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Commandos ICommandos et forces spéciales en Indochine
De 1944 à 1945
Le Corps Léger d'Intervention et la Force 136
Pendant que se met en place aux Indes un « Service Français d'Action en Indochine» qui deviendra la « French Indochina Country Section» de la Force 136, émanation du SOE britannique pour le Sud-est asiatique, le C.L.I. est mis sur pied, prés de Djidjelli en Algérie, en novembre 1943, par le Lieutenant-colonel Huard
Formé sur le modèle des commandos de Birmanie, beaucoup de ses volontaires sont réservistes ou engagés pour la durée de la guerre. Très motivés, ils sont en majorité des cadres, venus de toutes les armes.
Le C.L.I. est encadré par des officiers ayant généralement servis en Indochine, comme le Chef de Corps le Lieutenant Colonel Huard et son chef d’État Major le Capitaine Lacroix, le Capitaine Ayrolles chef du 1er Commando ou les Commandants Quère du Génie, Hubert chef de l'Ecole de Tir, d'Uston de Villeraglan commandant le camp de Cavallo et Boucher de Crèvecoeur qui commandera le Détachement des Indes, ainsi que le Médecin Commandant Nouaille Degorce, chef du service de santé.
capitaine Ayrolles
Dans un premier temps le CLI sera réparti :
A la citadelle de Djidjelli.
Où se trouve l'État major dirigé par le Capitaine Lacroix.
La Cie de Commandement du Capitaine Héroult,
Le service auto du S/Lieutenant Tardy assisté du chef de garage Otte et des Adjudants Dochtermann et Alric.
Le Service Médical du Commandant Nouaille Degorce assisté des Médecins Capitaine Lotte, Lieutenant Dumez, Dilhac et Mérilhou.
À Pointe Noire
À 5 km de Djidjelli, en bord de mer, dans l'anse des Beni-Caïd,
Où se trouve la Section de Génie de destruction et de stage à la mer commandée par le Lieutenant Piette, assisté de l'Adjudant Chef Martin, de l'Adjudant Daniel, des Sergents Chefs Laplanche et Chanaud, officier et s/officiers du Génie.
On y trouve également le champ de tir de l’École de Tir du Commandant Hubert assisté de l'Adjudant Pasdeloup et du Sergent Chef Dalençon.
À Cavallo
Situé à environ 30 km à l'Ouest de Djidjelli, l’ancien Camp de Jeunesse se trouve à 5 km du village de Cavallo en remontant le cours de l'Oued Kissir en direction du Col de Selma..
On y trouve le Groupe de Détachements N°2 regroupant les Commandos N°2, 4 et 6, commandés par les Lieutenant Demonet, Barthélémy et Deguffroy sous la coupe du Commandant d'Uston de Villeraglan.
A Surcouf.
Également ancien Camp de Jeunesse situé aussi à une trentaine de kms au Sud Est de Djidjelli en direction du Col de Texéna...
Il donne asile au G.D N°1 commandé successivement par le Capitaine Lacroix, le Lieutenant Le Guillou et le Capitaine Baillet et comprend les Commandos N°1 du Capitaine Ayrolles, N°3 du Capitaine Baillet, N°5 du Capitaine Briend et N°7 du Lieutenant Le Guillou au Col de Texéna.
À l’Oasis
Ce camp crée près du château d'eau à trois km au sud de Djidjelli, est commandé successivement par le Capitaine Orsini assisté de l'Adjudant chef Ferracci et ensuite par le Capitaine Noirtin.
Il accueillera les Commandos N°8 du Lieutenant Martin et N°9 du Lieutenant Lataste formés en 1945 par de nouvelles recrues et rejoints au printemps 1945 par les commandos descendus de Cavallo.
Son effectif théorique de départ est 500 gradés et hommes de troupe....Il est loin d’être atteint, pourtant il sera porté officiellement à 1000 le 1er juillet 44...
Comme c’est facile ...Dans un bureau avec un crayon
En attendant, sous les ordres du capitaine Ayrolles, qui deviendra plus tard le patron du 3e BCCP, commence un entraînement intensif pour les volontaires
Ordre de service désignant le S/lt Petit pour la Force 136
Entraînement, très poussé et éprouvant, destiné à donner à chacun une formation complète dans plusieurs disciplines.
Puisque j’ai vu dans un autre
post, que les paras français de 1977 faisaient du tir sur cible durant la descente en parachute et autres bricoles...
