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 Katyn, ou le grand mensonge... II

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Paracolo
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MessageSujet: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeLun 4 Mai 2015 - 5:08

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Katyn, ou le grand mensonge... II


Les rescapés dictent les noms des disparus ; les listes s’allongent. Chose étrange, parmi ces noms, la commission de recensement ne retrouve jamais ceux des officiers de Starobielsk, de Kozielsk et d’Ostachkov. « Nous étions encore convaincus à cette époque, dit Czapski, que ces camarades allaient apparaître d’un moment à l’autre. Contrairement à notre attente, non seulement aucun d’eux ne se présenta, mais sur les centaines d’hommes qui arrivaient de tous les points cardinaux et passaient par notre bureau, personne ne fut en état de nous donner la moindre nouvelle sur eux. Cela nous semblait incompréhensible. »

Pour Joseph Czapski, le sort de ces officiers devient une idée fixe. D’autant plus qu’il a séjourné à Starobielsk. Il y a noué d’inoubliables amitiés. Dans les premières semaines de 1940, avec une soixantaine d’autres officiers, il a été tiré de ce camp et on l’a transféré au camp de Griazovietz. Il ne l’a quitté que lors de la création de l’armée polonaise d’Anders.
A Griazovietz, il a retrouvé environ quatre cents prisonniers de guerre polonais, presque tous officiers, provenant comme lui de Starobielsk, de Kozielsk ou d’Ostachkov. Pourquoi ont-ils bénéficié d’un tel privilège ?
La plupart ne l’ont jamais su. Après la guerre, Czapski a appris que d’éminentes personnalités occidentales étaient intervenues en faveur de l’artiste qu’elles admiraient : les peintres Sert et Jacques-Emile Blanche, la reine mère de Belgique, mais aussi le Vatican et la Croix-Rouge. Ce qui est sûr, c’est que ce transfert lui a sauvé la vie.

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Avril 1943, le charnier au moment de son dégagement.

Les jours passent.
A la commission de recensement, on commence à envisager le pire. Certains osent parler d’une « liquidation préméditée » des officiers polonais.
Deux témoignages concordants retiennent particulièrement l’attention. Leurs auteurs, des femmes, affirment que deux énormes péniches, portant sept mille officiers et sous-officiers polonais, ont été coulées, en 1940, dans la mer Blanche.

Une telle horreur est-elle concevable ? Peut-on admettre que les Soviétiques aient délibérément liquidé la quasi-totalité des officiers polonais prisonniers ?

Longtemps, à Totsk, on s’y refuse.
D’autant plus que d’autres informations signalent que dans la Kolima, région voisine du Kamtchatka, de très nombreux prisonniers polonais ont été affectés aux mines d’or et à la construction de camps d’aviation.
Deux officiers à cet égard fournissent des détails extrêmement précis. La Kolima, disent- ils, est un pays uniquement peuplé par les prisonniers et leurs surveillants. Il s’agit d’un « réseau de camps et de mines situé le long du fleuve Kolima qui tombe dans l’océan Glacial entre la Léna et le golfe de Behring ».
Un pays très riche « en cuivre, or, argent, plomb et charbon ». Un climat « particulièrement rigoureux » : on y connaît, dès septembre, des froids de – 30°. D’après le capitaine Z…, « c’était en avril et mai 1940 qu’on avait envoyé au camp de transit de Boukhta-Nakhodka plusieurs milliers de Polonais, parmi lesquels il y avait des officiers, qu’on avait déportés de là dans les territoires de la Kolima ».


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Sentinelle allemande gardant une des fosses communes ouvertes contenant des corps demi enterrés d’officiers polonais assassinés. Il y avait huit fosses communes au total.

Un autre militaire confirme : « 70 pour cent des effectifs d’un seul camp de travail moururent de froid durant l’hiver de 1940-1941. »
Il certifie que « des transports de 6 000 à 10 000 Polonais partirent de Boukhta-Nakhodka justement à partir d’avril 1940. » Cette date, remarque Joseph Czapski, concorde « avec celles de la liquidation des camps de Starobielsk, de Kozielsk et Ostachkov ».

