5e BCCP en Indo - 3 -

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Un p'tit bout du gros cahier de route , de notre Ami " BERNS " ...

Deux jours à peine que l'on est revenu à Daimo , que l'ordre est donné de faire les sacs .
Le lendemain matin , réveil à 6 heures .
Embarquement dans les camions...  Et ou allons nous ??

On arrive à Bach-Mai, le terrain d'aviation .
On apprend que l'on va en haute région ... On biche comme des gamins !
Après une demi-heure , on est dans les dakotas ... les moteurs ronflent , nous roulons sur la piste , et nous décollons .

Ca fait quand mème plaisir de se sentir  " en l'air " ... On ne sautera pas , mais ça ne fait rien ...Pendant 2h30 nous survolons le delta... la moyenne région ... La haute région ...Le paysage est de toute beauté , Le lieutenant Dubois nous apprend que l'on va  à Laichau .
Nous survolons  Laichau , le terrain est complètement encaissé entre les montagnes ( en ces temps là , on aimait bien les cuvettes ...) . Aussi le pilote fait-il preuve de son métier , pour amener son dakota dans l'alignement de la piste d'atterrissage .

On descend des zincs , tout abasourdi , les oreilles se débouchent , un air frais souffle sur le terrain.
Il semble y avoir une grande différence de climat...

On se range sur les bords, on forme les faisceaux , et l'on attend que les vagues suivantes amènent le reste du bataillon .
Le soir , on  "loge " dans une école délaissée pour nous .

Les gens ont un tout autre genre que dans le delta , ils tirent beaucoup plus sur le chinois que sur l'anamite .
Ils sont tous habillés proprement , ils sont grands et forts .
Les hommes ont , pour la plus part , des mollets impressionnants ...
Les filles, elles , méritent le coup d’œil ...    , grandes, fortes, mais bien moulées    
Elles portent une jupe serrée à la taille, descendant bas , et s’arrêtant en dessous de la poitrine ...Un petit boléro court , brodé sur les bords . Sur la tête , un turban enfermant les cheveux.  (Ah Berns ... les femmes asiatiques ... là bas dans les rizières ... )

Le pays Thai est absolument francophile , et c'est la raison pour laquelle nous sommes là , car les viets essayent d'envahir cette région .

Aussi , les officiers nous recommandent-ils une tenue exemplaire ... regarder mais pas toucher ...(le plaisir des yeux Berns , le plaisir des yeux!)

La rivière noire est splendide , elle fait un large virage autour de Laichau , une grande plage accompagne le virage . Sur l'autre rive , un village perdu au pied de la colline qui donne directement dans la rivière noire . et autour , rien que des montagnes .



Quelques privilégies sont basés ici , ils ont de la veine ... C'est des vacances que l'armée leur paye...

Le départ se fait le lendemain à 16h.
On fait connaissance avec la montagne , ce jour là , et l'on arrive au village au bord de la rivière qu'à 23h.

Le lendemain , la 10° compagnie est envoyée à Sang-sao , , en reconnaissance du secteur .
Pour arriver à ce nid d'aigle , on se tape un col pas dégueulasse ...
Sang-Sao est en pays Méo , le hommes comme les femmes sont habillés comme des indiens ...Ils ont l'air de vrais sauvages !... Il parait qu'ils ne voient des étrangers que tous les dix ans...

Pendant 3 jours , on patrouille dans le secteur .

Ensuite , on rejoint le bataillon qui est allé directement à Cino .

C'est le onze novembre, on nous parachute "un bon gueuleton " , mais manque de pot , la caisse d'apéritifs se casse la gueule et s'écrase au sol , en torche .

à suivre...

Ci dessous , le plan "original " datant des années 50 , crayonné entre deux " excursions " ... .



Avais-tu oublié tes crayons de couleurs ?? ...

suite ,

Deux jours après , on se tape une étape terrible ... De Cino au col , ça va , mais après , oh montagne que tu es belle ! Mais que tu es dure !
Le lendemain , on grimpe au col qui donne sur Fong-Tho .
Toute la journée , on assiste à l'attaque et à la prise de Fong-Tho par les RTM et les Tabors ! Avant l'attaque , les B 26 mitraillent et bombardent sans arret pendant une heure .

Nous , étant le bataillon de renfort ( pour une fois ...) , on se contente d'admirer le tableau .
Fong-Tho est pris le soir , et le lendemain , nous y allons .

On continue ensuite sur Benh-lu , là ou se trouve le QG viet ...
Ceux -ci , avec un jour d'avance sur nous , se replient en direction de la Chine .

