1er RCP au TONKIN - "Quelques Conseils"

Bonjour à tous,

Je vous proppose un document (tapé à la machine -sorti à 4 exemplaires), rédigé par un officier para, le Lieutenant GAZIN, Cdt d'unité de la 4è Cie du "1er RGT Para" au TONKIN (je l'ai identifié, il était Cdt d'unité de la 4è Cie du 1er Bataillon du 1er RCP du 10/1946 au 7/1948) ayant servi au TONKIN. Ce document est à destination des jeunes chefs Paras qui débarquent en Indo:


"Quelques Conseils" sur la Guerre en TONKIN (1947-1948)

Avant proppos

Un premier travail traitant l'ensemble du sujet a été hâtivement rédigé à HANOI en Aout 1948.
Il était destiné alors aux camarades parachutistes d'A.F.N. en route vers le TONKIN, où ils devaient relever les Unitées de la D.B.M.P.
Aujourd'hui, à la demande de quelques camarades des Troupes Aéroportées en instance de départ pour l'E.O., j'ai reproduit à quelques exemplaires, les principaux paragraphes du texte initial, en y apportant quelques modifications de détail.
Ce travail n'a aucunement la prétention d'un règlement, il se limite à quelques conseils d'ordre essentiellement pratique sur le caractère particulier des phases les plus courantes du Combat au TONKIN.
Ils sont présenté à dessein dans une forme trés simple et concrète et s'adressant particulièrement à ceux qui aurront à se mesurer directement avec l'adversaire.
Ces conseils sont le fruit d'une experience acquise sur le terrain et chacun d'eux pourrait être illustré de nombreux exemples vécus.
Puissent, les quelques pages qui suivent facilliter la tâche du jeune chef débarquant en Indochine et lui permettre d'éviter, dans les premières opérations du moins, des pertes injustifiées dûes à son inexpérience.
Les paragraphes : le raid et les patrouilles de liaison, l'embuscade, l'ouverture de route et le poste ont été particulièrement développés. Ces phases d'opération sont importantes et peuvent être considérées comme représentant les opérations de base de la Guerre en Indochine.
Enfin, je crois utiles de mettre l'accent sur le fait que ce travail traite uniquement des Opérations au TONKIN en 1947et 1948.
La Guerre en effet évolue, chaque jour et ce qui était vrai hier peut fort bien ne plus l'être aujourd'hui.
Donc en débarquant, le jeune chef fera bien de se documenter sur les dernières "nouveautées" de l'adversaire.

PS : s'agissant d'un document tapé avec une machine de campagne, un scan ne donnerait rien c'est pour cette raison que je le retappe.
Voici des photos du document, j'ai oublié de le préciser, mais il appartenait au Ltn VASSEUR, qui après recherches a bien été au 1er RCP du moins en Algérie car il a commandé la 3è Cie a partir de Mars 1961, il a certainement fait un séjour en Indo soit au sein du I ou III /1er RCP en 1949 soit àprès jusqu'à fin 1954 au II/1er RCP, j'ai également trouvé avec ce petit MEMENTO du petit chef d'Infanterie Parachutiste :

Bonjour à tous,
Excusez pour l'attente !

Suite du document :

II- Opérations Terrestres
a/. Progression dans le Delta :
Pendant une grande partie de l'année, particulièrement d'avril à novembre (Mousson), la progression est étroitement liée aux routes, digues et diguettes. Tout le reste n'est que boue.

Les possibilités de manoeuvre sont donc trés réduites. Les voies de communication non gardées sont toujours coupées souvent piégeés ou battues.

Lorsqu'une troupe sort de sa garnison ou de son poste, le système de guêt des rebelles fonctionne aussitôt (radio, fumées, coureurs, etc...) et le vide se fait comme par enchantement devant la troupe qui avance. Tout semble désert, mais les guetteurs sont à leur poste et observent......
La végétation luxuriante leur procure de nombreux postes d'observation. Ils se tiennent également dans le toit des paillottes, dans l'eau des mares, sous les feuilles des nénupars etc ......

Dans le Delta, l'ennemi n'engage généralement pas le combat à courte distance, sauf toutefois si un repli protégé lui est assuré.
Si donc il ouvre le feu, ce sera loin et sur des objectifs voyants.
Il importe donc d'éviter l'entassement.
Dans les colonnes, la distance entre les hommes doit être de 8 à 10 mètres.

Dès qu'un piège est repéré, le chef fera appel à 2 ou 3 spécialistes du déminage de la section ou de la compagnie, qui seuls seront chargés de ce travail. Ceci pour limiter les accidents.

