Novembre 51 février 52...Hoa Binh en pays Muong

Au début de l'hiver 1950, le commandement français avait la certitude qu'après plusieurs échecs notamment Cao Bang et devant Nghia Lo, le général Giap se proposait d'infiltrer les trois quarts de son corps de bataillon dans le Delta. Le général de Lattre. résolut de prendre les devants et d'obliger l'adversaire à se battre sur un terrain  bien choisi : la région d'Hoa Binh, sur la rivière Noire.
L'appât serait suffisamment tentant, car l'occupation de ce secteur compliquerait les communications ennemies entre le nord du Tonkin, limitrophe de la Chine, et les provinces du Than Hoa et de Vinh, grenier à riz de l'armée Viêt-minh. L'opération pouvait également apparaître comme le prélude à une extension de notre présence sur ces deux provinces, extension qui exigerait une aide accrue de la métropole et des Etats-Unis. En outre, l'aventure était d'une prudente audace, l'objectif se trouvant à une vingtaine de kilomètres du Delta et si proche d'Hanoi qu'une intervention aérienne n'exigerait guère qu'un délai d'un quart d'heure entre la demande et l'apparition des appareils au-dessus de l'objectif.


Hoa Binh, centre du pays Muong, avait été détruite par le Viêt-minh. Installée dans une boucle de la rivière Noire, elle est dominée à l'ouest par des hauteurs culminant à 800 m, couvertes de végétation. Une rivière et un belvédère forment la limite sud de la position. Celle-ci s'étend vers le nord sur trois kilomètres, au-delà desquels la vallée de la rivière Noire se resserre, sur les monts du Nui Vien Nam (1 031 m) et du Bavi (1 281 m) à l'est. Une piste d'atterrissage, longue de 800 m à peine, bute à son extrémité sud contre le belvédère, de sorte qu'on ne peut décoller que dans le sens sud-nord. D'un charme quasi polynésien, l'endroit « jouit » de la réputation non usurpée de coin le plus malsain d'Indochine à cause d'un paludisme exigeant les plus strictes précautions sanitaires.
De toute éternité, le moyen naturel d'accès à ce petit « paradis • est la navigation sur la rivière Noire. Nos barges à fond plat (LCVP et LCM*) s'y déplacent sans difficulté. Le commandement confie la garde de la voie fluviale à cinq bataillons et édifie sept points d'appui, dont deux, La Phu et Tu Vu, forment tête de pont sur la rive ouest. En face de Tu Vu, un point d'appui presque jumeau s'accroche au rocher Notre-Dame.
Quatre bataillons et un sous-groupement blindé ont la charge
de la portion de la route coloniale 6 (RC6) qui, de Mo Thon à Xom Pheo, traverse la montagne.



Le 14 novembre les parachutistes (1er BPC, 2e BPC et 7e BPC) sautent sur Hoa Binh, vide de combattants et d'habitants. Un groupement Nord parvient à Ap Da Chong, le groupement Sud, aux ordres du colonel de Bollardière, progresse par la RC6. Quelques accrochages nous coûtent huit morts et neuf blessés. Le 19 novembre, à Hoa Binh, le général de Lattre passe les troupes en revue. C'est sa dernière prise d'armes. Le surlendemain, le 1er BPC quitte Hoa Binh et va s'installer à Ap Da Chong. La première réaction ennemie se produit le 2 décembre sur la RC6 ; un convoi d'une quarantaine de véhicules tombe dans une embuscade dans la clairière de Dong Ben et perd la moitié de ses camions et les mitrailleuses de l'escorte.
On renonce alors aux gros convois au profit d'un courant continu de véhicules isolés... jusqu'au jour où la route sera coupée.
Mais c'est dans le secteur de la rivière Noire que les choses sérieuses vont commencer. Deux régiments viêts de la division 312 franchissent la rivière de nuit au sud de Tu Vu et disparaissent dans le Bavi……

LCVP: Landing Craft Vehicle and  Personal. Barge pouvant  embarquer une jeep ou une section d’infanterie.
LCM : Landing Craft Mechanized. Barge à  font plat pouvant embarquer un char lourd ou une compagnie de combat.  

