Dès que les troupes allemandes eurent chassé les Britanniques du continent, ceux-ci préparèrent des plans pour y revenir. Mais il faudra attendre la création de la 6ème division aéroportée britannique pour qu’apparaisse la première manifestation concrète de cette ambition.
L’entraînement fut ralenti par le manque d’appareils de transport. Mais les formations de planeurs crurent régulièrement en potentiel jusqu’en novembre 1943, pour atteindre le nombre considérable de quarante, avec les remorqueurs correspondants. Pendant ce temps, les méthodes de mise en œuvre des appareils en formation avaient été considérablement améliorées.
Lors d’études préliminaires, les experts avaient conclu que le parachutage de vastes formations d’infanterie constituait un pari risqué, en raison de l’armement par trop léger de ces hommes face à une éventuelle contre-offensive blindée allemande.
Tandis que du mois de mai on arrivait en juin, la question du temps devint primordiale. Le choix définitif de la date du débarquement devait résulter d’un compromis entre les conditions météorologiques optimales pour l’aviation et pour les navires. Au regard de ces impératifs, le 4 juin fut retenu. Des prévisions météo de dernière minute conduisirent le haut commandement allié à repousser l’opération de vingt-quatre heures. Mais il s’agissait, là aussi, d’un pari. Les services météorologiques de la Luftwaffe avaient considéré la date du 6 juin comme très improbable.
Les parachutistes des 3ème et 4ème brigades devaient être largués au cours des premières heures du jour J au nord-est de Caen, alors que d’autres le seraient autour autour de Carentan. Les planeurs seraient dirigés en direction de ces deux zones. Les points de départ de cette opération se trouvaient le long de la côte anglaise, à l’ouest de New-haven. Les remorqueurs prirent le cap du Havre, atteignirent Rouen et, de là, les formations de planeurs firent route vers Caen. Ceux qui devaient aller à Carentan passèrent au sud-ouest de Weymouth, avant de passer au nord-est des îles Anglo-Normandes. Une fois les planeurs largués, les remorqueurs contournèrent le nord du Cotentin afin d’éviter Cherbourg, puis se dirigèrent vers leurs bases de départ. Tous les appareils utilisés pour ces opérations appartenaient aux n° 38, 46 Transport Groups. Le premier disposait de dix squadrons (quatre équipés d’Armstrong Whit-worth Albemarle, quatre autres de Short Strirling et deux de Handley Page Halifax), le second était doté de cinq squadrons de Douglas Dakota. En tout, les deux formations rassemblaient 423 avions, éaquipés d’un système d’aide à la navigation « Gee » (parfaitement mis au point par le Bomber Command). Ce système, mis en œuvre avec le « Rebecca 2 », un appareil qui signalait la position des balises « Eureka » marquant l’emplacement des troupes aéroportées au sol, assurait les équipages de parvenir exactement aux endroits voulus. Les émetteurs « Eureka » avaient été emportés par les hommes de la 22nd Independent Parachute Company à bord des avions éclaireurs qui indiquaient les zones de largage aux avion de transport. Cette multiplication de précautions permettait d’espérer que les unités soient envoyées au combat selon le plan prévu.
Le départ des avions éclaireurs.
Le 5 juin, la 22nd IPC décolla de Harwell à bord de six Albemarle, à 11h57. Le Squadron Leader Merrick et le Vice-Marshal Hollinghurst l’accompagnaient pour superviser l’ensemble des opérations. Le ciel était clair, la lune diffusait une pâle lueur. Tout semblait se dérouler conformément aux prévisions. Mais, à 0h20 exactement, alors que trois appareils survolaient la zone de largage, une seule équipe arrivait à terre comme prévu. En coutre, toutes les balises destinées au 1st Canadian Parachute Battalion étaient soit endommagées, soit perdues. Les Britanniques estimèrent néanmoins qu’ils disposaient d’assez d’atouts pour ne pas décommander toute l’opération.
Dans le même temps, à 22 heures dans la nuit du 5 au 6 juin, cinq attelages de planeurs avaient décollé et atteint une altitude de 1 525 m dans un ciel nuageux, arrivant en vue des côtes normandes à 0h09 le jour suivant. Cependant leur nombre était réduit à cinq en raison d’une perte au cours du vol. Ils prirent la direction du canal de Caen, où ils firent atterrir des Horsa PF800 à quelques mètres seulement de l’endroit prévu. Heureusement, les poteaux tant craints n’avaient pas été dressés, ce qui facilité l’arrivée des aéroplanes. Toutefois, d’autres atterrissages furent plus rudes. Quoi qu’il en soit, en quelques minutes les hommes étéient prêts au combat, et les Britanniques prirent d’assaut le pont qui leur avait été assigné comme objectif.
