LE MASSSACRE DE 11 SOLDATS AFRO-AMERICAINS A WERETH le 17 décembre 1944.Le 16 décembre 1944, Hitler met à exécution son plan « Wacht am Rhein » et lance 500 000 hommes à l'assaut des Ardennes belges, c'est l'offensive von Rundstedt. L’attaque est menée par une unité de la Waffen-SS commandée par le major Gustav Knittel (de) dont les troupes ont expressément reçu l’ordre de répondre par une vague de terreur sans montrer aucun sentiment humain. Les troupes américaines battent en retraite dans un premier temps mais des bataillons d'artillerie restent en poste et tiennent encore leur position. C'est le cas du 333e bataillon d'artillerie composés de soldats afro-américains commandés par des officiers blancs à l’est de la rivière Our. Face à l'avance ennemie et les difficultés d'approvisionnement, la décision est prise de tenter de rallier Bastogne par petits groupes.
Le 17 décembre 1944, un de ces groupes est composé de onze soldats noirs. Coupés du reste de la troupe, à six kilomètres de la frontière belgo-allemande, ils tentent de fuir l'avance allemande et de rejoindre les troupes américaines. Après s’être perdus dans les bois, souffrant de faim et de froid, ils finissent par rejoindre vers 16 h la ferme Langer à Wereth en Belgique. Ils ne disposent que de deux fusils pour tout le groupe et arborent un drapeau blanc. Ils ont froid et sont épuisés, affamés. Mathieu Langer les accueille. Sa femme, Maria et leur fille, Tina, leur offrent à manger.
Une habitante voisine de la ferme les aperçoit et les dénonce aux Allemands passant à proximité.
Alors qu’ils sont à table depuis une demi-heure, une heure au plus, 4 SS à bord d'un véhicule amphibie débarquent dans la ferme. Les soldats surpris par les Allemands se rendent sans résistance. Les SS leur font ôter leur casque, les fouillent et les font s'asseoir sur le sol froid et humide jusqu'à la nuit tombée. Les SS les font alors s'aligner et les contraignent à courir devant leur véhicule. Plus tard, sur un sentier à l’écart de la route, ils sont exécutés et leurs corps jetés dans un fossé.
Fin janvier, début février 1945, lors de la fonte des neiges, l'horrible charnier se dévoile au grand jour à moins d'un kilomètre de la ferme Langer. Les 11 corps, conservés par le gel, gisent au sol.
Le Major américain James L. Baldwin de la 99th Infantry division est dépêché sur les lieux, il prend des clichés et réalise un rapport dans lequel il explique que les corps des 11 malheureux ont été atrocement mutilés. L'un d'entre eux a reçu un violent coup de crosse au visage, un autre a une partie du crâne complètement arrachée, un autre encore a reçu tant de coups de baïonnette à l'épaule que son bras est presque désolidarisé du reste de son corps. De nombreuses boîtes de cartouches de mitraillette vides jonchent le sol.
Quatre d'entre eux furent rapatriés aux États-Unis, sept sont enterrés au cimetière américain de Henri-Chapelle, à quelques kilomètres de là.
Le rapport de James L. Baldwin classé secret est transmis à la Commission des Crimes de Guerre. On put établir que le massacre avait été perpétré par des SS de la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte SS Adolf Hitler par ailleurs coupables du meurtre de 138 civils dans la région de Stavelot mais l'absence d'insigne et de badge sur leurs uniformes ne permit pas d'identifier personnellement les auteurs.
Déclassifié, le dossier est classé sans suite en 1948. Certains SS de la Panzerdivision furent cependant jugés dans le cadre du Procès du massacre de Malmedy perpétré également le 17 décembre 1944 par cette même unité.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], Obersturmbannführer du Kampfgruppe à l'origine du massacre, sera condamné à mort le 16 juillet 1946 et, après confirmation de la sentence, son exécution est fixée pour le 20 mai 1948. La veille, son exécution est suspendue. Le 31 janvier 1951, sa peine est commuée en détention à perpétuité pour être ensuite réduite à 35 années de réclusion. Il sera finalement libéré, le 22 décembre 1956. Vingt ans plus tard, il meurt dans l'incendie criminel de sa maison.