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C'est drôle, un ami vient de me proposer aujourd'hui, suite au suicide du colonel Jambon, de rencontrer le responsable de Muongs de Paris...

Paracolo a écrit:

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C'est drôle, un ami vient de me proposer aujourd'hui, suite au suicide du colonel Jambon, de rencontrer le responsable de Muongs de Paris...

Excuses mon inculture, mais qui est le colonel Jambon???

….Nous n'avons rien vu, rien entendu, mais ayant appris que l'ennemi médite un mauvais coup contre Tu Vu, nous prenons les devants. Le groupement mobile, GM4, « attaque le terrain », c'est-à-dire pénètre dans le Bavi, couvert au nord par les parachutistes du 1er BPC. Mais seuls ces derniers progressent selon l'horaire prévu. Ils se trouvent ainsi sans couverture sur leur flanc sud et la 2e compagnie du capitaine Carrier tombe inopinément sur le régiment viêt 209 dans la cuvette de Xom Sui. Le combat est terrible. Le capitaine est tué, la moitié de la compagnie disparaît - le lendemain on retrouvera horriblement mêlés les cadavres français et viêts. Le bilan est lourd : le 1er BPC compte 102 tués et disparus. Fluides et mobiles, se déplaçant en brousse avec une stupéfiante rapidité, nous épiant sans se dévoiler, les Viêts renouvellent ces attaques réalisant le nec plus ultra de l'art militaire : malgré une infériorité numérique globale, obtenir localement la supériorité au moment de l'attaque. Décidés à en finir, nous concentrons sept bataillons et deux escadrons blindés... Peine perdue : les Viêts ont repassé la rivière.


Une nouvelle division viêt, le DD308, avait franchi la rivière Noire à son tour et s'était infiltré dans le Batraï, coupant la route du littoral et isolant ainsi les postes implantés plus au sud. La route Ap Da Chong-Yen Cu était, elle aussi, coupée. Le 23 décembre on parachute une compagnie du 1er BPVN sur le rocher Notre-Dame ; le 24, le reste du bataillon sur Ap Phu Tho. Les Viêts coupent la route Yen Cu-Cam Dai !
Dans la nuit de Noël, les Viêts échouent contre le rocher Notre-Dame, mais, le 30 décembre. ils enlèvent le poste de la cote 564 tenu par une compagnie de la Légion. Au matin, évidemment ils ont disparu. L'ennemi n'essayait pas d'enlever nos postes pour les tenir à son tour, mais il agissait de façon à nous dégoûter de les tenir. A ce jeu. il éprouvait des pertes énorme mais n'hésitait pas à payer le prix fort... ce que nous ne pouvions nous permettre.
Il fallait en finir. Le 4 janvier 1952, on lança dans le Batraï une puissante opération... mais peine perdue ! Comme au Bavi, les Viêts avaient disparu. Sachant que Giap faisait diriger ses divisions vers Hoa Binh et le sud de la RC6, le général Salan décida d'abandonner les positions situées au sud de Dan Thé. La bataille de la rivière Noire était terminée.

Avant de lancer l'offensive contre la position d'Hoa Binh même, Giap voulut l'isoler. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, un régiment viêt-minh de la division 304, se jeta sur le poste de Trung Du, tenu par une simple compagnie de la Légion, qui tint bon toute la nuit et l'obligea à abandonner 160 cadavres dans les barbelés.
Une semaine plus tard, les quatre bataillons d'un régiment viêt de la division 308, attaquèrent la position clé de Xom Pheo, au débouché de la RC6 sur la rivière Noire, tenue par les légionnaires du commandant Roux. Comme la position était couverte par les tirs d'artillerie de la batterie de 105 d'Hoa Binh, un commando viêt fut chargé de la réduire au silence. Ses hommes s'infiltrèrent jusqu'au champ de mines qui protégeait la position de batterie, mines si sensibles que le poids d'un corbeau sur le fil relié au percuteur suffisait à les faire sauter. Mais la main des démineurs viêts était plus légère que la patte d'un oiseau. Les Viêts remirent en place les goupilles qui maintenaient les percuteurs... le commando fit irruption dans la position, détruisit deux canons, et emmena le capitaine en pyjama. Néanmoins Xom Pheo repoussa toutes les attaques. Les Viêts s'obstinèrent après le lever du jour. L'aviation intervint…* On dénombra 800 morts autour de la position.
A Hoa Binh, c'était un peu l'affolement. On y parachuta le 2e BPC - qui n'était parti que depuis le 23 décembre……