Czapski n’en montre que davantage d’énergie à vouloir « récupérer » ses camarades.
Il rédige un rapport détaillé sur le sort des Polonais encore prisonniers et le porte lui-même au colonel Okulicki, chef d’état-major de l’armée polonaise.
Lui aussi sort des prisons soviétiques où, d’ailleurs, on lui a cassé toutes les dents. Il écoute Czapski avec une extrême attention, s’empare de son rapport et promet que des démarches seront aussitôt entreprises « à l’échelon le plus élevé ».

De son côté, Anders tempête. Il s’adresse directement aux autorités soviétiques : où sont les officiers, cadres naturels de l’armée dont on lui a confié le commandement ? Du 16 au 29 août 1941, il rencontre six fois le général Panfilov qui commence par estimer à 20 000 le nombre des militaires polonais prisonniers en URSS, y compris les officiers.
Anders lui apporte une contradiction sévère : dans les seuls camps de Kozielsk, Starobielsk et Ostachkov, on comptait en mars 1940 plus de quinze mille officiers ! L’étonnement manifesté par Panfilov semble sans limites :
— De quels camps parlez-vous ? Je n’ai jamais entendu ces noms-là !

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Les exhumations commencent.

Le lendemain, la mémoire lui revient tout à coup.
Où avait-il la tête ? C’est vrai, les camps ont bel et bien existé mais ils ont été supprimés en 1940. Quant aux prisonniers qui s’y trouvaient, c’est tout simple, ils ont été transférés dans différents camps de travail.
Anders se refuse catégoriquement à admettre que l’on ne puisse les retrouver. Ce que voyant, Panfilov finit par promettre de les faire rechercher.
— Il en reste peut-être quelque chose, de ces Polonais…*
* Alexandra Kwiatkowska Viatteau : op. cit.

Face à de tels atermoiements, Stanislas Kot, ambassadeur à Moscou du gouvernement polonais en exil, décide de s’adresser aux plus hautes autorités soviétiques : à Vychinsky, vice-président du Conseil des commissaires des peuples, à Molotov, vice-président du Comité d’État à la Défense, à Staline enfin. Sans relâche, il les abreuve de notes diplomatiques. Vychinsky se contente de répondre :
— À mon avis, tous les officiers ont été libérés. Il ne s’agit plus que de savoir où ils sont. Si quelqu’un d’entre eux n’a pas encore été relâché, il le sera certainement. Le problème n’en est plus un pour moi.


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D’évidence, il faut reprendre les démarches au plus haut niveau.
Le 13 octobre 1941, le général Sikorski, chef du gouvernement polonais, adresse une « note spéciale » à Bogomolov, ambassadeur soviétique à Londres. Un mois plus tard seulement, il reçoit la réponse. Bogomolov, se reportant à une déclaration officielle, en date du 8 novembre 1941, sur l’amnistie des citoyens polonais en URSS, affirme : « Tous les officiers présents en URSS ont été relâchés. »

On tourne en rond.
Pour en avoir le cœur net, il faudrait pouvoir poser la question à Staline lui-même.
Sous la pression instante du gouvernement en exil, le dictateur accepte enfin – le 11 novembre 1941 – de recevoir Kot. Par chance, les historiens peuvent disposer du dialogue échangé, en présence de Molotov, par les deux hommes. Il a fait l’objet d’un compte rendu « noté aussitôt après l’audience » par l’ambassadeur lui-même.

