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 Ligne Maginot ... Court résumé II

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Paracolo
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Paracolo


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MessageSujet: Ligne Maginot ... Court résumé II   Ligne Maginot ... Court résumé II Icon_minitimeDim 4 Sep 2011 - 4:47

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Nous avons vu dans le précédent chapitre, la genèse et le tracé des fortifications en service en 1940...

Voyons maintenant succinctement le :


Détail des organisations de la position de résistance

Tout d’abord, regardons la carte* d'un tronçon de front de la Région Fortifiée de Metz, tel qu'il existait en 1940, cette carte nous donne  bon exemple de la position de résistance réalisée entre 1930 et 1934, conformément au programme de la C.O.R.F., sans avoir été trop écornée par les restrictions budgétaires.

Le tronçon qui est situé au Nord-Est de Thionville et s'appuie à gauche à la Moselle est en fait le plus puissant de la Ligne…
La position de résistance est matérialisée par un obstacle constitué par un barrage antichars continu de six rangs de rails enfoncés dans le sol, doublé en arrière par un réseau de barbelés contre l'infanterie.

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Les alignements géométriques de l'obstacle sont battus par le feu de l'artillerie, des canons antichars et des mitrailleuses des gros ouvrages (Metrich, Billig, Hackenberg), des petits ouvrages (Coucou) et des casemates d'intervalles (Koenigsmacker, Hummersberg, Veckring) judicieusement implantés pour tirer le meilleur parti du relief du terrain.

Sur les sommets on trouve soit les blocs observatoires des ouvrages, soit des observatoires d'intervalle (observatoire des Chênes Brûlés) destinés à guider et à régler les tirs d'artillerie.

Entre 500 à 1000 m en arrière de la position de résistance, on trouve, à contrepente, des abris bétonnés, dits "abris d'intervalle", destinés à recevoir les P.C. les compagnies d'infanterie de forteresse, combattant à l'air libre et complétant en surface l'action des équipages d'ouvrages sous béton (abris du Nonnenberg, Bichel Nord et Sud, etc.).

On trouve également les "casernements de sûreté" (camps d'Elzange et de Veckring) destinés à abriter en temps de paix les éléments actifs des garnisons.
Implantés à proximité des entrées des ouvrages, ils permettaient aux équipages d'intervenir sans délai à la première alerte et d'ouvrir le feu sur une attaque brusquée déclenchée sans déclaration de guerre.

Plus en arrière, on trouve une "ligne d'arrêt", construite en 1939-40, alignement de "petits bétons" pour troupes de campagne battant le cours du ruisseau de la Canner utilisé comme obstacle.

Cet ensemble est complété :
- par des réseaux téléphoniques profondément enterrés dans le sol, dotés de nombreuses chambres de coupure où les troupes d'intervalle pouvaient brancher leurs réseaux de campagne, permettant une interconnexion complète entre équipages et troupes de surface;
- des réseaux de routes et de voies ferrées militaires (voies de 60 cm) permettant le ravitaillement des ouvrages, les liaisons, les mouvements de troupes;
- des câbles enterrés alimentant les ouvrages par l'arrière en énergie électrique haute-tension (10200 ou 17500 volts suivant les secteurs) du Secteur public, de façon à retarder le plus longtemps possible le moment où, les câbles étant détruits par le bombardement, les ouvrages devraient mettre en marche leurs propres centrales électriques.

- 10 à 20 km en arrière de la ligne de feu, on trouve :
    Les dépôts de munitions (St-Hubert, Reinange)… Les dépôts du génie (matériel d'organisation du terrain), Les postes de transformation bétonnés, 65000 - 10000 volts, assurant l'alimentation électrique (Bettlainville et Reinange)…Les épis servant de position de tir aux grosses pièces de 340 mm sur voie ferrée chargées de la contrebatterie… Bref tous les éléments de soutien nécessaires à une bataille longue, une bataille d'usure sans idée de recul.


Il est à noter que les fronts fortifiés sont tracés, en moyenne, à une dizaine de kilomètres en retrait de la frontière : on a vu à cette disposition une explication politique, le symbole de la non agressivité d'un système strictement défensif.

Certes, il y a le précédent fameux du repli de 10 km de nos troupes en août 1914, mais il semble que l'argument ait été tiré a posteriori.

