Le 18 mars 1946 - La première colonne du CEFEO (Corps Expéditionnaire Français d’Extrême-Orient) sous le commandement du
Lcl Massu pénètre dans Hanoï.
Elle est forte de 200 véhicules du GT blindé de la 2e DB et de la 9e DIC. Marsouins et bigors retrouvent avec émotion leurs 4 411 camarades internés dans la citadelle depuis août 1945. Vêtus d’une sorte de battle dress en tissus verdâtre local dont il suffit de tirer un fil pour le découdre, et chaussés de mauvais brodequins locaux en peau de buffle, ils ont sorti leurs fusils modèle 36 jusqu’alors dissimulés dans l’encadrement des fenêtres du casernement, et défilent fièrement en ville.
Le lendemain, le Gal Leclerc les passe en revue et salue le drapeau du 1er Régiment de tirailleurs tonkinois (RTT) dont l’odyssée est rapportée à tous. Le 9 mars 1945, cet emblème se trouvait dans le bureau du colonel François, chef de corps, à la caserne Berthe de Villers. Celui-ci le confie au Cba Dumaine. Après 20 heures de combat et avant de se rendre, ce dernier enroule la soie du drapeau autour de son corps (sa lance a été enterrée, sa hampe brisée et sa cravate séparée en deux morceaux remis à deux sous-officiers).
Pendant quatre jours, Dumaine va être soumis à une surveillance constante et interrogé à plusieurs reprises par les Japonais. Il ne peut ni se dévêtir, ni s’allonger, ni se laver et son épiderme au contact des dorures et des passementeries est en sang. Ce n’est que le cinquième jour qu’il peut rejoindre les autres prisonniers. Le drapeau est alors caché dans un fourneau, puis dans une boîte en zinc et enterré ailleurs.
Il ne sera déterré, intact, qu’après l’armistice avec le Japon et présenté aux 5 000 hommes du camp d’internement par le Gal Massimi qui commandait la garnison de Hanoï lors du coup de force japonais.
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S.F.
"La Guerre n'est pas belle, l'Humanité ne l'est pas non plus..." - Général Bigeard
Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.