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 La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…

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Paracolo
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Paracolo


Nombre de messages : 19925
Date d'inscription : 08/03/2009

désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Empty
MessageSujet: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeLun 30 Mai 2011 - 2:10

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Les divers posts, mis en ligne ces derniers temps n’ont trouvé que peu d’écho. Alors autant me faire plaisir et vous parler d’un sujet qui me tient à cœur, peu connu et qui, une fois encore, n’intéressera quasiment personne…

Je veux parler de


La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…


…Régions qui de tout temps on fourni un fort contingent aux parachutistes, si ce n’est à la France…


Entre la fin de l'automne 1944 et le début du printemps 1945, l'Alsace et la Moselle sont libérées progressivement, mais contrairement aux autres régions, elle sont, aussi, désannexées, pour retourner de l'administration germano-nazie à la « légalité républicaine », selon les ordonnances du gouvernement du général de Gaulle…. Cela ne se réalisera pas sans peine…

Trois ordonnances régissent le retour de l'administration française:

-l'ordonnance du 15 septembre 1944 sur« le rétablissement de la légalité républicaine ». Elle déclare « nuls et non avenus tous les textes édictés par la puissance occupante» sous réserve de mesures transitoires, et stipule que « la législation en vigueur dans les trois départements à la date du 16 juin 1940 est restée seule applicable et est provisoirement maintenue en vigueur» ;
-l'ordonnance du 29 septembre 1944 portant création d'un commissariat régional de la République à Strasbourg pour le Bas-Rhin et le Haut-Rhin et investissant le préfet de la Moselle des pouvoirs conférés aux commissaires régionaux de la République;
-l'ordonnance du 23 octobre 1944 supprimant la direction générale des services d'Alsace et de Lorraine à compter du 1er octobre 1944.

Ainsi disparaît le trait d'union politico-administratif établi par Bismarck entre l'Alsace et la Lorraine en 1871, avec la création du Reichsland Elsass-Lothringen, union maintenue après 1918 par le commissariat général de la République, remplacé en 1925 par la direction générale des services d'Alsace et de Lorraine.
Les Allemands avaient, en 1940, renoncé à l'ancienne unité administrative en rattachant l'Alsace au pays de Bade et la Moselle au Gau Sarre-Palatinat.

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Ordre de maintien sur place des administrations françaises, durant pendant la contre offensive allemande de janvier 45

Si l'ordonnance du 15 septembre 1944 prescrit le retour à la législation spécifique en vigueur avant la guerre, elle souligne également qu'elle est maintenue provisoirement, ce qu'explicite celle du 29 septembre en chargeant le commissaire régional à Strasbourg et le préfet de la Moselle « de préparer et proposer au gouvernement toutes mesures législatives susceptibles de réaliser l'unité de législation entre les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle et les autres départements ».

Le gouvernement marquait ainsi son intention de poursuivre et d'achever l'unification législative en chantier depuis 1918.

Avant la libération de Strasbourg et de Mulhouse, des voix s'étaient élevées pour souhaiter une unification progressive ou exiger l'assimilation rapide et totale des trois départements.

Le 10 novembre 1944, un débat s'était instauré à l'assemblée consultative, à propos de la création d'une commission spéciale d'Alsace et de Lorraine, telle qu'elle avait existé entre 1919 et 1940 au Parlement; le président de la commission du règlement s'y était vigoureusement opposé, car, selon lui, celle qui avait existé durant l'entre-deux guerres avait consolidé la législation locale et empêché ainsi « l'intégration totale et définitive» des trois départements dans la République française.

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Ex libris dessiné en souvenir de la libération d’Obernai

D'accord sur le fond, l'adjoint au maire et conseiller général de Strasbourg, Marcel-Edmond Naegelen, socialiste, s'était prononcé pour la création de la commission en y voyant le meilleur moyen« pour aboutir le plus rapidement à l'assimilation totale », quitte à étendre à toute la France le statut local des assurances sociales «plus avancé ».

Le communiste Georges Cogniot, intervenant dans le même sens, avait cependant mis en garde contre « la politique peu intelligente» suivie après 1918 dans le domaine linguistique et demandé la reconnaissance de l'emploi du dialecte et de l'allemand littéraire.

Deux mois avant ce débat, le général de Gaulle avait répondu à l'ancien sénateur Joseph Pfleger, qui l'avait interrogé à propos de la législation locale, après la Libération: « Vous pouvez être assuré que le gouvernement n'entreprendra rien dans ce domaine sans l'assentiment de la population. »

A l'assemblée nationale des comités de libération, réunie les 15 et 16 décembre à Paris, le délégué des FFI et du CDL du Bas-Rhin déclare: « En ce qui concerne le prétendu particularisme alsacien, il faut bien dire que les Alsaciens demandent la même législation que celle qui régit toute la France ».
Mais quatre jours plus tard, le manifeste des FFI annonçant la création de l'UNAR (Union alsacienne de rénovation) affirme que celle-ci interviendra pour la défense des droits acquis par la population alsacienne.

