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 Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954

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MessageSujet: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeDim 1 Mar 2015 - 11:38

Bonjour,

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954
(par Henri Garric)


PRELIMINAIRES :
 
A l’occasion des Cérémonies commémoratives du 60ème anniversaire de la fin du conflit en Indochine et de la bataille de DIEN BIEN PHU, le Président AGOSTINI me faisait écouter un enregistrement du Colonel Jean SASSI. Cet Officier Français évoquait, sans ambages, la frustration qui fut sienne de ne pas avoir pu à temps porter une aide à ses camarades Paras et Légionnaires encerclés à D.B.P. et ainsi redonner espoir à ses Méos, d’une issue favorable dans la guerre d’Indochine.  

QUI EST JEAN SASSI ?

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Jed410

D’origine Corse, il est né à Tunis en 1917, dans l’Empire comme il aimait le rappeler. Le parcours de cet Officier n’est absolument pas conforme à la tradition... son choix de vie le dirigeait vers le sport de haut niveau et pas du tout attiré par le métier des armes.  Pour son service militaire il est versé dans l’Armée de l’Air. Une aubaine dont il aimerait tirer parti, il postule pour être pilote ; mais handicapé par une mauvaise vue... c’est non !

Et l’on fait de lui un transmetteur. A la déclaration de guerre, démobilisé, son obsession est de se battre. Aussi, il n’hésite pas à changer de lieux et d’unités au gré de sa fantaisie, pour trouver le véritable contact avec l’ennemi. Il part en Algérie comme opérateur radio à Négrine, inscrivant ses pas dans ceux des Légionnaires le voilà en route pour la campagne de Tunisie – les alliés ont débarqués en A.F.N.-

Après un passage par les Corps Francs d’Afrique, toujours en Tunisie, c’est le retour au 45ème Régiment de Transmissions à Maison-carrée.  Cette situation ne lui convient pas et cherche l’unité qui le propulsera dans la guerre. Elle se présente sous la forme d’une proposition d’engagement au 3ème B.I.A. (Bataillon Infanterie de l’Air). Mais hélas ! C’était sans compter sur la guéguerre des Giraudistes contre les Gaullistes, lui et ses amis volontaires, encerclés par les Gardes-Mobiles, il réintègre manu-militari sa caserne à Maison-Carrée.

Les Gaullistes aussi sont opiniâtres, et arrive enfin le jour où Jean SASSI rejoint le 3ème B.I.A. Il entre dans la guerre par la voie Royale, les Britanniques en feront un agent secret, apte aux plus délicates missions. Il sera l’un des 100 volontaires parachutistes français, 200 autres seront britanniques et américains, pour mener au succès la mission la plus secrète de la seconde guerre mondiale : l’Opération Jedburgh.  

Insigne des Jedburgh

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Jed110

Formés à toutes les techniques de la guerre non-conventionnelle, surentraînés et dont la motivation a été portée à son paroxysme, ces 300 "Jedburghs", sont, à l’été 1944, parachutés par équipes de trois sur l’Europe occupée. Le Sous-Lieutenant Jean SASSI est largué prés de Dieulefit dans la Drôme et rejoint le Vercors, haut lieu de la Résistance Française.
Le 8 mai 1945, l’Allemagne Nazi capitule et si l’Europe retrouve la Paix il n’en est pas de même dans le Pacifique. C’est dans cette partie du monde que va se poursuivre l’épopée des Jeds. Embarqués à Glasgow, nos 40 français se retrouvent dans un camp secret du Ceylan en fin 1944. Objectifs, se familiariser avec un nouvel ennemi et l’univers inhospitalier de la jungle. Parmi ces hommes endurcis, le Lieutenant Jean SASSI.

L’INDOCHINE EN 1945

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Jed610

Il est indispensable de rappeler que la fin de la guerre sera effective le 2 septembre 1945 et qu’entre temps de graves événements ont eu lieu sur ce théâtre d’opération. Souvenons-nous... la France défaite et ruinée, incapable de préserver ses possessions à l’autre bout du monde et particulièrement celle que l’on qualifiait de « Perle de l’Empire Français ». Ce territoire, investi dès 1940 par l’Empire du Soleil Levant, n’a que très peu de moyens pour faire face à leur machine de guerre, et qui ne peut par ailleurs espérer aucune aide de la Métropole, va gérer au mieux leur présence.

