeinedeNaPa. Il avait été rejoint par le 1e Tabor qui avait décroché péniblement de Dong Khé sur la cote 760.
De là, Le Page se proposait de marcher le lendemain à la rencontre de Charton par Xuan Hoa et Quang Liet. Mais derrière lui, le Viet-minh avait déclenché, dès 6 heures du matin, une vaste manœuvre de débordement par le sud, dans le dessein d'isoler et de détruire tout le groupement « Bayard ». Tandis que le T.D* 209 tenait Dong Khê et suivait le 1er tabor vers 760, la brigade 308, débouchant des pistes Bo Bach — Na Pa et Ban Siem — Kê Kiong, attaquait aussitôt avec violence les positions françaises de la cote 615 au Na Kêo.
Toute la journée, les T.D. 102 et 88 multiplièrent les assauts, menés au clairon, sans se soucier des pertes. Chaque fois, une sonnerie déclenchait un rush puissant, une véritable marée humaine qui menaçait de submerger l'objectif. Les fantassins viets montraient, dans ce combat à découvert qu'ils offraient pour la première fois, une  ardeur et  une tenue qu'on ne leur connaissait pas encore. Jusqu'au soir, Marocains et légionnaires parachutistes, regroupés sur le Na Kêo, résistèrent avec énergie et repoussèrent toutes les attaques. A la fin, les Viets décrochèrent en abandonnant de nombreux cadavres sur le terrain. Une éclaircie permit aux patrouilles de l'aviation de chasse de se relayer durant trois heures au-dessus du champ de bataille et de soulager les défenseurs.
Peu après, la préparation d'artillerie et de mortiers recommença et, à la tombée de la nuit, les vagues d'assaut viets vinrent de nouveau battre les positions de Na Kêo.

1er BEP et 11e Tabor, 3 octobre 20 heures.
Après une longue journée de combat, les pertes étaient lourdes au 1er B.E.P. et au 11e tabor où la situation devenait intenable. Luttant à un contre dix, ils risquaient d'être submergés. Le commandant Delcros décida alors de se replier vers le col de Lung Phaï avant qu'il ne fût trop tard. Lepage, après quelques réticences, lui donna son accord et, de Lang-son, le colonel Constans ne put faire autrement que d'approuver cette décision « sous réserve, disait son message, que la mission du groupement Lepage demeure impérativement d'assurer liaison et protection au groupement Charton ».
Ainsi, dès le 3 octobre au soir, le groupement « Bayard » était battu et son sort réglé sans que toutes ses forces aient été utilisées, puisque seuls un bataillon et la moitié d'un autre, sur quatre, avaient participé à la bataille décisive sur le Na Kêo. A aucun moment, le It-colonel Le Page n'avait manœuvré. Il avait éparpillé ses bataillons sur le terrain au lieu de les maintenir réunis en un système cohérent qui aurait garanti sa sûreté, et du même coup celle de la colonne Charton, bien mieux que l'occupation de tel ou tel piton.

1er BEP et 11e Tabor, 4 octobre, minuit trente.
Le 11e tabor commença à évacuer la position. Mais il buta presque aussitôt à Na Moc contre un fort bouchon viet qui barrait la route vers le sud. Les goumiers tentèrent de forcer le passage. Quelques-uns y réussirent et les autres se dispersèrent ou refluèrent sur le 1er B.E.P. qui n'avait pas encore démarré. Le commandant Delcros avait disparu. Il rejoindra Le Page le lendemain matin avec quelques goumiers. Resté seul à Na Pa, le commandant Secrétain dirigea alors la retraite vers la cote 765. Un peu avant le jour, tout son bataillon, auquel s'aggloméraient les survivants du 11e tabor, s'enfonça lentement dans la jungle à l'ouest de la R.C. 4 sans être inquiété par l'ennemi. Alourdi par le brancardage d'une centaine de blessés, où tous les hommes devaient se relayer, il marcha toute la matinée dans un terrain effroyable, progressant de 300 à 400 mètres à l'heure. A 13 heures, il arriva épuisé de fatigue et de soif sur la crête 765. Les hommes, qui n'avaient pas dormi depuis trois jours, se laissèrent tomber sur le sol et s'assoupirent.

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Colonne Charton, 4 octobre, 5 heures.
Le colonel Constans, inquiet de la menace qui pèse sur la colonne Le Page, donne l’ordre à Charton de quitter la RC4 et de pousser à fond par la piste de Quang Liet de façon à se trouver en fin de journée, à hauteur de Lung Phai. La colonne s’enfonça dans la foret en suivant la rivière au sud de Nam Nang dans un terrain impossible et hostile.
Le soir elle n’avait avancée que de sept km ….

Colonne Le Page, 4 octobre.
Désormais refoulé entre la R.C. 4 et la vallée de Coc Xa dans un terrain chaotique, comme un navire que la tempête aurait jeté sur des récifs, encombré de blessés et hors d'état de manœuvrer, le groupement « Bayard » allait tenter, du 4 au 7 octobre, de se regrouper et de rejoindre la piste de Quang Liet sur laquelle s'était engagée la colonne Charton.
En apprenant l'échec du détachement Delcros, le It-colonel Le Page renonça à poursuivre son mouvement vers le nord comme il en avait eu l'intention. Il attendit le 1er B.E.P. sur 765 puis, à 14 heures, décida de se diriger avec tout son groupement vers les calcaires de Coc Xa et la crête de Qui Chan pour y attendre Charton. Dans la confusion du mouvement, il avait abandonné prématurément la cote 765 où passait la piste donnant accès à la cuvette. Des éléments du T.D. 209 l'occupèrent aussitôt.

Colonne Charton, 5 octobre.

Le groupement poursuit sa marche de plus en plus lentement en éprouvant de grandes difficultés à découvrir le col qui mene à la vallée de Quang Liet. En fin de journée, le 3e Tabor atteignit la hauteur de Na Len.
Elle avait fait 6 km dans la journée.

Colonne Le Page, 5 octobre.
Le 1er B.E.P., qui n'avait  pas pu suivre, se trouva de nouveau séparé du gros. Il chercha alors un autre itinéraire plus au sud, pour se porter vers la crête de Qui Chan que Le Page lui avait donné comme objectif. Marchant toute la nuit dans un chaos de rochers calcaires, si escarpés qu'il fallait les escalader en portant à bras les blessés, les légionnaires parvinrent, au prix d'efforts inouïs, à descendre dans la vallée de Coc Xa. Cette nuit-là les blessés vécurent un douloureux calvaire.
Après de longues tergiversations, le 1er B.E.P. reçut de Le Page l'ordre de grimper sur la crête de Qui Chan, de l'autre côté de la vallée. Mais la fatigue des hommes était telle qu'il ne reprit sa marche que dans la soirée. Entre-temps, les Viets l'avaient devancé. Les premiers éléments qui abordèrent la crête au sud de 477 furent bousculés par une violente attaque de nuit et tout le bataillon, à court de munitions, reflua dans la vallée. Le Page lui ordonna de venir le rejoindre dans les calcaires.

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Colonne Le Page, 6 octobre.
Tout le groupement se retrouva concentré dans le cirque de Coc Xa dont les falaises rocheuses, comme les murailles d'une forteresse, lui donnaient une fausse impression de sécurité, mais où l'aviation pouvait l'appuyer et le ravitailler  par parachutes.

Pendant ce temps, la brigade 308 réalisait sa manœuvre d'encerclement. Le 5, Le Quang Ba l'avait chargée d'exterminer seule le groupement Lepage, le T.D. 209 tournant son action contre la colonne Charton qui arrivait de Nam Nang. Les Viets éprouvèrent les mêmes difficultés que les Français à progresser dans les calcaires. Mais ils avaient l'avantage de bien connaître le terrain. Ils utilisaient les anciennes pistes et, plus légers que leurs adversaires, débarrassés de tous impedimenta et du souci de leurs blessés, ils se déplaçaient avec plus d'aisance, mais eux aussi avec une extrême lenteur. La brigade 308 ne termina son mouvement tournant par le sud que dans la journée du 5 en occupant Pac Bo et Ban Ça, barrant ainsi face au nord les seuls itinéraires de repli vers That Khê. Puis resserrant son étreinte autour du groupement « Bayard », elle occupa en force la cote 533 et les pitons commandant le goulet en « coup de sabre » de Coc Xa.

Ce qui restait des unités françaises se trouva donc bloqué dans ce cirque où depuis deux jours Le Page se laissait enfermer sans réagir. Pelotonné au fond de la cuvette, dominé de toutes parts et immobilisé par ses blessés de plus en plus nombreux, qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner, le groupement Le Page  ne représentait plus un élément de combat valable. C'était en vain que, de Lang-son, le colonel Constans lui donnait l'ordre de décrocher. Le Page n'avait plus d'espoir que dans la colonne Charton, sur laquelle il comptait pour l'aider à sortir de sa position fâcheuse. Lorsqu'il réussit, le 6 à 17 heures, à entrer pour la première fois en liaison radio avec elle, il se crut sauvé.

Colonne Charton, 6 octobre.
Dans la journée, le groupement Charton arriva enfin sur la cote 477 à hauteur du groupement Le Page. A dire vrai le 3e Tabor seulement car l’ensemble de la colonne se  traînait maintenant sur 5 kilomètres de long, devenant de plus en plus difficile à commander. Les retards s'accumulaient. A l'aube, le capitaine Tissier, commandant les partisans, n'ayant plus de liaison radio avec le P.C., se porta de sa propre initiative avec une compagnie vers Tan Bé pour établir le contact avec le groupement Le Page, qu'il ne savait pas encerclé. Les partisans tombèrent dans une embuscade et il fallut toute la matinée pour les dégager. Ensuite, ce fut la troupe des civils qui s'arrêta sans raison, bloquant derrière eux tout le III/3e R.E.I. et provoquant un nouveau ralentissement. Ce jour-là, Charton ne put pousser plus avant. Il avait progressé de 4 kilomètres depuis la veille.

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Désormais, la colonne Charton ne pouvait plus échapper à son destin. Elle se trouvait prise dans une énorme embuscade, seule en présence de 15 bataillons viets exaltés par leur victoire, car les restes du groupement « Bayard », étroitement bloqués dans le cirque de Coc Xa, non seulement ne pouvaient pas l'aider, mais encore attendaient son secours.
La brigade 308 lui coupait la retraite vers le sud. Au nord, le T.D. 209 se rabattait derrière elle sur la piste de Quang Liet. Au centre, le T.D. 246 l'attaquait entre Na Pô et Lan Haï et tentait, à partir de 18 heures, d'enlever la cote 590 où les légionnaires repoussèrent ses assauts.
Charton commençait à se montrer « inquiet de la situation générale ». En réalité, elle était désespérée.
Ainsi, le colonel Charton arrivait près de Dong Khê avec trois jours de retard et des troupes épuisées.
Il compte sur Le Page et Le Page compte sur lui.

