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Du fournil au peloton d’exécution.
C’est en pleine débâcle, à Ysssigneaux en Haute Loire, que Lucien va faire son premier « acte citoyen » comme on dit aujourd’hui.
C’est dans cette bourgade que du haut de ses seize ans, il observe avec étonnement, incrédulité, ce monde insolite qui défile sous ses yeux.
Des tronçons d'unités militaires totalement désorganisées s'intercalent dans un flot hétéroclite composé de charriots tirés par des chevaux fourbus, d'automobiles et de camionnettes déformées par des chargements invraisemblables que couronnent des matelas délavés.
Au milieu, pitoyables, les piétons de l'exode poussant, tirant charrettes, voitures d'enfants et vélos brinquebalants, convois de misère à la fois dérisoires et bouleversants.
Spectateur attentif, Lucien était traversé par un torrent de sentiments heurtés, colère, pitié, étonnement, tout sauf l'indifférence.
C'est pourquoi il s'était proposé au vieux boulanger voisin, le père Brun, en panne de commis, et débordé, qui fut trop heureux de trouver un mitron pour l'aider, la bonne volonté suppléant à l'inexpérience.
Dans cette Haute-Loire prudente, la farine ne manquait pas, heureusement, car les fournées se succédaient pour répondre à des demandes incessantes et, peu à peu, le métier rentrait.
La mère Brun qui venait de lui apporter son café, toujours de noir vêtue, était une petite femme boulotte, renfermée, qui gardait pour elle ses pensées…
…Cependant, elle n'avait pas caché son étonnement de voir ce gosse de la ville proposer d'aider gratuitement son mari, d'où ses attentions inhabituelles.
Sans le savoir, en aidant à approvisionner en pain troupes en débâcle et réfugiés, Lucien faisait son premier acte de guerre…Il y en aura d’autres
C’est le 18 juin 1940 que le commis du père Brun vint reprendre sa place, une date banale ce matin-là...
Le boulanger tint à offrir un briquet à amadou à son mitron d'occasion, lequel pour montrer qu'il était un homme avait commencé à fumer.
Ce soir-là, désœuvré, Lucien tripotait son poste de T.S.F., comme on disait à l'époque, c'est ainsi que la Providence, ou le hasard, allait engager un destin en ce 18 juin qui, sans le savoir, entrait dans notre
histoire…
…« Ici Londres », un général inconnu parlait...
La Résistance, avec ses gloires et ses controverses, ce n’est pas, sur ce forum, ma tasse de thé… D’autant qu’il est des choses dont on ne peut – légalement – pas parler…
Néanmoins l’histoire de Lucien, va souvent croiser la notre, et c’est pourquoi j’ai choisi d’en parler en espérant que cela ne vous lassera pas.
Ce jour-là donc, le 18 juin 1940, Lucien est assis avec sa mère...
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