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 "La route de l'honneur coloniale" ....

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MessageSujet: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMar 3 Oct 2023 - 1:32

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"La route de l'honneur coloniale" 🇨🇵

"Plus de 20 bataillons sont tapis dans la jungle, guettant le passage des Français"


Il y a 73 ans, 1er octobre 1950.

Le groupement Bayard approche de la cuvette de Dong Khé après avoir occupé le poste de Na Pa, abandonné par l'ennemi. Le peloton d'élèves gradés du lieutenant Faulque ouvre la marche. 
Vers 16 heures, après un bref accrochage, il fonce vers Dong Khé, distant d'à peine un kilomètre, entraînant le reste du BEP à sa suite.

Mais alors que les légionnaires commencent à descendre dans la cuvette, les Viets déclenchent un tir nourri d'armes automatiques et d'armes lourdes.
Vers 17 heures, les parachutistes sont cloués au sol par les unités installées sur les crêtes avoisinantes.
Toutefois, le poste lui-même semble faiblement occupé et le commandant Segrétain pense qu'il est possible d'emporter la décision avant la nuit.


"La route de l'honneur coloniale" .... Col_le11

Le colonel Lepage opte pour la prudence et décide de remettre l'attaque au lendemain avec l'appui de l'aviation.
Ce premier combat coûte 30 tués au BEP.
Pendant la bataille de la RC4, le 1er B.E.P va être de tout les combats et subira des pertes inimaginables,il disparaîtra totalement.
Mais les hommes du légendaire 1er B.E.P vont faire vivre l'enfer aux Viets,ils feront de nombreux faits d'armes exceptionnels,notamment à Coc Xa.
La colonne de secours (la colonne Le Page) sera décimée et affamée.
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"La route de l'honneur coloniale" .... 1er_be20

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"La Guerre n'est pas belle, l'Humanité ne l'est pas non plus..." - Général Bigeard
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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMar 3 Oct 2023 - 1:57

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"Les combats sont d'une rare violence, le 11e Tabor pase une nuit d’enfer sur le Na-Kéo ; les goumiers se battent au corps à corps."


"La route de l'honneur coloniale" .... 38571010

"La route de l'honneur coloniale" .... 1f1e8_1f1f5 Il y a 73 ans,2 octobre 1950, bataille de la RC4 "La route de l'honneur coloniale" .... 1f1e8_1f1f5

Le 2 octobre à l'aube, le groupement Bayard tente une attaque en tenaille pour occuper les hauteurs qui entourent Dong Khé. Les tirailleurs et le 1er Tabor doivent progresser par l'ouest, le 1er BEP et le 11e Tabor par l'est. Les Viets se sont considérablement renforcés dans la nuit et bloquent tous les axes d'attaque. A midi, malgré quelques progrès obtenus au prix de lourdes pertes, il devient vite évident que l'opération doit être abandonnée, d'autant plus qu'une météo défavorable a interrompu l'appui aérien.

Plus grave encore, les avions d'observation ont aperçu d'autres unités Viet minh en marche pour rejoindre le champs de bataille. Le colonel Lepage ordonne un retour vers That Khé, où le 3e BCCP (bataillon colonial de commandos parachutistes) vient de sauter en renfort, quand un message lancé par avion lui apprend l'évacuation de Cao Bang et sa mission de recueil. L'ordre vieux de deux jours est alors totalement inapplicable. 

Lepage décide donc de contourner Dong Khé par l'ouest en empruntant l'ancienne piste de Quang Liet puis de rejoindre Charton sur la RC4, une quinzaine de kilomètres plus au nord. Il laisse le BEP et le 11e Tabor au sud de Dong Khé pour fixer l'adversaire.