Le 28 décembre, les membres du SNI (Syndicat national des instituteurs) réunis à Strasbourg pour la reconstitution de la section du Bas-Rhin demandent « en premier lieu que soient abolies toutes les lois d'exception qui étaient en vigueur en Alsace jusqu'à 1939 et que nos départements soient mis sur un pied d'égalité avec les autres départements ».

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Brassard FFI du Bas Rhin

Après son retour en Alsace, dans sa première lettre pastorale, datée du 14 décembre 1944, mais qui ne sera lue qu'en février 1945 dans les paroisses libérées, l'évêque de Strasbourg, Mgr Ruch, évoque l'ordonnance du 15 septembre 1944 qui prescrit le maintien de la législation en vigueur avant guerre et souligne que, le 22 août 1943 à Alger, le conseil pour les affaires d'Alsace Lorraine avait émis à l'unanimité le vœu que les textes relatifs à l'exercice des différents cultes et au régime confessionnel des écoles restent en vigueur dans les trois départements.

A la mi-février 1945, l'ancien parti catholique se reconstitue par la réunion des deux fractions, l'UPR et l'APNA, sous le sigle PRP (Parti républicain populaire). Dans un communiqué sur« l'organisation politique des milieux chrétiens d'Alsace» le PRP se déclare «résolu à lutter pour la défense et la sauvegarde du patrimoine religieux et moral de notre population ».

Dans un rapport au gouvernement, le commissaire de la République note le 16 janvier 1945 « des signes d'un particularisme alsacien nettement affirmé, sans rapport avec les problèmes confessionnels ou culturels.
Il s'agit d'un état d'esprit répandu plus spécialement dans les milieux résistants et chez certains industriels demeurés sur place ». Cette attitude a trouvé son expression la plus significative au cours d'un repas organisé le 1er janvier, en présence du représentant du préfet, lui-même de l'état-major FFI, qui remit une médaille commémorative au commandant François. Un des chefs de la Résistance développa dans une allocution les trois points suivants:
-les Français « de l'intérieur» ne connaissent pas l'Alsace et ne la comprennent pas;
-l'administration de l'Alsace doit être confiée aux Alsaciens;
- c'est la France qui doit s'aligner sur l'Alsace.

La situation politique d'avant guerre, encore toute proche, hante les esprits, sous le poids des quatre années d'annexion.
Tout le monde est d'accord pour ne pas renouveler les erreurs de la précédente désannexion et éviter les turbulences qu'elles ont engendrées, mais les opinions divergent sur la voie à suivre. Les uns se prononcent pour le maintien du statu quo d'avant 1940, du moins jusqu'aux élections, les autres souhaitent profiter de la « table rase» et de l'ambiance de la délivrance pour engager sans tarder l'unification législative.
Le commissaire de la République s'était prononcé, dès le 16 janvier 1944, pour la première solution, dans une« note relative à la politique gouvernementale en Alsace », mais le ministre de l'Intérieur, Adrien Tixier, l'incitera à entreprendre l'unification législative.

Entre les deux, le commissaire de la République en mission extraordinaire, Geoffroy de Courcel, membre du cabinet du général de Gaulle, chargé de la coordination entre l'Alsace et la Moselle, est avant tout préoccupé de la recomposition des forces politiques en Alsace, c'est-à-dire de la résurgence des partis locaux, particularistes, avec le risque de déviance autonomiste.
Préoccupation que partagent Charles Blondel et Adrien Tixier. Le cabinet du général de Gaulle qui s'inquiète d'une éventuelle reconstitution de l'UPR,« ordonne », selon l'ordre de mission barré de tricolore délivré au délégué général et au secrétaire général du MRP, André Colin et Robert Bichet, de se rendre en Alsace pour étudier la situation politique.

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La légalité républicaine se remet en place :
De Gaulle arrive, le 5 octobre 1945, à l’université de Strasbourg

Coïncidence et difficultés de communication: l'ordre de mission délivré par le cabinet du général de Gaulle est daté du 1er mars 1945; or, la veille, à Strasbourg, l'assemblée constitutive du PRP avait «décidé l'affiliation à un parti ou un mouvement national ».

Le conseiller d'Etat, Charles Blondel, membre du Comité général d'études, qui, dans la clandestinité, avait préparé les projets d'après guerre, connaissait les questions d'Alsace. De 1928 à 1931, il avait été chef de cabinet du « ministre alsacien », Alfred Oberkirch, et avait suivi jusqu'en 1939, au Conseil d'Etat, les affaires du statut local. Proche du parti démocrate populaire, il avait des relations avec les deux fractions du parti catholique d'Alsace, l'UPR et l'APNA, qu'à Paris on souhaitait intégrer dans un parti national.