L’attaque avait été si soudaine que les défenseurs de l’ouvrage n’avaient guère eu le temps de réagir. Les Britanniques déchargèrent ensuite leurs armes lourdes des planeurs afin de protéger leur nouvelle position d’une contre-attaque allemande. Celle-ci fut menée par trois vieux chars français récupérés par la Wehrmacht. L’un d’eux fut touché et brûla, ava&nt d’exploser avec toutes ses munitions.
Pour le pont sur l’Orne, les planeurs avaient également fait un excellent travail, l’objectif était pris sans bavures et rapidement fortifié. Les sapeurs firent l’étonnante découverte qu’aucun de ces ouvrages n’avait été miné par les Allemands.
Mais les renforts tant attendus n’étaient pas encore arrivés. Les hommes du 7th Light Infantry Battalion du Parachute Regiment avaient « été largués au-delà de leur DZ en raison d’un vent plus fort que prévu. En outre, un certain nombre de parachutistes moururent en cours de chute. Toute la nuit, un clairon sonna l’appel du régiment, à intervalles réguliers, pour rallier les survivants. A 2h15, seuls quatre-vingts des deux cents parachutistes étaient rassemblés, et le commandant installa un feu sur le clocher de Ranville pour qu’il serve à son tour de point de ralliement. A ce moment-là, ces parachutistes harassés reçurent la bonne nouvelle de la prise du pont qu’ils devaient concourir à défendre.
Quelques heures plus tard, les premières vagues d’assaut débarquaient sur les plages normandes, l’ « Invasion » était en route. Elle allait conduire les troupes anglo-américaines jusqu’à Berlin. Mais cette marche vers l’est n’allait pas être une partie de plaisir.
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Sujet: Re: L'opération "Pegasus bridge" Jeu 3 Juin 2021 - 16:51
Le pont de Bénouville pour ceux qui l'ont connu avant qu'il ne devienne ...
Pegasus bridge
Une vidéo de 40 mn environ... réalisée pour National Geographic
Il doit ce surnom à un commando de la 6th Airborne Division (6e division aéroportée britannique) qui portait le nom et l'emblème du Pégase et qui était chargé de sa prise sous les ordres du major John Howard dans la nuit du 5 au 6 juin 1944.
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Sujet: De Gaulle refuse de commémorer le 6 juin 1944 Ven 4 Juin 2021 - 9:08
Faut-il rappeler que De Gaulle refusa mordicus de participer aux diverses commémorations du débarquement en Normandie ?
Alain Peyrefitte (l’air candide) : « Croyez-vous, mon Général, que les Français comprendront que vous ne soyez pas présents aux cérémonies de Normandie ?
Charles-de-Gaulle (sévèrement) : – C’est Pompidou qui vous a demandé de revenir à la charge ? (Je ne cille pas). Eh bien, non ! Ma décision est prise ! La France a été traitée comme un paillasson ! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement.
Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne (il appuie).
Il m’a crié de toute la force de ses poumons : « De Gaulle, dites-vous bien que quand j’aurai à choisir entre vous et Roosevelt, je préférerai toujours Roosevelt ! Quand nous aurons à choisir entre les Français et les Américains, nous préférerons toujours les Américains ! Quand nous aurons à choisir entre le continent et le grand large, nous choisirons toujours le grand large ! » (Il me l’a déjà dit. Ce souvenir est indélébile.)
Faut-il aussi rappeler que les Alliés ne prévinrent pas De Gaulle du débarquement en AFN, le 8 novembre 1942, et que De Gaulle furieux déclara:
Je cite de mémoire " J'espère que les troupes de Vichy vont les foutre dehors. On n'entre pas en France sans prévenir !" Mais 3 jours après il se rattrape car le danger Darlan pointe à Alger. Alors il déclare: " Eh bien, où sont les territoires, les troupes et les groupements qui nous ont quittés pour aller jouir des bienfaits de l'armistice ou des douceurs de l'ordre nouveau ?" Alors qu'il sait très bien que l'Armistice était nécessaire pour sauver ce qui pouvait l'être. Il le dira au général Robert Odic qui rejoint Londres plus tard... mais il ne fallait surtout pas l'avouer...
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Sujet: Re: L'opération "Pegasus bridge" Ven 4 Juin 2021 - 9:33
De Gaulle n'allait pas en Normandie...
Depuis bien d'autres politiques y sont venus, certains avec un comportement inadéquat. C'est par ailleurs devenu une sorte de "grande foire" dont le but mercantile est devenu roi. Ce que je déplore personnellement !
Je me suis souvent rendue sur les plages normandes, mais en dehors de cette période de l'année.
