Un para Américain devenu tankiste Soviétique

 
Une histoire peu banale…
Il y a des gens comme ça qui passent à travers l’Histoire. Rien ne semble les arrêter. C’est du moins l’impression que l’on a après… après avoir vu leurs parcours.
Sur le moment, ils n’étaient pas persuadés de passer au travers. Comme des funambules au-dessus des précipices de l’Histoire…
Il s’agit d’un parachutiste. Chez ces « gens-là » certains ont la Baraka  et puis Saint Michel n’est pas loin. Et parfois, le parachute mène très très loin.
De Dunkerque à… ?
Non ! De la Normandie à Moscou…
 
Un parachutiste américain de la 101^ème saute en Normandie et termine tankiste chez les soviétiques…
Il faisait partie du 506ème régiment d’infanterie de la 101^ème division parachutiste. Son unité était chargée d’effectuer des actions commando au moment du débarquement.
Le 6 juin 1944, son avion, un C47, fut touché au-dessus des côtes Normandes et il sauta avec les autres d’une hauteur de 120 mètres.
Il arriva au sol brutalement sur la place d’un village à hauteur de l’entrée de l’église. Sain et sauf mais il avait perdu le contact avec les autres membres de son groupe. Cela ne l’empêcha pas de rejoindre son objectif et de remplir sa mission tout seul. C’est ainsi qu’il mina la centrale électrique de Sainte Marie du Mont et effectua d’autres actions de sabotage.


Après quelques jours, il fut fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Après être passé par plusieurs prisons et avec quelques camarades il réussit à s’évader. Etant monté dans un train, persuadés qu’il se rendait en Pologne ils furent surpris d’arriver à Berlin !
A  nouveau prisonnier, les allemands l’interrogèrent persuadés qu’il était un espion.
Finalement, il se retrouva dans le Stalag 3C en Pologne.
Une nuit on entendit l’artillerie soviétique qui se rapprochait. Beyrle décida de s’évader et la troisième tentative fut la bonne au début janvier 1945.


Après plusieurs semaines de fuite, il tomba nez à nez avec des chars russes. Pour s’identifier, il proposa des cigarettes Lucky Strike et prononça la seule expression russe qu’il connaissait : Amerikansky tovarishch!” (Camarade américain).
L’histoire ne dit pas comment il a réussi à convaincre le commandant du bataillon de chars  Alexandra Grigoryevna ; la seule femme ayant ce grade dans une unité de chars de  l’Armée Rouge.
Une fois reconnu, il proposa avec insistance de combattre avec eux. Admirant sa ténacité on l’incorpora comme tireur de mitrailleuse sur un char Sherman.
Fin janvier 1945, son bataillon libéra le Stalag 3C.
Courant février, il fut blessé au cours d’une attaque aérienne et se retrouva dans un hôpital à Landsberg. Ayant appris ses exploits, le maréchal Joukov décida de lui rendre visite. Beyrle lui fit part de son désir de rentrer le plus vite possible aux Etats Unis et, pour lui faciliter le déplacement, le maréchal lui fit établir un laisser passer.  Grâce à ce document, qui avait tenu compte de ses papiers personnels retrouvés au stalag, il avait retrouvé son identité. Et c’est ainsi qu’il arriva à Moscou où il se rendit immédiatement à l’ambassade des USA.
On lui annonça qu’il avait été déclaré mort le 10 juin 1944 sur le sol français. On avait même fait un office religieux en son honneur et un avis de décès avait été publié dans la presse locale !
 
 
Grâce au laisser passer du maréchal Joukov, il reprit place parmi les vivants !
Rentré aux Etats Unis, il se maria et eut plusieurs enfants…
 
En 1994, Beyrle participa  au 50^ème anniversaire du débarquement en Europe. En 2004, il fut invité à Moscou pour la fête de la victoire.
 
Il mourut le 12 décembre 2004 et a été enterré au cimetière d’Arlington en avril 2005.
 
 
Un de ses fils a été ambassadeur des Etats Unis à Moscou de 2008 à 2012.
 
 Voici un dessin animé (en anglais) qui raconte son histoire.


(Source warhistory Sep 23, 2018 Ruslan Budnik, Guest Author )

Quelle histoire !
Il est surprenant que les Américains n'est pas fait un film de cette aventure hors du commun, et surtout qui se termine bien...

Ce qui est très triste dans cette affaire, est qu'on l'ait déclaré mort.... avec plus de 60 ans d'avance....

Je connaissais l'histoire de Jo Beyrle, mais pas ce dessin animé qui est fort bien fait.
Une trouvaille !
Merci.

Une histoire similaire qu'a connue le "tovarich kapitaine Foch".

 D'étranges similitudes d'ailleurs, car lui aussi a rencontré le maréchal Joukov, aussi après une évasion d'un oflag, et
 a aussi combattu brillamment avec l'Armée rouge.

 Il est passé à Landsberg et Berlin bien évidemment. Elevé au grade de lieutenant colonel, Joukov lui confia l'admiration qu'il avait pour le Maréchal Foch, grand père de ce capitaine français.

J'avais raconté son parcours de 1945, mais aussi en Indochine, dans un autre forum.

Né en 1912, Henry Fournier Foch est décédé le 16 janvier 2006 à Cordon, près de Sallanches (Haute Savoie).