Le pire est à venir….

* TD : Trung Doan , régiment.
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 10:48

L’ANEANTISSEMENT DES DEUX COLONNES

Dès que la liaison radio fut établie entre les deux groupements, le 6 après-midi, Lepage prit le commandement de l'ensemble. Il résolut de tenter une sortie au cours de la nuit et demanda à Charton de l'attendre sur 477 et 533. C'était du reste, ce que lui enjoignait depuis Lang-son le colonel Constans : « Vous décrocherez cette nuit quoi qu'il en coûte. Rendez-moi compte », ordonnait un message de 13 h 16. Et à 21 h 15 : « Prévisions météo mauvaises pour demain, vous confirme de décrocher cette nuit. » Et pour faciliter la retraite des deux colonnes, il constitua avec les maigres réserves dont il disposait, un détachement de 4 compagnies, aux ordres du commandant Labaume avec mission d'aller occuper la cote 608, à l'ouest de Lung Phai, puis de continuer vers 515 et Na Kao, afin de prendre l'ennemi à revers.

A 3 heures du matin, dans la cuvette de Coc Xa, légionnaires et Marocains se rassemblèrent silencieusement. Les blessés furent abandonnés à la garde de deux médecins, la mise en place prit un temps considérable. Il était déjà 5 heures lorsque le 1er B.E.P., auquel Lepage avait confié la mission de sacrifice de forcer le passage de « la source » à tout prix, se lança à l'attaque droit devant lui sur un terrain inconnu et chaotique, dans une obscurité que la brume rendait plus profonde. Le combat s'engagea aussitôt, le plus sauvage et sanglant de toute la guerre d’Indochine.
A la pointe du combat, le lieutenant Faulque rapporte que les légionnaires tombèrent tout de suite « sous une densité de feu considérable d'armes automatiques de tous calibres et uniquement à bout portant... Rien ne décelait l'ennemi sinon les coups et notre avance très lente se sanctionnait par un homme tombé à chaque mètre ».
Quand le jour se leva, le combat se poursuivait dans la plus extrême confusion. Le 1er B.E.P. avait perdu les quatre cinquièmes de ses effectifs, tués ou blessés. Tous les commandants de compagnie et la moitié des chefs de section sont tués. Il semble qu'à la fin ce soient les Marocains du 1er tabor qui, dans une attaque désespérée, fonçant au coude à coude en scandant la Fatiha, réussirent à ouvrir une trouée où s'engouffrèrent les survivants. Derrière, de nombreux goumiers et tirailleurs n'avaient pas attendu pour tenter de s'évader de la cuvette en se laissant descendre le long de la falaise calcaire à l'aide de lianes, au milieu d'une végétation inextricable. Ce furent donc des unités décimées et disloquées qui parvinrent à s'échapper et à rejoindre par petits groupes la colonne Charton sur 477. Lorsque vers 13 heures, Lepage dénombra les rescapés de sa colonne , il lui restait 560 hommes sur environ 2500 !!  . Le 1er B.E.P., pour sa part, était réduit à 9 officiers et 121 légionnaires.

cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Cao_ba17
Pendant ce temps, la situation du groupement Charton s'était aggravée rapidement. Depuis 6 heures du matin, les Viets attaquaient partout ses positions. En effet, pour comble de malheur, l'aviation, qui avait puissamment aidé les deux groupements au cours des journées du 5 et du 6 par ses parachutages et ses actions de feu, n'avait pu prendre l'air à cause de la brume qui couvrait la haute région. Toute la journée, les troupes à terre restèrent privées de son soutien au moment décisif où, seule, elle aurait peut-être encore pu les sauver.
C'est alors que les éléments rescapés du groupement Lepage arrivèrent en désordre sur la cote 477, où leur aspect lamentable de troupe fourbue, vaincue, débandée vint jeter le trouble et la démoralisation dans le groupement Charton encore intact.
Malgré le désordre grandissant, Charton ne perdait cependant pas tout espoir. Il demanda par radio à Lang-son qu'on larguât un bataillon de parachutistes à Ban Ça pour lui ouvrir le passage vers That Khê. C'était sans doute déjà trop tard, mais surtout ce n'était pas possible à cause de l'incertitude de la situation et aussi des risques d'une opération improvisée sur une zone de saut non reconnue. De Lang-son, le colonel Constans ne pouvait plus qu'envoyer des messages répétant comme une litanie qu'il fallait décrocher : « Couvrez-vous vers l'ouest et foncez vers le sud, lui dit-il à 10 h 20. Seule manœuvre en avant peut sauver situation. » Et dans l'après-midi, il réitéra à Charton et à Lepage, l'ordre de forcer le passage « quoi qu'il en coûte », à la faveur de la nuit, par Na Kao et 515.
Mais vers 16 heures, le dispositif encore cohérent du groupement Charton se mit à craquer. A la cote 477, le 3e tabor fut soudain saisi de panique. Les goumiers abandonnèrent leurs positions devant la simple menace d'une attaque. Ils refluèrent sur les pentes sud vers un ensellement d'un kilomètre, où Marocains, partisans et légionnaires du B.E.P. s'entassaient déjà autour du III/3e R.E.I., seule force encore organisée. La colonne Charton ne fut bientôt plus qu'une cohue impossible à commander. Bloquée sur un espace étroit, incapable de manœuvrer, pressée de plus en plus par l'ennemi, elle risquait d'être écrasée par ses feux.

Charton crut alors que tout était perdu. Pour desserrer l'étreinte et sauver ce qui pouvait encore l'être, il prit la résolution désespérée d'entraîner lui-même une partie des hommes qui encombraient la position dans une tentative de débordement par l'est. Il sembla au début qu'il allait réussir. Suivi d'une horde de 300 tirailleurs et goumiers, il contourna facilement les pitons tenus par les Viets. Mais sortis de l'encerclement, ses hommes ne songèrent qu'à fuir vers le sud. Il fut impossible de revenir en arrière. Après deux heures de marche, le détachement alla buter, à hauteur de Na Kao, sur les positions du T.D. 36, et s'y disloqua. Resté seul, entouré de quelques légionnaires, le It-colonel Charton tomba bientôt, grièvement blessé, et fut fait prisonnier.
Pendant ce temps, deux compagnies de partisans, commandées par le lieutenant Viltard, que, dans la confusion générale, on avait oubliées à Qui Chan, rejoignirent le gros du groupement, en reprenant au passage la cote 477 qu'elles avaient trouvée occupée par l'ennemi. Mais le répit que procurait ce succès ne pouvait être que de courte durée. Lepage resté sans nouvelle de Charton depuis 13 heures, réunit autour de lui les commandants de bataillon. Au cours d'un conseil de guerre orageux il fut décidé que chacun tenterait de gagner That Khê par ses propres moyens, dès la tombée de la nuit. La sortie eut lieu vers la vallée de Coc Xa à 19 heures. Dès lors, le groupement avait cessé d'exister. Il n'en restait plus que de petits groupes traqués qui cherchaient à s'échapper à travers la jungle. Seuls, 12 officiers et 475 hommes réussirent à passer avec le commandant de Chergé, le commandant Delcros et le capitaine Jeanpierre. Du 1er B.E.P., qui avait supporté le premier choc et le plus dur combat, il restait 3 officiers et 21 légionnaires. Son chef, le commandant Secrétain, et tous ses commandants de compagnie avaient été tués. Le colonel Lepage fut fait prisonnier également. La plupart des rescapés furent recueillis le 8 octobre par le détachement Labaume, 2/3 REI de That Khè, qui avait passé la nuit à la cote 608. Dans la matinée, on entendit encore des bruits de combat dans la direction de Na Kao, puis plus rien. Le soir, le commandant Labaume reçut l'ordre de se replier vers Pont-Bascou.

LE REPLI DE THAT KHÊ

Le 8 octobre, à Hanoï, où il s'était précipité à la première alarme, le général Carpentier avait déjà mesuré l'étendue du désastre. Et ce n'était peut-être pas fini. Dès le 7, une menace de plus en plus précise s'était manifestée sur la R.C. 4 au sud de That Khê où la soudaineté des événements provoquait le désordre et l'affolement. Pour parer à un effondrement, le colonel Constans avait demandé, le 7 au matin, le parachutage d'un bataillon à That Khê.
Tout ce que put faire le général Carpentier fut de lui envoyer la seule unité disponible, le 3e BCCP, aux ordres du capitaine Cazeaux, rentré la veille à Hanoi, fatigué par un mois d'opérations au Laos, en fin de séjour, rapatriable et réduit à l'effectif de 280 hommes. On lui adjoignit une compagnie de légionnaires parachutistes qui arrivait d'Algérie, aux ordres du lieutenant Loth et dans la soirée du 8, ce bataillon de marche, 411 hommes aux ordres du capitaine Cazeaux, fut largué ( 1 ) à That Khê d'où il se porta en recueil à Pont-Bascou.

Pendant ce temps, les Viets dont le succès inespéré décuplait l'ardeur, amorçaient une nouvelle manœuvre vers le sud. Laissant le gros de la brigade 308 procéder au nettoyage du champ de bataille et achever la destruction des débris des colonnes françaises entre Coc Xa et Coc Ton, Le Quang Ba et lança toutes les unités disponibles en direction de That Khê ou du sud-est pour déborder largement la place.
Dans la nuit du 8 au 9, les Viets firent sauter le pont du Song Ky Gong, à 6 km au sud-est de That Khê, (vital pour le repli, se révèlera un piège pour le 3e BCCP) puis s'emparèrent de la plupart des postes de la R.C. 4 en direction de Na Cham.

Le Pont de Song Ky Gong
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Pont_d10

Il apparut alors au commandement français que les positions de la R.C. 4 deviendraient vite intenables. Le général Carpentier donna l'ordre de les évacuer. Il devenait même urgent de replier tout le dispositif au nord de Na Cham si l'on voulait sauver de la destruction les éléments hétéroclites et déjà fatigués qui le composaient, ainsi que les rescapés de l'opération « Thérèse ». Cette retraite, mal organisée et mal conduite, devait être l'occasion d'un nouveau drame.

Poste de Na Cham, le « fief « du capitaine Mattei
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Na_cha10
Les deux groupements Labaume et Cazeaux, auxquels ordre avait été donné de ne se laisser accrocher sous aucun prétexte, se replièrent sur That Khê dans la soirée du 9 et la matinée du 10. La ville offrait le spectacle de la défaite. C'était partout le désordre, l'agitation, le trouble des esprits. On vivait dans la hantise de l'ennemi, on lui attribuait une force prodigieuse,irrésistible. L'afflux des soldats débandés, des partisans repliés des postes périphériques et d'une foule pitoyable de réfugiés civils entretenait une atmosphère de catastrophe qui rappelait à certains les jours sombres de juin 40.
L'évacuation de That Khê commença le 10 à 6 heures du soir. Une immense caravane se mit en marche sous le commandement du chef de bataillon Bedo, qui commandait la garnison, plusieurs milliers de personnes, dont seulement 1 500 combattants. En tête marchaient les légionnaires du commandant Labaume. Les parachutistes du capitaine Cazeaux formaient l'arrière-garde. Dès le départ, la colonne s'entassa devant le pont coupé du Song Ky Gong. Il lui fallut toute la nuit pour franchir le fleuve sur les six embarcations dont disposait le génie. Dans la confusion générale et dans la hâte de tout le monde à s'éloigner de ces parages dangereux, on oublia le 3e B.C.C.P. sur la rive nord.