« Kot. — J’ai déjà pris beaucoup de votre temps, Monsieur le Président, alors que vous avez tant de choses importantes à faire. Mais il y a encore une question importante : puis-je la soulever ?
Staline. — Certainement, Monsieur l’Ambassadeur.
Kot. — C’est vous qui êtes l’auteur de l’amnistie pour les citoyens polonais en URSS. Voudriez-vous user de votre influence pour obtenir que votre initiative soit pleinement réalisée ?
Staline. — Y a-t-il encore des Polonais qui ne sont pas relâchés ?
Kot. — Pas un seul officier du camp de Starobielsk, liquidé au printemps 1940, n’est arrivé chez nous.
Staline. — Je vais m’en occuper. Mais après une libération, tellement de choses peuvent arriver !
Comment s’appelait le commandant de la défense de Lwow ? Général Langner, si je ne m’abuse ?
Kot. — Langner, Monsieur le Président.
Staline. — C’est cela, le général Langner. Nous l’avons relâché l’année dernière. Nous l’avons fait venir à Moscou et avons parlé avec lui.
Puis il s’est évadé vers l’étranger, probablement en Roumanie. (Molotov acquiesce). Il n’y a pas d’exceptions à notre amnistie, mais d’autres officiers ont pu agir comme le général Langner.
Kot. — Nous avons les noms et les listes. Par exemple, le général Stanislas Haller n’a pas encore été retrouvé. Les officiers de Starobielsk, Kozielsk et Ostachkov, qui ont été emmenés de ces camps en avril et mai 1940, sont portés manquants.
Staline. — Nous avons relâché tout le monde, même les gens qui ont été envoyés chez nous par le général Sikorski pour faire sauter les ponts et tuer des citoyens soviétiques. Même ceux-là, nous les avons relâchés.
Kot. — Ma requête, Monsieur le Président, est que vous donniez des instructions pour que les officiers, dont nous avons besoin pour l’organisation de notre armée, soient libérés. Nous avons des rapports qui mentionnent les dates auxquelles ils ont été emmenés hors des camps.
Staline. — Y a-t-il des listes précises ?
Kot. — Tous les noms ont été notés par les commandants russes des camps qui tenaient à jour la liste nominative des prisonniers. De plus, le NKVD a fait une enquête sur chacun. Pas un seul des officiers que commandait le général Anders en Pologne [en 1939] ne nous a été remis.

(Staline, qui s’était levé quelques minutes plus tôt et qui marchait lentement le long de la table en fumant des cigarettes, mais écoutant attentivement et répondant aux questions, marcha rapidement vers le téléphone posé sur le bureau de Molotov pour demander le NKVD ).

 Molotov (se levant aussi et allant vers le téléphone). — Il ne fonctionne pas ainsi. (Il tourne un commutateur et va se rasseoir à la table de conférences).
Staline (téléphonant). — Ici Staline. Tous les Polonais ont-ils été relâchés des prisons ? (Un instant de silence pendant qu’il écoute la réponse). J’ai chez moi l’ambassadeur de Pologne qui me dit que tous ne l’ont pas été. (Il écoute à nouveau la réponse, puis pose l’écouteur et revient à la table de conférences). »

Après quelques minutes de discussion autour d’un autre sujet, le téléphone sonne. Staline quitte la table pour prendre l’appareil. Il écoute un instant. Après avoir reposé le combiné, il revient à la table sans mot dire.


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Prisonniers de guerre britanniques, canadiens et américains amenés en témoins sur les lieux du massacre.

Est-on plus avancé ? Kot ne le pense pas. On attend à Moscou le général Sikorski, chef de l’État polonais. Seul il pourra obtenir de Staline la vérité.

La rencontre a lieu, en présence d’Anders et de Molotov, le 3 décembre 1941. Ici encore nous possédons le compte rendu de l’entretien.

« Sikorski. — Je tiens à déclarer en votre présence, Monsieur le Président, que votre déclaration relative à l’amnistie n’est pas exécutée. Beaucoup de nos hommes les plus précieux sont toujours dans des camps de travail et en prison.
Staline (prenant des notes). — Cela est impossible car l’amnistie s’appliquait à tous, et tous les Polonais ont été libérés. »
Ces derniers mots s’adressent à Molotov, lequel acquiesce.
A la demande du général Sikorski, Anders confirme :