En fait, cette marge de 10 km correspond à un souci de sécurité, une garantie contre une attaque par surprise. A la frontière elle-même, des postes de gardes mobiles, équipés de barrières à fermeture rapide, flanquées de blockhaus légers, constituent les sonnettes d'alarme permanentes de façon à donner aux échelons actifs la demi-heure nécessaire pour courir aux tourelles et engager les obus dans les culasses…


L’ouvrage type Maginot

Les ouvrages constituent les piliers, l'ossature de la position de résistance; entre eux, abris et casemates d'intervalle ne constituent qu'un matériau de remplissage.

Canons sous tourelle et casemates recoupent leurs champs de tir de telle sorte qu'un ouvrage -selon le schéma initial du moins pouvait avoir ses superstructures balayées par le tir de quatre ouvrages voisins (deux à droite et deux à gauche), toute la défense reposant sur le principe de l'appui réciproque (Cette disposition exclut a priori toute chance de succès d'une attaque par surprise du style de celle qui vit, le 10 mai 1940, 90 parachutistes allemands mettre hors de combat l'ouvrage belge d'Eben-Emael isolé et non soutenu par des ouvrages collatéraux).

Un ouvrage Maginot c’est en fait :

- un certain nombre de "blocs" de combat (tourelles ou casemates d'artillerie ou d'infanterie), construits à la surface du sol;
- une infrastructure de galeries souterraines, organisée en galeries de communication, casernements, magasins, centrales électriques, etc. etc ...

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Les galeries sont creusées à une profondeur minimum de 20 m mais dans bien des cas le relief du terrain donne des protections très supérieures, parfois jusqu'à 60 et même 96 m de couverture.

Les blocs sont reliés aux galeries par des puits verticaux avec ascenseurs et monte-charge, sauf cas particuliers (entrées par exemple) .

Les galeries se prolongent souvent très en arrière des blocs de combat (2 à 3 km parfois), de façon à ce que les blocs d'entrée, implantés si possible à contrepente, soient aussi protégés que possible.

A titre indicatif, certains petits ouvrages ne comportent qu'un seul bloc actif, tandis que le plus gros ouvrage de la Ligne, le Hackenberg, compte 19 blocs et plusieurs kilomètres de galeries. Entre les deux, on trouve toute une gamme de solutions correspondant à chaque cas particulier.
Les services généraux, la caserne (La caserne d'ouvrage est constituée par une série de galeries parallèles, cloisonnées en chambrées à 3 étages de lits, et reliées par des "écoutes" ou couloirs transversaux), les dépôts, la centrale électrique sont groupés à l'arrière de l'ouvrage, non loin des entrées, pour échapper dans toute la mesure du possible au bombardement des blocs.

A l'avant, chaque bloc a ses propres magasins au pied du puits, ainsi que le logement des équipes de service aux pièces.

Le PC de l'ouvrage est situé au centre de gravité des blocs de combat, si possible à proximité des observatoires; dans certains ouvrages (Hackenberg, Metrich, Oterbiel), l'épaisseur du terrain a permis de percer la galerie du P.C. à mi-hauteur, entre le bloc observatoire et le niveau général des galeries de l'ouvrage.

A côté du P.C. se trouve généralement le central téléphonique.

L'ouvrage est enfin pourvu d'une issue secrète selon le procédé suivant :

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En partant de la galerie de l'ouvrage (ou d'un tronçon d'égout visitable) on accède, par un avant puits E et une porte D à un puits coupé en deux par une trappe C.
La partie supérieure A est remplie de gravier, la partie inférieure est vide (B).
Par un dispositif mécanique, on fait basculer la trappe C, le gravier se vide de A en B, le puits est alors libre; on ouvre la porte D, et, à l'aide des échelons scellés dans la paroi, on peut gagner la surface et sortir à l'air libre.
Caché en plein champ par une mince couche de terre végétale, un tel dispositif est absolument invisible.


L’équipage

L'équipage d'ouvrage varie d'une soixante d'hommes pour les plus petits ouvrages, à douze cents environ pour les plus gros ensembles.
C'est un groupement interarmes composé par tiers d'infanterie, d'artillerie et de génie :

L'infanterie dessert les blocs d'entrée, les blocs d'infanterie et les cloches de guetteurs. Elle mène ainsi le combat sur les superstructures avec les armes d'ouvrages, mais n'effectue pas de sorties, les manœuvres extérieures étant réservées aux troupes d'intervalle.
L'infanterie peut cependant participer aux travaux de renforcement de l'organisation défensive de l'ouvrage.

L'artillerie dessert les blocs d'artillerie, l'organisation de tir d'artillerie et assume le service des munitions.