La fin du conflit en Europe change totalement le rapport de force et les Japonais en sont tellement conscients, qu’ils attaquent, le 9 mars 1945, tous ceux qui représentent la France en Indochine. En quelques heures les français ont totalement perdu le control du territoire et de sa population.  Dans cette tragédie la colonie humaine française compte ses morts et ses prisonniers dans les camps de "Kempétai", les quelques hommes qui ont pu éviter le même sort ont quitté le territoire ; les uns en chine avec la colonne Alessandri et d’autres dans le nord Laos. Le Laos terre de montagne... donc abri naturel, mais aussi terre d’accueil de par sa population toujours bienveillante à l’égard des français. C’est dans cette zone que devra intervenir l’équipe dont Jean SASSI est le radio. La météo, la frilosité des pilotes britanniques et certainement l’interdiction Américaine, fit que leur parachutage a subit 4 reports.  
Le 5ème sera le bon, le 4 juin 1945 ils seront largués en Pays Méos, mission : action et renseignement, le but : Vinh sur la cote d’Annam. C’est là le début de trois mois de brousse en qualité de gibier, chassé par les Japonais, le Vietminh, les pirates chinois qui razziaient le pays et même les conseillers américains de l’OSS.

Instruction des soldats Vietminh par l'OSS
Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Jed2_b10

C’est dans cette imbroglio politique, où les alliances contre nature sont courantes, que la mission des « Jeds » prends fin dans la confusion générale et un retour en France via Ventiane, Bangkok, Rangoon, Calcutta et Saigon pour découvrir que sur les 43 parachutés en Indochine, 10 ne reviendront jamais et que ceux qui sont de retour n’ont plus d’existence, que leurs compte en banque sont vides et les archives disparus.  
Affecté au 11ème Choc Jean SASSI ne sera désigné pour l’Indo en aout 1953, cela peut paraitre curieux pour un soldat de sa trempe... En fait, les principales autorités militaires ont les yeux tournés vers l’Est et les Divisions Blindées de l’URSS.
Le 11ème Choc, comme d’autres n’échappera pas à cette mobilisation en Europe, même si cela est réalisé au détriment du Corps Expéditionnaire en Extrême Orient. Cette guerre n’est pas la leur, l’Indochine n’est pas leur priorité, les camarades qui se battent sont loin des yeux, donc loin du cœur ?  

RETOUR EN INDOCHINE
 
Débarqué à Saigon, le Capitaine Jean SASSI est reçu dès le lendemain par le Lt-Colonel TRINQUIER, qui lui-même vient de prendre le commandement du GCMA (Groupement de Commandos Mixtes Aéroportés). En effet ce Service était en pleine restructuration, secoué par l’affaire dite de « l’Opium ».
Affaire comme par hasard soulevée par nos amis Américains de l’OSS, dénonçant un trafic de nos Services Spéciaux. Personne n’était dupe de la ficelle et après enquête, plusieurs Officiers ont été muté, mais aucune sanction prononcée... Cette histoire a surtout servi la propagande ennemie: les communistes et leurs compagnons de route.
Il est impensable que, disposant de budget et de moyens matériels, le GCMA se soit engagé sur cette voie pour financer la guérilla.  Maintenant, était-il envisageable d'interdire aux Méos de cultiver le pavot ?  À chacun d’y répondre... sachant que la société Méo était socialement et économiquement dépendante d’une plante qui poussait quasi naturellement sur sa terre. Au point de représenter 80% de l’Opium d’Indochine.  

Si nous avions voulu jouer les prudes, ils auraient démarché d’autres alliés plus conciliants et ainsi poursuivi leur négoce. Et le Vietminh dans cette affaire ? Il est utile de savoir qu’il est le premier trafiquant d'opium d'Indochine. Et pour cause, c’est avec l'opium volé aux Méos qu’il achetait son armement aux Chinois. Aussi dans ce climat délétère, Jean SASSI n’obtiendra un commandement que le 1er décembre. A cette date il doit relever le Capitaine de BAZIN et assurer le commandement du Maquis du Haut-Laos.  

Vidéo du Colonel Sassi





(à suivre...)
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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeDim 1 Mar 2015 - 12:51

QUID DU G.C.M.A. ?  

C’est en 1951 que le général de LATTRE décide de la création d'un Service Action intégré au SDECE Indochine et placé sous son autorité. Ce Service sera responsable de la préparation, de l’organisation, de la mise en place et de la mise en œuvre des éléments susceptibles de réaliser : des opérations de guérilla, des opérations de sabotage et des filières d'évasion. Il disposera d'une structure d'exécution qui sera baptisée GCMA (Groupement de commandos mixtes aéroportés).