Les parachutistes durent se débrouiller tout seuls pour retrouver les barques abandonnées et traverser à leur tour. Mais ils y avaient perdu du temps. Lorsqu'ils atteignirent, vers 9 heures, les deux postes de la Coupure 41, qui commandaient le défilé de Deo Cat, au lieu de la garnison qui était partie avec la colonne, ils trouvèrent les Viets déjà installés qui leur barraient la route. Ils ne purent les en déloger et revinrent en arrière. Toute la journée, le capitaine Cazeaux, qui se souvenait de l'affaire de Pho Lu, hésita à se lancer dans la jungle pour y chercher un passage, car il faudrait alors laisser les blessés, et à cela il ne pouvait se résoudre.
Personne, ni sur la route ni à Lang-son, ne se souciait d'aller dégager les parachutistes. Dans la colonne qui se hâtait déjà vers Dong Dang, c'était le sauve-qui-peut. Quant au colonel Constans, il s'était borné à pousser à Na Cham un bataillon de Légion, pour y attendre les réfugiés de That Khê. Dans cette situation dramatique et devant l'insistance de ses officiers, le capitaine Cazeaux se résigna finalement à abandonner ses blessés pour essayer de sauver son bataillon. Ses hésitations lui avaient cependant fait perdre des heures précieuses.
Vers 17 heures, les parachutistes s'enfoncèrent dans la montagne où ils errèrent toute la nuit du 11 au 12 dans une forêt de bambous sous une pluie battante. Ils marchèrent toute la journée du 12, puis s'arrêtèrent, épuisés, sans avoir pu atteindre le poste de Lung Vaï, que sa garnison devait évacuer à minuit. Le lendemain matin, guidés par un piper-cub qui les avait repérés, ils reprirent leur marche vers Na Cham, où la Légion les attendait encore. Les Viets les avaient déjà devancés. Les Viets , arrivés à marches forcées de Pô Leing, s'étaient  posté sur la route transversale de Lung Vaï à Bi Nhi, où il avait dressé une vaste embuscade. Brusquement assailli à dix contre un, le 3e B.C.C.P. se disloqua sous le choc. Il n'en resta bientôt plus que de petits groupes isolés que les Viets pourchassèrent dans la jungle. Plusieurs se présentèrent à Na Cham deux jours plus tard, et se crurent sauvés. Mais le poste avait été évacué le 14 au matin et ce furent les Viets qui les accueillirent. Seuls deux officiers et trois parachutistes réussirent à rejoindre Dong Dang . ( 2 )

Viet Tri, septembre 1954, Les colonels Le Page et Charton, à droite, libérés.
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Img20510

Devant un tel désastre et surtout la perte de 4000 hommes, comment va réagir le commandement français ?……


1) Il n'y avait plus de parachutes on leur donne des pépins qui sont au rebut, moisis et dont certains sont marquées d'une croix de peinture rouge...
Deux tués au cours du saut paras Roger et Lay Thao Puc
Deux blessés c/c Boissadan et para Ninh Van Hoan
2) Fin octobre, les Viets acceptèrent de rendre des prisonniers blessés, à condition qu’on vienne les chercher par avion à That Khè. Le Lt Fontanges prit le risque de s’y poser et d’en décoller à pleine charge. Un certain nombre de blessés dont le Lt Faulque, du 1er BEP purent ainsi etre ramenés à Hanoi


Colonel P. Charton : "Il y a la légion...."
L Stien : "La route sanglante" article dans Historama n° 28
J.P Pissardy : "Paras d'Indochine"
général Y Gras : "Histoire de la guerre d'Indochine"
Paracolo : La majorité des photos ainsi que les plans des mouvements de troupes.


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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 17:17

je lis toujours avec intérêt ....
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 18:09

.

Wouah... Me voilà classé dans les références... En attendant quelques annexes:



Organigramme du groupement aéroporté lors de l'opération du 8 octobre 1950 sur That Khé :

Chef de corps : Capitaine Cazaux (mort en captivité le 9-10-51)
Chef d'état-major : Capitaine Lombard (mort le 11 octobre)

Adjoints :
Lieutenant Planet (prisonnier)
Lieutenant Lambert (blessé, disparu)
Lieutenant Olivier (prisonnier, évadé)

Médecin Capitaine Armstrong (prisonnier)


Groupe de commandos no 1 (G. G. 1)

Commandant : Capitaine de Braquilanges (prisonnier)
Adjoint : Lieutenant Kermarec (prisonnier, évadé)

ler commando : Lieutenant Graziani (prisonnier)
2e commando : Lieutenant Emptoz-Lacote (prisonnier, disparu)
Commando de renfort : Lieutenant Rougier (prisonnier)

Groupe de commandos no 3 (G.G. 3)

Commandant : Capitaine Mourier (rescapé)

ler commando : Lieutenant Chevret (prisonnier)
2e commando : Lieutenant Bellamy (rescapé)

Compagnie de marche du 1er B.E.P.

Commandant d'unité : Lieutenant Loth (prisonnier)
Adjoint : Lieutenant Guyomard (prisonnier)

1re section : Lieutenant Leducq (prisonnier, évadé)
2e section : Lieutenant de Labrouhe de la Borderie (mort en captivité le 17-9-51)
3c section : Lieutenant Dop (prisonnier)
D.L.O. : Lieutenant Denelle (prisonnier)

Effectif total: 404 officiers, sous-officiers, parachutistes et légionnaires.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 18:34

Merci de ces précisions, j'ai des chiffres sur le nombre de rescapés du 3e BCCP , différents selon les sources, c'est pour ça que je n'en ai pas parlé.
En tout cas infime, moins d'une vingtaine sur 404...et oui!
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 18:35

.

Au camp no 1, Les lieutenants Planet, Graziani et Chauvet écrivirent cette :


Complainte du Tou Binh (prisonnier) de la RC4


Aigris, cocus et mécontents
Allez donc en Extrême-Orient, Belle carrière!
Voilà comment de bons enfants
Se sont retrouvés pour longtemps,
En zone frontière.

Le Tonkin était commandé
Par un poireau bien fatigué
Intérimaire *
Car, pour rassurer les inquiets,
Alessandri en France était
Permissionnaire

Trois colonels il y avait
Un toubib et puis un goumier
Un légionnaire
Ils se sont si bien débrouillés,
Qu'à eux trois ils ont fait merder
Toute l'affaire

Et tout ça était commandé
Par un gazier qu'était resté
Bien en arrière
C'était Constans qu'il s'appelait
Grâce à lui nous avons paumé
La zone frontière

L'affaire fut rondement menée
A Coc Xa ça s'est terminé
Dans les calcaires
Et après « par petits paquets»
On leur dit : « regagnez That Khé
Par les rizières »

Pour que les choses soient corsées,
That Khé était évacué
Tant pis derrière
Quelques cocus ont pu passer
Pas mal de copains sont restés
Dans la rizière

Les colonnes enfin regroupées
Ont fini par se retrouver
Camp « du grand-père»
Et tous ceux qui furent coxés
Sont devenus « hôtes forcés»
Et « prolétaires»

Notre ministre a rouspété
Puis limogé l' père Carpentier
Très en colère
Et puis tout ça, ça s'est tassé
Paraît même que ça l'a aidé
Dans sa carrière

L'École de Guerre aux aguets
Aura jugé ce cas concret
Comme exemplaire
C'est un exemple en vérité
De ce qu'on peut intituler
« A ne pas faire»
Aux pauvres bougres ainsi gaulés,
Le Ministère a décerné
Des tas d' Croix de guerre
L'Assemblée nationale s'est levée
Bien qu'au fond, elle s'en foutait
De cette affaire


* Gal Marchand

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMer 21 Sep 2011 - 18:40

Citation :
En tout cas infime, moins d'une vingtaine sur 404

Pour ce qui concerne le 3e GCCP, comme je le dis plus haut, seuls trois officiers, le Cne Mourier,les lts Chevret et Bellamy...
Un sous officier l'adj Quéré, trois Caporaux chefs, Briant, Jellamion, Kergroac'h et le 1ere cl Astruc rejoindront DonDang, le 17 octobre ...Deux heures avant l'évacuation de la ville...

Deux autres paras rejoindront Lang Son le lendemain: Foster qui ramène son FM et Guénard

Pour ce qui concerne la Cie Loth (légion) faut que je cherche....

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMar 27 Sep 2011 - 16:07

merci pour le récit et témoignages
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMar 27 Sep 2011 - 16:33

Sacré merdier, hein !!
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 2 Nov 2012 - 9:44

Merci aux " Intervenants ",

Ce post est remarquablement bien mené .

Tout est dit , Il ne nous reste qu'à ne pas oublier leur sacrifice ultime !

Valeureux 3° GCCP ... Dont le sang versé a auréolé les Paras .
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 2 Nov 2012 - 13:02

Bonjour,

Très bel article.Petit complément:

Insigne du 3ème BCCP

cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 3bccp10
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeLun 4 Fév 2013 - 10:48

Tu as raison Manta ,

Trés gros travail des deux principaux " intervenants " : ( ZIT , si un jour , tu nous lis ... king ! )

Heu ... :
Organigramme du groupement aéroporté lors de l'opération du 8 octobre 1950 sur That Khé :

Chef de corps : Capitaine Cazaux (mort en captivité le 9-10-51)
Chef d'état-major : Capitaine Lombard (mort le 11 octobre)


Ce capitaine là ... Un lien avec " notre SL " d'antan ?
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeLun 4 Fév 2013 - 14:24

Citation :
Ce capitaine là ... Un lien avec " notre SL " d'antan ?
Strictement aucun

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeDim 4 Mai 2014 - 15:37

Bonjour,

Pour ceux qui n'auraient pas pu visionner la vidéo de France 5:

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 31 Jan 2015 - 19:17

Bonjour,

Voici une série de témoignages par ceux qui ont vécu cette bataille.