* Par erreur deux B26 largueront leurs bombes sur la position d’un bataillon de Légion, il n’y eu miraculeusement que deux blessés….

ZITOUNE a écrit:

Paracolo a écrit:

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C'est drôle, un ami vient de me proposer aujourd'hui, suite au suicide du colonel Jambon, de rencontrer le responsable de Muongs de Paris...

Excuses mon inculture, mais qui est le colonel Jambon???

Citation :

Le colonel Jambon qui s'était retiré dans les Côtes d'Armor après un belle et longue carrière dans les troupes de marine puis dans les services de renseignement, était un passionné de l'Asie et un grand défenseur des H'Mongs des Hauts-Plateaux avec lesquels il avait passé quelques années de maquis et qu'il avait toujours défendus depuis. Il s'en entretenait régulièrement avec J. R., mon collègue du service Politique, grand passionné d'histoire dont le déblog'note  offre des chroniques savoureuses et des coups de gueule épiques.

Le colonel Jambon, qui n'avait cessé de dénoncer le génocide des H'mongs, s'est finalement résigné. L'expulsion, l'an dernier, de 4200 H'mongs de Thaïlande, l'a ulcéré. Et le silence autour de ce "marchandage" l'a révolté et finalement découragé. Son corps a été retrouvé devant le monument aux morts d'Indochine de Dinan (Côtes d'Armor).

Il a laissé une lettre poignante pour expliquer sa décision. C'était sa "dernière cartouche", un "acte de guerre" et non une fuite honteuse. .......

Citation :

Excuses mon inculture, mais qui est le colonel Jambon???

Le colonel Robert Jambon (St-Cyrien de la promotion Nouveau Bahut -45/47-) vivait sa retraite à Saint-Samson-sur-Rance dans les Côtes d'Armor.
Le sort malheureux des Laotiens, et du peuple M'Hong en particulier, était son obsession depuis la guerre d'Indochine.

Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur ses motivations, il s'est donné la mort devant le monument mémorial des combattants d'Indochine à Dinan, qui est un très beau pagodon ramené du Tonkin. Il avait envoyé la lettre, qui figure ci après, à différents destinataires qui l'ont reçue le jour même de sa mort.

Ses obsèques ont été célébrées à Saint-Samson-sur-Rance le 2 novembre en présence d'une belle délégation de Laotiens, venus pour certains de loin et qui avaient revêtu leurs beaux vêtements de cérémonie traditionnels.

Ceux-là ne s'étaient pas trompés sur le sens de son acte et connaissaient bien la passion que le colonel Jambon avait pour leur cause.

Il a été ensuite inhumé dans l'Héraut. L'événement n'a eu qu'un tout petit écho local dans Ouest-France et rien n'a percé au niveau national: l'orchestre médiatique ne joue que pour les suicides en prison ou chez France Télécom.

Le pathétique message posthume que le Colonel Jambon voulait faire passer n'aura pas d'écho ... le Laos,étant un pays malheureusement situé dans le Triangle des Bermudes journalistique.

Il était le voisin, de mon ami Bertrand du 1er BPL dont nous avons déjà parlé dans nos pages.


...Évidemment si l'on veut faire parler de soi on ne se suicide pas au moment de la mort d'une épouse d'un ex président...

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Que dire de plus...j'en ai les larmes aux yeux à la lecture de ce message.