"La route de l'honneur coloniale" .... Colone22

Si cohérent qu'il puisse paraître, ce plan est dès le début voué à l'échec en raison de l'énorme supériorité numérique des Viets. 
Les unités qui se tournent à l'ouest de la RC4 doivent progresser dans une jungle épaisse et accidentée où les communications radios sont difficiles et l'ennemi omniprésent. Les Viets se contentent en effet de masquer la position du BEP à Na Pa et poursuivent les hommes de Lepage. Le 2 octobre, en fin d'après-midi, ils attaquent en force, balayant une compagnie entière du 8e RTM.

Pendant ce temps, près de la RC4, les goumiers du commandant Delcros sont chassés de Na Kéo après des combats d'une rare violence où l'ennemi n'est pas comptable de ses pertes. Le commandant Segrétain ne dispose déjà plus que de 500 à 600 légionnaires-parachutistes sur un effectif initial de 800. Plutôt que d'être pris au piège dans la cuvette, il choisit de contre-attaquer pour prendre les hauteurs environnantes et de fournir une diversion susceptible de desserrer l'étau autour des troupes de Lepage.

L'assaut commence dans l'obscurité avec le soutien des goumiers rescapés. Tout d'abord surpris, les Viets se reprennent et déciment les légionnaires. Ceux-ci continuent néanmoins à avancer. Puis la progression devient impossible devant la formidable puissance de feu déployée par l'ennemi. Le commandant Segrétain ordonne à ses hommes de s'accrocher à la mi-pente. Avec le commandant Delcros, il informe par radio Lepage de son intention de décrocher peu avant l'aube. Celui-ci fini par accepter mais demande au BEP de le rejoindre.
Segrétain et Delcros décident de faire un détour par le col de Lung Phaï pour faire évacuer la centaine de blessés par les goumier encore valides. La colonne commence à peine à s'engager sur la route que les Viets la submergent. Les goumiers sont abattus ou dispersés et la plupart des blessés achevés. Les survivants refluent vers le BEP qui fonce droit devant lui. Une trentaine de légionnaires tombent mais les autres réussissent à se dégager. 

Le 3 octobre en fin de journée, les 400 survivants du BEP et quelques goumiers atteignent la côte 765, située à deux kilomètres au sud-ouest de Dong Khé. Ils sont fatigués et manquent de munitions mais leur calvaire ne fait que commencer.
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Dernière édition par Lothy-SF le Jeu 5 Oct 2023 - 20:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMer 4 Oct 2023 - 10:57

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"C’est l’assaut au sifflet. L’adversaire à moins de 50 mètres"

Il y a 73 ans, 3 octobre 1950, la bataille de la RC4

La chasse intervient sur le Na Kéo pour soulager les goumiers. Le 1er B.E.P. délaisse la cote 615 pour se porter à la rescousse du 11e Tabor. Le 11e Tabor n’est plus qu’une troupe laminée par les combats menés depuis 48 heures. Les rescapés se replient vers Na Pa et la R.C. 4. Vers le 1er B.E.P. convergent deux régiments de la brigade 308, l’unité phare du général Giap. Les légionnaires aménagent au mieux les tranchées existantes et creusent de nouveaux abris. Le lieutenant Meyer de la 2e compagnie est tué par une balle de mitrailleuse.

A 15 heures, c’est l’assaut au sifflet. L’adversaire à moins de 50 mètres, les légionnaires ouvrent le feu avec des MP 40 et des grenades défensives ; un straffing des King Cobra contribue à refouler les assaillants. De son côté le lieutenant-colonel Lepage est accroché sur l’autre versant de la cuvette de Dong Khé. Le Viet en force est partout disséminé.

Le jour décline,précédée d’une intense préparation de 75, une nouvelle vague arrive en hurlant suivie aussitôt par une autre. La 3e compagnie supporte le choc principal. Le P.E.G. du lieutenant Roger Faulques intervient et rétablit une situation un moment compromise. L’attaque est brisée. Les pertes des Viets sont lourdes. La situation est grave : les chargeurs de F.M. net de P.M. sont presque tous vides. Grenades et obus de mortiers manquent. Une centaine de blessés, légionnaires et goumiers, alourdit la position. Le médecin-capitaine Pédoussant et le médecin-lieutenant Levy sont débordés ; ils se dépensent au mieux avec les infirmiers pour soulager temporairement les blessés.