HOMELIE DU PERE CASTA
Ancien aumônier parachutiste en Indochine
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Casta10

Nous voici donc réunis, le cœur un peu lourd, en cette église Saint-Louis des Invalides, citadelle pacifique des gloires et des deuils de nos armées, pour faire mémoire de tous ceux qui ont vécu les terribles semaines de septembre-octobre 1950, sur la R.C. 4 : 6.500 hommes engagés, dont 1.500 seulement ont pu échapper à la mort ou à la captivité. Un demi-siècle de notre histoire !
En priorité, je m’adresse aux familles éprouvées de nos morts, puis aux survivants qui ont eu cette initiative. J’ai répondu à leur invitation, avec émotion et reconnaissance, pour l’exemple qu’ils entendent donner de cette guerre oubliée. Oubliée, peut-être, mais par expérience nous savons que souffrir passe, mais avoir souffert demeure. «Paix aux hommes de guerre», ainsi priait Péguy. C’est donc dans cet esprit que cette célébration devient invitation à mettre de l’ordre dans nos souvenirs, afin d’y apporter un supplément d’âme et, ainsi que le conseillait Saint-Augustin, effectuer «une plongée en soi-même pour savoir ce que l’on est par rapport à son passé.»
Plonger en soi-même est un devoir de mémoire envers ceux qui ne sont plus. Et puisque nous y sommes, ne jamais oublier que la mémoire est une des sept colonnes de l’hé
roïsme. Que restent gravés dans nos mémoires les noms de tous ceux qui, dans des combats au corps à corps d’une rare violence, sont tombés les armes à la main ou désarmés, sont morts dans la misère et l’oubli des camps Viêt-minh. Pendant les huit années de guerre, sur 36.000 de nos camarades faits prisonniers, 26.000 sont morts en captivité, soir les deux-tiers : taux de mortalité très supérieur à celui des camps nazis.
Ce devoir ne doit pas s’arrêter à une sélection, ni à une simple déclaration de principe, mais il s’impose à notre vigilance. Nous avons encore un rôle à jouer pour continuer à défendre les valeurs pour la défense desquelles nous avons combattu. Aussi convient-il de chasser de notre être intérieur tout ce qui est agitation stérile de l’esprit avec ses rancunes, ses colères et ses jalousies. La légitime frustration que nous éprouvons de cette guerre oubliée, ne fait-elle pas de nous des soldats oubliés, déshérités du patrimoine de bravoure et de dévouement, au sein même de notre patrie. On voudrait tant faire de nos soldats des êtres muets et honteux. La honte n’est pas dans nos rangs, mais bien son contraire, l’Honneur !
L’honneur des combats d’hier et la fragilité des fidélités d’aujourd’hui devant tant d’actions individuelles de courage qui demeurent cachées à jamais et dont personne ne parlera plus, pour avoir été enfouies, avec leurs acteurs, en des lieux désormais inconnus. Pêle-mêle ont été enfouis dans un même creux des calcaires de la R.C. 4, Légionnaires du 3ème R.E.I., Marocains des 1er, 3ème, 11ème Tabors et du 8ème R.T.M., Parachutistes du 1er B.E.P. et du 3ème G.C.C.P., Cavaliers de l’escadron blindé du 1er Chasseur, et Partisans des formations indochinoises.
En lisant ou en écoutant les témoignages des uns et des autres, on a peine à imaginer tout ce qu’il a fallu dépenser de force morale insoupçonnée et d’esprit de sacrifice pour refuser de capituler et pour permettre à une colonne plus ou moins réduite, de s’engouffrer dans les brèches ouvertes dans les rangs serrés des assaillants. Au risque de sa vie ou de sa liberté, il fallait forcer un passage hasardeux pour évacuer les blessés dont un grand nombre furent achevés sur leurs brancards de fortune. En langage chrétien, de telles actions s’appellent charité dépensée en pure perte, du moins aux yeux des hommes, mais de grande richesse aux yeux de Dieu. Il s’agit bien là d’une page d’évangile, vécue en esprit et en vérité, où il est écrit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.
Mais pourrions-nous soupirer, que faire pour passer notre message ? Il faut avouer qu’il n’est pas facile de nos jours d’affronter la formidable crise morale que nous traversons. Il n’y a là rien d’autre qu’une crise du courage, de la générosité et de la responsabilité quotidienne. Il faut du courage en effet, pour lutter contre tout ce qui est à la recherche de la mollesse et du plaisir frelaté du moment. Le secret du courage – vous l’avez expérimenté sur la R.C. 4, sans jamais l’avoir formulé – c’est savoir recommencer un assaut après l’échec et, surtout, ne jamais accepter un compromis bâtards ou lâche, semeur pour demain de maux beaucoup plus grave que ceux devant lesquels on capitule aujourd’hui. Nous savons par dure expérience, où cela a conduit ce malheureux pays et bien d’autres. C’est à ce prix que les motivations des uns et des autres sont au rendez-vous.
Puisse cette plongée en nous-mêmes, nous remettre sur la route dont nous nous sommes parfois écartés, de cette loi fondamentale à toutes les religions, la loi de la prière. Elle seule est à même de nous aider à retrouver le sens de nos combats d’hier et à ne pas sombrer dans la désespérance ; avec toutefois une différence, à savoir qu’aujourd’hui ce sont uniquement des armes spirituelles et morales qui se croisent pour défendre d’égale manière l’éminente dignité de la personne humaine, dans son corps, dans son esprit et dans son âme. Au-delà de toutes les sophistications de l’électronique, c’est à un réarmement moral qu’il faut procéder, car il n’y a de valeur que d’hommes.
Dans ce combat, c’est le corps de la France, c’est l’esprit de la France, c’est l’âme de la France qui sont en cause. Une France qui a grand besoin de retrouver conscience des mille ans qui l’ont fondée. Savoir rester «toujours au cœur de la mêlée, Souvent vainqueurs, Parfois vaincus, Jamais domptés.» C’est la raison pour laquelle, pendant près de vingt ans, au milieu de vous, avec vous, l’un de vous, ayant partagé vos illusions et vos espoirs d’hommes, je voudrais tellement vous faire partager mon espérance.
Mon intime conviction est que «Notre secours est dans le Nom du Seigneur.»

François CASTA,
Ancien aumônier des 1er et 2ème B.E.P.
Indochine 1947-1949 et 1950-1953

TEMOIGNAGES

Introduction par le Général LONGERET:
A l’automne 1947, alors qu’une guerre civile se déroulait en Chine, les unités françaises ont repris le contrôle de la Route Coloniale N° 4.
Cette route constituait une importante voie stratégique reliant les principaux passages entre le Viêt-Nâm et la Chine.
Le dispositif alors implanté a permis la pacification des larges zones le long de la frontière. Mais la route entre Lang-Son et Cao-Bang, serpentant au flanc de massifs montagneux, était très propice aux embuscades. Dès 1948, les forces Viêt-Minh s’attaquèrent aux convois de ravitaillement ainsi qu’aux postes intermédiaires.
En 1949, la situation évolua défavorablement au point que l’évacuation de la région de Cao-Bang fut décidée et commencée puis suspendue. Peu après, en décembre 1949, les armées de Mao-Tsé-Toung atteignaient la frontière, ce qui permit au Viêt-Minh de recevoir une aide de plus en plus importante ainsi que des conseillers militaires chinois. Le Viêt-Minh parvint ainsi à disposer au cours de l’été 1950 d’un véritable corps de bataille de plus de vingt-cinq bataillons d’infanterie, articulés en régiments de trois à quatre bataillons, bien armés et équipés, ainsi que de cinq bataillons d’artillerie.
Le gros des forces stationnait à environ une journée de marche de Dong-Khé.
La citadelle de Dong-Khé, attaquée une première fois le 26 mai, avait été reprise dès le lendemain par un brillant assaut aéroporté du 3ème B.C.C.P.
Le 16 septembre, tenu par les 5ème et 6ème compagnies du 3ème R.E.I., aux ordres du Capitaine ALLIOUX, le poste fut de nouveau attaqué par deux régiments Viêt-Minh après une intense préparation d’artillerie et pris au terme de deux jours de combats acharnés.
Cet événement prélude aux terribles combats d’octobre 1950 sur la R.C. 4 que nous commémorons aujourd’hui.
Plusieurs participants à ces combats vont témoigner.
Le premier est le Lieutenant BART, qui commandait la 8ème Compagnie du 3èmeR.E.I. à That-Khé.

Insigne du 3ème REI
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 3rei10

Récit de Charles BART:
« Le 30 septembre 1950, un groupement d’infanterie aux ordres du Lieutenant-Colonel LEPAGE quitte That-Khé avec la mission de reprendre le poste de Dong-Khé, à vingt-cinq kilomètres au nord, sur la R.C. 4. Ce groupement comprenait le 1erB.E.P. (Commandant SEGRETAIN), le 1erTabor (Capitaine FEAUGAS), le 11
ème Tabor (Commandant DELCROS), le bataillon de marche du 8ème R.T.M. (Commandant ARNAULD).
Il ne reste à That-Khé que deux compagnies du II/3ème R.E.I., deux sections de parachutistes Thôs et quelques unités de partisans, avec le soutien d’un peloton blindé et des moyens d’artillerie qui ne peuvent suivre le groupement LEPAGE en raison des destructions de la route.
Le 2 octobre, Dong-Khé, fortement tenu,n’a pas pu encore être repris lorsque le Colonel LEPAGE reçoit une nouvelle mission. Il doit déborder Dong-Khé par l’ouest pour se porter au devant du groupement CHARTON qui quittera Cao-Bang le lendemain matin.
Mais, dès la fin de l’après-midi, les unités Viêt-Minh sont passées à l’attaque. C’était en fait le fer de lance du corps de bataille, la Brigade 308, qui affrontait les positions tenues par le 8èmeR.T.M. et le 11ème Tabor. Deux témoignages sur ces combats sont donnés par : le Sergent THEVENET du 8ème R.T.M. et le Sergent BARBAUD du 11èmeTabor.

