Autre témoignage sur cette "Bataille du Day"
Il y a 70 ans, le Camerone des commandos Marines
Dans la nuit du 28 au 29 Mai 1951,les troupes Viet-Minh lance une vaste offensive dans le sud du Delta Tonkinois
Les 76 hommes (74 Européens et 2 supplétifs vietnamiens) du
commando François ne se doutent pas que le général Giap a programmé une troisième et vaste offensive dans le sud du delta tonkinois avec trois divisions d’élite et des bataillons régionaux.
Le commando se trouve dans l’axe de progression de la division 308 de Giap, composée de 8000 hommes et dotée de canons sans recul.
Lieutenant de Vaisseau Labbens - (1919 - 2001)
Vers 4h du matin, alors que l’aube se lève, plusieurs milliers de combattants Viet-Minh encerclent totalement les hommes du
Lieutenant de Vaisseau Labbens, obligeant alors la poignée de Commandos Marine à se retranché danse une église.
Soudain l'église est pilonnée par des tirs concentrés de mortiers et de canons sans recul. Tous les hommes du commando se réfugient dans la nef. Les servants des fusils mitrailleurs tirent vers l'ennemi. Les voltigeurs attendent l'assaut des Bo Doi.
Les PM sont chargés et le mortier mis en position sur le parvis de l'église tire sur les positions ennemies.
Les Viêt pilonnent l'église au mortier, à la mitrailleuse et à l'arme légère. Ils déferlent sur les calcaires pour entourer l'église.
Les servants du mortier du commando reviennent dans l'église et les FM tirent au jugé dans l'obscurité.
L'église est complètement encerclée, pendant des heures, les commandos font face à des vagues incessantes, sous le nombre, ils doivent se replier dans l'église, c'est une véritable tempête d'acier, le toit de l'église s'effondre, ils luttent aux corps à corps.
Des cris mêlés au déchaînement des armes, retentissent dans la nuit terrifiante.
Au bout de longues heures d’un combat héroïque et acharné, les hommes du Commando François cèdent n'ayant plus de munition et succombent sous le poids du nombre d’ennemis.
Le commando François (commandé par le LV Labbens), retranché dans l’église de Ninh Binh résiste pendant près de 24 heures à l’attaque du général Giap et donne ainsi le temps au
général de Lattre de préparer les troupes.
L’effet de surprise ne peut plus jouer et la
"bataille du Day" est perdue pour Giap. Cependant 47 commandos sont tués ou portés disparus, 17 seront fusillés par les Viêts exaspérés d'une telle résistance, 5 reviendront après de longs mois de captivité.
Seuls 24 hommes réussiront à survivre au déluge de feu qui s’abat sur leur position en s’exfiltrant à travers les lignes ennemies.
Le commando François sera cité à l’ordre de l’armée de mer le 12 décembre 1951 avec la citation suivante : «
Ayant en un combat digne des meilleurs traditions miliaires tenu en échec presque un régiment a fait perdre à l’ennemi 24 heures de son attaque.
Par sa témérité, par son ardeur au combat le commando François restera comme un exemple des plus belles qualités militaires poussées jusqu’au sacrifice total ».
Témoignage de Pierre Pihan, dit "le Quintal" :L’église de Ninh Binh qui sert d’abri au Commando François, n’est plus que bruit et fumée. Sa toiture s’écroule sous les coups au but des mortiers viets. Des obus explosent dans la nef.
Les bo-doïs de GIAP déferlent des calcaires vers l’église remplie de fumée ; les mortiers et les canons sans recul augmentent leur cadence de tir, les mitrailleuses se mettent de la partie, bientôt accompagnés des armes individuelles. Le mortier de SEVENO cesse son tir et ses servants se mettent à l’abri dans l’église.
De gros morceaux de toiture continuant à dégringoler, la position devient intenable. Le pacha décide de bousculer l’ennemi et de percer vers les postes amis de Ninh Binh. Les hommes commencent à sortir et aussitôt un FM les prend sous son feu et interdit tout mouvement. Ce FM est tout près de l’église, au pied du Christ en statue.
Sous un feu de couverture, le second maître HENRY et le quartier maître CZARNECHI armé d’un FM, dévalent l’escalier et passent à travers les rafales. Le quartier maître MALECOT tombe sur le parvis, PIHAN maintient un feu d’enfer pour couvrir CZARNECHI, qui, son FM à la hanche, ouvre le feu et neutralise la pièce viet. Le parvis n’est plus battu par le feu adverse et les commandos foncent pour s’extraire du piège.
.Pierre Pihan est décédé le 30 octobre 2015