Et c'est ainsi depuis que le communisme existe...le silence et dans le meilleur des cas "on" minimise.

De nos jours,ça n'a sans doute plus rien à voir avec le communisme.

fabrepasc a écrit:

De nos jours,ça n'a sans doute plus rien à voir avec le communisme.

Meme au tout début,1917, c'était le crime organisé.
Et Moscou c'est loin d'Hoa Binh...

Bonjour,

Même si on ne peut rester indifférent devant le destin tragique de ce peuple,je ne vois pas bien ce qu'on peut faire.

Pendant ce temps, les Viêts se sont installés sur les hauteurs qui dominent le col de Kern et les débouchés d'Ao Trach. La RC6 est coupée. On ravitaille Hoa Binh et Xom Pheo par air. La plupart du temps par parachutes ou free drop ; mais il faut bien parfois que l'avion atterrisse, notamment pour évacuer les blessés. Alors le canon viêt, ou le mortier lourd, installé presque au sommet de la montagne, entre en action.

Les pilotes d'avion savent qu'ils ne disposent exactement que de quatre minutes pour atterrir, décharger, recharger, faire demi-tour et décoller. Evidemment, pendant ce temps, notre artillerie, nos chars et même nos avions avec leurs roquettes, tirent en direction du canon viêt. Mais on ne parviendra jamais à l'atteindre.

Dès le 9 janvier, des mitrailleuses de DCA viêt, bien à l'abri derrière un piton calcaire, prennent à partie les avions en vol. Les chasseurs Bearcat essaient de museler cette DCA ; ils échouent : quatre appareils sont touchés, deux sont abattus, l'un s'écrasant derrière le piton calcaire, l'autre prenant feu en bout de piste en tentant un atterrissage désespéré. Finalement l'assaut général contre Hoa Binh n'aura jamais lieu.

Mais cette bataille avortée contenait en filigrane, nombre d'enseignements (sur la DCA, la logistique aérienne, l'impuissance de la contre-batterie...) qui, s'ils avaient été évalués à leur juste poids, auraient dissuadé le commandement de tenter l'aventure de Diên Bien Phu. Il fallait rétablir la libre circulation sur la RC6. A l'ouest de Mo Thon, abandonnant le Delta, la route aborde la montagne, et dès lors serpente dans un terrain constitué de pitons calcaires et de vallonnements tarabiscotés, plantés d'herbe à éléphant, de bambous, d'arbustes aux branches basses emmêlés de lianes inextricables.


Sous son aspect de « marchand de marrons auvergnat », le colonel Gilles dissimulait un mélange de bon sens décontracté et de matoise subtilité. L'affaire de Xom Pheo montrait que l'ennemi était résolu à l'épreuve de force. Gilles accepta le défi, mais à sa manière : « il faut, dit-il, appâter


le Viêt en lui tendant le petit doigt, puis le retirer vivement avant qu'il ne saisisse le bras. Et, de l'autre main, lui asséner un grand coup de marteau sur la tête ». Le marteau, c'était l'artillerie !
Pour agir en force, il fallait accumuler les moyens indispensables et faire de la RC6, un boulevard sûr. Au fur et à mesure de notre avance, on débroussailla amplement les abords de la route, on implanta des postes au sommet des collines dont on mettait « la boule à zéro », style crâne de moine ! Treize batteries de 105 furent déployées aux emplacements ad hoc.

En un premier temps, le groupement de Rocquigny (II/ler RTM, Ier BEP, 2e BEP) aborde le col de Kem. Violente réaction des Viêts. On engage le 7e SPC de Tartonne qui, au cours de deux combats, dont un de nuit, domine l'adversaire qui laisse 119 cadavres sur le terrain. On organise la cuvette d'Ao Trach (où Gilles installe son PC) en une puissante forteresse et, le 18 janvier, la progression reprend, entrecoupée d'accrochages furieux contre les dix bataillons viêts des divisions 304 et 308 barrant la route de Xom Pheo.
Du 19 au 26 janvier, le même scénario se répète : notre infanterie avance et dès que le contact est établi, se replie pour laisser l'artillerie jouer en partie. Le 20, on enlève le piton 4 et on s'y installe. Les 28 et 29 janvier le groupement mobile (GM1) du colonel de Castries renforcé par la Légion (II/l REI), s'empare du piton de la Carrière. Nous tenons définitivement la cuvette de Dong Ben.