Différents insignes portés par les hommes du GCMA
Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Gcma10

Le lieutenant-colonel Edmond GRALL en sera son premier Chef et dirigera depuis Saigon un groupement subdivisé en Représentations Régionales (RR), représentations qui couvrent l’ensemble du théâtre opérationnel Indochinois : Hanoi (Nord), Vientiane (Laos), Tourane (Centre) et Ban Me Thuot (Plateaux). C’est donc dans la RR de Vientiane que Jean SASSI doit prendre le commandement du GC 200 – groupement de commandos n°200 dont la mission est de protéger le Centre de Résistance de la Plaine des Jarres (CRPJ) – dispositif militaire vital au cœur du Laos, il est situé sur le plateau de Tranninh véritable citadelle naturelle qui protège Luang Prabang et Vientiane. De plus il retrouve les Méos qui l’ont aidé en 1945, et auquel il porte une affection et une confiance toute particulière.  

ORGANISATION DU MAQUIS

Carte des maquis du GCMA
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La zone opérationnelle du GC 200 couvrait les provinces de Xieng Khouang et de Sam Neua, c'est-à-dire jusqu’à la frontière du Tonkin, à proximité de Dien Bien Phu. Le PC était installé à Khang Khai, tout proche du CRPJ. L’effectif total dont bénéficié le Capitaine SASSI était de :  5 Officiers  22 Sous-Officiers  1629 Hommes, soit les réguliers de l’Armée Française, ceux de l’Armée Laotienne et l’élite des commandos d’interventions Méos.

Parlant de ses Méos, le Capitaine SASSI a eu cette belle formule : « Ces types étaient de fabuleux partisans. Une arme, une capote, une machette, un boudin de riz gluant: c'était tout leur paquetage. Légers et rapides, ils étaient insaisissables. On les appelait les « seigneurs aux pieds nus ». La hiérarchie militaire, conservatrice pour ne pas dire réactionnaire, ne comprenait pas la vocation de cette guérilla. Les officiers supérieurs confondaient partisans et fantassins. »

Méos du GCMA
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L’organisation sur le terrain se définissait ainsi :  

  • Groupement « Malo » - Tranninh – Capitaine SASSI  
  • Groupement « Servan » - Sam Neua – Lieutenant BREHIER  
    Soit un total de 12 maquis, répartis sur ces deux provinces Laotiennes – dont chaque maquis était commandé par un chef autochtone et un cadre Européen.  
  • GC 201 – nomade – Lieutenant MESNIER – zone d’activité vers Nong Het et la frontière d’Annam.  
  • Commando n° 4 – nomade – Lieutenant VANG PAO – même secteur.


La mission première de ce type d’unité est le renseignement. Aussi, il est un matériel qui ne faisait pas défaut, c’est les appareils de transmissions :  

  • Une station longue portée au PC de Khang Khai – liaisons avec Vientiane et Saigon.  
  • 18 postes SCR 694 – liaisons avec le PC et entre Maquis.  
  • Des postes légers dans chaque unités – liaisons internes opérationnelles.
    Autres moyens ; 1 jeep hors d’usage et un dodge en bon état  


Cette organisation était complétée par un homme de grande valeur, au prestige et à l’autorité incontestable dans cette région et de surcroit ami fidèle de Jean SASSI, la réciprocité est aussi vraie. Cet homme brillant avait fait des études de Droit à Vientiane, avait combattu l’occupant Japonais avec les français, Chevalier de la Légion d’Honneur, il vouait une admiration à la France et de plus, TOUBY LYFOUNG était reconnu comme chef spirituel et militaire des Méos. Avec en plus des Meyer, Emery, Magnet, Deuane, Langlade, Luttringer, Mesnier, Brehier, Vemières et le lieutenant Vang Pao, tous adjoints triés sur le volet. Le GC 200 portera de rudes coups au Vietminh, protégera l'accès des provinces qu’il occupait et interdira toute invasion ennemie du Laos.

DIEN BIEN PHU  

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Gcma310

Le Laos, il en est un autre qui veut absolument le protéger, c’est le Général en Chef Henri NAVARRE, et à cette fin il décide d’installer une garnison à Dien Bien Phu en haute région à la frontière du Laos. Son rêve secret est d’attirer les bataillons Vietminh et de les contraindre à se battre sur un terrain qui nous serait favorable... Le 20 novembre 1953, l’Opération « Castor » est lancée, le Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient prend possession du terrain, en tous les sens du terme puisqu’il y a sur ce site un terrain d’aviation de construction Japonaise. Les Paras lâchés sur zone ont bien été accueilli par des coups de feu, mais sans trop de difficultés nos hommes se rendent maitres de la situation assez rapidement. Aussitôt le terrain mis en état, les gros porteurs se posent et le matériel de toutes sortes arrive sur Dien Bien Phu.

