.
Le béret Amarante
Lorsque l’on dit béret amarante, immédiatement l’on pense paras.
Pourtant nos coiffures sont et surtout furent diverses et variées, qu’en est il ? Au début de notre histoire il y eut les Compagnies d’infanterie de l’air, elles dépendent de l’armée de l’air et portent donc fort logiquement le calot de l’armée de l’air.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le 1er RCP portera cette coiffure jusqu’en 1945
La défaite de 1940, voit la création d’une autre armée française en Grande Bretagne, et qui prendra le nom de FFL (Forces Françaises Libres).
Des unités parachutistes y seront formées, certains rejoindront les SAS britanniques en Libye *, d’autres seront parachutées en Bretagne le 5 juin 44.
Tous portent le béret noir, avec divers insignes au fil du temps
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ici avec l’insigne Polonais, modifié qui fut le premier insigne de béret porté
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Là avec l'insigne français (insigne britannique couronne coupée)
Les SAS français ne portèrent jamais le traditionnel béret sable, hormis quelques parachutistes détachés au 1er et 2éme S.A.S. Rgt
En Novembre1942 le général Frederick « boy »Browning, commandant de la 1re Division aéroportée britannique introduit le « Maroon béret » qui sera d’abord porté par le « parachute régiment » en action en Afrique du nord…
D’où nous vient cette couleur…? Celle du sang des paras tombés à Arhnem, histoire récurrente, hormis qu’Arhmen se situe deux ans plus tard…
La version la plus probable est celle de l’épouse du Lieutenant-général Browning, l’écrivain Daphné du Maurier, qui consultée par son mari, aurait estimé en bonne épouse et fidèle jacobite* écossaise, qu’il était normal que les troupes commandées par son mari portent les couleurs du Prétendant jacobite écossais Charles-Edouard, réfugié en France après le désastre de la bataille de Culloden en 1746, ce « Bonnie Prince Charlie » de légende, connu aussi dans les milieux de l’écossisme, sous son « nomen mysticum » d’ « Eques a penno rubro », c’est-à-dire « Chevalier au plumet rouge » !
* Sont appelés « jacobites » les fidèles et les sympathisants des rois Jacques Stuart d’Ecosse.Après consultation d’anciens paras FFL il ressort qu’aucune date officielle concernant la distribution du béret amarante aux français ne peut être avancée, et je ne sais même pas si cette date existe.
D'après des recoupements, il semble que le 4e SAS (2e RCP) a perçu les bérets rouges à son arrivée en Champagne fin octobre-début novembre peu avant la prise d'armes à Esternay.
Pour leur part, je sais que des hommes du 3e SAS de l'opération Dickens ont reçu des bérets amarantes qui ont été parachutés du côté de Fontenay-le-Comte début octobre.
Ce béret est porté avec tout d’abord l’insigne « Français ».
Une chose est sûre :
Le 11 novembre 1944 le 2éme RCP défilera portant des bérets Amarante ornés de l’insigne SAS **, le 3éme RCP les recevra un peu plus tard.
Petite anecdote en matière de coiffure :
A Tarbes, le 2 octobre 1945, lors de la dissolution des 2ème et 3ème RCP, le Brigadier Général Calvert offrit au 2ème RCP un chapeau de Napoléon et au 3ème RCP un chapeau de Wellington.
Ils furent conservés dans la Salle d'Honneur de la Citadelle de Bayonne, il ne subsiste plus aujourd’hui, sans que l'on sache pourquoi, le chapeau de Wellington. (Gageons qu’il n’a pas été perdu pour tout le monde)
Mais revenons à nos bérets :
Le 10 juillet 1945, le Comité de Défense Nationale décide que toutes les unités de parachutistes doivent être rattachées à l'Armée de Terre.
Les 2éme et 3éme RCP SAS sont dissous le 2 octobre 1945, le 1er RCP quitte l'Armée de l'Air le 1er Août 1945.
Tous les paras font à présent partir de l'armée de terre.
Par une décision ministérielle prise en mai 1946 le béret noir sera porté par toutes les unités de la 25ème Division Aéroportée
Fin 1946 les troupes coloniales engagées en Indochine veulent aussi leurs parachutistes
Le Commandant Dupuis qui était l’adjoint de Ponchardier est chargé avec le capitaine Trinquier de mettre sur pied le premier bataillon du genre
1er février 1947 à Tarbes naît l’éphémère 5éme BPIC héritier du 5éme RIC et qui porte….. Le Calot de la Colo
Tradition qui perdurera jusqu’aux années 62/63 où lorsque l’on était pas encore breveté, le calot était de rigueur.