La progression peut durer des heures et parfois des jours sans que l'ennemi se dévoile. Il faut cependant rester vigilant.
L'adversaire attaque rarement de front.
S'il en a la possibilité ce sera toujours de flanc ou mieux par derrière.
Le devoir du chef est de maintenir sa troupe dans une formation telle qu'elle ne puisse tomber en bloc dans un piège de l'ennemi et qu'elle puisse, à tout moment, se défendre dans tous les azimuts.

b/. Comment aborder un village, sa fouille
Les villages du Delta sont autant d'ilots peuplés au milieu de la rizière. Ces villages, construits et protégés de manière à assurer leur auto-défense, ne possèdent que quelques portes qui sont les points de passage obligés pour quiconque veut pénétrer dans l'enceinte.
Pour aborder un village en zone rebelle, il convient chaque fois :
-de mettre en place rapidement une petite base feu
-de le faire déborder largement par les ailes avant d'engager l'élément du centre.

Ces mouvements, au cours de la progréssion (en cas d'une opération de ratissage) sont réalisés sans presque marquer d'arrêt. Ces manoeuvres seront répétées parfois des dizaines de fois par les colones. Il faut donc ne pas perdre de temps dans l'exécution.
Avant d'entreprendre la fouille d'un village (si l'unité est isolée, ou unité de tête), faire gagner par quelques éléments, la lisière opposée et observer.

La fouille d'un village est un travail méthodique. Si le village est important donner à chaque section un secteur à visiter.
Regarder dans les mares, dans les trous, dans les maisons, dans les meules de paille etc .....

-Imposer une stricte discipline de feu

Des accidents graves ou mortels sont à déplorer si ces consignes ne sont pas respectées.
Ne jamais entreprendre seul la fouille d'une maison, d'une rue.
Cette fouille est faite par petits groupes de 3 hommes au moins.
Si l'ordre est donné, et uniquement sur ordre de mettre le feu au village, l'élément de queue est chargé du travail.
Les villages sont parfois de véritables labyrinthes, desquels il est difficile de sortir, surtout dans l'incendie.
Attention à l'explosion des dépôts de grenades.

c/. Progression en Haute Région (cas d'une troupe sans véhicule donc, liée à la route).

La progression en Haute Région doit être plus lente et plus prudente que dans le Delta. Ici, l'adversaire bénficie de la végétation et du terrain.
Ces désavantages apparents peuvent, si vous savez les utiliser, devenir pour vous des complices fidèles.

Modes de progression

-Eviter les routes, les axes fréquentés
-N'hésiteez pas à faire quelques kilomètres en "coupe-coupe"
-Avancer de points d'observation en points d'observation
-Les éclaireurs doivent être dressés à découvrir le moindre indice révélant la présence ennemie
-Silence complet en brousse ou en forêt
-Liaison permanente à vue
-Liaison d'avant vers l'arrière
-Commandement au geste et non à la voix(contrairement au Delta)
-Etre attentif au moindre bruit
-Se familiariser avec les bruits de la brousse et de la forêt
-En brousse , il est difficile de conserver une direction.
Par ailleurs, les cartes sont souvent inexactes en ce qui concerne les détails. Le travail d'orientation du Chef sera possible par le choix, sur un itinéraire, de point de repère importants et permanents (montagnes, cours d'eau, routes, etc....)
-Il faut marcher à la boussole pour la direction et à l'horraire pour la distance.
-En fin chaque fois que cela sera possible, utiliser un guide.


A suivre .......


  A suivre  ...  ?  

Intéressant cette petite "méthode d'utilisation".... Même si elle est incomplète...

Les I et III/1er RCP ont débarqué à Saïgon en janvier 47 pour le 1er  et février pour le second, et ce pour des séjours de 2 ans chacun...

Le II/1er RCP, est arrivé plus tard. Il sera sous les ordres de Bréchignac lors de son second séjour, et y restera jusqu'à la fin !....

J'ai la chance d'avoir près de moi un participant à ses évènements doté d'une excellente mémoire !...
Mais pour lui ce document n'aura servi à rien, il a fait, comme ses compagnons, son apprentissage sur le tas.

Merci Rpima-6 pour cette première partie, bien intéressante, du manuel à l'usage du chef de section béret-bleu. On comprend bien que si les villageois ne viennent pas à la rencontre... alors méfiance

.

C'est vrai, qu'il reste des "Trésors" sur PTH

Mon père a débarqué avec le 1er RCP en janvier 1947.

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Peut être pourras tu alors enrichir le forum de quelques documents ou photos...

Je trouve ces documents fascinants, et très synthétiques.
J'espère qu'ils ont tout de même pu servir à quelques hommes et leur éviter de perdre la vie, même si comme dit Lothy, les soldats devaient être rapidement mis dans le bain et apprenaient presque instinctivement les gestes à faire et les attitudes à adopter.