Ne pouvant s'opposer à notre avance, l'adversaire réagit là où on ne l'attendait pas. Dans la nuit du 30 au 31 janvier, deux bataillons viêts du régiment 102 (DD308) se ruent sur la position de Suc Sich, presque à l'entrée de la RC6 dans la montagne, où la 16e compagnie parachutiste du 8e RPC était au semi-repos. « Les Viêts progressent selon une méthode simple. Ils lancent à la main, à quelques mètres devant eux, une charge de 3 kg de méli-nite munie d'un allumeur à traction et d'un cordon "cinq secondes". Dès que l'explosion a lieu, ils sautent dans le cratère qu'elle a creusé, et ainsi de suite. »
Le lieutenant Gueguen, commandant la 16e compagnie, magnifiquement secondé par ses sous-officiers et caporaux (les lieutenants sont à Hanoi en permission), n'hésite pas à faire tirer au canon sur ses propres positions, et contre-attaque selon sa méthode du « tapis de balles ». Le chef et l'âme de l'équipe de contre-attaque est le caporal Pibouleau, qui sera tué à Diên Bien Phu.


A l'aube, l'ennemi se retire, laissant 101 tués et 15 blessés sur le terrain. La 16e compagnie ne déplore que trois tués et quinze blessés. Elle sera citée à l'ordre de l'Armée (elle l'avait déjà été à Nghia Lo). Le même jour, le GM1 rétablit la liaison avec Xom Pheo et Hoa Binh. En février, le colonel de Castries occupe le massif boisé situé à l'est de la RC6 entre Xom Pheo et Ben Bgoc.
Nous avions une quinzaine de bataillons échelonnés de Mo Thon à Hoa Binh, soit implantés sur des pitons, soit en réserve mobile. Deux régiments viêts, du DD308 surveillaient la cuvette d'Hoa Binh. Les débris des divisions 312 et 304 se tenaient à l'écart de la RC6, inertes. La situation était figée. Le général de Linarès, commandant les forces terrestres du Nord-Vietnam (FTNN) réclamait des renforts pour nettoyer le Delta où la « vérole rouge » proliférait ; Giap y avait, en effet, infiltré la presque totalité des divisions 316 et 320.
Il n'était évidemment plus question pour nous d'étendre nos conquêtes, mais nous avions finalement atteint notre objectif minimum : empêcher l'extension de l'action viêt au pays Thaï d'une part, retarder d'un an la menace d'une offensive générale de l'ennemi contre nos positions du « delta utile », d'autre part. Et on avait « cassé du Viêt », les trois DD304, 308, 312 étant à bout de forces pour plusieurs mois. Rester à Hoa Binh représentait une immobilisation, un gaspillage d'énergie et de potentiel sans véritable intérêt. Il fallait « récupérer nos billes ».