Les chasseurs créent aussi leurs paras avec le 10 BPCP créé administrativement le 14 septembre 1946 il sera dissous le 31 août 1952
Ils portent le béret noir (Bleu nuit).
En 1947 les paras de la 25e DP adoptent le béret bleu roi
Le 5 BPIC est intégré au GAP3 de la 25e DP, le général commandant la division, ne tolérant aucun particularisme envoie à Tarbes des bérets bleu roi.
Le commandant Dupuis monte à Paris et obtient du général Landouzy que les paras coloniaux portent le béret amarante.
Le 10 octobre les bérets arrivent et seront portés pour la première fois le 12 octobre 1947, faisant ainsi du 5° BPIC le premier bataillon de bérets rouges :
Le 1er septembre 1947, le 5°B.P.I.C., est en instance de départ pour l'Indochine. Peu après son arrivée il prendra le nom de 2éme BCCP.
En 1948 la légion étrangère décide de se doter d’unités parachutistes et va créer le 1er BEP en Indochine et le 2 en Algérie, ils voudront se doter d’un béret qui les singularise. Les deux couleurs symboliques de la légion sont déjà prises, le vert par les Commandos marines qui l’ont reçu en mars 1944 après le raid de Dieppe et le rouge par les paras colos comme on vient de le voir.
Il s’en suivra des propositions pour le moins baroques allant du béret moitié rouge moitié vert au béret à damiers rouges et vert. Le béret vert sera finalement adopté vu qu’il sera incliné du côté inverse de celui des marins.
En janvier 48 on crée les compagnies indochinoises de parachutistes (C.I.P.) qui seront rattachées au BCCP et au BEP
Elles porteront un béret Blanc:
La CIP du BEP adopte pour se différencier un béret à deux rubans (vert et rouge).
Et voilà nous pouvons nous reposer un moment tout est en place.
Les paras Métro en bleu roi, les Colos en rouge, la Légion en vert, les Chocs et Chasseurs en noir les Cips en blanc.
En place ?... Pas pour longtemps, car voici arriver le " Roi Jean " en effet le général de Lattre de Tassigny prend le commandement en Indochine en décembre 1950.
Dés 1951, par souci d’uniformité il étend le béret rouge à toutes les unités parachutistes d’Indochine …
Les bérets bleus (du G.L.A.P), noirs (du 10e B.C.C.P), verts (des B.E.P) disparurent. Mesure sans lendemain car peu à peu à partir de 1952, les unités vont reprendre leurs bérets d’antan.
Hormis les bérets noirs des chasseurs qui ont été dissous, ceux des chocs intégrés aux paras métro et les bérets blancs des CIP qui ont disparu en même temps que les unités, c’est dans cette situation que nous nous retrouvons au début de la guerre d’Algérie.
Les choses sont claires : Colo rouge, Métro bleu, Légion vert.
Avec une petite différence pour le béret des hussards parachutistes qui tout en suivant les vicissitudes de couleurs des autres, porte par tradition une hongroise brodée:
Hélas, l’armée de l’air veut aussi ses paras… Le 12 mars 1956 par décision de M. Henry Laforest, secrétaire d'Etat aux forces armées Air, les commandos parachutistes de l’air sont créés ils vont porter un béret bleu marine…
La décision du 3 septembre 1957 stipula que tous les parachutistes militaires, quelle que soit leur arme d’origine, porteraient le béret amarante, les unités parachutistes de la Légion Etrangère conservant le béret vert. Le béret bleu serait porté désormais par l’Aviation Légère de l’Armée de Terre.
Le béret se transforme et perd ses coutures pour différencier la coloniale des paras métropolitains un nouvel insigne va être créé, homologué en juin 1958.
Ce sera l’ancre de marine or frappée du dextrochère ailé qui conserve sa couleur argent
Quand on a attiré la gloire les honneurs et les médias, lorsque de surcroît on a frondé la République, alors on s’attire aussi les foudres et la revanche des médiocres de tout poil.
1963 sera l’année de toutes les mesures vexatoires, et les années suivantes seront difficiles, sous des prétextes fallacieux – car on n’ose quand même pas heurter de front – on va démolir, l’image du parachutiste. On va lui retirer la casquette, et la tenue camouflée prétextant que le bariolage favorise la détection radar !!!...On interdira la tenue retaillée qui - prétend-on – favorise les brûlures en cas d’explosion nucléaire !!!
On met à la tête de la 11éme DLI nouvellement créée avec les débris de la 10éme et de la 25éme DP le général Marzloff, qui n’a jamais été parachutiste.