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Sujet: De Gaulle et le 6 juin 1944 Ven 4 Juin 2021 - 10:19
Dire que les Français étaient absents en Normandie le 6 juin 44 était injuste.
C'est oublier le commando Kieffer qui débarqua à Ouistreham, ou encore les bataillons du ciel SAS qui sautèrent, au mois de juin 1944, le 5 à 23h40, pour aider les maquis normands, dont le fameux André Botella né en 1913 à Blida, 1944 Lieutenant de SAS français (1er RCP, Cdt droping zone "SAMWEST" en forêt de Duault, Côtes d'Armor), 1954 Chef de Bataillon (Cdt le 5[/size]e Bataillon de Parachutistes Vietnamiens à Dien Bien Phu), 1956 Lieutenant Colonel et qui fut radié des cadres en 1961 pour désaccord ou encore le Mort pour la France Pierre Marienne (9 décembre 1908, Souk-Ahras - 12 juillet 1944, (Plumelec), capitaine parachutiste SAS des Forces françaises libres. Il commande certaines opérations SAS en Bretagne, participe grandement à la bataille de Saint-Marcel pour ne parler que des PNs, ce "ramassis d'espagnols, maltais et repris de justice, tout juste bons à taper sur des casseroles"
Ce que confirme Roger Belin, secrétaire général du Gouvernement Debré en 1959, où De Gaulle déclare"
"Cette victoire n'est d'ailleurs pas la nôtre. L'action de nos forces, qu'elle fut celle de nos armées ou celle de la Résistance, n'a été d'aucun poids dans le résultat final. Elle n'a pas modifié d'un jour ou même d'une heure le moment de la capitulation allemande. Naturellement, j'ai dit et affirmé le contraire, car il fallait que la France figurât parmi les puissances victorieuses et fût présente à la table des vainqueurs." (Roger Belin, Lorsqu'une République chasse l'autre, 1958-1962. Souvenir d'un témoin, Editions Michalon, 1999, p. 199).
Le sacrifice de ces soldats ne "fut d'aucun poids" à ses yeux mais, en tout cas, il lui a permis d'accéder au pouvoir en 1944, par un coup d'état qui faisait fi de la loi Treveneuc, votée en 1872 après la Commune, et qui prescrit la marche constitutionnelle à suivre en cas d'évènements exceptionnels.
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Sujet: Re: L'opération "Pegasus bridge" Ven 4 Juin 2021 - 10:31
Mais notre forum n'oublie pas le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ou encore les combats précurseurs de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien].
La liste n'est pas exhaustive !
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Monrose
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Sujet: De gaulle et le 6 juin 44 Ven 4 Juin 2021 - 10:33
J'oubliais dans ma liste,( excusez moi du peu !), l'illustre [b]Pierre, Louis, Auguste Bourgoin (parfois écrit Pierre-Louis), né le 4décembre 1907 à Cherchell Algérie Louis_Bourgoin et mort le 11 mai 1970 à Paris, est un officier de l'Armée française de la Libération durant la Seconde Guerre mondiale, compagnon de la Libération et homme politique français.
En Tunisie, capitaine déjà blessé plusieurs fois, son véhicule est attaqué par un avion allemand et son conducteur en perd le contrôle. Bourgoin porte 37 traces de blessures et est amputé du bras droit ; quant à son bras gauche, il porte une fracture du radius et du cubitus et une fracture complète du poignet, ainsi que des blessures multiples par éclats d'obus à la cuisse gauche. Manchot; Commandant SAS, il saute entre le 10 et 11 juin sur St Marcel ( Morbihan) et sa tête mise à prix par Rommel ! et ouvre le défilé du 11 novembre 1944 à la tête du 2 eme RCP.
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Sujet: Re: L'opération "Pegasus bridge" Ven 4 Juin 2021 - 10:53
Le colonel [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]a sa place sur PTLH, il figure parmi les visages défilant sur notre page d'accueil !
Merci d'éviter les liens hypertexte menant à Wikipédia dont les écrits ne sont pas toujours très fiables !
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Lothy-SF Admin
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Sujet: Re: L'opération "Pegasus bridge" Ven 4 Juin 2021 - 15:03
Ce matin, j'ai oublié de préciser que le "coup de projecteur" de ce début juin, en page d'accueil, était consacré au [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] !
Notre forum compte une quantité énorme de sujets, notamment sur la 2e Guerre mondiale, dont beaucoup n'ont peu ou pas été vus.
Je peux le dire sans la moindre vanité, puisque c'est à notre regretté Boss, aidé par quelques contributeurs que nous devons cette bibliothèque hors normes constituée tant sur PTLH que sur PTH...
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