Sur ordre, le groupement du lieutenant-colonel Charton quitte sa position fortifiée de Cao Bang : il comprend le III/3e R.E.I., le 3e Tabor marocain, un bataillon de partisans Thôs ; en tout 1 600 hommes, auxquels se joignent 500 civils. La colonne emprunte la R.C.4 et marche lentement. 
Des groupes de partisans, dont celui du 1er B.E.P. du caporal Constant et du sergent Hoï, éclairent la colonne. Mais la colonne avance au massacre. Le général Giap dispose d’une gigantesque embuscade sur la R.C.4 avec 30 000 hommes, dix fois l’effectif total des forces françaises.

"La route de l'honneur coloniale" .... 38625510


Pour plus d'informations, voir le long sujet : « Indochine !…»  

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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeDim 8 Oct 2023 - 12:36

7 octobre 1950... il y a 73 ans...

"La route de l'honneur coloniale" .... 38775710


"Au corps à corps, on se foudroie à bout portant, on s'égorge au milieu de cris de rage des combattants, de souffrance des blessés. Le terrain est jalonné de cadavres et de blessés"

Il n’est pas encore 4 heures du matin lorsque le B.E.P. commence à s’engager vers le fond de la cuvette en direction du goulet et de la source : la 2e compagnie du capitaine Gilbert Bouyssou, le P.E.G. du lieutenant Roger Faulques, le P.C., puis la 1er compagnie du capitaine Pierre Garrigues, la 3e compagnie du capitaine Robert de Saint-Etienne et la C.C.B. du lieutenant Deborde.

Embusqué partout, bien à l’abri, l’ennemi se prépare à faire un carnage. Derrière chaque rocher, derrière chaque arbre, il y a un Viet.
La section Chauvet est en tête de la colonne ; les légionnaires avancent un par un ; soudain la section se heurte à des centaines de Viets qui ne lui laissent pas le temps de réagir. En un instant, elle est anéantie.

Suivis des Tabors, les légionnaires progressent mètre par mètre, sous un feu ininterrompu. Combat inégal, sans issue. Pourtant, ils continuent : grenades, couteau, tout est bon. Des trois cents combattants, blessés compris, que Segrétain a réussi à rassembler avant l’assaut, il n’en reste, après quelques minutes de combat, que cent dix...
Les Viets ne fléchissent pas. Ils tiennent la sortie des calcaires avec plusieurs centaines d’armes automatiques. Presque tous les officiers du B.E.P. sont tombés.

Les élèves-gradés et les survivants de la 2e compagnie font plier l’ennemi. Ils ont presque réussis mais ils sont aussi décimés. Faulques est blessé et avec lui, son adjoint. A deux, ils tentent l’impossible, avant de tomber. Bouyssou s’élance à son tour, sans plus de succès.

Plus haut, la 1ère compagnie du capitaine Garrigues a réussi à atteindre le bord de la falaise, au prix de lourdes pertes, dont le capitaine de Saint-Etienne et la 3e foncent en criant. Comme ses camarades Garrigues et Bouyssou, et tout à l’heure Deborde, Saint-Etienne tombe au milieu de ses légionnaires.

A 5 heures 30, la source est atteinte et les bo-doïs bousculés décrochent. Mais à quel prix ! Les quatre commandants de compagnie, plus de la moitié des chefs de section tués et avec eux la majorité de leurs légionnaires. Avant de foncer vers la vallée, Pierre Segrétain lance un dernier message à Lepage : ‘’Je n’ai plus de bataillon’’. 
Une centaine de chanceux avec les lieutenants Marcé, Roy et Cornuault, s’extraient de la cuvette de Coc Xa, et réussissent à se glisser au bord du ravin ; certains blessés mais encore capables de marcher.

