L'armée populaire vietnamienne

Le Viet Minh créé en 1941 dont le principal dirigeant était Ho Chi Minh était une organisation politique communiste dont la branche armée "Brigade de Propagande Armée" date de décembre 1944.


Cette brigade initiée par Vo Nguyen Giap deviendra en aout 1945 l'Armée Populaire Vietnamiène partie intégrante du Viet Minh.
Des le mois de décembre 1944 Giap lance des actions qui ressemblent plus à du terrorisme que de la guérilla...
Les services de renseignement français n'y voyant alors que quelques "sauvageons" sentirent tout de même qu'il se passait quelque chose.


Aout 1945.
Le général Y. Gras dans son Histoire de la Guerre d’Indochine décrit ainsi les premiers Viets: "Ils sont loqueteux et gouapes, brandissent des coupe-coupe, des sabres, des lances, quelques-uns ont des fusils et des révolvers."

Octobre 1945.
Je cite encore le  général Y.Gras: " A l’état major du général Leclerc perçait déjà un certain mépris pour la guérilla, considérée comme une forme de guerre mineure. On était persuadé que l'Annamite avait une nature peu belliqueuse et ne pouvait faire qu'un combattant médiocre. l'armée du Viet-minh apparaissait comme une caricature d'armée et n'avait droit qu'à l’appellation péjorative de bandes."
Difficile d'y voir, à l'époque, un réel danger, et pourtant...

Pourtant l'organisation militaire du Viet-Minh va doucement se renforcer, répartie  en deux catégories bien distinctes:
—Ve Quoc Doan , l'armée régulière.
—Dan Quan, l'armée populaire.

Ve QuocDoan:
Forte de 75000hommes (1949) pour l'ensemble du Vietnam, commandée par le«général d'armée» Giap,qui est également Ministre de la défense nationale. Elle ne compte pas de grandes unités, mais des commandements territoriaux correspondants aux différents secteurs (Khu). Ces commandements se composent d'un chef assisté d'un adjoint, contrôlés et surveillés par un commissaire politique,et disposant d'un état-major.

Trungdoàn, (régiment) c'est la plus grande unité Viet-Minh.
Elle se compose comme suit: 1état-major de régiment, Plusieurs sections (Trungdôi) de commandement :transmissions , pionniers, renseignements, politique...
1bataillon (Tiêudoàn) de marche dit «chueLuc» , à 3 compagnies(Daidôi) de combat. 5 à 6 compagnies indépendantes de garde du territoire.
Certains autres régiments, en Cochinchine par exemple, ont une structure différente et comptent  3 bataillons de 3 compagnies. Effectifs théoriques Régiment(Trungdoàn),env.1000 à 1500 hommes.
Bataillon(Tiêudoàn), env. 400 à 500 hommes.
Compagnie(Daidôi),  env.100 hommes.
Section (Trungdôi) ,env.30hommes.
Groupe(Tiêudôi),env.10hommes.
Les régiments et les compagnies  possèdent un numéro d'identification .Par exemple,T.D.82,D.D.1.031.,etc.

DanQuan:
Cette dernière est composée d'éléments civils vivant sur le terrain ,qui mènent un combat de guérilla et appuient temporairement les unités régulières selon les besoins. Les effectifs et les armements sont variables. Ces unités sont menées au combat par des«agents politiques» et leur principale mission est le sabotage des voies de communications et le harcèlement des postes français.
Armement.
Il est souvent disparate  et ne comprend que des armes d'infanterie (en attendant l'aide exterieure) avec une grande difficulté d'approvisionnement en munitions.

Bernard Fall, dans"Guerres d'Indochine", précise que le Viet-Minh sera , au départ largement équipé de matériel américain provenant des stocks nationalistes chinois(environ 2500 pièces de campagne et 500000 fusils dans leurs caisses d'origine furent récupérées à Moukden par les communistes chinois). Plus tard, le matériel américain récupéré en Corée apparaîtra également en Indochine.
Pour un régiment on compte approximativement:
_ 5 à 10 mitrailleuses
_ 20 à 25 FM
_10 mortiers
_ 900 armes individuelles.
Certaines unités possèdent également des canons de petit calibre et quelques armes anti-aériennes. 
 



Dès la fin du mois d'avril 1950, la Chine communiste commence à apporter toute l'aide technique et matérielle nécessaire au Vietminh pour forger son corps de bataille. Envois de missions militaires, d'armes, de munitions et d'équipements se succèdent aussi bien par voie terrestre, en direction du «réduit tonkinois», que par voie maritime, sur le Thanh Hoa. Puis, à partir du mois de juin, à tour de rôle, les unités «chu luc» sont dirigées vers les camps d'instruction du Kouang Si et du Yunnan.