A la préfecture du Bas-Rhin est nommé l'ancien directeur du port autonome de Strasbourg, Gaston Haelling, protestant, et à celle du Haut-Rhin, l'avocat strasbourgeois Jacques Fonlupt-Espéraber, secrétaire général du commissariat général après 1918.
La nomination de ce dernier à la préfecture du Bas-Rhin s'était heurtée à l'opposition du maire Charles Frey, qu'il avait contribué à battre aux élections législatives de 1936 dans l'arrondissement de Strasbourg-campagne, au profit du candidat communiste, et ses « antécédents politiques» lui ont valu un accueil mitigé de la part de l'état-major FFI du Haut-Rhin.
D'un commun accord, commissaire de la République et préfets avaient décidé de rejoindre l'Alsace avec le strict minimum de collaborateurs pour s'entourer sur place de personnes ayant vécu l'annexion. Une équipe d'officiers originaires de la région, dite de liaison administrative, avait la charge d'administrer provisoirement, en liaison avec l'armée et les préfets, les arrondissements libérés.

La situation en Alsace est bien différente de celle qui a marqué la Libération dans les départements de « l'intérieur ».
Pas de mouvements de résistance, parfois rivaux, pas de CDL (comités de libération), l'état-major FFI représentant, dans chacun des deux départements, la Résistance.
L'intrusion de mouvements tels le MLN (Mouvement de libération nationale, de tendance socialiste) et le Front national, communiste est rejetée.

La «proclamation» d'un comité de libération du Bas-Rhin, présidé par Jean de Müllenheim, au nom du groupe Erckmann-Chatrian des Vosges, publiée dans le premier numéro de L'Alsace libérée, le 29 novembre, apprend aux FFI d'ici l'existence de tels comités et leur statut officiel; elle est énergiquement condamnée comme une manœuvre de division ourdie par des «revenants ».

Dans ses rapports au gouvernement, Charles Blondel signale, les 5 et 14 décembre, « l'hostilité marquée, au moins chez les chefs de la Résistance, à l'égard de ceux qui, repliés en 1939, ne sont pas revenus en 1940 et la réserve de l'opinion publique, en ce qui concerne tous ceux qui arrivent de l'intérieur, fonctionnaires, hommes politiques, mouvements et partis ».
Sont visés, entre autres, le maire de Strasbourg et ses adjoints restés à Périgueux.

Autre opposition qui faillit dégénérer en affrontement: la revendication du parti communiste d'être représenté à l'état-major FFI, en menaçant de créer des groupes de FTP (Francs-Tireurs et Partisans) pour imposer sa présence dans la représentation de la Résistance.

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Affiche pour le vote des jeunes…
…En ces temps là, on avait le droit d’aller se faire tuer par l’allemand, le viet ou le fellagha, mais pas de voter avant 21 ans…

Un CDL départemental provisoire de dix membres est constitué hâtivement vers la mi-décembre, pour participer à Paris à l'assemblée des CDL organisée par le Conseil national de la Résistance.
Le 26 janvier 1945, le préfet peut installer le CDL définitif de vingt-trois membres à majorité UNAR (Union alsacienne de rénovation, expression politique des FFI); celui du Haut-Rhin, de vingt-six membres, ne sera mis en place qu'en mars à la suite d'escarmouches avec le préfet Fonlupt-Espéraber.

L'avis du CDL est nécessaire pour la reconstruction des conseils municipaux et généraux. Au conseil municipal de Strasbourg, le quorum n'est plus atteint par suite de décès et de l'éviction des élus de l'alliance autonomiste, dont l'un, Karl Roos, a été fusillé en février 1940 et l'autre, Charles Hueber, maire de 1929 à 1935, est mort en 1943.

Des trente-six conseillers élus en 1935, dix-neuf sont à remplacer. Commissaire de la République et préfet sont amenés à négocier et à arbitrer entre les exclusives des uns et les exigences des autres et à faire la sourde oreille aux interventions du ministre de l'Intérieur qui voudrait renforcer la présence socialiste, voire assurer à ce parti la majorité.

Après des semaines de tiraillement, le conseil reconstitué est installé solennellement avec, d'une part, huit membres du parti démocrate, sept socialistes et six PRP (MRP) formant l'ancienne majorité du maire Charles Frey, et, d'autre part, sept membres du nouveau parti UNAR, cinq communistes, un radical-socialiste, un MLN et un rescapé de la coalition autonomiste, Camille Dahlet.

La reparution des journaux d'avant guerre se heurte à une vive opposition de la part de l'état-major FFI, qui, avec l'appui du général Schwartz, gouverneur provisoire, veut préserver le monopole de L'Alsace libérée, « Bulletin départemental d'information », au nom de l'union de la Résistance, pour l'ordre public, et par méfiance envers la presse des partis politiques.
La distribution d'un numéro pirate de l'organe communiste renforce cette prévention.

