A ce petit texte humoristique mais ô combien réaliste, j'ai envie de joindre des extraits d'un article publié hier dans
Le Figaro et intitulé
"La grande flemme..." !
Le Covid et les confinements ont accéléré et modifié nos modes de vie, ont modifié notre rapport au travail et nos liens familiaux, mais ils ont aussi accru la valorisation du temps libre et de la sphère privée.
...l’Ifop et la Fondation Jean-Jaurès ont mené une étude auprès des Français afin de mesurer en profondeur les conséquences au long cours de la crise sanitaire sur leur état d’esprit, leur motivation et leur rapport à l’effort.
S’agissant de la sphère privée, on perçoit par différents indicateurs que la moindre motivation est bien présente chez les Français depuis la crise sanitaire : salles de cinéma ayant du mal à faire le plein, boîtes de nuit en berne, associations n’ayant toujours pas retrouvé leurs licenciés et leurs bénévoles d’avant crise…
Cette baisse de motivation se mesure par ailleurs objectivement quand on interroge les Françaises et les Français. Depuis la crise sanitaire,
30 % des sondés déclarent être moins motivés qu’avant. C’est encore plus vrai chez les plus jeunes avec 40 % des 25-34 ans indiquant être moins motivés qu’avant (contre seulement 21 % des plus de 65 ans).
Si cette baisse de motivation affecte avec la même intensité toutes les classes sociales, deux éléments semblent importants à mentionner.
D’une part, les personnes résidant en région parisienne : conditions matérielles du confinement très pesantes, et plus que la moyenne des actifs français astreints ai télétravail durant et après la pandémie, (41 % des habitants de région parisienne disent être moins motivés qu’avant contre 29 % des personnes habitant dans les communes urbaines de province et 22 % des habitants de zone rurale.
D’autre part, la baisse de motivation ne frappe pas homogènement les différentes familles politiques : 44 % des sympathisants de la France insoumise, 23 % des sympathisants de la majorité présidentielle et de 27 % des sympathisants des Républicains.
....D’après notre enquête, 41 % des Français se sentent plus fatigués qu’avant la crise Covid après un effort physique, contre 54 % qui ne ressentent pas de changement et seulement 5 % qui ont la sensation d’être moins fatigués qu’avant suite à un effort physique.....
Par ailleurs, selon une étude du Crédoc, un jeune sur quatre entre 16 et 25 ans déclare faire peu d’activités physiques ou sportives (moins de trois fois par mois) voire aucune. Consciente de cette dégradation de l’état physique générale de la jeunesse, Santé publique France a lancé en septembre dernier une nouvelle campagne de communication intitulée:
«Faire bouger les ados, c’est pas évident. Mais les encourager c’est important.» De son côté, l’armée de terre a décidé de faire évoluer le contrôle de la condition physique générale de ses soldats qui ne compte plus que trois épreuves au lieu de quatre précédemment.Un certain nombre d’indicateurs donnent à voir une fragilisation mentale de la société depuis la crise sanitaire. Doctolib révélait avant l’été que le nombre de consultations de psychologues avait augmenté de 102 % en 2021 et que le nombre de recherches de la requête «psychologue» et «psychiatre» avait augmenté de 69 % et 48 %.
Un certain nombre d’infirmières et d’infirmiers scolaires alertent par ailleurs sur des taux d’anxiété et d’états dépressifs plus importants qu’à l’accoutumée chez la jeune génération dans les collèges et lycées. Même constat au travail...
Le nombre d’arrêts maladie en France en 2022 a explosé, 42 % des salariés s’étant vu prescrire un arrêt maladie. Plus intéressant pour notre sujet, les troubles psychologiques et l’épuisement professionnel, principaux motifs des arrêts longs, sont désormais à l’origine de 20 % des arrêts maladie, dépassant pour la première fois les troubles musculo-squelettiques (16 %).
Cette perte de motivation et cette fatigue persistante peuvent aussi être comprises comme la conséquence de la diffusion d’
une autre épidémie, que nous nommerons « épidémie de flemme ». Dans notre enquête, 45 % des Français disent être régulièrement touchés par une épidémie de flemme les dissuadant de sortir de chez eux : 52 % parmi les 25-34 ans et 53 % auprès des 35-49 ans, contre seulement 33 % des 65 ans et plus. Géographiquement, cette flemme de sortir affecte un peu moins les provinciaux (44 %), que les habitants de l’Île-de-France (50 %), région pourtant vantée pour sa
« culture des terrasses » et la richesse de sa vie nocturne.
Le cinéma, grand perdant de cette épidémie de flemme ! L'industrie avance "l'effet prix" comme 1er argument. C'est oublier la concurrence des produits comme les vidéoprojecteurs... l’arrivée des plates-formes telles que Netflix, Amazon Prime Video ou encore Disney +. Depuis qu’elles se sont abonnées à une de ces offres vont moins ou plus depuis l’
épidémie de flemme.
L’appel du canapé semble ainsi très puissant. 74 % des Français ont une image positive du
« lit », dont 85 % des 25-34 ans. Il en est de même pour le canapé.
Devant la crainte d'un hiver froid, les Français se ruent sur les plaids, objets symboliques de cette « civilisation du cocon », privilégiant les longs week-ends sur le canapé. De la même façon, les spas et jacuzzis, équipements devenus indispensables par la « civilisation du cocon », se vendent comme des petits pains.
L’épidémie de flemme, a généré de nombreuses opportunités de marché bien comprises par les enseignes. Ainsi, une marque de viande lançait au lendemain du premier confinement une publicité pour ses burgers préparés à faire réchauffer au micro-ondes avec le slogan:
« Le soir vous avez la flemme, nous on a la flamme ».Autre signe : la livraison des repas autrefois réservée aux personnes âgées, est passée aujourd'hui à 25 % des 65 ans et plus au moins une fois par an, 60 % parmi les 35-49 ans, et 78 % auprès des moins de 35 ans (dont près d’un sur deux commande un repas à domicile au moins une fois par mois).
Tout se passe comme si des barrières psychologiques et morales subsistaient parmi les générations les plus âgées, qui rechigneraient à se faire servir à domicile par des «domestiques 2.0», réticences ayant manifestement disparu dans les jeunes générations, qui ont baigné depuis leur enfance dans la société du « client-roi » !..
Modification du rapport au travailDurant la pandémie, près de 11 millions de salariés ont été mis en chômage partiel, beaucoup se sont interrogés sur le sens de leur travail. Dans les secteurs peu rémunérés, où les contraintes horaires sont pesantes et où la pénibilité des tâches ou de l’environnement de travail est importante,
toute une partie des salariés n’ont pas repris leur poste entraînant les pénuries de main-d’œuvre maintes fois énumérées...
Le Covid s’est également soldé par l’irruption du télétravail (près d’un quart des salariés français y sont toujours à hauteur de 3 jours ou plus par semaine), ce qui constitue un autre facteur de modification du rapport au travail, soit une proportion élevée.
Ce contexte explique sans doute en partie pourquoi les actifs français sont moins enclins à se donner corps et âme au travail et qu’une forte minorité a clairement perdu en motivation. Depuis la crise sanitaire, si la majorité des actifs (51 %) affiche une motivation inchangée, 37 % se disent en effet moins motivés qu’avant dans leur travail.
Le
"petit chèque" de 100 € peut aider à payer
Uber Eats ou le boulanger du quartier
La
"grande flemme" touche les jeunes actifs (46 % des 25-34 ans), mais aussi les cadres (44 %) et les professions intermédiaires (43 %), contre 34 %
«seulement» parmi les employés et ouvriers, catégories moins concernées par le télétravail.