Le B.E.P. ouvre la marche ; derrière lui, goumiers et tirailleurs se pressent pour sortir.

Car c’est au tour du 1er Tabor, avec en tête le 59e Goum emmené par le lieutenant Villeneuve, de s’élancer en entonnant "la Chahada" .
Les Marocains leur passent dessus, escaladent la faille. Les Tabors d’une compagnie du 8’ R.T.M. commandés par le capitaine Feaugas se lancent au coude à coude en chantant un chant sacré.
A la fin de l’assaut, il n’en restera plus grand-chose. Le lieutenant Lefébure, un rescapé, dira plus tard :
« La guerre, je l’avais connue en Italie, en France, en Allemagne. Sur la R.C.4, je n’ai vu qu’une boucherie à laquelle rien ne peut se comparer ».

Les ultimes résistances Viets sont emportées par ce torrent humain qui s’écoule. Mais si les Viets ont cédé à la source, ils dévalent par le haut. Le groupement Bayard file vers la vallée, qui par la piste, qui par les falaises, à l’aide de lianes. Les rescapés des sections des lieutenants Hippert et Auboin descendent le long des parois verticales ; au sud de la faille, le lieutenant Stien et le groupe des partisans effectuent la même démarche. Il y a des chutes mortelles.

L’objectif est toujours la cote 477 où la colonne de Cao-Bang est arrivée, plus éprouvée que prévu ; à l’aube le 3e Tabor est submergé et perd son piton ; mais, arrivant sur les lieux, les légionnaires du III/3e R.E.I. contre-attaquent avec succès. Poursuivant leur action, ils se heurtent à une résistance acharnée sur ce piton escarpé. 
L’ennemi est nombreux et tenace ; l’assaut doit être renouvelé plusieurs fois ; alors qu’il enlève la position dans une lutte au corps à corps, le commandant Michel Forget du III/3e R.E.I., l’une des plus grandes figures du 3e R.E.I., est tué.

Les débris des deux colonnes se mêlent ; rares sont les unités encore à peu près constituées ; seul le miracle légionnaire permet à une centaine du B.E.P. à se présenter en sections, avec armes. Malgré ses lourdes pertes, le III/3e R.E.I. est encore le plus cohérent. Il est désigné pour fixer l’ennemi en queue de colonne. Il reçoit le choc du régiment 209, venu de Dong Khé. Isolé, affaibli par les combats précédents, le bataillon remplit sa mission d’arrière-garde et disparaît en entier dans la tourmente.

Tout autour de 477, l’étau se referme et se durcit ; le salut est à That Khé vers les cotes 680 et 703 où le capitaine Labaume et ses légionnaires se sont portés en recueil.
Charton en force et Lepage en souplesse tentent le passage et se font intercepter.

Jeanpierre donne les ordres : les légionnaires constituent des groupes de 15 ; ils partent ensemble en colonne par un, sans matériel. En cas d’accrochage, les groupes prennent leur autonomie et s’efforceront de s’infiltrer entre les positions adverses. Objectif That Khé à 20 kilomètres d’ici.
La colonne tombe dans une embuscade près de la rivière ; elle éclate non sans pertes ; le commandant Pierre Segrétain est très grièvement touché au ventre. L’héroïque commandant du 1er B.E.P. reste sur la piste avec deux sous-officiers blessés. Le soir même, il est emmené à l’hôpital Viet de Dong-Khé où il décède de ses blessures..

Au départ, dans la nuit du 7 au 8 octobre, ils étaient une petite centaine ; au terme d’une odyssée infernale, ils ne seront qu’à peine un quart à rallier un poste de la Légion au nord de That Khé le mardi 10 octobre. Le capitaine Jeanpierre en tête, le lieutenant Marce en serre-file, le groupe formé après l’embuscade de la rivière rallie le poste.