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Or, le commissaire de la République ne peut qu'appliquer l'ordonnance du 22 juin 1944, qui autorise de plein droit à paraître, dès le jour de la libération, les journaux ayant suspendu leur publication dans les quinze jours qui ont suivi l'armistice en zone nord et dans les quinze jours qui ont suivi le 11 novembre 1942, en zone sud, date de invasion par la Wehrmacht.
Les quotidiens alsaciens remplissent cette condition et, légalement, il est impossible de s'opposer à leur reparution.

Une seule imprimerie, celle des Dernières Nouvelles de Strasbourg, est disponible, en attendant la remise en état de celle de L'Alsacien, et le courant électrique est distribué par à-coups. A côté des obstacles matériels, d'autres points doivent être éclaircis :
- Tous les journaux ne montrent pas le même empressement; au commissariat de la République, on souhaite une solution d'ensemble pour éviter ce qui pourrait paraître une discrimination.
- Les responsables doivent être instruits des modifications apportées à la loi fondamentale du 29 juillet 1881, notamment par l'ordonnance du 26 août 1944, qui remplace le « gérant », homme de paille de l'ancienne presse, par un directeur responsable, et l'ordonnance du 6 mai 1944 qui modifie plusieurs articles réprimant l'injure, la diffamation, les provocations, les fausses nouvelles.
- Se pose également la question des titres en allemand. Les Strassburger Neueste Nachrichten, confisquées par les nazis et ayant paru sous l'annexion, ne peuvent pas continuer sous ce titre. On affirme même au commissariat de la République que le propriétaire, Aristide Quillet, aurait été indemnisé par les Allemands, ce qui est une invention ... malveillante.

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Charles Blondel impose à tous les journaux paraissant en langue allemande - ce qui, alors, représente 80 à 90 % du tirage total -, un titre en français.

Naegelen souhaite que l'organe socialiste Freie Presse reparaisse en tant que Populaire d'Alsace ou du Bas-Rhin, ce qui aurait créé un précédent fâcheux, d'autres journaux parisiens manifestant le même souhait, par exemple L'Aube, organe national du MRP.

Après plusieurs réunions avec les anciens ou les nouveaux responsables, sept quotidiens reparaissent ou paraissent à partir du 21 décembre 1944 à Strasbourg:

- Cinq d'avant guerre: Les Dernières Nouvelles d'Alsace (et non plus de Strasbourg), Le Nouvel Alsacien, catholique (anciennement L'Elsdsser-L'Alsacien), La Presse Libre, socialiste (ex Freie Presse), L'Humanité d'Alsace et de Lorraine, communiste, et le Journal d'Alsace et de Lorraine, républicain indépendant, seul quotidien exclusivement en langue française.
- Deux nouveaux quotidiens: l'autorisation de paraître est confirmée pour L'Alsace libérée et est accordée, par une interprétation très large de l'ordonnance du 22 juin 1944, à L'Echo de l'Est, se référant à la feuille clandestine Le courrier d'Alsace et de Lorraine.
Le tirage est limité à 11 500 exemplaires le premier mois, puis à 20 000 jusqu'au15 mai 1945, sur une seule feuille, avec des interruptions de un ou deux jours selon les fournitures de courant, et une distribution aléatoire hors de la ville.

La situation est différente dans le Haut-Rhin. Préparée par une équipe clandestine du Mülhauser Tagblatt (quotidien également confisqué par les nazis), L'Alsace, «quotidien du Haut-Rhin libéré », sort, le 24 novembre 1944, au lendemain de la libération de Mulhouse. Suivra, le 2 janvier 1945, le quotidien socialiste Le Républicain du Haut-Rhin, puis les Dernières Nouvelles de Colmar, le 20 février, ces deux quotidiens pouvant reparaître de plein droit.

Sans consulter le commissaire de la République, le préfet autorise en accord direct avec le ministre de l'Information, P.-H. Teitgen, son gendre, deux nouveaux quotidiens, Le Nouveau Français à Colmar, le 20 février, et La Tribune de Mulhouse, le 20 mars, tous deux démocrates-chrétiens, mais refuse l'autorisation à un quotidien communiste.

A cette date, l'Alsace est pourvue de douze quotidiens auxquels s'ajoutera, fin avril 1945, un treizième, Le Nouveau Journal de Strasbourg du parti démocrate, dont Charles Frey avait demandé la reparution en décembre, avant de l'ajourner au printemps 1945.