Chaque unité a un Point d’Appui désigné, avec mission de l’équiper pour la défensive. Tous ces PA recevront un doux prénom féminin, Isabelle, Béatrice, Eliane, Dominique, etc... On y installe les canons, l’on creuse des tranchées, on bâti des abris, l’on remonte même 10 Char M24 amenés en pièces détachés et petit à petit la garnison ressemble à un camp retranché !
Pendant ce temps-là, le Vietminh approche en silence et sans être vu. Il investit les lignes de crêtes qui enserrent la plaine de Dien Bien Phu, des milliers de coolies transportent, armements, munitions, équipements, approvisionnement, matériels de santé et surtout DCA et canons de gros calibres. Les troupes françaises ne le savent encore... Il y eu certes des accrochages avec leurs lots de morts et de blessés, mais rien de plus que la journée de combat ordinaire dans le cadre du Tonkin.  

Les deux camps fourbissent leurs armes pour le grand jour, seulement nous avons, comme tout au long de cette guerre, un désavantage rédhibitoire. Permettez-moi de remettre en exergue les mots que j’ai déjà utilisés au sujet de la bataille de la RC4 en 1950.

"Fort de leur succès, un colonel Vietminh écrira en 2000 : « L'ennemi pense toujours qu'il est dans une situation avantageuse grâce à ses forces, ses armes et tout un système de forts et de postes sur le théâtre d'opérations de la frontière qui s'étend de Cao Bang - Bac Can jusqu'à Tien Yen - Mong Cai. Il croit pouvoir contrôler et étouffer le maquis du Viêt Bac, mais il s'avère petit à petit qu'il est lui-même encerclé, enfermé dans les maillons serrés du vaste réseau de la guerre populaire. C'est lui qui doit se retrancher derrière les clôtures de ses postes, lui qui est, à cause de nos attaques répétées, toujours sur le qui-vive, dans un état de tension et d'alerte permanentes. Quant à nous, nous gardons l'initiative et toute liberté de choisir le temps, le lieu pour engager le combat et de mettre au point le plan optimal pour arracher la victoire. »

Le camp retranché attend, une attente où l’on perçoit l’envie d’en découdre au plus vite, persuadé de la supériorité de nos armes. Les Viêts aussi attendent, mais pas pour les mêmes raisons, les échecs antérieurs ont servi de leçon, Nasan n’a pas été oubliée. Aussi les préparatifs sont longs, minutieux et important. Les grands frères Chinois et Russe ont équipé une armée moderne, le calibre des armes est bien différent des pétoires de 1946.  
Le 13 mars 1954, le dispositif Vietminh est en place, à 17 h, la bataille de Dien Bien Phu commençait et dès la 1ère nuit un 1er PA était enlevé, « Béatrice » ne répondait plus. Dès lors, pendant 56 jours et 56 nuits la garnison allait recevoir un déluge de fer et de feu de par l'artillerie et la DCA ennemies, et cela sans que les tirs de contre-batterie puissent le neutraliser. Puis au bénéfice de ce pilonnage, l’assaut de l’infanterie vietminh enlevait les PA les uns après les autres.

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Le déclin de la garnison s’accentuait de jour en jour et le 7 mai à 16h00, la chute d'« Eliane 3 » devançait la fin de toute résistance. A 17h00 un dernier assaut Viet investit la position centrale. Isolée plus au sud, le PA « Isabelle » succomba le lendemain. La bataille de Dien Bien Phu s’achevait sur un véritable désastre.
Sur les 16 000 hommes environ engagés par nos forces, il y en eut approximativement 8 000 hors de combat - 1600 tués, 1600 disparus et 4800 blessés - et 8000 prisonniers dont seul 3900 seront libérés après le cessez-1e-feu.  

Prisonniers français
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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeDim 1 Mar 2015 - 16:55

SE PORTER AU SECOURS DES FRÈRES D’ARMES  

À Khang Khai, le Capitaine SASSI est de plus en plus concerné par le sort de Dien Bien Phu. D’une part par solidarité avec ses camarades paras et légionnaires et d’autre part militairement sur le résultat final qui risque d’ouvrir la voir du Laos. Voilà 10 ans que son métier est le renseignement et donc l’observation et l’analyse des situations militaires, de l’ennemi certes, mais peu importe le camp, l’analyse doit être efficiente. Pour lui, Dien Bien Phu est condamné!