Nous arriverons à Benh-Lu en 4 étapes ...
Le soir de la deuxième , la CIP est attaquée en pleine nuit . Les viets chargent au son du clairon !
Mais aussitot , les compagnies arrivent en renfort , et les viets décrochent ...
Une heure plus tard , ils remettent ça , mais sans plus de résultats car le bataillon est sur ses gardes .

Avant d'arriver au col qui précède la vallée de Benh-lu , les viets nous tendent une embuscade , et se retirent aussi vite ...
Ils font ceci , afin de nous retarder , pour que l'on ne puisse rattraper le gros gibier de leur QG ...

A un col , nous restons 3 jours avec une brume continuelle à couper au couteau ...

Nous arrivons dans le poste qui a été attaqué par les viets , il y a douze jours , au moment de l'attaque sur le pays Thai .

On enterre les cadavres ... plutot avancés ... Malgré " notre expérience " l'odeur est insoutenable ... enfin , c'est la guerre ...

Ce sont des Tabors , il y a aussi deux européens ... Tous sont à moitié ensevelis par la terre et trouvés à leur poste de combat ...

La bagarre à été très dure , mais d'après ce que l'on nous dit , ils étaient trop peu nombreux pour tenir un poste comme ça , et les viets étaient considérablement plus nombreux .

Le troisième jour , la brume se lève et nous permet de continuer .
En deux étapes sans histoire , nous sommes à benh-lu et sans s'y arréter , nous poussons jusqu'au col (encore un ...) qui donne sur la vallée de Chapa .

Voilà deux jours que nous n'avons pas bouffé ! et l'on espère un parachutage ...
Des snipers viets , cachés au passage du col , sont surpris par des voltigeurs du Tabor , qui descendent au col par une piste passant par les crètes .
Ils nous attendaient pour en moucher quelques uns et se sauver ensuite dans la vallée ...
On reste trois jours au col , le troisième jour , on est relevé par un Tabor .

Nous rentrons sur Laichau en six étapes ! en marche forcée ! car nous mettons presque moitié de temps qu'a l'aller !

L'arrivée sur Laichau est vraiment désastreuse ... le bataillon s'échelonne sur deux jours ... Il y en a qui sont rapatriés par "morane " de Fong-tho , couverts de dartres ou " palud complet " , Ils ne peuvent pousser plus loin ...
D'autres descendent sur Laichau en pirogues ... Deux s'échouant , ne rentrerons que sept jours aprés nous à Hanoi , ayant crevé la dalle pendant cinq jours ..., vendent montres et chemises pour bouffer un peu de riz .

De Laichau , les dakotas ramènent le bataillon à Hanoi . Dans notre zinc se trouve une infirmière de l'air ... blonde ... mignonne ... Tous , on apprécie ... depuis un mois que l'on crapahute ... On se regroupe tous autour d'elle et Canichac commence à raconter toutes sortes de conneries , elle rit aux éclats .
De cette façon , les deux heures de transport passent rapidement .

Mais cela ne m'empéche pas d'admirer à travers les hublots , le paysage .

Ce paysage n'est formé que de nuages , des nuages plats , d'autres cotonneux et teintés par le soleil couchant . Ca vaut le coup d'oeil, de ci de là , émerge le sommet d'une montagne , tels des iles au milieu d'une mer écumeuse ... L'avion vole haut et je suis aux premières loges pour admirer ce spectacle apaisant .

La nuit est tombée , lorsque l'on arrive au dessus d'Hanoi , c'est féérique , toutes ces lumières de toutes les couleurs qui forment un " plan lumineux " sur lequel on s'amuse à reconnaitre les avenues, les cinémas ...etc ..

Fin ...

Pour rappeler quelques souvenirs a Berns , un membre nous avait trouvé ce lien : clic clic ou il y a des photos de paysage de la province de Lai Chau

Bonjour,


Et pour rester dans le sujet: Nghia-Do

Citation :

Avant d'aller "" pacifier "" ce bout de France

Contrairement a l'Algerie, l'Indo n'etait pas un bout de France mais, pour faire simple, des etats associes...

encore des témoignages passionnants à lire ...

Il est étonnant que parmi nous , nous n'ayons pas glané des récits similaires auprés de nos Anciens ... Dans peu de temps , cette Indochine Française sera oubliée ... Il ne restera plus que " Nos divagations" pour témoigner ...

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"Le temps béni des colonies"... C'était beau la France...