Le génie se divise lui-même en :
    Sapeurs mineurs, chargés des réparations du gros-œuvre, de la guerre de mines, des obstacles, etc., Sapeurs électromécaniciens, chargés d'assurer le fonctionnement et l'entretien des installations électromécaniques et de la ventilation, en sapeurs de chemin de fer, chargés du réseau traction et des transports, Sapeurs radiotélégraphistes. (Mineurs et électromécaniciens étaient issus des 1er, 2ème, 3ème, 4ème et 7ème Régiments du génie (selon les secteurs). Les sapeurs de chemin de fer relevaient tous du 15ème génie et les télégraphistes du 18ème)  


Le terme "équipage" -qui est d'ailleurs un terme tout à fait approprié- n'est qu'une des nombreuses analogies avec la marine :
L'équipage est divisé en trois "quarts" semblables (Cette disposition n'était pas réalisée pour les officiers: lors des combats de 1940, ceux-ci seront pratiquement cloués à leurs postes nuit et jour et littéralement surmenés.) , à tour de rôle de service aux pièces,de piquet et de repos.
Quant au logement, il y avait dans les ouvrages un nombre de lits égal à la moitié de l'effectif, mais les commandants d'ouvrage s'arrangeront pour donner un lit à chacun.

Maître après Dieu comme le capitaine d'un navire, le commandant d'ouvrage est théoriquement le seul à avoir le privilège d'une chambre individuelle près de son PC.

Généralement, pour les ouvrages importants, c'était un commandant ou un lt colonel, choisi avec soin parmi des "briscards" ayant fait leurs preuves pendant la Grande Guerre.

Quant à la troupe, la haute technicité des installations et de l'armement avait conduit à sélectionner les hommes parmi les éléments jeunes et qualifiés, contrairement aux habitudes antérieures qui affectaient d'office aux places fortes les vieilles classes de la réserve et les territoriaux.
Les soldats de la forteresse étaient des troupes d'élite, des spécialistes hautement qualifiés; chacun avait un rôle précis à jouer et avait été longuement entraîné dans ce but.


L’armement

L'armement des ouvrages et casemates constituait l'ossature minimum du plan de feu de la position : à la mobilisation, les troupes d'intervalle des unités de campagne venaient tripler l'effectif et les moyens des troupes sous béton…

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Cette ossature minimum, la C.O.R.F.  l'a voulue parfaite et à très haute efficacité.
En outre, pour éviter la tentation trop prévisible qu'aurait pu avoir le commandement de sortir les canons des ouvrages pour les employer ailleurs -ce qui nous avait valu la tragédie de Verdun en 1916- l'armement est spécifique à la fortification et impossible à employer au dehors, par contre, à calibre identique, les munitions sont les mêmes.

On trouve donc dans les ouvrages :

Des matériels d’infanterie :

- mortier de 50 mm Mle 35, sous cloche cuirassée, sous casemate, sous créneau béton, etc, etc.,
- le canon antichar de 37 mm Mle 1934, destiné à armer les casemates et blocs d'infanterie dont les dimensions étaient trop petites pour recevoir le 47,
- des canons antichars de 25 mm longs ou raccourcis, dérivés du 25 SA Mle 34 et introduits à partir de 1935 ("armes mixtes"),
- des mitrailleuses Reibell MAC 1931 F (sous casemate, tourelle ou cloche JM), armement antipersonnel de base, employé en jumelage,
- des fusils-mitrailleurs Mle1924-29 F, armant les cloches de guetteurs et les créneaux de défense rapprochée,
- et enfin des goulottes lance-grenades destinées à battre les façades en angle mort.

Des matériels d’artillerie :

- des pièces courtes (dites "lance-bombes") de 135 mm (calibre spécial n'existant qu'en forteresse) tirant à 5.600 m un obus de 21 kg à grande capacité-
- des canons-obusiers de 75 mm dérivés du légendaire 75 de campagne
    - canon de 75 Mle 1929 de casemate ; portée 12.000 m. - canon de 75 Mle 1932 de casemate ; portée 12.000 m. - canon de 75 Mle 1933 de casemate ; portée 12.000 m. - canon de 75 Mle 1933 de casemate ; portée 12.000 m. - canon de 75 R (raccourci) Mle 1932 de casemate ; portée 9500 m- canon de 75 R (raccourci) Mle 1932 de tourelle ; portée 9500 m

- mortier de 75 Mle 1931 (matériel n'existant que dans les Alpes),

Soit un total 344 pièces de canon ou mortiers, dont la moitié sur les Alpes.