Au total, ils sont 23 rescapés du 1er B.E.P. : trois officiers, le capitaine Jeanpierre et les lieutenants Marce et Roy, les sous-officiers Hartkopf, Antonoff et Becker, 17 légionnaires.
Dès leur arrivée à That Khé, ils sont évacués par avion sur Langson et Hanoï. Sinon ils auraient partagé le sort des derniers défenseurs de That-Khé.

Au profit de la R.C.4, le commandement désigne le 3e B.C.C.P. du capitaine Paul Cazaux qui n’aligne qu’un effectif squelettique de 270 parachutistes, renforcé par la compagnie du lieutenant Daniel Loth avec ses 130 légionnaires, arrivée de Sétif à Bach Mai, la base arrière, en renfort du 1er B.E.P.. Le bataillon saute sur That Khé vers 16 heures.


Voici le témoignage du colonel Lepage sur cette nuit d'horreur :

" Empruntant la piste qui bénéficie, à l'aplomb de la paroi calcaire d'un certain angle mort, les para-légionnaires parviennent jusqu'à quelques centaines de mètres de la source, sans susciter la moindre réaction. Mais là, tout à coup, le contact est pris. c'est alors un fracas assourdissant : éclatement de grenades et de mortiers, crépitement des armes automatiques, fusillade, dont les bruits s'amplifient, répercutés par l'écho entre les murailles calcaires. Le sillage des traceuses, l'explosion des grenades et des obus de mortiers, les lueurs des départ illuminent en un véritable feu d'artifice, l'obscurité de la nuit. On tire sur les ombres, sur tout ce qui bouge au jugé des départs. Dans ce cadre dantesque, la lutte est homérique. C'est un spectacle hallucinant, une vraie vision d'enfer.
Les premières vagues d'assaut sont anéanties ou clouées au sol, d'autres suivent. Elles se terminent au corps à corps, on se foudroie à bout portant, on s'égorge au milieu de cris de rage des combattants, de souffrance des blessés. Le terrain est jalonné de cadavres et de blessés à mort.
Je suis auprès du commandant Segrétain ; nous suivons, à plat ventre à l'abri d'un rocher, le déroulement du combat.

A la pointe du jour le BEP, qui a perdu les trois quarts de son effectif et la plupart de ses officiers, ne peut plus progresser. Les survivants sont cloués au sol par les feux ajustés de tireurs abrités dans les rochers. Dans l'aube naissante, en face de nous, le passage commence à se détacher sur l'horizon à peine éclairé des premières heures du jour.
Les commandants de bataillon sont là, derrière moi. J'interpelle l'un d'eux dont le Tabor est à pied d'oeuvre :
- "Feaugas ! Il faut y aller, c'est votre tour, il y va de l'honneur des goums et du salut de la colonne !"
Se tournant vers Jeanpierre, celui-ci lui demande :
- "Quel est l'itinéraire à suivre pour sortir de la cuvette ?"
- Le chemin est facile à repérer, il est jalonné des cadavres du BEP ! répond Jeanpierre.