Ce combat est devenu le sien. Dien Bien Phu devait s'opposer à la pénétration vietminh vers le Laos, ce centre de résistance disparu, c’est ses Maquis qui sont en première ligne et la population Méo gravement menacée par les manières expéditives du Vietminh.

Aussi, Le 6 avril son ami Touby LyFoung, chef spirituel des Hmongs, vient le voir et lui tenir ces propos : « Les Méos ne peuvent, sans tenter quelque chose, assister à la destruction de l'élite de l’Armée française. Mes Nai-bans et mes Tassengs sont tous d'accord et sont décidés à monter avec vous vers le nord pour secourir la garnison assiégée. »

Touby LyFoung
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Il en informe aussitôt le Lieutenant-colonel TRINQUIER et lui suggère d'obtenir du général NAVARRE l’autorisation de constituer une colonne de secours, complétée par une unité parachutiste pour mieux encadrer ses Maquis. Le temps passe, le calvaire de Dien se poursuit et toujours pas de réponses.
Le 16 avril, il est à Saigon avec son Chef pour plaider sa cause auprès du Général NAVARRE et pendant cinq jours interminables! Le "généchef" reste introuvable. De retour à Khang Khai, croyant en sa bonne étoile, il alerte ses adjoints et leur demande de se tenir prêts à faire mouvement plein nord.

Le Haut commandement n’a toujours pas donné le feu vert? Et ses troupes enthousiastes ont déjà pris le chemin de Dien Bien Phu. Le 28 avril enfin, il reçoit confirmation de sa mission ; se porter au nord de Muong Peu avec le maximum de ses partisans et commandos des provinces. Le Lieutenant-colonel TRINQUIER sera parachuté avec un bataillon para et prendra le commandement de l'ensemble.

Le 30 avril, jour si cher aux Légionnaires... l’opération « D » commence réellement. Un capitaine, 3 lieutenants et 15 sous-officiers français encadrement 2 000 Méos et Laotiens aux pieds nus, drapés de leurs tenues noires traditionnelles et armés jusqu'aux dents.
À marche forcée et sans détours dans ces montagnes monstrueuses, ils foncent vers l'objectif, bien décidés à l’atteindre...  Tous savent que la chute de Dien Bien Phu ne doit, malheureusement, plus tarder et qu'avant de pouvoir intervenir ils devront mener une course contre la montre.

Ensuite tout ne sera qu'extrêmes difficultés, face à l’organisation vietminh en place depuis des mois. Dans l’immédiat, ils marchent sans trêve ni repos. Le 4 mai, ils sont à Phou Vieng; le 5, la Nam Khan est franchie en pirogue; le 6, nous sommes à Ten Tat; le 7, à Ban Pitou, puis à Ban Na Poung le 8.
L'avant-garde est à Ban Houei Kine et opère la liaison avec les premiers éléments des maquis « Servan ». Par dix itinéraires différents, l'armée clandestine des montagnes est présente au rendez-vous de Ban Na Poung. Ils sont des centaines et tous les maquis du Nord-Laos sont représentés. De mémoire de Hmong jamais il n'y avait eu pareil rassemblement!

Distribution d'armes aux Hmongs
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Il est des stratèges qui diront, que pouvaient faire 2000 Méos, même avec leur armement moderne (PM, FM, mitrailleuses légères, mortiers) contre la formidable machinerie communiste en place autour de Dien Bien Phu?  C'est oublier que le but de cette opération n’est pas d’anéantir la machine de guerre vietminh, mais de perturber ses voies de communication, détruire des dépôts de toutes sortes, saboter des installations, attaquer des unités isolées, en un mot faire le maximum pour soulager les assiégés.

Venait ensuite une mission toute aussi importante, qui était de baliser les pistes d'un repli devenu indispensable, servir de recueil comme cela avait été le cas en janvier 1953 pour les rescapés de Sam Neua.  
Le 8 mai, la tête de la colonne est à moins de 100 km de Dien Bien Phu et ignore que le camp retranché est tombé, engloutissant dans la fournaise le 1er BPC qui leur avait été promis. Ils poursuivront la progression jusqu'au 11 mai, recevant à cette date l'ordre formel de retourner, le plus rapidement possible, sur leurs bases de départ, les Viêts s'apprêtant à foncer sur le Laos.