On "dégraisse" les régiments pour les faire venir à trois compagnies de combat, une CA une CCS. Et on invente l’osmose qui interdisait de faire carrière au TAP sous le fallacieux prétexte de revaloriser l’encadrement des autres régiments ( Ce qui d’ailleurs, était de nature à implicitement reconnaître la qualité supérieure des paras – mais cela leur avait sans doute échappé).
Pire encore, sous prétexte d’uniformité, on interdit le béret rouge en tenue d’été, et la colo – qui est devenue infanterie de marine – se voit dotée d’un insigne rond et monochrome – comme tout le monde – les paras porteront donc le béret de toile kaki clair :
Et la colo ce magnifique insigne :
Il faudra attendre les années 70 pour que des paras, Bigeard, Leborgne, occupent de hautes fonctions pour voir s’amenuiser ces mesures iniques.
Alors qu’il commandait la brigade Leborgne fit remettre en vigueur le port du béret rouge puis de l’insigne de la colo…
Nous en sommes là aujourd’hui au fil des années, et des commandes, toujours meilleur marché, le béret amarante est devenu rouge et la 11éme DLI devenue 11éme DI puis 11éme DP s’entraîne sagement à une guerre que l’on ne fera jamais… Mais ceci est un autre sujet.
* Juillet 1941 David Stirling crée le détachement L (6 officiers et 60s/off et hommes de troupe) qui deviendra en septembre 1942 le 1er Rgt SAS, auquel est rattaché le Bataillon SAS français (14 officiers et 80 hommes) …
David Stirling début 1942 leur fera porter un béret blanc, qui suscitera un tollé général et sera remplacé par le béret couleur sable.
** Début 42 également Stirling envisage la création d’un insigne de béret original portant une devise propre à son unité
A cette fin il fait appel à l’imagination de ses hommes et lance à cette occasion un concours ouvert à tous et dont le lauréat serait récompensé …
Ce sera le projet du SSM Bob Tait qui l’emportera.
A ce qu’il paraît, Stirling sera immédiatement séduit par le dessin de Tait ; par contre la devise proposée « Frappez et détruisez !» n’eut pas l’heur de lui plaire… et elle resta en projet pendant plusieurs semaines.
Ce serait au cours d’une virée au Caire que Stirling et Randolph Churchill (fils de Winston), auraient décidé entre eux de choisir enfin une devise.
L’enjeu était une somme de 10 £ qui reviendrait à celui qui proposerait la devise la plus représentative de la mentalité de l’unité.
Stirling, proposa d’emblée celle d’une vieille famille aristocratique française (je n’ai pas trouvé laquelle) : « Qui Ose Gagne », immédiatement traduite en « Who Dares Wins » !
Après trois heures de discussion… Randolph Churchill, qui ne trouvait pas l’idée excellente et ne parvenait pas à faire une meilleure proposition, se rendit à l’avis unanime et la devise proposée par Stirling fut acceptée avec enthousiasme.
Deux couleurs de bleu sont présentes sur l’insigne, on les retrouve aussi sur le brevet para SAS, elles sont dues au fait que parmi les créateurs de l’unité l’un, Jock Lewes avait ramé pour Oxford d’où l’Oxford blue (bleu foncé), l’autre T.B. Langton, avait ramé pour Cambridge qui a pour couleur le Cambridge blue (bleu azuréen) Stirling lui-même, était originaire de cette université…
A propos de l’épée, certains y voient la fameuse « Excalibur » du Roi Arthur, d’autres celle de « Damoclès ».
D’autres encore parlent de « Winged Dagger », pourtant manifestement, il s’agit bien d’une épée et qu’elle soit celle du Roi Arthur ou celle suspendue par un crin du cheval de Denys l’Ancien, tyran de Syracuse au dessus de la tête de Damoclés, répondrait mieux aux réminiscences historiques et celtiques auxquelles s’attachent les Ecossais fondateurs de l’unité.
Quant au brevet SAS, il est né de la main de Jock Lewes…
En fait, les ailes auraient été copiées d’une fresque murale pharaonique représentant les ailes de l’ibis blanc, l’oiseau sacré de la déesse Isis, se trouvant sur un mur de l’hôtel Shepheard du Caire.
Jock Lewes choisit comme dit plus haut, les couleurs des deux universités et remplace le disque solaire d’Horus par un parachute … Un insigne mythique était né !
A l’époque les ailes du brevet étaient remises après sept sauts en parachute et elles se portaient exclusivement sur la manche droite de l’uniforme.
Mais si un S.A.S. s’était signalé par une action d’éclat, il était autorisé à les porter sur le côté gauche de la poitrine.
.