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En Lorraine, Le Républicain Lorrain créé en juin1919 sous le nom de Metzer Freies Journal, sous-titré Le Lorrain républicain, reparaît le 1er février 1945
Une profusion de titres, naît dans des circonstances politiques troubles et dans un contexte économique difficile pour la presse, lié notamment à une pénurie prononcée de papier.
Les journaux des partis politiques et les petits titres n’étant pas parvenus à atteindre une taille minimale efficiente vont assez rapidement disparaître. Ce sera notamment le cas du Messin (disparu en 1946), de L’Eclair de L’Est (disparu en 1949)
S’étant sabordé en juin 1940, L’Est Eclair est autorisé à reparaître à la Libération.
Deux journaux en langue allemande vont également voir le jour : France Journal qui est en fait une traduction du Républicain Lorrain, qui cessera de paraître dans les années 80 et Le courrier de l'Est

La remise en route de l'administration ne souffre pas seulement, les premiers mois, des fluctuations du front et des difficultés des moyens de communication avec Paris et entre Strasbourg et Mulhouse où Jacques Fonlupt-Espéraber profite de son isolement, mais également de l'absence ou d'une présence éclair de nombreux fonctionnaires ayant un pouvoir de décision, absentéisme qui s'aggrave lors de la crise du début janvier 1945.

Beaucoup de chefs de service arrivent seuls ou presque et repartent pour Paris au bout de quelques jours, n'en revenant que longtemps après; d'autres ne rejoignent pas leur poste ou se font aussitôt rappeler à Paris par leur ministre; les directeurs régionaux ou départementaux de services importants pour la remise en route de la vie économique sont absents, signale le commissaire de la République à plusieurs reprises dans ses rapports au gouvernement.

Sur cette situation peu assurée pèse également l'hypothèque monétaire. Le 15 novembre 1944, le gouvernement avait fixé par ordonnance le taux de change du Reichsmark (RM) à 15 francs, taux appliqué à la mi-septembre par les autorités militaires alliées, avec l'accord du ministre des Finances, dans la première partie libérée du département de la Moselle.
Dans une note remise le 16 septembre au gouvernement, le commissaire de la République pour l'Alsace s'était prononcé pour le taux de 20 F, en rappelant le précédent, généreux, de 1918, quand le RM déprécié à 60 centimes avait été échangé à 1,25 F.

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Affiche de Hansi en 1945…
…En réponse à l’affiche allemande de 40 (reprise en haut à gauche)

Pendant quatre mois, deux moyens de paiement coexistent avec cours légal: les RM en possession de la population sur place, et les francs détenus par les militaires, français et alliés, et les fonctionnaires venus de l'intérieur.

A cause des opérations militaires et de l'interdiction de circuler, l'Alsace Moselle vit en vase clos. Les prix des produits et des services restent soumis à la réglementation édictée le 15 novembre 1944 par le Gauleiter Wagner - dont l'ordonnance a été prise le même jour que celle du gouvernement français pour le taux de change.

Commerçants et producteurs anticipent l'échange officiel, retardé par les fluctuations militaires, en vendant de préférence, avec des rabais importants, à ceux qui s'acquittent en monnaie française.

Les collectes à la campagne pour le ravitaillement diminuent sensiblement et ce mal est aggravé par les achats des militaires, américains et français, qui préfèrent les produits frais à leurs rations de conserves.

L'annonce, inopportune, d'une enquête sur les profits illicites provenant de la collaboration et de leur confiscation ainsi que l'espoir d'un relèvement du taux de change de 15 à 20 F encouragent la rétention de marchandises et renforcent la spéculation. Les prix fixés en RM, nettement inférieurs au niveau français, font craindre aux commerçants des difficultés d'approvisionnement.

Les avertissements des autorités restent sans effet; le blocage des prix ne peut être contrôlé par manque de personnel qualifié et la menace de réquisition des magasins qui resteraient fermés sans motif valable n'est pas exécutée.

Dans son rapport du 14 décembre, le commissaire de la République signale au gouvernement qu'une large fraction de l'opinion alsacienne, notamment les chefs de la Résistance et certains élus, réclame énergiquement le taux de 20 F par RM, trouvant injustifiée et économiquement mauvaise la diminution du pouvoir d'achat résultant du taux de 15 F.
Il serait politiquement et économiquement désirable, insiste Charles Blondel, de valoriser au taux de 20 F une certaine somme allant, au moins, jusqu'à 500 RM par personne.

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Tickets de rationnement de l’après guerre

Ironie de l'histoire et parallèle intéressant: en 1940, le Gauleiter Wagner s'était trouvé dans la même situation face au gouvernement de Berlin.
Le taux de change avait été fixé, dès l'arrivée de la Wehrmacht, à un RM pour 20 F.
A plusieurs reprises, Wagner avait insisté pour un échange nettement plus favorable, à un RM pour 10 F. «Le peuple alsacien se sent d'autant plus trompé, écrivait-il encore en septembre 1941, qu'en 1918 les Français ont échangé le RM déjà fortement dévalué à sa valeur-or ancienne» et jusqu'au début de 1943, il continuera à demander, en vain, des compensations.

