Noël 1943 à Gravelines: le raid commando a mal tourné.
mais qu’est-il advenu des 15 soldats ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Petite histoire héroïque dans la grande : des fusiliers marins du célèbre
commando Kieffer débarquèrent à Petit-Fort-Philippe dans la nuit du 24 au 25 décembre 1943, pour une reconnaissance des défenses allemandes. Une fois la mission accomplie, les commandos n’étaient pas au bout de leur peine et de la tragédie…
Dans la nuit du
24 au 25 décembre 1943, ce n’est pas le père Noël qui débarque sur la plage de Petit-Fort-Philippe mais huit hommes, menés par le maître Pierre Wallerand, cinq fusiliers commandos des Forces navales françaises libres (FNFL) et deux Anglais. Les Français sont issus du 1er BFMC (bataillon de fusiliers marins commandos), le célèbre commando
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], du nom de son chef, la seule unité française, intégrée à l’armée britannique, à débarquer le 6 juin 1944, à Sword Beach et Ouistreham.
Durant l’hiver qui précède, les Alliés multiplient les raids de reconnaissance et de harcèlement des défenses allemandes, de la Normandie à la Belgique.
« Plusieurs raids furent programmés dans le Nord pour ne pas permettre aux Allemands de comprendre que les Alliés faisaient un focus sur la Normandie », détaille Benjamin Massieu, historien et auteur de
« Commando Kieffer, La Campagne oubliée, Pays-Bas 1944-1945 »Trois incursions sont annulées pour des raisons techniques à Bray-Dunes (le commandant Philippe Kieffer à sa tête), Le Touquet-Stella-Plage et Berck-Merlimont.
. Deux noyades dans l’eau glacialeL’opération
« Hardtack 11 », elle, va au bout. Le commando, amené de Douvres par une vedette, termine en canot et procède aux reconnaissances d’un champ de mines et d’un ancien poste d’artillerie. À 5 h 20, mission accomplie, ramenant des mines ennemies et du fil de fer barbelé pour expertises, les soldats rembarquent.
Mais la mer a forci. Le doris (une barque à fond plat), moteur noyé, chavire et coule. Le maître Wallerand et le sergent Park tentent de rejoindre la vedette à la nage mais se noient dans l’eau glaciale.
« On a entendu crier "Help !", mais on ne pouvait rien faire », disait René Navrault, un des survivants.
Le radio Jones et le matelot Chapman (revenu avec le doris) se cachent dans les dunes mais sont arrêtés par une patrouille allemande. Les cinq Français n’attendent pas le retour de la vedette la nuit suivante. Ils s’égayent dans la nature et se séparent à Loon-Plage. Roger Caron et Albert Meunier atteignent Saint-Omer après quatre nuits de marche. Ils sont recueillis aux abords du marais et habillés par madame veuve Leroy,
« dont le mari avait été tué par une bombe alliée », précise le rapport du quartier-maître Caron du 11 septembre 1944.
Celui-ci obtient des faux papiers à Lille où habite son père, puis retrouve le commando Kieffer en août à Paris. Arrêté par la Gestapo, Meunier est torturé à la prison de Fresnes, condamné à mort, puis libéré le 18 août 1944 par les Allemands en déroute.
Les trois autres, de la même trempe, Joseph Madec, René Navrault et Gaston Pourcelot, sont aidés par des Gravelinois : Émile Despicht, qui rentre juste de captivité, Mme Gheraert et Julien Brébant qui les héberge dans sa ferme du « pont de pierres ».
Trois jours plus tard, le trio traverse le canal à Saint-Georges-sur-l’Aa grâce à M. Charlemagne. Ils prennent le train d’Audruicq à Saint-Omer et se séparent. Madec rejoint la résistance en Bretagne ; Navrault intègre un maquis dans le Cantal. Pourcelot est arrêté à Besançon et déporté à Buchenwald, ce qui ne l’empêche pas de rejoindre le 1er BFMC le 1er juillet 1945 !
Les quatre rescapés, eux, avaient repris le fil de la guerre et débarqué à Flessingue aux Pays-Bas en octobre 1944.
« Le raid de Gravelines reste une référence historique chez les commandos, explique Benjamin Massieu. Il conserve une saveur particulière. Il donne de l’espoir à tous. Ceux qu’on n’a jamais vu revenir sont peut-être vivants. Gravelines en est l’exemple parfait. »
En 1993, une stèle est inaugurée sur la plage de Petit-Fort-Philippe en souvenir du raid héroïque de Noël
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Source : L
a Voix du Nord