L'opération de repli, baptisée « Arc-en-Ciel », fut un modèle de préparation minutieuse dans le plus grand secret, et un chef-d'œuvre de précision et de célérité dans l'exécution. Le long ruban allant de Mo Thon à Hoa Binh fut fractionné en cinq secteurs, dont les troupes se replièrent successivement, à la manière dont on retourne un doigt de gant. Se succédèrent ainsi les phases blanche, rouge, bleue, jaune et verte.
La phase blanche, l'évacuation d'Hoa Binh au-delà de Xom Pheo, était la plus délicate. Dans la nuit du 22 au 23 février, on chargea sur une barge, à l'embouchure de la petite rivière qui se jetait dans la rivière Noire à l'est du belvédère, les canons et tout le matériel lourd de la garnison, qui furent transbordés à Ben Ngoc, où ils furent enlevés par camions. Dès 6 h 30 le colonel Ducournau put faire replier ses bataillons vers l'embarcadère nord. Les Viêts s'aperçurent que leur proie lui échappait et réagirent, mais dans le désordre et l'improvisation. Des compagnies viêts s'empêtrèrent dans les réseaux de mine et de barbelés compliqués des positions abandonnées. D'autres se firent surprendre « en plein billard » par les Bearcat larguant leurs bidons de napalm. Un canon expédia quelques obus sur la plage d'embarquement... A midi les légionnaires de Masselot franchissaient le fleuve. La phase blanche s'achevait avec un minimum de pertes (le chef d'état-major du colonel Ducournau reçut une balle en plein coeur alors que tranquillement posté sur une colline il observait la traversée), avec cinq heures d'avance sur l'horaire prévu.

A minuit les 22 000 hommes de la RC6 avaient rejoint le Delta. Tactiquement c'était une démonstration sensationnelle, mais un repli est un repli, pas une victoire. Notre tentative de reprendre l'initiative avait échoué et l'on avait finalement constaté que les unités mobiles ne pouvaient rayonner au-delà des limites de portée de l'artillerie. Cette leçon-là aussi sera partiellement oubliée.

HENRI LE MIRE

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Pauvre colonel Jambon, je ne le connaissais pas, mais mon ami M.Bertrand me disait qu'il était obsédé depuis le départ d'Indo par le destin du peuple Muong...

Son suicide sera passé inaperçu, dans nos médias et comme je dois le constater sur le forum...

Il se trouve que j'ai travaillé sur la Rance durant de nombreuses années.
Et donc lisais Ouest France Dinan.
On y a parfois parlé du fameux pagodon mais aussi du suicide du colonel Jambon.
Cela a aussi fait l'objet d'articles dans la presse spécialisée militaire et anciens.

La calvaire du peuple Hmong au Vietnam et au Laos n'est pas terminé.
Je viens de terminer  " La-Haut" de Pierre Schoendoerffer  qui situe l'action de 1945 à 1978 , on sait que c'est
un de ses sujets favoris dans ses écrits.

Un ouvrage de Cyril Payen d'il y a une dizaine d'année nous apprend que les communistes laotiens et vietnamiens continuent de les combattre au Laos.


Il est probable que dans ce dernier pays on ne pardonnera jamais leur combat aux côtés de français puis de la CIA.

En fin de compte il n'y a qu'en Chine et en Thaïlande que ce peuple aura vécu à peu près à l'écart des conflits du
sud est asiatique.

Pour en voir souvent ici les Hmongs ou Méos semblent bien tranquilles et vivent paisiblement.

Le 10 novembre 1951, tandis que le 1er BEP est parachuté directement sur la ville, 4 groupements convergent en tenaille vers l'objectif. Le groupement blindé de De Castries chemine par la RP 21 du nord vers le sud, le GM2 du colonel Clément, renforcé par le 1er BPC et le commando Vandenberghe, et le GM7 du colonel Dodelier sont respectivement au centre et à l'ouest du dispositif. Le GM3 de Vanuxem quant à lui protège le sud du dispositif.
En face, la résistance est forte.
Le soir même les troupes françaises ont atteint leurs objectifs : la RP 21 est dégagée et la ville de Cho Ben est conquise.

« L’opération Tulipe est la phase préparatoire à l’opération Lotus qui elle est l’opération sur Hoa Binh. L’opération Tulipe vise à l’occupation de la trouée de Cho Ben : c’est une opération de couverture. Tulipe est déclenchée le 10 novembre, l’opération Lotus commence le 13 au soir avec le débouché de la colonne motorisée. Hoa Binh est occupée par les parachutistes (1er, 2e et 7e bataillons de parachutistes coloniaux) le 14 novembre qui sont rejoints dans l’après-midi par les premiers éléments des formations terrestres.
Par ailleurs, le pays Muong n’est pas pris en tenaille. Hoa Binh est un abcès de fixation, un centre de résistance dont le but est d’attirer le corps de bataille viêt. Avec des résultats plus ou moins heureux.