Feaugas alerte alors le capitaine Deminière qui commande le GCA du 1er Tabor :
- "Vous ferez tirer tous les mortiers et vous arroserez à la mitrailleuse la petite crête qui devant nous marque le col où passe la piste. Vous poursuivrez le tir jusqu'à que vous me voyez personnellement au sommet.
Deminière, au garde à vous, fixant son patron dans les yeux, lui fait remarquer :
- Mais mon capitaine, je risque fort de vous descendre.
- Sans doute mon vieux ; mais il faut absolument forcer le passage. Pour cela entraîner les goumiers et foncer avec eux, afin qu'ils sachent bien que c'est la seule chance de sortir de là. Faites moi un feu d'enfer sur cette crête et In Ch'Allah !
Les deux hommes s'embrassent. Ironie du sort, c'est le capitaine Deminière qu'on ne reverra pas.
Le capitaine Feaugas a donné l'ordre au 59° goum de foncer avec lui, d'abord en formation diluée, pour l'approche, puis d'attaquer en force la crête qui apparaît déjà dans un nuage de fumée et de feu. Le capitaine Raval, qui commande le Goum et son adjoint le lieutenant du Crest de Villeneuve ont parfaitement conscience de l'importance de l'enjeu. Ils partagent entièrement le sentiment de leur chef et entraînent derrière eux les goumiers qui, hurlant la "Chahada" se libèrent de leur peur panique.
Ils se ruent littéralement à l'assaut de la crête. Ils sont maintenant en rangs serrés, bientôt au coude à coude. Les premiers sont fauchés par la mitraille, mais d'autres suivent. Ils tombent aussi, d'autres suivent encore en hurlant plus fort, farouchement déterminés, plus acharnés encore d'arriver en haut, ils y parviennent. 
Surpris et effrayés par cet assaut démentiel, les Viets sont pris de panique et lâchent pied. Le passage est libre. Hélas ! Il est trop tard. Seules quelques unités en profiteront...
Le gros du groupement bloqué au débouché de la cuvette, où s'est formé un embouteillage monstre, talonné par les Viets, a été bousculé et acculé au bord de la falaise. Affolés, les Marocains goumiers et tirailleurs se sont précipités dans l'a-pic là où ils se trouvaient. Alors, avec l'énergie du désespoir, abandonnant tout ce qui pouvait les gêner, ne gardant que leur arme en sautoir, ils se sont laissés glisser le long de la muraille calcaire, s'accrochant à tout ce qui tenait, une branche d'arbre, une touffe d'herbe, à des lianes où de véritables grappes humaines restaient un moment suspendues. Sautant d'un point d'appui à l'autre, après des bonds parfois acrobatiques, beaucoup finirent par atteindre le fond de la vallée, tandis que d'autres moins chanceux, à bout de force ou maladroits, allaient s'écraser sur les rochers d'en bas."

"La route de l'honneur coloniale" .... Rc410
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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMar 10 Oct 2023 - 1:29

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"La route de l'honneur coloniale" .... 1f1e8_1f1f5 Il y a 73 ans, 8 octobre 1950, bataille de la RC4 "La route de l'honneur coloniale" .... 1f1e8_1f1f5


"Embuscades devant et derrière. Des cris et des rafales d’armes déchirent la nuit. Beaucoup d’hommes, valides ou blessés sont fait prisonniers, souvent achevés sur place."


Au matin, le bataillon Cazaux reçoit mission de se porter à hauteur du groupement Labaume qui occupe la cote 608. Une fois sur la crête, Cazaux s’installe en position défensive, la compagnie Loth étant placée en réserve. Au soir du 8, Labaume décroche et c’est à Cazaux de couvrir son repli et de contenir les Viets.
La colonne des rescapés se disloque. Epuisés, abattus, les survivants se frayent un chemin à travers les Viets, marchant vers le nord. Embuscades devant et derrière. 
Des cris et des rafales d’armés déchirent la nuit. Beaucoup d’hommes, valides ou blessés sont fait prisonniers, souvent achevés sur place. S’ils sont épargnés, comme les lieutenants-colonels Charton et Lepage, ils connaîtront les souffrances de la captivité.

Au soir du 8 octobre, la presque totalité des forces françaises est hors de combat, tuées, disparues ou prisonniers.


Malgré leur bravoure, le III/3e R.E.I. du commandant Michel Forget et le 1er B.E.P. du commandant Pierre Segrétain disparaissent dans la tourmente.
Sur les cotes 608 et 703, les légionnaires du capitaine Labeaume voient déboucher des fantômes. Des colonnes Le Page et Charton, environ 500 hommes parviennent à rejoindre les positions françaises (12 officiers, 475 gradés et hommes de troupe).

Du 1er B.E.P., à rejoindre That-Khé, ils sont 23 rescapés du 1er B.E.P. : trois officiers, le capitaine Jeanpierre et les lieutenants Marce et Roy, les sous-officiers Hartkopf, Antonoff et Becker, 17 légionnaires.
Du III/3e R.E.I., il ne rentre pratiquement personne.
800 goumiers, 43 sous-officiers et 22 officiers disparaissent en dix jours de combat.