On s'est souvent étonné du petit nombre de pièces d'artillerie des gros ouvrages et l'amiral Lepottier n'a pas hésité à qualifier la ligne Maginot de "Montagne de béton accouchant d'une sarbacane".

Cette comparaison ne tient pas si l'on veut bien prendre en considération le fait que ces pièces étaient des engins à très hautes performances, capables de soutenir longtemps des cadences de tir élevées, disposant dans l'ouvrage même de leurs rechanges et de stocks de munitions énormes (6400 coups par pièce de 75).
- on admettait qu'une seule [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien](à 2 pièces) avait la même puissance de feu que 2 batteries d'artillerie de campagne (total 8 pièces)
- un gros ouvrage comme le Simserhof pouvait débiter, toutes les armes en action, 2,5 tonnes de projectiles à la minute. On arrive à 4 tonnes pour un monstre comme le Hackenberg !!!

Inversement, pour des raisons évidentes de protection et de mouvement d'éclipse, il était indispensable que les tubes des canons soient entièrement contenus dans les chambres de tir cuirassées des tourelles et que ces tourelles restent dans des dimensions restreintes (4 m de diamètre).
Il était par conséquent hors de question d'installer des pièces longues de gros calibre, dont les tubes auraient dû dépasser les cuirasses, et, ne pouvant être éclipsés, auraient été rapidement détruits.

On ne cherchait pas le gros calibre, réservé à l'artillerie d'intervalle, mais des engins tirant vite et étant quasi indestructibles…
On y était bien arrivé et c'est pour ces motifs qu'on avait éliminé les calibres 155 et 145 à longue portée, un moment envisagés.

C'est également pour des raisons techniques (incompatibilité entre la longueur et la mobilité des tubes, avec l'inertie des tourelles) que la fortification Maginot ne comporte aucune pièce contre avion.
La défense contre avion était confiée aux troupes d'intervalle…
Malgré le retrait de ces dernières, l’action de l’aviation n’a pas eu d’influence sur la reddition des forts en 1940 (Hochwald Schoenenbourg)…


L’alimentation électrique

Tout, dans la fortification C.O.R.F., marchait à l'électricité, avec commande manuelle de secours pour les tourelles et les ventilateurs…

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Aussi l'équipement électrique des ouvrages était-il développé, faisant figure de technique futuriste à l'époque de la construction.
Aujourd'hui son ampleur et sa qualité provoquent encore l'admiration …
L'essentiel, le cœur, est constitué par " l'usine" constituée de deux parties distinctes :

- la cellule haute-tension, où se trouvent les transformateurs alimentés par la haute-tension du secteur civil arrivant par câbles enterrés…
- la centrale, équipée de groupes diesels, qui est mise en route lorsque le courant du secteur n'arrive plus.
Elle comprend :
    - 4 groupes couplables pour un gros ouvrage - 3 groupes couplables pour un ouvrage moyen - 2 groupes non couplables pour un petit ouvrage, (1 au secours de l'autre).


Les moteurs sont des diesels lents (350 à 600 tours) d'une qualité légendaire, puisque, installés en 1935, la plupart sont encore en état de marche aujourd’hui.
Leur puissance (jusqu'à 350 CV) est fonction des besoins de l'ouvrage.

Evidemment, on avait pris de larges marges de sécurité; les circuits principaux sont doublés ou triplés.
La puissance est surdimensionnée, de façon à avoir toujours au moins un groupe en réserve, et chaque centrale d'ouvrage disposait de trois mois au minimum de carburant, d'huile et d'eau de refroidissement.


La ventilation

Sans entrer dans des détails fastidieux, on peut dire que la ventilation des ouvrages avait été conçue sous la hantise des obus à gaz de 14-18 et des accidents causés par l'oxyde de carbone dégagé par le tir des armes…

Le principe général consistait à mettre les blocs en surpression (13 à 30mm d’eau) pendant le combat, de façon à refouler automatiquement à l'extérieur les gaz de tir des armes de l'ouvrage et ceux lancés par l'ennemi…

L'air frais était aspiré aux entrées par les galeries lorsque l'atmosphère était pure (régime "air pur") ou bien décontaminé sur les batteries de filtres de l'ouvrage et de chaque bloc, en cas d'attaque par gaz (régime "air gazé").
Un réseau spécial dit "d'air vicié" aspire et rejette au dehors l'air pollué des WC, les buées des cuisines, les gaz des chambres à douilles etc ....

Le service était assuré par un personnel spécialisé disposant d'un réseau de transmissions particulier.