« Anders. — Ceci n’est pas conforme à la réalité des faits. J’ai, dans mon armée, des hommes qui ont été libérés il y a quelques semaines seulement et qui déclarent qu’il y a encore des centaines et même des milliers de nos compatriotes dans divers camps.
Sikorski. — Il ne nous appartient pas de donner au Gouvernement soviétique des listes détaillées de nos gens. Vos commandants de camp les ont en leur possession. J’ai avec moi une liste nominative d’environ quatre mille officiers qui ont été déportés et se trouvent encore dans des prisons et des camps de travail. Et cette liste n’est même pas complète car elle ne comporte que les noms qui ont pu être retrouvés de mémoire. J’ai donné l’ordre de vérifier si ces hommes sont en Pologne, car nous avons des contacts très étroits avec notre pays : il a été établi avec certitude que pas un d’entre eux n’est là-bas, ni dans un camp de prisonniers en Allemagne. Ces hommes sont ici. Pas un d’entre eux n’est revenu.
Staline. — C’est impossible. Ils se sont évadés.
Anders. — Vers où se seraient-ils évadés ?
Staline. — Eh bien, vers la Mandchourie.
Anders. — Il est impossible qu’ils se soient tous évadés… Je connais personnellement la majorité des officiers figurant sur cette liste. Mes officiers d’état-major y sont ainsi que des commandants d’unité.
Staline. — Ils ont certainement été libérés mais ne sont pas encore arrivés.
Sikorski. — La Russie est grande et les difficultés sont nombreuses. Peut-être des administrations locales n’ont-elles pas obéi aux ordres donnés… Si quelqu’un était parvenu à quitter la Russie, il m’aurait donné signe de vie.
Staline. — Comprenez bien que le gouvernement soviétique n’a aucune raison de garder un seul Polonais en prison.
 Molotov. — Il semble tout à fait impossible qu’un seul des vôtres soit encore dans des camps.
Anders. — Mais je peux affirmer qu’ils y sont !
Staline. — La chose sera réglée. Des instructions spéciales seront données aux autorités compétentes. Je vous demande, cependant, de tenir compte du fait que nous sommes en guerre. »
Les Polonais n’en obtiendront pas davantage.

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L’enquête obstinée de Czapski et de ses camarades se poursuit. En vain.
Le gouvernement polonais continue à inonder de notes diplomatiques les autorités soviétiques. Sans résultat.
Cependant, en réponse à sa note du 13 juin 1942, l’ambassadeur de Pologne à Moscou reçoit un mémorandum officiel déclarant définitivement que les officiers polonais ont été libérés et que, dans ce cas, ils sont rentrés chez eux, à moins qu’ils ne soient décédés en traversant l’URSS « de manière inorganisée ».

Au moins les autorités soviétiques vont-elles reconnaître qu’elles disposent de l’identité de tous les prisonniers polonais tombés aux mains de l’Armée rouge ?
Au cours d’une ultime entrevue avec Vychinsky le 8 juillet 1942, Kot réitère sa certitude : chaque officier prisonnier a été longuement interrogé par le NKVD et a fait l’objet d’un dossier. Comment ne pas croire à l’existence de listes concomitantes ?
Réponse de Vychinsky :
— Malheureusement, nous n’avons pas de telles listes.

Kot sera désormais, sans illusion. Faut-il frapper à d’autres portes ?
Czapski le pense. Il se fait recevoir par un écrivain illustre, Ilya Ehrenbourg, qui l’accueille dans sa résidence du luxueux hôtel Moskva mais se refuse non seulement à toute intervention mais à la seule expression d’une compassion.
Amer – comme on le comprend ! – Czapski est sorti de l’entrevue avec le sentiment de se trouver de nouveau « devant ce mur de pierre qui ne laisse percer nul gémissement humain, à moins que, du point de vue politique, ce gémissement puisse être exploité* ».
* Joseph Czapski : Terre inhumaine.

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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 14:48

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Imprévisiblement, à la même époque, une information singulière va parvenir aux oreilles du même Czapski.
Trois officiers polonais viennent lui confier les détails d’une entrevue à laquelle ils ont assisté en octobre 1940. Ils révèlent qu’un certain nombre d’officiers polonais, enfermés à la Lubianka et à Boutyrki, ont alors reçu de l’autorité soviétique une proposition inattendue : il s’agissait, en cas de conflit avec l’Allemagne, de former une armée polonaise qui combattrait dans les rangs de l’Armée rouge.

Le moment n’était pas mal choisi. Le moral des prisonniers se trouvait alors profondément atteint : l’alliance entre Hitler et Staline paraissait sans faille. Progressivement l’Europe passait sous la domination des nazis, la France elle-même annonçait sa volonté de collaborer avec l’Allemagne. Si les officiers polonais, en grande majorité, se sont raidis contre la proposition soviétique, quelques-uns ont accepté de s’y rallier. C’est ainsi que le colonel Berling a proposé la formation d’une division blindée polonaise*.
* Cette division verra le jour et Berling, devenu général, en prendra le commandement.

