Les vacances ne sont pas encore terminées alors j'ai pensé qu'une petite histoire nous aiderait à tenir jusqu'à la rentrée... Avec un humour légèrement "décalé"...
La cause animale
Un sujet sensible qu’il faut aborder.
Dernièrement, j’ai vu passer un article concernant la cause animale.
Comme ce n’est pas un domaine qui m’est familier, j’ai préféré en parler avec mon chien. Et là, j’ai été surpris.
Mon Teckel a refusé d’aborder le sujet sans disposer d’un bol de croquettes à portée de patte !
Et comme j’insistais, il a également refusé de sortir pour la promenade !
Je me suis donc promené tout seul.
Le ciel était bleu, il faisait frais et le vent s’amusait à faire la grasse matinée. C’était le moment de partir au bord de la rivière. Sans mon chien.
Arrivé à hauteur du barrage, j’ai constaté qu’il y avait du monde.
Sur les câbles précédant les chutes, on bronzait allègrement. Côté rive gauche trois couples de Cormorans discutaient sérieusement et un célibataire, l’œil à moitié fermé, surveillait les flots en silence.
Comme par un effet de symétrie, côté rive droite, sur l’autre partie du câble, une bande de Mouettes palabrait bruyamment.
De temps en temps, un Cormoran plongeait brusquement pendant qu’une Mouette s’envolait, chacun à la recherche de ravitaillement.
J’ai toujours aimé la rive gauche. Je me suis arrêté pour écouter le clapotis des vaguelettes provoqué par le courant.
Soudain, surgit de l’eau le Cormoran célibataire que je n’avais pas vu plonger un instant auparavant. Un cou sans fin avec un bec périscope perfora bruyamment la surface de la rivière. Son œil noir me fixait sans complaisance. J’avais une tête à manger du poisson !
Tout en me regardant, il a étendu ses ailes en les agitant pour les faire sécher.
Il a incliné son bec ; j’ai fait de même avec la tête.
Une conversation s’imposait.
Passées les salutations de convenance, nous avons échangé en parlant du temps.
Le ciel était bleu, le sujet n’avait aucun intérêt.
Nous avons donc évoqué la cause animale, sujet que j’avais proposé tout naturellement.
Le Cormoran célibataire avait l’esprit ouvert. Il s’est engagé dans une longue explication. Un point de vue intéressant, bien argumenté mais surprenant.
Il approuvait l’élevage intensif, ce qui lui évitait des courses folles au milieu du courant à la recherche du poisson faisant son jogging. Il était même pour le regroupement des fermes d’élevages afin de faciliter les rencontres familiales à l’occasion de festins exceptionnels. Les Cormorans adoraient ces réunions mais restaient exigeants quant à la qualité des repas. Un poisson bien nourri, au milieu des siens, dans une eau renouvelée, rien de tel pour lui donner des écailles brillantes et des yeux réjouis. Donc, oui à l’élevage intensif !
Un poisson heureux c’était la garantie d’un repas frais et délicieux.
Son discours avait des accents de militant enthousiaste.
Un combattant déterminé à défendre la cause animale !
Il n’était pas seul.
Sur le câble tendu en travers de la rivière, les trois couples de Cormorans claquaient du bec en cadence pour marquer bruyamment leur accord.
Les Mouettes, qui avaient leur mot à dire, s’envolèrent en poussant des cris d’approbation tout aussi éloquents.
Le bien-être animal faisait l’unanimité.
Je n’ai pas osé en reparler à mon Teckel.
Demain, je double sa ration de croquettes…
(
Extrait de "En passant")