Les pertes françaises ont été sous-estimées : 436 tués + 458 disparus (dont beaucoup sont morts) et 1 360 blessés. C’est une estimation basse ».

Photographie peu connue du capitaine Hélie de Saint Marc. Elle se situe en décembre 1951 sur la route d'Hoa Binh lors de la bataille de la Rivière noire.

Merci Lothy pour cette photo.

L'inquiétude se lit dans les regards

Quelques photos de ces durs combats glanées sur FB et dont l'anniversaire approche...


Voir La Bataille d'Hoa Binh

Pour beaucoup, la guerre d'Indochine se résume à Dien Bien Phu, éventuellement à la bataille de la RC4...
Alors que ce conflit est ponctué de bien d'autres combats, oubliés ou ignorés...

Il est de notre devoir d'en rappeler le Souvenir !

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Le 10 novembre 1951, tandis que le 1er BEP est parachuté directement sur la ville, 4 groupements convergent en tenaille vers l'objectif. Le groupement blindé de de Castries chemine par la RP 21 du nord vers le sud, le GM2 du colonel Clément, renforcé par le 1er BPC et le commando Vandenberghe, et le GM7 du colonel Dodelier sont respectivement au centre et à l'ouest du dispositif. Le GM3 de Vanuxem quant à lui protège le sud du dispositif.

En face, la résistance est forte.
Le soir même les troupes françaises ont atteint leurs objectifs : la RP 21 est dégagée et la ville de Cho Ben est conquise.

« L’opération Tulipe est la phase préparatoire à l’opération Lotus qui elle est l’opération sur Hoa Binh. L’opération Tulipe vise à l’occupation de la trouée de Cho Ben : c’est une opération de couverture. Tulipe est déclenchée le 10 novembre, l’opération Lotus commence le 13 au soir avec le débouché de la colonne motorisée. Hoa Binh est occupée par les parachutistes (1er, 2e et 7e bataillons de parachutistes coloniaux) le 14 novembre qui sont rejoints dans l’après-midi par les premiers éléments des formations terrestres.
Par ailleurs, le pays Muong n’est pas pris en tenaille. Hoa Binh est un abcès de fixation, un centre de résistance dont le but est d’attirer le corps de bataille viêt. Avec des résultats plus ou moins heureux.

Les pertes françaises ont été sous-estimées : 436 tués + 458 disparus (dont beaucoup sont morts) et 1 360 blessés. C’est une estimation basse ».

La bataille de Hòa Bình est un engagement militaire de la guerre d'Indochine qui opposa, du 10 novembre 1951 au 25 février 1952.

Et pendant que nos soldats payaient le prix du sang, il y an a qui se gavaient avec le trafic des piastres!.....
C'est bien triste. On ne se souvient pas des héros, et on a complètement oublié et blanchi les traitres !

D’accord avec vous

En relisant les articles je lus que vous parlez du pagodon de Dinan
Pour y habiter il est souvent question de ce pagodon car son înitiateur est un enfant de militaire pupille de la nation car son Prre est décédé des suites de Dien Bien Phu
Il y a des articles interessants dans Ouest France mais je n’arrive pas à les mettre sur le site
Quoiqu’il est soit Loic Rene Vilbert œuvre beaucoup pour que cette guerre ne soit pas oubliée

Merci pour ces précisions !

Je viens de trouver un article datant juin 2019 où il est question de ce pagodon

Des images prises par un Lieutenant d'artillerie de marine lors de son séjour en Indochine.


 Images de l'artillerie de marine prises à Hoa Binh quelques temps avant et pendant l'évacuation ordonné par le général Salan. 
Ce film n'a pas fait l'objet d'un véritable montage de la part de son auteur (pas de titres, chronologie respectée ?) contrairement à d'autres.



Troisième film tourné par le Cdt.R. Ruel, lieutenant