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On l’a si bien pris au sérieux qu’il a été reçu par Lavrenti Beria, chef suprême de la police politique et ministre de l’Intérieur, et Merkulov, responsable du NKVD. C’est cette entrevue que les trois officiers qui en avaient été témoins sont venus relater à Czapski. Berling a défendu avec fougue son projet et déclaré que le problème des cadres était résolu :
— Nous en avons d’excellents dans les camps de Starobielsk et de Stobielsk !
Beria a répondu :
— Non, pas ceux-là.
Et Merkulov a ajouté :
— Nous avons commis à leur égard une lourde faute.

Une lourde faute.
« Cette phrase, écrira Czapski, me fut répétée mot à mot par les trois témoins qui avaient assisté à l’entrevue. »
Sans perdre un instant, Czapski décide d’informer Anders. Or celui-ci est alors confronté au plus dur combat de son existence.

En autorisant la formation, sous son commandement, d’une armée polonaise, Staline en a fixé les effectifs à sept divisions auxquelles pourrait s’ajouter un régiment de réserve.
Il vient de faire savoir qu’il faut revoir les effectifs à la baisse.
Son explication : les États-Unis n’ayant pas livré les contingents de blé annoncés, il a besoin d’une main-d’œuvre plus abondante en Union soviétique.
Il estime les Polonais plus utiles chez lui que sur un front extérieur. La vérité est tout autre : ayant appris à comprendre le caractère polonais, il redoute que cette masse décidément incontrôlable – désormais il en est sûr – pourra un jour constituer un danger pour l’Union soviétique.

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Les soldats accourus avec tant de peine s’engager dans l’armée Anders vont-ils s’en retourner dans les mines du Grand Nord, dans les forêts de Sibérie, partout où règne le travail forcé ? Anders refuse cet esclavage « pire que la mort ».

Avec une énergie centuplée, il fait front. Au cours d’une audience qui dure une heure et demie, il tient tête à Staline. Le miracle est que Staline cède !
Il autorise 75 000 soldats et 44 000 civils – tous enlevés de force de Pologne en 1939 – à quitter l’Union soviétique et à passer en Iran.

Quand Czapski rejoint son chef pour lui faire part de ce qu’il vient d’apprendre à propos de la « lourde faute » avouée par Beria et Merkulov, il trouve Anders assis à son bureau. Il écoute attentivement son collaborateur.
Son regard se perd au loin, vers la fenêtre. Quand Czapski se tait, Anders garde un profond silence. Puis, évoquant les officiers disparus et comme se parlant à lui- même, il ajoute :
— Tu sais, moi je les envisage tous comme des camarades, des amis que j’aurais perdus dans une bataille.
« Il ne dit rien de plus, il se mit à fumer, en fixant toujours la fenêtre. »

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Soldats allemands requis à Katyn

Le 13 avril 1943, Radio Berlin interrompt ses émissions pour diffuser le texte que voici :
« Nous avons reçu une dépêche de Smolensk* nous informant que les habitants du pays ont indiqué aux autorités allemandes un endroit où les bolcheviks avaient organisé des exécutions secrètes massives et où 10 000 officiers polonais avaient été assassinés par la Guépéou. Les autorités allemandes se sont donc rendues à un endroit appelé Kosigory, une station climatique située à dix kilomètres à l’ouest de Smolensk, où une découverte atroce a été faite. Il a été trouvé un fossé de vingt-huit mètres sur seize, dans lequel étaient empilés en douze couches, les cadavres de 3 000 officiers polonais. Ces officiers étaient vêtus de leurs uniformes, certains étaient ligotés, tous avaient des blessures par balles dans la nuque.
« Il n’y aura aucune difficulté à identifier ces cadavres car, grâce à la nature du terrain, ils sont complètement momifiés et les Russes ont laissé sur eux tous leurs papiers personnels. Il a été établi dès aujourd’hui que le cadavre du général Smorawinski, de Lublin, a été découvert parmi ceux d’autres officiers assassinés. Ces officiers se trouvaient précédemment dans un camp à Kozielsk, près d’Orel. En février et mars 1940, ils avaient été amenés en wagons à bestiaux jusqu’à Smolensk. De là, ils avaient été transportés en camions à Kosigory où ils furent assassinés par les bolcheviks. La recherche d’autres charniers se poursuit. De nouvelles couches de cadavres se trouvent encore sous celles déjà découvertes.
On pense que le nombre total d’officiers assassinés se monte à 10 000, ce qui représenterait l’ensemble des officiers polonais faits prisonniers par les Russes. Les correspondants de journaux norvégiens qui se trouvaient sur les lieux ont eu la possibilité de vérifier les preuves du crime, et ont aussitôt envoyé des dépêches à leurs journaux d’Oslo.
»
* En avril 1943, les Allemands occupent encore cette partie de la Russie.