Insigne du Bataillon de Marche du 8ème RTM
cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 811

Témoignage d’Amédée THEVENET (Chef de groupe mitrailleuses de la 1ère Compagnie du Bataillon de Marche du 8ème R.T.M.):

« … Nous sommes le 2 octobre 1950. Le Bataillon de Marche du 8ème R.T.M. a quitté Lang-Son le 17 septembre, sachant déjà qu’il va au « casse-pipe ». Tout le monde le sait. Actuellement la 1ère compagnie, sous les ordres du Capitaine FEUILLET, vient de s’installer en position défensive sur le piton Na-Ngaum qui protège la R.C. 4. Vers l’est, le terrain est dégagé et c’est du mont en face que nous voici soudain arrosé par le tir miaulant des mitrailleuses Skoda que nous connaissons bien. Sergent, chef de ces armes, c’est là que je fais pointer mes deux mitrailleuses Rebell, toutes neuves. Les Skoda se taisent quant retentit tout d’un coup, derrière nous, dans les broussailles, une sonnerie de clairon suivie d’un tonnerre de cris, de grenades et de mitraillage à bout portant. Une horde de petits bonhommes verts, couverts de feuillages tente de nous submerger. On est face à face, à dix contre un peutêtre, avec d’un coté les Kalachnikov qu’on avait jamais vues, et de l’autre des P.M. 38 trop petits et de lourds fusils Enfield. Les tirailleurs essayent d'adapter leur baïonnettes.Ils
n’en ont pas le temps. Ils tombent comme des mouches. Le Capitaine FEUILLET me fait un signe que je ne comprends pas et il tombe à son tour. Plus de munitions. Il faut se replier, descendre sur la R.C. 4. Reprendre le combat, si on n’est pas trop blessé. C’est ce qu’on fera… jusqu’au 7 octobre, sur la côte 477, à la jonction de la colonne CHARTON. Les vingt-cinq survivants du camp III, empêchés, m’ont prié de les représenter. Ils nous demandent d’avoir une pensée pour les rescapés de la R.C. 4 qui sont morts dans les camps, en particulier le Capitaine FEUILLET et le Caporal JOURNES. Ce dernier a été fusillé devant nous à la mitrailleuse, pour le motif : Attachement indéfectible à l’impérialisme français… »

Témoignage de Robert BARBAUD (du 5ème Goum du 11ème Tabor):
« … J’étais sous-officier radio au 5ème Goum du 11ème Tabor dans la bataille de DongKhé en octobre 1950. Après avoir franchi le col de Lung-Phaï, nous distinguons notre objectif, le NaKéo, piton dont l’intérêt stratégique était très important car il commandait le poste de Dong-Khé et la R.C. 4 et jamais nous n’aurions pensé qu’ils nous laisseraient prendre ce piton aussi facilement. Le silence était angoissant, rien pas un viêt,
quelques rafales tirées de loin, rien d’autre. Immédiatement, les champs de tirs sont dégagés, les sections installées, j’envoie mon premier coup de radio au PC LEPAGE qui, lui, était resté en bas du Na-Kéo, à Na-Pa : « Objectif atteint – pas un viêt – tout est OK ». Fatigué après deux nuits blanches et beaucoup de kilomètres parcourus, hormis les sentinelles, tout le monde dort. La nuit du 1 au 2 octobre se passe bien, pas de viêts.

Dans la journée du 2, nous remarquons côté nord-est de notre position de longues colonnes de viêts, coup de radio, le PC semble contrarié. Ces colonnes représentaient les régiments viêts avec lesquels nous aurons à en découdre. Le soir, vers 19 heures, le pilonnage commence, mortiers de 81 et obus de 75 tombent sur le Na-Kéo alors que nous étions en train de manger notre boite de rations avec l’adjudant COLONNA de la section lourde, l’adjudant FORTIN et le Sergent-Chef LEYSSAC. Ce fut l’enfer. Le 5ème Goum était commandé par les lieutenants REBOURS et CASANOVE son adjoint, tués tous les deux le 3 au matin. Le Lieutenant REBOURS était un officier de grande qualité, vétéran des campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne. Toute la nuit, ce fut un déluge de mortiers et d’obus de 75 entrecoupés d’assauts des viêts, en ligne, ils attaquaient cinq, six fois, chaque fois repoussés avec des pertes énormes. Les goumiers, extraordinaires, se battaient comme des lions hurlants. Sur le matin, il fallut chasser les derniers viêts sur l’herbe du piton. Les munitions manquant, les goumiers allaient chercher les grenades et les munitions sur les viêts morts dans la pente, puis ils en arrivèrent au coupe-coupe et au poignard ; ce fut un rude corps à corps. A six heures du matin, le Lieutenant REBOURS vient me voir près de mon poste de radio et me dit : « je crois que ce matin les viêts ne décrocheront pas ». En effet, ils avaient l’habitude de lâcher prise dès l’aube par peur de l’aviation. Quelques minutes plus tard cet officier était mort, tué avec ses goumiers, immédiatement remplacé par le Lieutenant de CASANOVE, rassemblant les goumiers, sonnés après cette nuit d’enfer, mais au combat. Le Lieutenant De CASANOVE tomba vers sept heures du matin, gravement blessé, un bras emporté. Dans le même temps, le Sergent-Chef LEYSSAC est tué. Nous étions assoiffés et presque sans munitions. Le BEP était en route pour assurer notre relève. Il fallait qu’il vienne vite car nous ne pouvions pas décrocher, c’eut été notre fin à tous.

Au cours d’un des derniers assauts, je me levais pour prendre part à la contre-attaque et retombais immédiatement. J’avais ressenti un immense choc à la jambe droite. Elle était brisée par une balle. Ali, mon ordonnance, me traîna dans la descente du Na-Kéo. Cette descente fût infernale. Me tirant par mon pied valide, nous sommes passés entre les viêts qui s’étaient infiltrés tout autour du piton. Admirable de sang-froid et de courage, il me sauva la vie. Enfin, nous sommes tombés sur une section du R.T.M. et le chef de section me confia à un immense tirailleur qui me descendit jusqu’au PC de Na-Pa où je reçus les premiers soins et enfin un brancard. Pendant ce temps, la bataille continuait sur le NaKéo où le B.E.P. était arrivé pour nous relever.
Le soir du 3 octobre nos chefs décidèrent d’évacuer les blessés par la R.C. 4 en direction du col de Lung-Phaï. Deux sections protégeaient le convoi de soixante à quatre-vingt blessés sur brancards. Le convoi s’engage à la nuit tombée sur la R.C. 4. Après trente minutes de marche un feu d’enfer se déclenche devant la colonne et la prend en enfilade ; les blessés sont lâchés par les porteurs qui se replient en laissant les brancards au milieu de la R.C. 4. Les viêts sont venus, j’en ai vu achever des blessés sur les brancards. J’ai eu la chance de ne pas dormir. Aux premières rafales je me suis glissé hors de mon brancard et avec ma jambe cassée j’ai roulé hors de la route pour me retrouver dans la rizière. J’ai eu beaucoup de chance car à l’instant même passait en courant le major PAUVROT (tué quelques temps après) pataugeant dans la rizière. Il me mit sur le dos et me ramena à notre point de départ. J’ignore le nombre de blessés achevés mais nous restions très peu de brancards à notre point de ralliement. Ensuite on me réintégra dans la colonne qui se dirigeait vers Coc-Xa. Ce fut, je crois, la marche la plus pénible : les brancards avaient des difficultés à passer à travers les rochers et d’embuscades en embuscades on se retrouva dans le fameux trou de Coc-Xa entourés par les viêts… »

Poursuite du récit de Charles BART:
« …Le 3 octobre alors que le LieutenantColonel LEPAGE s’est dirigé vers l’ouest avec le 1er Tabor et le Bataillon du 8ème R.T.M., l’attaque Viêt-Minh se développe avec une grande violence. Malgré l’intervention de la chasse, des vagues d’assaut déferlent sans souci des pertes sur la position du Na-Kéo où le 1er B.E.P. a relevé le 11ème Tabor. Les unités se replient dans la nuit,non sans avoir tenté – mais sans succès – d’évacuer leurs blessés au col de Lung-Phaï, tenu par deux goums du 11ème Tabor. Le 4 octobre, tandis que les unités de la colonne LEPAGE, qui avaient dû détruire leurs deux seules pièces d’artillerie, progressaient avec de grosses difficultés en raison du terrain chaotique et du transport des blessés, la colonne CHARTON, partie la veille de Cao-Bang, a quitté la R.C. 4, rendue impraticable par l’adversaire. Cette colonne comprend le 3ème Tabor (Commandant De CHERGE), le 1er Bataillon des Formations Indochinoises (Capitaine TISSIER) et le III/3ème R.E.I. (Commandant FORGET), accompagnés de quelques centaines de civils. Le 5 octobre, la colonne CHARTON progresse avec difficulté tout comme la colonne LEPAGE qui cherche à se regrouper malgré les liaisons radio très déficientes. Le 6 octobre, les éléments de tête de la colonne CHARTON, le 1er Bataillon des Formations Indochinoises qui s’empare de 477 tenu par une unité viêt et le 3ème Tabor, parviennent à la hauteur du groupement LEPAGE, regroupé dans le cirque des calcaires de Coc-Xa. Grâce à une météo encore relativement favorable, les unités
de chasse et de transport peuvent effectuer des missions d’appui feu et de ravitaillement en prenant beaucoup de risques entre les barres rocheuses. Pendant ce temps, les unités de la Brigade 306, après avoir débordé le groupement LEPAGE par le sud, commencent à attaquer son dispositif, tandis que deux autres régiments barrent la route au groupement CHARTON. Pour échapper à l’encerclement qui se dessine et rejoindre la colonne CHARTON, une action de force est décidée pour le 7 au matin avant l’aube. C’est le 1er B.E.P. qui est chargé de l’attaque ; il réussit à opérer une percée après plusieurs assauts dans un affrontement d’une violence inouïe et au prix d’effroyables pertes. Tous les commandants de compagnies sont tués. A la suite du 1er B.E.P., dans une ruée fantastique, le 1er Tabor bouscule les dernières résistances Viêt-Minh. Le lieutenant FAULQUES du 1er B.E.P., très gravement blessé dans ce combat, suivi de l’aspirant ARNOULX de PIREY, du 1er Tabor, apportent leur témoignage

Insigne du 1er BEP
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Témoignage de Roger FAULQUES (chef du Peloton d’élèves - gradés du 1er B.E.P.):
«... Cette commémoration, 50 ans après les combats de la R.C. 4, est ici première manifestation officielle avant que l’oubli ne scelle à tout jamais le souvenir du sacrifice de ces combattants qui sont allés au bout de leurs forces pour tenter de remplir leur mission. Une mission difficile, périlleuse, bientôt Impossible après les errances politiques et les erreurs stratégiques qui vont enfermer les deux colonnes dans un piège fatal. Face au corps de bataille Viêt-Minh concentré dans cette zone, qui avait prévu notre action et préparé son intervention avec des moyens largement supérieurs aux nôtres, tant en effectifs qu’en armement, le combat d’abord inégal devint bientôt désespéré. Sans ravitaillement, affamés et souvent à court de munitions, privés de sommeil par les attaques incessantes d’un ennemi pugnace, courageux et très mobile, nos combattants ont fait preuve de leurs vertus morales et militaires dans des engagements repérés de jour et de nuit, allant souvent au corps à corps. Ce fut un long calvaire, en particulier pour la centaine de blessés qu’il fallut transporter et assister lors des marches harassantes, et qui entravèrent fortement la mobilité de notre bataillon. Le 7 octobre, à Coc-Xa, ayant reçu la mission d’ouvrir le passage à travers l’encerclement Viêt-Minh, le 1er B.E.P. lança de nuit un assaut enragé, continu, à bout portant, sans cesse relancé sous une mitraille nourrie et précise, malgré des pertes impressionnantes. Après plus d’une heure de combat acharné, les survivants du B.E.P. avaient atteint leur objectif, la Source, au prix de plus de trois cents tués et blessés, permettant au reste de la colonne LE PAGE de s’engouffrer dam la brèche ouverte. Pour les rescapés de l’enfer de Coc-Xa cherchant à rallier That-Khé, environ cent dix gradés et légionnaires parachutistes regroupés aux ordres du commandant SEGRETAIN et du légendaire capitaine JEANPIERRE, il restait encore à affronter les embuscades incessantes sur leur itinéraire. Seuls, trois officiers, trois sous-officiers et deux légionnaires y parvinrent. Le Commandant SEGRETAIN y trouva la mort. Pour nous, cette bataille consacra définitivement la valeur des paras de la Légion, calmes,
lucides, ardents au combat, témoignant toujours de la solidarité et de la camaraderie qui conduisent au sacrifice consenti, accepté. Notre souvenir accompagne toujours nos morts de Dong-Khé, de la cote 615, du Na-Kéo, de Coc-Xa, et de ceux qui, blessés et faits prisonniers, souffrirent et moururent dans les infâmes camps du Viêt-Minh.... »