Durant l'été, quelque vingt mille hommes sont entraînés et réarmés pour former les régiments organiques de la Division 308 ainsi que les Régiments 209 et 174 (de la future Division 312), le Régiment 246, destiné à assurer la défense des PC, et plusieurs bataillons autonomes. Dans le même temps, au Tonkin, deux nouveaux régiments sont créés tandis qu'une nouvelle division, la 304, se forme au Thanh Hoa. Ainsi, à la fin de l'année 1950, le Vietminh, pourtant loin d'avoir achevé la mise sur pied de son corps de bataille, dispose de deux divisions opérationnelles, les 308 et 312 ; la Division 304, maintenant dans la région de Cho Moï, est en cours de rééquipement avec des armes chinoises (elle ne sera véritablement opérationnelle qu'à la fin janvier 1951).

Une quatrième division, la 320, est en voie d'organisation dans le Lien Khu III avec l'ancien armement de la 304 et une cinquième, la Division 316, ne sera réellement formée qu'au mois d'avril. D'autre part, une division lourde, la 351, commence à se constituer autour de deux régiments d'infanterie en cours de transformation en régiments d'artillerie. Enfin, dans le courant du mois de décembre 1951, le Vietminh va mettre sur pied la Division 325 qui ne sera toutefois jamais officiellement constituée et qui regroupera les unités régulières du Lien Khu IV. A la fin de l'année 1951, l'ordre de bataille et la répartition territoriale de l'Armée populaire se présenteront de la façon suivante :

Grandes unités Tonkin
• Division 304 : Régiments 9, 57 et 66 — spécialisée pour s'infiltrer et combattre dans le Delta — base arrière en bordure du Delta, région de Thanh Hoa et Phu No Quan.
• Division 308* : Régiments 36, 88 et 102 — base arrière dans la région de Thaï Nguyen-Phu To.
• Division 312* : Régiments 141, 165 et 209 — base arrière dans la région de Yen Bay-Phu To.
• Division 316* : Régiments 98, 174 et 176 — spécialisée dans les opérations en Pays thaï et au Nord-Laos — base arrière dans la région de Yen Bay.
• Division 320 : Régiments 48, 52 et 64 — spécialisée pour s'infiltrer dans le Delta. Mais elle peut constituer avec la 304 un groupement opérationnel pour livrer une bataille rangée — base arrière en bordure sud du Delta, région de Thanh Hoa et Phu No Quan.


Quant à la Division 351, elle ne sera opérationnelle qu'au printemps 1953 et comprendra :
• les Régiments 45 et 675 : artillerie
• le Régiment 237 : armes lourdes
• le Régiment 367: DCA
• le Régiment 151: Génie Annam
• Division 325 : représente les forces régulières du Lien Khu IV ; elle regroupe théoriquement les Régiments 18 du Quang Binh, 95 et 101 du Thua Tien.

Unités non endivisionnées (régiments indépendants et spécialisés) Tonkin
• Régiment 148 : spécialisé dans les opérations en Haute Région.
• Régiments 42 et 46 : spécialisés dans les opérations à l'intérieur du Delta et couvrant respectivement le Hung Yen et le Thaï Binh.
• Régiments 238 et 246 dont la mission est la défense des PC, des installations gouverne-mentales et des dépôts. Annam
• Régiments 96, 108 et 803 : implantés dans le Lien Khu V et qui, renforcés d'une compagnie lourde, forment une division de marche. Cochinchine
• Régiment Dong Naï : Bataillons 301, 302, 303 et 304.
• Régiment Dong Thap Muoï : Bataillons 307, 309 et 311 — opérant en Plaine des Joncs.
• Régiment autonome 300  stationné à Phu My.
• Régiment 950 (volontaires de la mort)  destiné à agir à Saïgon.
• Régiment Cuu Long : Bataillons 308, 310 et 312  opérant vers Tra Vinh.
• Régiment Tay Do : Bataillons 402, 404 et 406.

Soit au total, environ 110 000 réguliers auxquels il convient de rajouter environ 200 000 hommes faisant partie d'unités régionales et de groupes de guérilla.

* Les trois principales divisions présentes à Dien Bien Phu, dont l'artillerie.

Merci Zitoune.

Si les etats majors ont largement sous estimé la valeur militaire des combattants de première ligne Viet, les officiers de terrain et notamment ceux des BEP  avaient parfaitement conscience des qualités et de la rusticité de ces combattants.
A lire sur le sujet l'excellent livre de Louis Stien..."Les soldats oubliés"

Glard a écrit:

Si les etats majors ont largement sous estimé la valeur militaire des combattants de première ligne Viet, les officiers de terrain et notamment ceux des BEP  avaient parfaitement conscience des qualités et de la rusticité de ces combattants.
A lire sur le sujet l'excellent livre de Louis Stien..."Les soldats oubliés"

Oui tu as raison, tout au moins au début.
Et puis il ne faut pas oublier que le corps expéditionnaire à la même période n'était pas non plus remarquablement équipé.

La boutade en vogue était de dire : "Si tu veux un fusil, faut le voler à un Viet"...exagérée, certes, mais qui dénotait bien que nous n'avions pas non plus une armée de riche. 

Il faudra attendre 1951,  et le roi Jean pour redonner un peu d'air.

Pour Cao Bang et la route RC 4 crois tu qu'ils avaient compris ?