Parlons un peu de celui, moins violent, bien sûr, reçu au CLI.
L’élément primordial du combat de Guérilla en pays couvert, est la maîtrise des armes légères, elle doit être totale :
Précision absolue, tir instinctif, économie des munitions qui sont un fardeau à transporter et dont le réapprovisionnement est aléatoire. L'élimination de l'adversaire doit être totale et autant que possible discrète....
Pour ce faire, une École de Tir, dirigée par le Commandant Hubert, assisté de l'Adjudant Pasdeloup et du Sergent Chef Dalencon est créée, elle comprend :
Un stand installé à la Citadelle équipé de carabines de 5,5 mm, qui permet de corriger les défauts de chacun.
Un champ de tir, installé à Pointe Noire, où se déroule l’entraînement par commando avec des fusils mausers, qui sont affectés et réglés cas par cas. Pistolets et Pistolets mitrailleurs Sten sont également à l'ordre du jour
Chaque stagiaire tire plusieurs centaines de cartouches sur des cibles de plus en plus éloignées et de plus en plus furtives.
Il continuera à en tirer des centaines d'autres dans les différents exercices de combat qui se déroulent tous à balles réelles.
La consommation de munitions est illimitée, car les stocks allemands de Tunisie et ceux des britanniques venus de Cyrénaïque y pourvoient.
Très rapidement on verra émerger de véritables tireurs d'élite, dont la redoutable efficacité va se révéler très utile dans les futurs combats.
Les techniques de combat sont également enseignées, elles visent à donner le maximum d'autonomie à de petits groupes, dans lesquels, chacun doit être capable de prendre en main la situation en toute circonstance et quel que soit son grade.
Les commandos ne chôment pas. De jour comme de nuit ils "crapahutent" dans les djebels :
Orientation en pays couvert, techniques de combats au corps à corps : silent killing, karaté, éliminations silencieuses de sentinelles.
Embuscades et coups de mains rapides suivis d'éclatement et de regroupement, permettant des actions efficaces offrant peu de prise à la riposte.
Tout se déroule à munitions réelles et il faut souvent négocier avec le terrain un abri précaire.
Les explosifs des pièges sont remplacés par des pots de poudre noire dont la flamme et la fumée laissent plus d'un pantois, comme également le franchissement de coupures sur des ponts de singe, escalades ou autres acrobaties périlleuses.
On apprend à se déplacer aussi silencieusement que des reptiles ou par des marches accélérées dites " Dix kilomètres dans l'heure "
Stage naval à Harnay
Cet entraînement se perfectionnera encore aux Indes dans les écoles spécialisées anglaises, notamment par des stages de survie en jungle et de parachutisme.
La partie destruction de l'instruction, est confiée à des spécialistes du Génie sous la direction du Commandant Quère.
Les stages visent à former des équipes de destructions, également expertes en mines et pièges, qui serviront d’instructeurs une fois revenus dans leurs commandos respectifs.
Ils sont dirigés par l'excellent Lieutenant Piette, dit" Trompe la Mort" ce qui est tout un programme, assisté de l'Adjudant Daniel et de sous officiers très qualifiés comme Chanaud ou Laplanche.
Le camp du génie est installé à Pointe Noire sur un promontoire qui domine la baie des Beni-Caïd, truffé de caveaux phéniciens que l'on emplit avec des tonnes d'explosifs et de mines de toutes nationalités venant également des champs de batailles de Tunisie et de Cyrénaïque.
Cette profusion permet une large pratique.
En particulier celle des pièges dits Boby traps (pièges à C...s) qui prolifèrent et bien que leurs effets soient atténués, ils exigent une attention permanente.
Elle permet souvent également d'améliorer l'ordinaire grâce aux pêches miraculeuses dues à l'explosion des 7 kilos de tolite des tellermines balancées dans les criques voisines où le Sergent Chef Lesto plonge récupérer les victimes par dix mètres de fond.
Tellermine, la mine antichar allemande
Familiarisation parfois un peu excessive avec des engins redoutables de toutes origines qui sera à l'origine d'accidents.
Cependant cette instruction dotera les stagiaires de réflexes et d'une maîtrise dont l'efficacité servira beaucoup par la suite dans la jungle.
La détermination du personnel est remarquable mais l'extrême pauvreté en moyens de fonctionnement et de formation est telle qu'une aide matérielle des Anglais s'avère nécessaire.
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