Insigne du 1er Tabor
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Témoignage de Charles-Henry ARNOULX DE PIREY (du 1er Tabor):
« ... Le 7 octobre 1950, après le sacrifice héroïque du 1er Bataillon de Parachutistes rappelé il y a quelques instants par le lieutenant FAULQUES, le capitaine FEAUGAS commandant le 1er Tabor marocain reçoit l’ordre du Colonel LEPAGE de prendre la relève du 1er B.E.P. et de faire donner l’assaut par ses goumiers afin de rompre l’encerclement. Le 59ème Goum commandé par le lieutenant RAVAL s’élance. Au coude à coude, en rangs serrés et en entonnant la « Faliba » les goumiers chargent. Leur chant lugubre résonne dans les calcaires. Le goulet de Coc-Xa, dont la brèche avait été ouverte par le B.E.P. est enlevé. Les restes de la colonne LEPAGE peuvent sortir, non sans mal, de la cuvette dont elle était prisonnière. Nous ne sommes pas rassemblés
aujourd’hui pour raconter la bataille qui fut sanglante, mais pour rappeler la mémoire de tous ceux qui y ont laissé leur vie. Les Tabors comme leurs frères d’armes des autres unités ont chèrement payé, le 11ème Tabor au Na-Kéo, le 3ème Tabor dans la colonne CHARTON, le 1er Tabor à Coc-Xa. Que reste gravé dans notre mémoire le sacrifice des officiers, sous-officiers et goumiers qui sont tombés au cours de ces combats ou qui moururent dans l’oubli et la misère des camps Viêt-Minh. Le courage et la fidélité de nos goumiers marocains venus de Berbèrie n’eurent d’égal que ceux des goumiers qui participèrent de 1943 à 1945 aux campagnes de Tunisie, d’Italie, de France et d’Allemagne. Au nom des Tabors et de nos frères d’armes ici représentés, devant nos drapeaux, nous leur adressons notre salut fraternel.... »

Poursuite du récit de Charles BART:
« ...De son côté, la colonne CHARTON, bloquée à son tour, doit lancer d’épuisantes attaques pour s’ouvrir le passage vers That-Khé. Le Commandant FORGET est tué le 7 octobre matin dans un assaut mené au profit du 3ème Tabor. L’après-midi, c’est au tour du Lieutenant-Colonel CHARTON d’être blessé et fait prisonnier. Dans le même temps, à That-Khé où l’on suit avec angoisse la situation, le Capitaine LABAUME a reçu l’ordre de porter ses deux compagnies à l’ouest du col de Lung-Phaï, toujours tenu par deux goums du 11ème Tabor qui passent sous ses ordres. Dans la soirée du 7 octobre, le Lieutenant-Colonel LEPAGE donne l’ordre aux rescapés des deux colonnes de se disperser en petits détachements afin de tenter de rejoindre That-Khé par infiltration à travers le dispositif ViêtMinh très dense. Le lendemain matin, le sous-groupement LABAUME peut ainsi recueillir environ sept cents rescapés. Le Lieutenant-Colonel LEPAGE, n’est pas parmi eux. Une course de vitesse va maintenant s’engager avec les unités viêts, prêtes à sonner l’hallali et proches de leur objectif : That-Khé, vide de défenseurs et désorganisé par l’afflux des rescapés des combats précédents. Le 8 octobre soir, néanmoins, la situation extrêmement délicate de la garnison s’améliore grâce au renfort du 3ème B.C.C.P. parachuté aux abords de la ville.


Le Lieutenant PLANET, officier de renseignement de ce bataillon, nous apporte son témoignage sur le destin tragique de son unité
Insigne du 3ème BCCP
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Témoignage de Jacques PLANET:
« ...Le 8 octobre après-midi, notre bataillon est largué à proximité de That-Khé. La situation y est désespérée, la place directement menacée, les deux compagnies de légion de la garnison sont engagées dix kilomètres au nord de la ville en recueil des rescapés des colonnes CHARTON et LEPAGE. Le bataillon, déjà fort éprouvé par deux ans de séjour, rentre d’une dure opération au Laos où ses effectifs ont fondu. Une compagnie de renfort du 1er B.E.P. qui vient d’arriver de métropole, sous les ordres du Lieutenant LOTH lui est adjointe. Le Capitaine CAZAUX qui commande l’ensemble, dispose ainsi de quatre cents combattants. Six jours et six nuits seulement de combats contre un adversaire omniprésent aboutiront à l’anéantissement total de notre unité. Dès le largage, nos paras sont salués par des tirs d’arme automatique. Les viêts ne sont pas loin et le bataillon enregistre au saut ses premiers tués et blessés. Nous sommes immédiatement poussés, de nuit, au nord de That-Khé avec mission de faciliter le repli des deux compagnies de Légion et des survivants des combats précédents. Les 9 et 10 octobre, étant directement au contact des éléments viêts qui occupent les points hauts du terrain et progressent vers That-Khé, nous permettons aux unités amies, légionnaires et goumiers, engagées devant nous, de décrocher et à quelques rescapés encore de rejoindre notre dispositif. Le 10 en soirée, c’est à notre tour de nous replier. L’abandon de That-Khé a été décidé et c’est une ville déjà vidée de ses occupants que nous traversons, la nuit tombée, nous ravitaillant comme nous le pouvons en vivres, munitions et « maxiton ». Notre mission est alors de protéger la traversée du Song Ky Cong, fleuve qui barre la R.C. 4 sept kilomètres au sud, par la longue colonne qui vient de quitter la ville. Dans la nuit précédant l’évacuation, un commando viêt a fait sauter le pont. La traversée s’effectue lentement sur des bateaux du génie et sous le feu adverse. Nous nous heurtons à eux à hauteur du lieu dit Deo-Cat. Ils tiennent un couloir étroit où route et fleuve se rejoignent. La colonne est stoppée sous un déluge de feu : armes lourdes, FM et mortiers. Les assauts qui sont donnés, avec l’appui de chasseurs King Cobra, ne permettent pas de faire sauter le verrou. Il est midi.
Morts et blessés s’accumulent. Il faut envisager alors de déborder la résistance par la montagne. A 16 h 00, Hanoï nous donne l’ordre d’abandonner nos morts et nos blessés, de détruire nos armes lourdes, nos postes radio, nos codes et de passer en force vers Lung-Vaï et Na-Cham. Pendant toute une nuit d’encre, à travers un terrain dantesque, dans les forêts de bambous, au fond des ruisseaux et au sommet des pilons calcaires, ce qui reste du bataillon se perd, sous la pluie, sans pouvoir trouver son chemin avant le jour. Le 12, la progression se poursuit en deux colonnes par les crêtes. Le soir, le bataillon n’est pas encore à la hauteur de Lung-Vaï. Il reste encore bien du chemin pour atteindre Na-Cham et les hommes sont épuisés. Les unités viêts ont garni le terrain tout autour de nous et nous sentons leur présence. Le 13 vers midi, nous approchons de la route menant de Lung-Vaï vers la Chine, coupure importante où les unités viêts du régiment 174 nous attendent. Le Capitaine CAZAUX donne l’ordre de se scinder en petits groupes, en cas d’impossibilité de franchir cet obstacle. Le G.C. 1 est pris à parti et submergé au moment du franchissement de la route. Le G.C. 3 et ce qui reste de la compagnie LOTH remontent vers le nord pour chercher un passage. Le PC, quelques éléments du G.C. 3 et du G.C. 2 sont encerclés. Ils continuent à se battre. Les Viêts sont partout. Le 14 au matin, le bataillon est complètement disloqué. Chaque groupe tente sa chance. Nous sommes encore à sept ou huit kilomètres de Na-Cham, mélangés aux colonnes viêts qui nous cherchent dans les couverts. La nuit passe. Le 3ème B.C.C.P. n’existe plus. Seuls, quelques isolés, sans vivres ni munitions, retrouveront dans la jungle le fil de la R.C. 4 qui les conduira jusqu’à Dong-Dang puisque Na-Cham n’est alors plus français.
Quelques chiffres donnent la mesure du sacrifice consenti par le bataillon
Sur les 268 paras du 3 engagés sur la R.C. 4, 14 sont rescapés, 15 ont réussi à s’évader de leur camp de prisonniers,91 prisonniers ont survécu à leur captivité, mais 38 ont été tués au combat, 94 sont morts ou disparus en captivité 16 ont été exécutés pour tentative d’évasion
Gardons cela en mémoire... et n’oublions pas la compagnie de renfort du 1er B.E.P. dont les pertes au combat et en captivité n’ont pas été chiffrées... »

Poursuite du récit de Charles BART:
« ... L’engagement et le sacrifice du 3ème B.C.C.P., celui du peloton blindé du 1er Chasseurs (Lieutenant PASCAL) au passage du Song Ky Cong, celui de la 4ème Compagnie du 1/3ème R.E.I. (capitaine MOREAU) également en arrière-garde auront permis à la garnison de ThatKhé et aux rescapés des colonnes CHARTON et LEPAGE (1.300 combattants environ) de déjouer le plan Viêt-Minh et d’échapper à l’anéantissement total . En même temps qu’il faisait effort sur la destruction des deux colonnes au nord de ThatKhé, le commandement Viêt-Minh préparait, en effet, l’isolement complet de la place par des actions secondaires à son sud : De larges portions de la R.C. 4 étaient détruites, les trois postes tenus par la 3ème Compagnie du 3ème R.E.I. (45, 41 Est, 41 Ouest) étaient attaqués et enlevés entre le 3 et le 5 octobre ; le poste de Bo-Cung, au nord de Na-Cham, garnison tenue par la 2ème Compagnie du 3ème R.E.I. (Capitaine MATTEI), également attaqué le 6 octobre, résistait quant à lui grâce à l’appui des canons du R.A.C.M. Dans la nuit du 10 au 11 octobre, la colonne de That-Khé utilisant les pistes de montagne parvient, harassée, aux postes de Ban-Bé et Lung-Vaï, encore intacts et tenus par la 1ère Compagnie du 3ème R.E.I. (Lieutenant LAURENT). Elle en repart le 11 au soir ; une nuit d’encre et la pluie ainsi que l’utilisation des pistes de crête lui permettent de passer au travers des unités adverses qui barrent la R.C. 4 et de rejoindre à l’aube du 12 le dispositif ami de Na-Cham. Au cours de toutes ces journées de combats intenses, le Service de Santé a payé un lourd tribut et a joué un rôle essentiel, confronté à une mission qui dépassait largement ses capacités. Le Médecin-Capitaine PEDOUSSAUT, du 1er B.E.P., en porte témoignage :

