Une "Miss" à Dien Bien Phu ...

Mademoiselle ... est une des Miss de Dien Bien Phu... Son témoignage ne doit surtout pas être occulté : il fait partie de notre Histoire, celle des paras, celle de notre Mère Patrie qui, dans les moments cruciaux s'incarne dans une Figure féminine pour nous sauver...

" J'ai été prise dans un véritable tourbillon quand on a commencé à sortir les blessés de là. Nous volions entre 14 et 15 heures par jour. On dormait quand on pouvait ou on ne dormait pas... d'ailleurs on ne dormait pas. L'un des dispatchers para qui était toujours à côté de nous pour nous aider à monter non pas les brancards, car on aurait perdu trop de temps, mais les hommes, à la main, est mort d'une balle en pleine tête à côté de moi, tué net.
Mais c'était tout le temps...

On n'arrêtait même pas les moteurs. On était canardés sans arrêt, sous les projecteurs. Tout le temps où l'avion était au sol, ils nous tiraient dessus de partout, les avions arrivaient criblés de balles, c'était assez impressionnant, tout de même!

Pendant les trois semaines qu'a duré l'évacuation, je n'ai pas couché une seule fois dans mon lit. C'était pareil pour mes camarades. Nous étions dix convoyeuses, ce n'était pas beaucoup pour plusieurs dizaines de mille hommes. Mais nous nous pouvions choisir.

J'ai eu la même réaction tout au cours de cette période, quasi automatique, et je n'étais pas seule à l'avoir: je descendais de l'avion après m'être occupée des blessés, je regardais à droite et à gauche, je faisais un signe et je partais avec un gars. J'aime mieux vous dire qu'ils ne disaient jamais non. Je me souviens, c'était moi qui le déshabillais pour trouver...enfin... un homme entier, sain, propre, pas blessé avec tout ce qui lui fallait, bien portant...

On avait frôlé la mort, la maladie, les blessures... Il y avait des gangrènes, des choses horribles, vous ne pouvez pas imaginer. On avait un besoin, un besoin absolu, de quelque chose qui était entier, bien portant.

Quand j'y pense avec du recul, c'est horrible, moi, élevée aux Oiseaux, le couvent, les bonnes soeurs, enfin tout ce qui faut... que je me sois conduite comme cela...

Et bien, les garçons ne me l'ont jamais reproché; tous l'ont compris. C'est une chose qui n'a jamais été répétée, jamais été dite. Ils étaient très fiers de nous, ils trouvaient cela extraordinaire, ces filles qui étaient là avec les risques qu'elles prenaient. Ils comprenaient parce qu'ils devaient avoir eux aussi la même réaction.

C'était pareil pour les hommes, certainement.

Souvent j'en ai parlé avec eux; ils m'ont dit: "c'est une réaction, Thérèse, c'est la réaction de la vie contre la mort. On a besoin de donner vie parce qu'on a frôlé la mort".  Il faut absolument remplacer cela. Il faut faire un enfant. C'est presque instinctif. C'est le problème qui arrive avec les troupes en campagne. Quand les hommes arrivaient dans une ville... c'était pour ça. La mort de tous les côtés, ça oblige à donner vie...

Merci Georges, beau témoignage en effet

Merci Georges

Charly a tout dit en quelques mots.

Je ne peux que m'y associer.

Une amie de ma mère, qui était infirmière à Dien Bien Phu, a épousé le dernier légionnaire (Polonais) qu'elle a pu évacuer... et qui, bien que blésé ne voulait pas partir de la cuvette...

C'est en travaillant sur Colomb Béchar dans le cadre du sujet sur les CPA que j'ai (à mon tour et virtuellement   ) découvert le célèbre "chez Fifine" ... qui a résisté à tout. La question  des BMC m'a permis de retrouver quelques témoignages concernant "Mademoiselle", cette femme admirable, très discrète, ornement de notre épopée.
Emprisonnée et torturée par les nazis durant la 2e guerre mondiale,
Reine-mère de nos chères Convoyeuses de l'Air, l'une des héroïques IPSA, elle fut aussi une diplomate en charge de missions sensibles et, ensuite se consacra à la lutte contre l'esclavage imposé à celles qui ne peuvent pas choisir.

L'exemple de Mademoiselle "Thérèse",  évoque d'autres grandes figures de l'Histoire de France et nous rappelle à la grandeur de notre destin...

Bonjour,

C'est un "épisode" de la bataille de Dien Bien Phu que j'ignorais (je ne connaissais que l'histoire des BMC de Dien Bien Phu).Merci pour cette mise en ligne.

Ces femmes ont effectué un travail admirable !