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Officiers allemands examinant une fosse.


 Au cours de la journée, la radio allemande livre de nouvelles précisions. Toutes tendant à démontrer que les Soviétiques, en 1940, ont exécuté sommairement à Katyn environ dix mille officiers polonais prisonniers. Le chiffre est hypothétique, il se révélera faux. Le fait est vrai.


Non loin de Smolensk, Katyn est à la fois une bourgade russe et une forêt. En quelques minutes, ce nom devient célèbre. Le monde apprend que, là, s’est déroulée une tragédie sans précédent.
A quelle époque ? Dans quelles conditions ? Sous la responsabilité de qui ? C’est le problème.

Des collines couvertes de conifères et d’arbres à feuilles caduques. Des pentes qui s’inclinent doucement vers des marécages où poussent des aulnes et des bouleaux blancs. De la crête des collines, des sentiers qui descendent vers le Dniepr et la maison de repos du NKVD. Voici « un bois de cinq à six kilomètres, un fouillis d’arbres et de halliers… Tout cela est vert*. »
* Robert Brasillach : Journal d’un homme occupé (1955).

Publication posthume.



C’est donc là que les officiers disparus ont trouvé leur dernière demeure.


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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeMar 28 Fév 2017 - 18:50

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Katyn ...encore un sujet à terminer...

Et oui Lothy, ils oseront même demander à Nuremberg que l'on juge les allemands pour ce crime...

Heureusement le procureur américain ne les a pas suivi... et leur a même un peu cloué le bec.

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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeMar 28 Fév 2017 - 18:53

paracolo a écrit:
.
Et oui Lothy, ils oseront même demander à Nuremberg que l'on juge les allemands pour ce crime...
Heureusement le procureur américain ne les a pas suivi... et leur a même un peu cloué le bec.


De cela, je me souviens, nous en avions discuté....

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Dernière édition par Lothy-SF le Sam 13 Avr 2024 - 1:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeDim 8 Juil 2018 - 20:06

Une dramatique page d'Histoire que je regrette de n'avoir pas rappelée  dans l'une des news d'avril....

Exemple de sujet ô combien intéressant mais sans grande réaction de lecteur !

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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeVen 22 Avr 2022 - 16:53

Je suppose que les lecteurs du sujet "Katyn" ne manqueront pas de lire la seconde partie....
Ce sujet n'a pas été terminé comme plusieurs autres... C'est regrettable mais à l'impossible nul n'est tenu !

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MessageSujet: Re: Katyn, ou le grand mensonge... II   Katyn, ou le grand mensonge... II Icon_minitimeSam 13 Avr 2024 - 1:10

Débats contradictoires ou pas...

Les historiens considèrent encore que :

Le 13 avril 1943, la radio allemande annonce la découverte d'un charnier à Katyn, dans une forêt de Biélorussie. Il s'agit des restes de 4.143 officiers polonais, délibérément exécutés par les Soviétiques lorsque ceux-ci, conformément au pacte germano-soviétique, s'étaient emparés en 1939-1940 de la partie orientale du pays. Pendant plusieurs décennies, niant l'évidence, les communistes persisteront à rejeter le crime sur les nazis. 
Il faudra attendre 1990 pour que les Soviétiques, par la voix de Mikhaïl Gorbatchev, assument la paternité du massacre...

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