Témoignage du Médecin-Capitaine PEDOUSSAUT:
« ... La bataille de la RC4 a été non seulement un désastre militaire, mais aussi par conséquent un désastre sanitaire. En effet, au terme des combats et même après le 7 octobre, des dizaines de blessés graves moururent - abandonnés sans soins, sans nourriture, alors que leurs médecins étaient eux-mêmes tués ou blessés ou prisonniers. Dès le début d’octobre, il fut impossible d’évacuer vers l’arrière les blessés graves, c’est à dire vers l’hôpital de campagne de That-Khé, et un transport impossible à Hanoï. Le point critique pour le 1er B.E.P. fut atteint pendant la nuit du 3 au 4 octobre où il fallut brancarder une trentaine d’hommes blessés la
veille sur le Na-Kéo, ce fut pour mon bataillon une tâche écrasante dans un climat d’extrême tension. Ainsi donc, on put voir pendant les trois jours qui suivirent la descente du Na-Kéo jusqu’au désastre final, le spectacle incroyable de dizaines de blessés graves - mourant parfois en cours de route, transportés dans les pires conditions non pas vers l’arrière et un asile secourable, mais vers l’avant et une destination inconnue et hostile. Cependant le 6 au soir, beaucoup de blessés des divers bataillons avaient pu être regroupés accompagnés de leurs médecins au bas de la cuvette de Coc-Xa.
J’avais laissé avec ceux du B.E.P. le Sergent ANTOINE - très efficace et bien pourvu de matériel et de produits d’infirmerie. Mais il n’y avait plus de nourriture et surtout l’eau manquait. Pour ma part, j’avais décidé de prendre une arme et de suivre, la nuit du 7, l’assaut du bataillon, accompagné du Caporal KÜNSTER, un de mes deux infirmiers au PC. Mais à peine réveillé, je fus blessé aux jambes par des éclats d’obus de mortier. Assis dans l’herbe mouillée, ne pouvant plus marcher, je vis arriver les Viêts nous ajustant avec leurs armes, mais, KÜNSTER - jeune légionnaire héroïque, s’interposa alors en exhibant, son sac marqué de la croix rouge. Je lui dois ma vie Dans toute la durée de la guerre d’Indochine, il y eut plus de quarante médecins tués au combat ou morts en captivité.
Au cours des combats de la RC4, les pertes furent :
1 - Le docteur ASQUACIATI, du III/3ème R.E.I. Tué au matin du 7 octobre.
2 - Le docteur ROUVIERE, du 8ème R.T.M., touché par un éclat d’obus de mortier au milieu de ses blessés alors qu’il fabriquait un fanion à croix rouge. C’était dans la journée du 7 octobre. Disparu. 3 - Le docteur LOUP, du II/3ème R.E.I. Fait prisonnier à Dong-Khé, il mourut en captivité en 1951, au camp N° 1.
4 - Dans ce désastre, les docteurs ARMSTRONG du 3ème B.C.C.P., ENJALBERT du 1er Tabor, JEHLE du 3ème Tabor et LEVY du 11ème Tabor n’échappèrent pas à la captivité pour plusieurs années.
Moi-même, blessé à Coc-Xa, je les rejoignis, porté par des Marocains, dans ce qui dut désormais appelé le camp N° 1.
Mais ceci est une autre histoire... »

Conclusion par le général LONGERET:
Le dramatique échec de l’opération de Cao-Bang a été la conséquence d’une grave sous-estimation par le commandement des capacités du corps de bataille Viêt-Minh dont l’importance et la situation étaient pourtant bien connues des services de renseignements. Dès le 3 octobre, les unités, livrées à elles-mêmes et peu à peu encerclées, sans appui d’artillerie, sans ravitaillement terrestre et sans possibilité d’évacuation sanitaire n’ont pu que lutter à mort jusqu’à épuisement de leurs moyens. Le bilan des combats est très lourd. Sur 6.500 personnels engagés, seuls 1.500 ont pu échapper à la mort ou à la captivité. Ultérieurement, en raison de la dureté et de l’inhumanité des camps Viêt-Minh, moins du tiers des prisonniers survivra et pourra retrouver la liberté, chacun d’entre eux restant marqué dans sa chair et dans son esprit par cette épouvantable épreuve. Par ailleurs, d’impitoyables représailles frapperont nos partisans et les populations de la Zone Frontière qui nous avaient fait confiance. La cérémonie qui s’achève a permis de rendre hommage à l’héroïque vaillance des unités engagées et d’honorer, en associant les familles à cette commémoration, la mémoire de tous nos camarades tués, disparus ou morts en captivité. Leur sacrifice cependant n’a pas été vain. En effet, les forces du Corps de Bataille Viêt-Minh ont subi des pertes beaucoup plus lourdes encore et il leur a fallu attendre trois mois avant de pouvoir lancer l’attaque massive dont l’objectif était de s’emparer de Hanoï. Entre temps, le Général de LATTRE avait pris le commandement en Indochine, galvanisant les énergies et pu conduire lui-même une contre-attaque décisive infligeant au Viêt-Minh une cuisante défaite. A ce moment, le Général de LATTRE a souligné que les combats de la R.C. 4 avaient fortement affaibli et retardé le Corps de Bataille Viêt-Minh et permis la victoire de Vinh-Yen en janvier 1951.
Gardons le souvenir des combats de la RC 4. Ils nous laissent le plus haut exemple : celui de soldats qui sont allés jusqu’au bout d’eux-mêmes pour remplir leur mission et pour l’honneur du Drapeau.

Source:

  • Le trait d'union 75.Numéro spécial commémoration du 50ème anniversaire des combats de la RC4
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MessageSujet: Cao Bang   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeLun 16 Oct 2017 - 8:37

merçi pour ce rappel de l'histoire oubliée pour certains... study
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeMar 2 Oct 2018 - 21:12

THEO a écrit:
merçi pour ce rappel de l'histoire oubliée pour certains... study

De plus en plus oubliée avec le temps qui passe et ceux qui en sont revenus de moins en moins nombreux pour témoigner.

Alors que dans de nombreuses sections d'amicales et associations Paras, on se rassemble pour fêter Saint Michel, ayons une pensée pour eux.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 11 Oct 2018 - 16:14

Merci infiniment pour ce récit et ces témoignages.
C'est avec le récit de Stien ( j'ai oublié son grade, pardonnez-moi) , dans un livre prêté par un ami, que j'ai découvert il y a quelques années la guerre d'Indochine, les combats terribles et les horribles camps vietminh.
J'ai lu plusieurs livres depuis sur le sujet, et je ne peux m'empêcher de rager et hurler intérieurement à chaque fois sur l'imbécillité du commandement qui a des informations du bureau du renseignement et qui n'en fait aucun cas... Alors à quoi cela sert il,de monter tout un réseau d'informateurs ?
Sans parler de ces gradés dont les ordres idiots et néfastes sont cependant appliqués...
J'ai un très grand respect pour tous ces combattants de la RC 4, et à défaut de pouvoir faire autre chose pour eux, je parle autour de moi de cette bataille perdue. Incroyable comme une telle page de notre histoire a pu si bien être enterrée.
Paix à leurs âmes.
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 11 Oct 2018 - 20:21


Citation :
Dans un livre prêté par un ami,

cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 97822210 cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 L_stie10

Tu as de bons amis et de bonnes lectures...

Louis Stien, était Lieutenant au 1e BEP, a été blessé trois fois avant Cao Bang, fut interné quatre ans chez les viets et a fait deux tentatives d’évasion…

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 11 Oct 2018 - 20:34

Merci, c'est bien ça !
Ce fut une claque de lire un livre comme ça. et une immense découverte !
Je n'arrive pas à lire la dédicace, peux tu me la recopier, mon cher paracolo ?
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 12 Oct 2018 - 17:10

.

Pourtant ma chère Hélène en cliquant sur l'image la dédicace devient fort lisible... Mais comme pour moi tes désirs sont des ordres...

... qui eut la chance de coopérer (coopération du ver de terre avec l'étoile) avec les généraux Gracieux et Salan (nous fûmes des milliers), hommes d'honneur et de valeur sous les ordres desquels je suis fier d'avoir servi en Indochine et en Algérie
Amicalement
Louis Stein


... Comme quoi il faut aussi savoir lire une dédicace qui souvent ne veut pas dire grand chose... Tu en trouveras d'autres, dont certaines intéressantes  sous Dédicaces et signatures...

Un sujet qui n'a pas produit ce que j'en escomptais... Il est vrai que j'en avais exclu les copier coller venant du net...

.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 12 Oct 2018 - 17:24

Merci beaucoup ! Je t'assure que mon téléphone, avec lequel je te lis, n'est pas d'accord pour me permettre cette lecture , merci pour ta gentillesse.
Encore un article à lire, les deux articles mis en avant aujourd'hui sont également sur l'Indochine, il faut trouver du temps ! Entre l'école, les repas et des tâches bien terre à terre mais si chronophages!
Heureusement, les récits sont toujours très prenants
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 12 Oct 2018 - 17:46

Citation :
Heureusement, les récits sont toujours très prenants
Les enfants aussi... Courage.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 14:33

Bonjour à tous,
je reviens encore une fois sur cette tragédie, je suis en train de relire "je ne regrette de rien " de Pierre Sergent et ce dernier affirme p.66-68 que le commando d'une dizaine de transfuges vietminhs passés au 1er B.E.P. dirigé par le caporal Constant (à la suite de Koparoff, tué à Thai Binh) a fait une superbe prise le 23 septembre 1950, près de Poma: une centaine d'obus de mortier de 81, autant de 7 et surtout des renseignements essentiels sur le déploiement des forces viets sur Dong Khe, That Khe et la RC4.
Le colonel Constans les méprisa et s'en moqua...Quelle honte! et quelle responsabilité a cet homme de tant de forces et de vies anéanties!!!
Quelqu'un peut-il me dire ce qu'il est devenu après cette terrible bataille?
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 15:14

Hélène, tes réactions me rassurent, car en tant que femme et civile, nous n'avons pas la même lecture de ces faits, même avec des générations d'écart, que les hommes, surtout ceux qui ont combattu....