Geneviève de Galard, la plus connue d'entre toutes, ne manque jamais de le rappeler, ne souhaitant pas recueillir les lauriers que son séjour involontaire dans la Cuvette lui a valu... Elle les évoque dans son livre de souvenirs, tout comme le Medecin-commandant Grawin....

Concernant les BMC, n'oublions pas ces "Dames" qui elles aussi restèrent, afin d'aider les médecins et infirmiers et assister les mourants.... A l'époque cela choquait les dames de la bonne société bien au chaud et au sec dans leurs appartements de l'arrière. 

N'oubliez pas les congai (s?), arrivées avant le siège,  qui ont servi les mortiers jusqu'au bout.

Leur sort a du être effroyable. A ma connaissance il n'y a pas eu de survivantes...

Lothy a écrit:

 A l'époque cela choquait les dames de la bonne société bien au chaud et au sec dans leurs appartements de l'arrière. 

Oh oui, les vieilles rombières qui jouent les vierges effarouchées!
Non, non cher monsieur je ne couche pas le premier soir, seulement le deuxième.

Glard a écrit:

Leur sort a du être effroyable. A ma connaissance il n'y a pas eu de survivantes...

D'après les échos oraux ou découverts dans les ouvrages, elles ont toutes été tuées lors des combats, ou tout simplement exécutées...

Manta210 a écrit:

Bonjour,
 (je ne connaissais que l'histoire des BMC de Dien Bien Phu)

C'est  ces femmes là que tu trouves admirable ma Lothy ?   !!!!
C'est vrai qu'elles l'étaient aussi !

charly71 a écrit:

Manta210 a écrit:

Bonjour,
 (je ne connaissais que l'histoire des BMC de Dien Bien Phu)

C'est  ces femmes là que tu trouves admirable ma Lothy ?   !!!!
C'est vrai qu'elles l'étaient aussi !

Oui cher Charly !
Malgré leur "statut" un brin particulier, elles ont refusé de partir, ce qui en aurait sauvé la plupart, et sont restées auprès des Hommes, oeuvrant en aide-soignante plus que dans leur réel métier.... elles l'ont toutes payé de leur vie...

il y avait bien sur, et tu l'as compris, un sourire un peu ironique dans ma stupide question...
C'est vrai que elles aussi ont été héroïques.
et les distinctions qu'elles ont reçues, elles les méritaient bien.
Pas comme certains assassinés alors qu'ils écoutaient un groupe chanter...
Ou est leur "héroïsme" à ceux là ?

charly71 a écrit:

il y avait bien sur, et tu l'as compris, un sourire un peu ironique dans ma stupide question...

Pas si stupide ta question ! Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'ai toujours éprouvé une sorte de respect pour ces femmes qui exercent "le plus vieux métier du monde".... Et plus encore envers celles des BMC...

Elles apportaient à nos Soldats bien plus que l'on peut penser... Elles savaient aussi écouter, rassurer...ce que bien des épouses ne savaient pas faire.

Lothy, comme Charly, expriment la même idée sous des formes différentes.
Les situations exceptionnelles engendrent parfois des comportements qui ne le sont pas moins.
Dien Bien Phu, même au pire, moment a toujours attiré des hommes et des femmes qui savaient qu'ils allaient en enfer !
Et le pire c'est que le principal bourreau de nos prisonniers a été par la suite enseignant dans une université française et est mort tranquillement dans son lit !
Quelle honte. Il aurait du finir autrement !

Lothy a écrit:

 Elles savaient aussi écouter, rassurer...ce que bien des épouses ne savaient pas faire.

ah ! là je ne saurai donner un point de vue impartial...
... je n'en suis "qu"a" ma troisième épouse, trop peu pour avoir compris !

charly71 a écrit:

... je n'en suis "qu"a" ma troisième épouse, trop peu pour avoir compris !

Ce qui prouve au moins une chose : Tu ne peux t'en passer

Zitoune a écrit:

charly71 a écrit:

... je n'en suis "qu"a" ma troisième épouse, trop peu pour avoir compris !

Ce qui prouve au moins une chose : Tu ne peux t'en passer

... ou alors que je suis dur à la détente et que je n'ai rien compris !

Au-delà de la Légende Dorée, il y a des hommes et des femmes également meurtris dans leur chair et leur âme. Mademoiselle Therèse de Lioncourt a subi la violence des soldats allemands au camp de femmes de Compiègne; évadée, puis engagée dans la Résistance, en Indochine puis en Algérie, on la retrouve notamment  capitaine à la B.A. 142 de
Boufarik, puis Convoyeuse de l'Air des vols présidentiels; enfin diplomate, adjointe de  Ponchardier à la Paz (Bolivie).
Une fois à la retraite, elle continua à défendre les femmes violentées.