Coïncidant avec l'arrêté du commissaire de la République fixant la nouvelle réglementation des prix, des salaires, des allocations familiales, des services et des loyers en monnaie française, l'échange officiel a lieu du 11 au 21 mars 1945.
Cette réglementation qui remplace l'ordonnance allemande du 15 novembre 1944, tend à établir un équilibre économique aussi voisin que possible de celui de l'intérieur.
Le 22 mars 1945, la monnaie allemande cesse d'avoir cours légal et pouvoir libératoire.
Après l'annexion de 1940, le régime transitoire, c'est-à-dire la circulation simultanée des francs et des RM, avait pris fin le 1er mai 1941.

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Billet de 50RM avec alsacienne et cathédrale de Strasbourg

500 RM au taux de 15 F sont échangés, par déposant, complétés de 150 RM pour le conjoint et chaque enfant mineur.

Petite concession de dernière heure: jusqu'à concurrence de 200 RM par déposant et de 100 RM pour chaque membre de la famille, l'échange se fait à 20 F.
Le surplus des RM déposés est disponible dans un délai de trois mois.

Dans les arrondissements de Wissembourg et de Haguenau et une dizaine de communes de l'arrondissement de Saverne, l'opération a lieu du 16 au 26 avril.

Quelques semaines plus tard, du 4 au 17 juin 1945, on procédera dans l'ensemble de la France, sans blocage ni contrôle, à l'échange des vieux billets contre des coupures toutes fraîches.

Selon le bilan établi au 31 décembre 1945 par la délégation aux finances, 880,7 millions de RM ont été déposés en Alsace (dont 62 % dans le Bas-Rhin) pour une contre-valeur de 13,2 milliards de F. 62,5 millions de RM, soit 7 % de l'ensemble déposé, font l'objet d'une enquête, mais seulement 4,2 millions ne sont pas couverts en francs (0,04 % du total), somme qui, théoriquement, représentait des profits illicites.

Pour les trois départements, la délégation des finances établit le coût total de la conversion monétaire à la charge du Trésor français à 31,4 milliards de F, dont 58 % pour l'Alsace.

Au début de mars 1945, un service spécial de l'armée américaine procède en Alsace à trois enquêtes effectuées par des officiers des Civil Affairs :
- Une enquête d'ordre politique sur l'état d'esprit de la population et ses réactions à propos des divers problèmes, administratifs, politiques et sociaux;
- Une autre d'ordre économique sur l'état des stocks et des usines,
- La troisième sur la situation du ravitaillement et les besoins de la population.

Si les Américains justifient les enquêtes économiques par leur souci d'assurer le ravitaillement des déportés et prisonniers qui vont revenir d'Allemagne et évaluer les besoins globaux de l'ensemble des populations, aucune explication n'est fournie au sujet de l'enquête d'ordre politique« qui paraît inadmissible, voire même inquiétante dans la mesure où elle serait la manifestation d'arrière-pensées touchant l'organisation politique future de la région rhénane », écrit le commissaire de la République au gouvernement.

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Dès le 15 août 1940 des timbres allemands au type "Hindenburg" surchargés Elsab (Alsace) et "Lothringen" (Lorraine) sont vendus en Alsace et en Moselle

Des rumeurs sur la création d'une «Lotharingie» autonome, alimentées, semble-t-il à tort, par le député colmarien Joseph Rossé lors de ses visites à Vichy, avaient couru dans les années 1942-1943.
Lors de ses entretiens avec Churchill en mars 1943 à Washington, le président Roosevelt, se préoccupant de l'avenir de la Belgique, avait évoqué la constitution d'un Etat nouveau comprenant la Wallonie, le Luxembourg, l'Alsace-Lorraine et une partie du nord de la France.

Churchill se prononçant contre un tel projet, le président américain y avait renoncé, rapporte Anthony Eden, ministre des Affaires étrangères, dans ses Mémoires.
Cette enquête américaine n'est peut-être pas tout à fait innocente à ce tournant de la guerre, si l'on tient compte des revendications présentées aux trois Grands par le général de Gaulle, à propos de la Rhénanie.

La réintroduction de la langue française

Dans les régions libérées, les journaux réapparaissent rapidement et en langue française, c'est le cas de L'Alsace à Mulhouse, L'Alsace libérée à Strasbourg, Le Savernois libéré à Saverne, etc. Très vite cependant des éditions bilingues voient le jour car on n'efface pas d'un trait de plume quatre ans et demi d'une occupation sévère où il est strictement interdit de parler français sous peine de faire un séjour au camp de Schirmeck.

Au plus fort de l'annexion, il y eut des Alsaciens-Lorrains n'hésitèrent pas à tenir des correspondances entièrement en langue française, faisant ainsi acte de résistance à la nazification des trois départements.