Tout laisse à croire, que nos armées se composaient de plusieurs "sortes" de soldats... question de génération là encore !
Une chose est certaine, ces combats se soldèrent par un nombre de victimes énorme, lors des combats, puis dans les camps de prisonniers où ils furent internés durant des années pour certains !

Pierre Sergent, connaissait bien son sujet ! Dans le même genre j'ai lu Le manifeste du camp n°1 de Jean Pouget.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 15:20

.

Tu deviens une spécialiste... Félicitations...

Constans continuera sa carrière, on le retrouvera en Algérie au centre de renseignement opérationnel du Gouvernement général (CRO/GG) du colonel Ruyssen, il sera notamment chargé de tenter de nouer le dialogue avec le FLN.

Son fils a écrit un livre intéressant: Le fuyard de Lang Son

Bien que ce livre de Louis Constans soit, à mon avis "une plaidoirie d'un avocat de la défense (le fils) et qui élude ainsi les questions gênantes pour son client (le père)."

A lire certes, mais sans y voir une œuvre historique.

Citation :
d'obus de mortier de 81, autant de 7
Il manque un 5, ce sont des obus de 75, qui au passage ne sont pas des obus de mortier contrairement aux 81, mais nous te pardonnons, bien entendu, cette faute de frappe Wink

.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 15:25

Je l'ai lu aussi, Lothy, et je suis sidérée qu'aujourd'hui ces sujets soient si méconnus dans les discussions qu'on peut avoir ici ou là...
Ou comment façonner la mémoire collective. Si un ami de la génération qui a vécu cette guerre ne m'avait parlé de ces sujets, je ne soupçonnerai même pas les drames humains en arrière plan.

Ah zut, pardon pour la faute! merci Paracolo. Le pardon a beau être chrétien, j'aurai du mal à lire un tel livre "neutre" sur le responsable d'un tel désastre. Mais je ferai l'effort...
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 15:37

Laurent hélène a écrit:
Je l'ai lu aussi, Lothy, et je suis sidérée qu'aujourd'hui ces sujets soient si méconnus dans les discussions qu'on peut avoir ici ou là...
Il y a 40 ans environ, il était déjà difficile de trouver des interlocuteurs sur ces sujets, alors je suis soulagée de voir qu'il en existe encore actuellement, en dehors de ceux qui sont concernés... mais hélas ils sont de moins en moins nombreux, j'ai dû vous annoncer, hier, le décès d'un des rescapés...

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 15:42

Oui, j'ai lu l'avis de décès.
Pourtant il y a 40 ans, il devait y avoir tout de même plusieurs milliers de rescapés et de témoins directs de la guerre d'Indochine et dans une moindre mesure, malheureusement, des camps?
Malgré certainement l'omerta des médias? Paris Match par exemple a fait pourtant des couvertures sur les libérations des prisonniers?
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 16:01

En lisant le récit de la bataille de Tu Lé, cette phrase radio de Bigeard, formidable: "pas question, m'estime juge de la situation..." ne pouvait-elle pas être dite par d'autres chefs, sur le terrain d'autres combats? Comme ceux de la RC4?
Mais peut-être seul un Bigeard pouvait se le permettre? pourtant, des hommes de guerre de sa trempe, il y en a eu plusieurs, tout de même!
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 16:09

Laurent hélène a écrit:
Oui, j'ai lu l'avis de décès.
Pourtant il y a 40 ans, il devait y avoir tout de même plusieurs milliers de rescapés et de témoins directs de la guerre d'Indochine et dans une moindre mesure, malheureusement, des camps ?
Malgré certainement l'omerta des médias? Paris Match par exemple a fait pourtant des couvertures sur les libérations des prisonniers?
Oui Hélène... mais c'était mal vu ! Alors ils se taisaient, et se taisent encore...

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 17:39

Citation :
En lisant le récit de la bataille de Tu Lé, cette phrase radio de Bigeard, formidable: "pas question, m'estime juge de la situation..." ne pouvait-elle pas être dite par d'autres chefs, sur le terrain d'autres combats? Comme ceux de la RC4?
Mais peut-être seul un Bigeard pouvait se le permettre? pourtant, des hommes de guerre de sa trempe, il y en a eu plusieurs, tout de même!
Bigeard n'est pas le seul à avoir eu ce genre de réactions, elle sont légion dans l'histoire de nos armées... Seules certaines et en particulier celles de Bigeard furent (sur)médiatisées...
Loin de moi l'idée de dénigrer celui qui fut le meilleur " agent de publicité" pour les paras, mais lorsque l'on parle de lui, on ne met en avant que les points positifs de sa carrière... Taisant pudiquement d'autres attitudes moins glorieuses... Pour ne pas dire plus.

Méfions nous des " Soldats, songez que du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent. "...

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 17:44

Désolé d' être HS

Je n'ai pas vécu l'Indo, et seulement les dernières convulsions de l'Algérie.

J'ai rencontré mon lot d'horreurs dans des conflits post coloniaux, à épisodes, qui ne portent même pas de noms...Je n'ai aucune envie de raconter pas plus le tran train quotidien avec toute les hésitations, avances et recul de nos dirigeants ..... sur la conduite à tenir,..... que les horreurs qu'engendraient  ces guerres tribales, ternes, sans gloire certes, mais pas sans morts. (morts courageuses ou morts stupides)

Je pense que les grognards de l'Empire, survivants des campagnes, racontaient peut-être Austerlitz, juste pour dire "j'y étais et lui aussi, le mort, il y était aussi"....et ne racontaient pas Waterloo, ou ils étaient  pourtant ensemble !

Ce qui ne veut pâs dire qu'on a évacué ces moments de notre cerveau, mais il nous faut respecter la mémoire de ceux qui y ont laissé la peau, sans bruit,  sans gloire, sans aucune reconnaissance...On a envie de dire "morts pour rien"
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 17:49

Glard a écrit:
Désolé d'être HS

Je pense que les grognards de l'Empire, survivants des campagnes, racontaient peut-être Austerlitz, juste pour dire "j'y étais et lui aussi, le mort, il y était aussi"....et ne racontaient pas Waterloo, ou ils étaient  pourtant ensemble !

H.S. ? Je ne pense pas, puisque nous évoquions les Pyramides...

Sage comparaison entre les Grognards que nous n'avons jamais rencontrés ni les uns ni les autres, et ceux d'Indo... ou plus proche encore ceux d'Algérie.

J'ajouterai que l'on demande à un sous-officier, un officier d'être un Soldat, pas un Saint !....

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 17:54

Citation :
Je ne pense pas, puisque nous évoquions les Pyramides..
Nous n'évoquions pas les pyramides, mais les phrases apocryphes...

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 17:56

Excuse-moi de te faire reformuler ton propos, Glard, mais si je te comprends bien, tu veux dire que finalement un soldat parlera toujours de ses victoires et très peu des défaites et des horreurs qu'il aura vécues ? Et que les survivants de Dien Bien Phu, de la RC 4 et des camps sont restés extrêmement pudiques sur le sujet? Pour ne pas remuer des moments d'horreur alors.
Pourtant il faut bien que les autres, ceux qui vivaient leurs quotidiens bien tranquillement, sachent ce que de moins privilégiés qu'eux connaissent la vérité, non? Et bénéficient ainsi d'un peu de gratitude et de reconnaissance, et surtout pas de la pitié... Pour leur permettre de se reconstruire.
Je me trompe peut-être ?
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeJeu 18 Oct 2018 - 18:07

.

Ma chère Hélène, il faut être passé par certaines horreurs, pour savoir combien il est difficile de "se raconter"... Ou simplement d'en parler.

Ainsi toute ma famille maternelle, a subi l'horreur des camps de concentration, et plus encore celle de la libération par les soviétiques... Jamais ils en ont parlé... Une bribe par-ci par-là c'est tout.

Même ma tante, qui avait sensiblement le même âge que moi (7 ans lors de son incarcération) ne m'a jamais fait de confidences... Pourtant sollicitées.

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 5:49

"Pleurer, gémir, prier est également lâche.
Fais énergiquement la longue et lourde tâche
A laquelle le sort a voulu t'appeler.
Et après, comme lui, souffre et meurt sans parler."

Je crois que j'avais déjà cité...
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 8:05

Comme Lothy nous propose cette ré-lecture dans le cadre du devoir de mémoire. Je suis bien d'accord pour avoir un moment de pensée pour ce qui s'est passé il y a 70 ans.
N'oublions pas, ne les oublions pas .
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Laurent hélène

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 8:45

Bonjour à tous,

je n'ai plus guère de temps pour intervenir... Mais mes pensées et prières vont vers tous ceux qui sont morts ou ont pu réchapper de cet enfer. ça ne changera pas grand chose à l'histoire de cette tragédie, mais je veux que mes enfants sachent ce qui s'est passé en Indochine et particulièrement sur la RC4.
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 19:34

J'ai vécu et souffert au 3e RPC , mais c'est mon choix et je ne regrette rien.
La souffrance n'est qu'un fait, en fonction de l'individu. 

Je crois n'avoir pas  eu de souffrance , ou du moins, plus morale que physique; mais on s'y habitue en fonction de son délabrement d'être humain.
Pour une bête ce n'est pas la même chose !!!
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeVen 18 Oct 2019 - 21:10

Laurent hélène a écrit:
Bonjour à tous,

je n'ai plus guère de temps pour intervenir...

C'est toujours un plaisir de te lire Hélène... Raconte à tes enfants, au fur et à mesure que l'âge leur permettra de comprendre....

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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 19 Oct 2019 - 16:58

À propos des trois officiers  rescapés  de la RC 4, Jeanpierre, Marce et Roy, j’avais lu quelque part que Roy, aussi rescapé de Dien Bien Phu, était devenu gendarme par la suite. Depuis des années j’ai été en train de savoir sur lui et personne n’a su/pu/voulu m’informer. Même un officier gendarme, affecté à Vincennes m’avais donné sa carte de visite pour lui écrire. Je l’ai fait et après me dire il y a un an qu’il s’en occuperait et aussitôt il saurait quelque chose il me le ferait savoir. Rien.
L’autre jour j’ai trouvé ce que je cherchais. Mais moi seul, consultant des archives des anciens élèves: Il est passé l’EOGN en 1967, général de brigade en 1981 et décédé en 1992.
Et bon un peu déçu car je pensais qu’une fois chez vous serait plus facile pour moi d’accéder à certains infos presqu’impossibles en Espagne et non, pareil. 
Enfin c’est la vie comme ça.
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MessageSujet: Re: Le désastre de Cao Bang et de la RC4   cao bang - Le désastre de Cao Bang et de la RC4 Icon_minitimeSam 19 Oct 2019 - 17:08

JC3 a écrit:
Mais moi seul, consultant des archives des anciens élèves: Il est passé l’EOGN en 1967, général de brigade en 1981 et décédé en 1992.

Un général de gendarmerie, ça ne disparaît pas comme ça tout de même !

Connaissez-vous le prénom du général Roy - c'est un nom courant en France...

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