Au total, les pertes françaises sont estimées à 5 000 hommes (tués, blessés, prisonniers).
Quant aux 3 000 prisonniers, ils ne seront qu’un millier à survivre.

Le 1er B.E.P. et le III/3e R.E.I. ont disparu. Tous les deux renaîtront avec de nouveaux chefs et de nouveaux légionnaires.

 9 octobre 1950, RC4 "La route de l'honneur coloniale" .... 1f1e8_1f1f5

"Hormis quelques isolés, les paras n’atteindront jamais Na Chan. Le 3e B.C.C.P. disparaît dans la retraite de That Khé"


Au petit jour, les rescapés arrivent par la R.C.4 à un kilomètre au nord de That Khé, où des camions viennent les chercher. Mais le repli tragique ne s’arrête pas là.
Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1950, sur ordre du colonel Constans, toujours à Langson, That Khé et tous les postes de la R.C.4 sont évacués. Des centaines d’hommes se pressent devant le Song Ky Cong car les Viets ont fait sauter le seul pont et la traversée du fleuve s’effectue par des bateaux M2 du Génie. 

Commence la longue route en direction de Na Cham, à 30 kilomètres de là, encore défendue par la 4e compagnie du capitaine Mattéi du I/3e R.E.I. Les paras assurent l’arrière garde du repli de That Khé tandis que les Viets serrent de près et ne cessant d’harceler la R.C.4.
Le repli s’effectue sans trop de pertes grâce au sacrifice de la 4e compagnie du I/3e R.E.I. et des parachutistes du 3e B.C.C.P. et du 1er B.E.P. 
Des fuyards, rebroussant chemin, signalent que les Viets viennent d’occuper le défilé de Déo Cat. Les postes qui gardaient ce passage délicat ont été abandonnés prématurément par leurs garnisons. 
La R.C.4 est barrée vers le Sud. Poursuivre implique livrer bataille et de déloger les Viets. La compagnie Loth à plusieurs reprises avec l’appui de trois King Cobra tente de faire sauter le verrou. Loth, blessé, transmet le commandement au lieutenant de Labrouhe.
En fin d’après-midi et sur ordre formel, le capitaine Cazaux du 3e B.C.C.P. abandonne sur la R.C.4 tués et blessés dont le lieutenant Loth du 1er B.E.P.

Hormis quelques isolés, les paras n’atteindront jamais Na Chan. Le 3e B.C.C.P. disparaît dans la retraite de That Khé ; son chef de corps, le capitaine Paul Cazaux est tué. La compagnie de renfort du 1er B.E.P. du lieutenant Loth disparaît également aux côtés du 3e B.C.C.P. dans une nature hostile face à un adversaire omniprésent.
Malgré leur bravoure, le 3e B.C.C.P. du capitaine Paul Cazaux et la compagnie de renfort du 1er B.E.P. du lieutenant Loth disparaissent dans la tourmente.

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FranckF

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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMer 11 Oct 2023 - 18:47

Un récit que je n'ai lu qu'en diagonal, mais que je vais reprendre avec intérêt...
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Brelan
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Brelan


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MessageSujet: Re: "La route de l'honneur coloniale" ....   "La route de l'honneur coloniale" .... Icon_minitimeMer 11 Oct 2023 - 19:07

Un récit passionnant.
On replonge dans cette guerre comme si on entendait un reportage.
Les blessés reprennent le commandement avant de tomber à leur tour.
"Le 3e B.C.C.P. disparaît dans la retraite de That Khé""
Les uns après les autres, les hommes tombent, les unités disparaissent...
Quelle hécatombe...
On a mal quelque part...

_________________
« Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses … Pour ma part, j’avance au milieu d’incertitudes. J’ai vécu trop d’épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes… » Hélie Denoix de Saint Marc
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