En 1945, dans les mairies, le personnel municipal doit faire des effort tout particuliers du jour au lendemain pour rédiger les actes et documents officiels dans un français d'abord hésitant.

Dans maintes mairies, on rédigera encore en allemand plusieurs jours après la Libération.

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Mieux deux ans plus tard on trouve encore de ci, de là, des délibérations de conseil municipal rédigées en langue allemande.

La reprise de l'enseignement français est chaotique. Prenons ici un exemple de scolarité perturbée concernant les enfants natifs de 1930

Ceux-ci ont fréquenté l'école française de 1936 à 1940, soit de six à dix ans. En automne 1940, les mêmes doivent fréquenter l'école allemande jusqu'en 1944.
Au moment de «sortir» de l'école, ces enfants auront accompli quatre ans de français et quatre autres années d'allemand, c'est-à-dire qu'à la Libération leur base est incertaine dans les deux langues.

Et que dire de ceux qui, comme mes grands parents maternels, nés environ trente ans après l’annexion de 1870, ne connurent la langue française qu’en fin 1918, pour retomber dans cette annexion en 40 :
Dès avant le rattachement du Duché de Lorraine à la France, une francisation par l'administration ducale avait eu lieu, renforcée après la Révolution française et au XIXe siècle jusqu'en 1870.
En 1918, le retour à la France avait réactivé l'assimilation…
…En 1940, l'annexion nazie avec ses brutalités et ses dénis de justice a préparé le renforcement de cette assimilation après 1945 en identifiant, dans les esprits, allemand et nazi.
En 1945, l'enseignement de l'allemand fut supprimé à l'école primaire et l'atmosphère était encore plus lourde qu'en Alsace, car le département de la Moselle avait encore été traité plus durement par les nazis.
Aussi, dès mai 1945, le ministère de l'Education nationale lance un appel diffusé dans tous les établissements d'enseignement de la France avec le titre ci-après: « Des livres français pour les enfants d'Alsace et de Lorraine ».

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Affranchissement mixte

L'appel est entendu; il en vient de toutes les régions…
Tel manuel d'arithmétique pour classe de 5e venant d'une élève de Sens dans l'Yonne, porte l'inscription manuscrite: « En souvenir d'une petite Française », ou une autre arithmétique pour classe de 4e et 3e qui porte le cachet « Lycée d'Orléans », ou encore tel livre de lectures dirigées pour classe de 3e qui porte une inscription anonyme: « A un camarade d'Alsace », ou enfin tel ouvrage d'explications françaises portant le cachet: « Jeunes Filles Patriotes, Béziers ».

Pêle-mêle, des ouvrages de toutes les disciplines arrivent dans les établissements scolaires d'Alsace et de Lorraine.
Mais ce sont les livres de français qui dominent de beaucoup, depuis les Leçons Illustrées de Français de 1911 en passant par les cours de Langue Française de 1925 jusqu'au Vocabulaire de 1932.
Dès le 13 septembre 1945 (Journal Officiel du 16), une ordonnance du gouvernement provisoire signée de Gaulle, chef du gouvernement; Soustelle, ministre de l'Information; Tixier, ministre de l'Intérieur, réglemente la presse dans le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle.

Toute publication bilingue doit contenir une proportion de textes en langue française d'au moins 25 %.
Le titre des journaux, les mentions figurant de chaque côté du titre de même que les titres développés sur plus de la moitié de la largeur du journal doivent être en français.
Tout texte publicitaire et les communiqués d'état civil doivent aussi être publiés en français. Les rubriques sportives et les rubriques destinées à la jeunesse doivent obligatoirement être publiées en langue française.
Et l'ordonnance d'indiquer que tout journal qui contreviendra aux dispositions ci-dessus se verra infliger une amende de 10000 F.

D'aucuns avancent qu'il s'agit d'une loi d'exception portant atteinte à la liberté de la presse mais elle ne soulève pas de vagues.
Dans les faits, profitant de son discrédit, il s'agit d'éradiquer l'allemand, d'interdire toute publication qui ayant paru après le 16 juin 1940 a poursuivi un but de propagande en faveur de l'ennemi ou contre la France mais surtout d'assimiler rapidement la jeunesse alsacienne avec celle de « l'intérieur ».

Au même moment, un slogan affiché dans les lieux publics est en vogue: « Il est chic de parler français ».
A cette époque, il n'apparaît pas que délaisser le parler alsacien comporte un danger de perte d'identité culturelle.
Le rejet des déclarations d'Edouard Herriot, chef du gouvernement en 1924, qui avait tenté une assimilation, est oublié ...

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Dehors !... Une autre affiche

On se prend à rêver, en se remémorant tout ce qui fut imposé à une population qui n’était certes pas responsable des « abandons » de la France depuis 1870, à notre époque où nous voyons fleurir des frontons de banques, des notes de l’éducation Nationale, des notices dans les bureaux de poste rédigés en arabe…

…Mais les Alsaciens Lorrains, eux, n’avaient sans doute pas droit à la discrimination positive…


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Manta210

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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeJeu 21 Juil 2011 - 9:52

Bonjour,

Juste pour te démontrer que tu as au moins un lecteur attentif...