Diverses installations

Rapidement :
- les cuisines elles étaient électriques dans les gros ouvrages, à charbon ou fuel dans les petits ouvrages…
- les forages et réserves d'eau assuraient une autonomie absolue…
- l'infirmerie pourvue d’un bloc opératoire ultra-moderne…
- la morgue, chaque ouvrage disposait d'une morgue et d'une certaine dotation de cercueils en tôle galvanisée, contrairement à une légende trop volontiers répandue, voire infamante, selon laquelle les corps des tués étaient détruits à l'acide et jetés à l'égout.


Les blocs de combat

Les "blocs" sont les émergences actives des ouvrages, dont ils abritent l'armement, les observatoires, ou protègent les entrées…

Ce sont des constructions en béton armé, dans les parois desquelles sont percées les embrasures de tir (blocs casemates), ou d'où émergent les tourelles (blocs tourelles).

La protection avait été calculée - et expérimentée au polygone - en fonction des calibres contre lesquels on voulait se protéger, fonction également de l'importance relative de l'ouvrage ou du bloc…

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Quatre types de protection avaient été adoptés, variant de 3,50 m de béton (dalle et murs de fond exposés aux coups) ou protection no 4, à l'épreuve de plusieurs coups de 420 mm ou de la bombe de 1000 kg, à 1,50 m, ou protection no 1, réservée aux petites casemates, par exemple les casemates des berges du Rhin…

De la dalle du bloc émergent une ou plusieurs cloches cuirassées, sortes de tourelles fixes protégeant un guetteur armé d'un fusil-mitrailleur et d'un mortier de 50 mm, en plus d'appareils d'optique.

Ces cloches, du fait de leur immobilité, étaient très exposées... Les techniciens, conscients de ces risques, s'y étaient opposés, mais ce type de cuirassement fut néanmoins imposé à la C.O.R.F. …

Les murs arrière des blocs étaient relativement minces, je l’ai déjà dit ailleurs, 1,50 m pour les gros blocs...

Cette "minceur" était intentionnelle, comme nous l’avons vu, et avait pour but de nous réserver la possibilité d'enfoncer ces parois en cas de prise par l'ennemi: c'était l'irréversibilité de la fortification.
Disposition, parfaitement justifiée par l'expérience, elle devait malheureusement jouer en notre défaveur, lorsque les Allemands, après avoir tourné la ligne Maginot, attaquèrent les ouvrages à revers.

Les locaux sont répartis sur deux niveaux, parfois trois ou quatre, en plus de l'étage situé au pied du puits, au niveau des galeries.

Outre l'armement qui constitue sa raison d'être, le bloc renferme ses ventilateurs et sa propre batterie de filtres, un réservoir d'eau, des magasins à munition (M2 et M3), son PC, les chambres pour le personnel de service, le puits qui le relie aux galeries générales de l'ouvrage, ses WC, etc…

La nourriture lui est apportée chaude de la cuisine de l'ouvrage par le petit train électrique.
Les casemates d'intervalle, isolées entre les ouvrages, assuraient la continuité du barrage de feux d'infanterie.


Les casemates d’infanterie

Une casemate est dite simple lorsqu'elle flanque dans une seule direction, ou double lorsqu'elle a deux chambres de tir dos à dos et tire dans deux directions opposées…

Elle ressemble beaucoup aux blocs des ouvrages, sauf qu'elle ne comporte pas de locaux en profondeur.
C'est un bâtiment à deux niveaux, dont un en sous-sol (étage "vie") et un au rez-de-chaussée (étage de combat). De la dalle émergent une ou plusieurs cloches de guetteurs, parfois une cloche de mitrailleuses ou d'armes mixtes.

L'armement est constitué, pour chaque direction battue, par deux jumelages de mitrailleuses Reibell, dont l'un peut se permuter avec un canon antichar de 37 ou 47 mm.

L'équipage varie d'une dizaine d'hommes à une trentaine, commandés par un lieutenant.

Comme les ouvrages, les casemates ont leur autonomie en eau (puits ou forage), électricité (groupe CLM), vivres de réserve, éclairage de secours etc ... Les réserves sont cependant plus réduites.
Derrière la façade arrière, on installait des projecteurs d'éclairage du champ de tir, sous caisson cuirassé, mais ce travail n'était pas achevé partout en 1940…

On trouve parfois deux casemates voisines reliées par galerie (Veckring, Drachenbronn); on parle alors de "couple de casemates".