Toutefois les maquis de « Servan » passent la frontière et vont essaimer aux portes mêmes de la citadelle, obligeant les patrouilles ennemies à demeurer prudentes. Ils récupèreront ainsi plus d'une centaine d’échappés et prouveront aux Viêts que leur pénétration au Laos restait toujours interdite.  

CONCLUSION

Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Jed310

Pour ce chapitre de fin, je ne pouvais trouver plus beau et plus adapté, que l’hommage du Capitaine Jean SASSI à ses hommes.  

"Nos fiers compagnons d'armes Hmongs, que sont-ils devenus depuis ce pernicieux « cessez le feu » de 1954, conclu par des tricheurs? Pendant vingt ans, ils ont été dans l'obligation de continuer à se battre seuls pour leur survie et celle de leur race. En 1975, la débâcle du Sud-Vietnam les emportera. Traqués dans leur pays par l'occupant Viet, certains poursuivent la lutte, d'autres se trouvent en Thaïlande, en Australie, en Guyane, en Amérique et, naturellement, surtout en France. Si vous en rencontrez, saluez-les bien bas, car ils ont mérité notre reconnaissance et notre admiration.  
Je voudrais rendre un hommage particulier à ces jeunes sous-officiers du GCMA qui ont choisi de vivre pendant de longs mois en compagnie de leurs partisans, comme des partisans, avec tout ce que cela comporte de permanence dans la solitude, l'inconfort, les dangers. Ils combattent à la tête de leurs guérilleros, administrent territoires et populations. Tous ont un commandement d'officier, et jamais ils ne failliront".


Colonel Jean SASSI  


Bibliographie :

  • La guerre d’Indochine 1945-1954 – par Philippe Héduy – Editions SPL
  • Opérations Spéciales 20 ans de guerres secrètes – Colonel Sassi avec Jean-Louis Tremblais – Editions Nimrod
  • Guerre secrète en Indochine – Lieutenant-Colonel Michel David – Editions Lavauzelle


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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeSam 4 Avr 2020 - 11:55

charly71 a écrit:
Merci de cette lettre hebdomadaire qui nous replonge avec plaisir un peu en arrière

C'est principalement le but, quel que soit le sujet ! Mais il est surprenant que celui-ci soit resté sans lecteur, ou presque....

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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeDim 5 Avr 2020 - 18:27

Oh ! Si je reconnais que ce combattant  est un surhomme pour les faits de guerre  !! un combat obscur et mal connu de nos états major !! que de pertes de héros pour des promesses jamais tenus !!!!
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Seguin

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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeVen 9 Avr 2021 - 18:31

Merci, je connaissais pas cette période des combats dans l ombre, salutations à tous
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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeJeu 6 Avr 2023 - 18:51

Un sujet tombé dans l'oubli, dont j'ai dû remplacer la vidéo devenue obsolète....

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Glard

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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeJeu 6 Avr 2023 - 20:31

"Latimer" était un authentique guerrier, pas un officier de salons !
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Brelan
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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeJeu 6 Avr 2023 - 21:36

Quel bel hommage que celui du colonel Jean Sassi.
Et oui, "Si vous en rencontrez, saluez-les bien bas,..."

Ils sont nombreux ceux que nous devrions saluer bien bas. Que d'exploits, que de héros dans cette guerre de là-bas.
Ombres et lumières...
Qui va les remettre en pleine lumière ?
En parler c'est déjà ne pas les oublier.
Merci pour ce sujet Lothy.

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« Je crains les êtres gonflés de certitudes. Ils me semblent tellement inconscients de la complexité des choses … Pour ma part, j’avance au milieu d’incertitudes. J’ai vécu trop d’épreuves pour me laisser prendre au miroir aux alouettes… » Hélie Denoix de Saint Marc
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makila64

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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeVen 7 Avr 2023 - 11:08

Merci de mettre en lumière ces glorieux événements vécus par des êtres exceptionnels. Cela nous rend tout petit mais fier d'en partager l'esprit parachutiste.
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Lothy-SF
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MessageSujet: Re: Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954   Opération "Desperado" 6 avril-11 mai 1954 Icon_minitimeSam 15 Avr 2023 - 12:02

Cliché reçu d'un de mes amis franco-vietnamien...

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S.F.
"La Guerre n'est pas belle, l'Humanité ne l'est pas non plus..." - Général Bigeard
Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.
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