Le 2 mars 1941,à Koufra,Leclerc fait lever les couleurs et dit:
"Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs,nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg!"

Le 23 novembre 1944 à 10H30 au QG du Général Leclerc,un motocycliste trempé par la pluie remet un papier au Général:
"Tissu est dans iode" (tissu=c'est le sous-groupement commandé par Rouvillois et "iode"=c'est la ville de Strasbourg.)
Le serment de Koufra a été respecté à la lettre!

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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeJeu 21 Juil 2011 - 10:12

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S'il n'en reste qu'un... Chantait Eddy Mitchell....

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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeVen 17 Fév 2023 - 17:05

Non Paracolo, il y en a au moins deux...

En passant par la Lorraine... Mais du côté de la Moselle...
J’ai vécu beaucoup de particularités dans les années qui ont suivies la Libération. J’ai envie d’en évoquer quelques-unes…

L’article de Paracolo reprend bien tous les méandres juridiques qui ont marqué ce petit pays. Il donne aussi une idée des habitudes prises par une population bercée de couleurs et d’accents germaniques.
Concrètement un « Français de l’intérieur » a du mal à l’imaginer. Le sort de certains lieux proches d’une frontière a-t-il été similaire à d’autres endroits en France ? Même si, dans certaines régions, la proximité de l’Italie a provoqué quelques « désordres » à l’occasion des conflits, je ne pense pas que l’on puisse faire la comparaison.
Je ne parlerai pas de l’Alsace. Elle a ses propres caractéristiques bien originales et le Rhin n’y est pas étranger.
La Moselle, avait ses particularités mais ne donnait pas une image aussi « tranchée ». Pas de frontière naturelle, rien qu’une ligne théorique qui court à travers la campagne et au contraire des liens familiaux de part et d’autre quand on habite à proximité.
Il faut dire que la défaite de 1870 n’a pas arrangé les choses… Quarante-huit ans de régime germanique ! Ce pays était devenu Allemand.
Ma grand-mère essayait de communiquer avec moi par gestes accompagnés de quelques bribes de français. Heureusement, j’ai fini par apprendre le patois et les choses se sont arrangées. Ce patois étant un mélange d’allemand et de français déformé (peu de liens avec le patois alsacien). Le Républicain Lorrain paraissait en français mais il y avait une édition en allemand dans la région située au bord de la frontière.
Les cours de religion au collège étaient obligatoires. Notre « abbé-enseignant » était sympathique mais avec les classes de seconde et de première, il était un peu dépassé…
Nous avions beaucoup hérité du passé avec ces deux occupations successives : 1870-1918 et 1940-1945.
Mes deux grands-pères ont porté le casque à pointe. Mon père mobilisé au 3ème Génie a été blessé lors de l’offensive allemande de juin 1940. Son frère fou de rage a été fait prisonnier avec sa batterie anti-char car il n’avait plus de munitions. Il a obtenu la croix de guerre pour avoir résisté jusqu’au bout… Tous les deux ont été libérés comme mosellans et sont rentrés dans un pays géré par les Allemands. Mobilisés en 1943 pour se rendre sur le front de l’est, ils sont parti avec « femme et enfants » se réfugier clandestinement dans le Nord…
Allez expliquer tout ça à quelqu’un de « l’intérieur », pensez-vous qu’il comprendra ? Il se posera toujours la question : comment peut-on être en même temps Allemand et Français ?
Je peux lui répondre : mon grand-père même avec sa croix de fer était Français !
Quant à ma grand-mère elle haïssait les « Boches » …
C’est le genre d’histoire que je raconterais bien à ceux qui viennent chez nous et qui piétinent le drapeau Français…

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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeVen 17 Fév 2023 - 17:43

Merci pour ce témoignage Brelan !

Notre Boss, avec qui j'ai longuement discuté hors forum de ce qu'avait vécu sa chère Moselle, n'a pas osé tout dire dans ce sujet, craignant qu'on le taxe de parti pris....

Je sais que vous assez nombreux sur ce forum à venir de cette belle région.

C'est la raison pour laquelle je me suis permis ce "petit" rappel !

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Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.
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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeVen 17 Fév 2023 - 20:49

Merci Brelan, encore un excellent rappel !
Au fait comment on dit Brelan chez les Teutons ?
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Brelan
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MessageSujet: Re: La désannexion de l’Alsace et de la Moselle…   désannexion - La désannexion de l’Alsace et de la Moselle… Icon_minitimeVen 17 Fév 2023 - 20:58

En allemand c'est "Dreier".
Mais je n'ai jamais joué avec eux !
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