Les abris d’intervalle

Défilés, à contrepente, en arrière de la ligne de feu, on trouve les abris d'intervalle…

Leur architecture est semblable à celle des autres éléments constitutifs, mais la disposition interne est spécialement adaptée à leur mission : servir de logement protégé à des éléments destinés à combattre à l'extérieur.
Par vocation, les abris ne comportent pas d'organes de tir autres que les cloches et créneaux de défense rapprochée.
On trouve des abris de surface et des abris-cavernes lorsque le terrain a une pente permettant de creuser l'abri en galerie à 20 m sous terre.
Leur capacité était généralement prévue pour une demi compagnie, plus rarement pour une compagnie.

Nous avons vu et JMR s’y est promené, que l'on avait laissé intentionnellement une large trouée libre entre la Région Fortifiée de Metz et celle de la Lauter, en profitant d'un terrain particulièrement défavorable à une offensive…

Cette région avait été organisée en zone d'inondations d'une manière remarquable…

Les cours des rivières jalonnant la position avaient été coupés par une série de barrages. En fermant ceux-ci, on provoquait la montée des eaux dans les différents biefs.

Pour accélérer la mise en eau et pallier les insuffisances de débit, on avait constitué des réservoirs avec barrages de retenue: en ouvrant ceux-ci, on lançait des masses d'eau dans les biefs, provoquant la formation de bancs d'eau très difficiles à forcer.
En 1938 on mit en chantier deux lignes de casemates type "STG" (Section Technique du Génie) pour assurer la défense permanente du système d'inondations; mais aucune n'était terminée en juin 1940…

Les ouvrages furent occupés par leurs équipages de guerre pour la première fois en mars 1936, au moment de la remilitarisation de la Rhénanie par Hitler, puis en 1938 au moment de l'affaire de la Tchécoslovaquie…


Dans un troisième et dernier volet nous verrons brièvement quel fut, en 1940, le comportement de la ligne...


* Des cartes, géographiquement plus précises et plus soignées, trouveront place dans les articles "de fond"
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Dernière édition par Paracolo le Mer 5 Oct 2011 - 15:28, édité 1 fois
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Zitoune
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MessageSujet: Re: Ligne Maginot ... Court résumé II   Ligne Maginot ... Court résumé II Icon_minitimeLun 5 Sep 2011 - 10:50

Pour étayer un peu concernant l'organisation de la ligne, l'exemple du  SF de l'Escaut.

Les différences entre ce qui était prévu et ce qui le fut réellement. Quelques point fortifies, sans artillerie et isolés notamment le PO d'Eth, la foret de Raismes avec ses 9 casemates CORF, la région de Maubeuge avec ses 4 PO dont un à 3 blocs, mais il ne s'agit toujours que d'ouvrages d'infanterie.


Et les "trous" seront bouchés par quelques casemates STG, moins solide que la CORF sans étage souterrain mais néanmoins de bonne qualité, et une multitude de petits bétons construits pour la plupart pendant la drole de guerre.


Du saillant de Maulde jusqu'au PO d'Eth il y aura 47 casemates STG construites à partir de 1936 et 130 de ces petits blocs "camelote".
La tentation illusoire de tout barrer avec un pointillé de blokhaus sans résistance...
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Paracolo
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Paracolo


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MessageSujet: Re: Ligne Maginot ... Court résumé II   Ligne Maginot ... Court résumé II Icon_minitimeLun 5 Sep 2011 - 11:11

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Ce que l'on oublie de dire, ou plutôt que l'on confond, ces que ces petits blocs ne font pas partie de la ligne...

Ils sont conçus comme des ouvrages de campagne destinés à protéger les armes lourdes des troupes d'intervalle...

On ne peut parler de "camelote" que si l'on considère faussement qu'ils font partie de la ligne...

Sinon ils sont utiles, au même titre qu'un tranchée ou un trou individuel...

Ils démontreront leur efficacité entre autres sur le Kalmerich lors de l'attaque de Puttelange...

On oublie également de dire, que la plupart de ces "petits bétons" étaient vides au moment de l'attaque les troupes d'intervalle ayant reçu l'ordre de se retirer...

Il reste néanmoins vrai que l'on aurait mieux fait d'entrainer la troupe plutôt que de la muer en maçons... Et que tout cet argent dépensé aurait mieux servi s'il avait été consacré à faire au moins de la STG...

Mais ce n'étaient pas les mêmes affectations de crédit... Sur ce point rien de neuf aujourd'hui, dans secteur civil comme dans le militaire...



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