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Le véritable baptême du feu des paras français
Début 1940 c'était la « drôle de guerre »…
Deux théories s'affrontaient au sein des officiers des deux compagnies d'Infanterie de l'Air, la 601e et la 602e, regroupées en Avignon :
Les uns souhaitaient que l'occasion leur fût donnée au plus vite de compléter leur entraînement physique et théorique par l'expérience du combat ; les autres estimaient qu'il fallait garder précieusement les effectifs pour des opérations de grande envergure, sans les engager prématurément dans des actions limitées.
Défenseur acharné de la première thèse, le capitaine Glaizot (Brevet Para N°10) eut la joie d'être désigné pour prendre le commandement, quand l'ordre fut enfin donné de constituer quatre groupes francs destinés à s'entraîner dans les Vosges à la guerre de commando.
Les groupes sont armés de Mousqueton Berthier Mle 1892 M16, de 2 FM 24/29, un lanceur de VB et grenades de main … en plus, souvent, on trouve dans les francs de corps le P.M. Erma Vollmer. Parfois un MAS36…
Le MAS36 CR39, un MAS 36 à crosse repliable, particulièrement conçu pour les troupes aéroportées n'a été jamais mis en service avant l'armistice.
Un large créneau, d'une quinzaine de kilomètres, dans le secteur de Niederbronn, (les anciens du 13 doivent connaître le coin) leur fut attribué, entre la zone d'action du groupe franc du 7e B.C.A. et celle du 27e B.C.A.
Le PC fut installé à Lembach, y restaient les groupes francs des lieutenants Chevallier et Le Bourhis, ceux des lieutenants Audebert et Lemaitre s'installant à Obersteinbach.
Habituellement le travail est divisé en 3 jours de patrouille et de 1 jour de repos durant lequel le capitaine Glaizot qui est également un pilote, utilise un avion reconditionné de l'escadron d'observation de Haguenau, afin de faire des reconnaissances.
En février 1940, il régnait un froid très vif dans l'est de la France et souvent ils eurent à supporter des températures de - 25° à -30°.
Chose supportable pendant les déplacements, mais lorsqu'il s'agissait de tendre des embuscades de nuit aux patrouilles ennemies, l'attente était dure.
Il fut distribué des cagoules blanches destinées à leur éviter d'être repérés sur la neige recouvrant le sol.
Du 14 février au 11 mars 1940 ils mèneront 28 patrouilles et poseront 23 embuscades, parfois plus de 3 kilomètres derrière les lignes allemandes.
Leurs pertes seront seulement de 2 morts (Baratte sergent - 602e CIA - le 24 février et Solacroup sergent - 601e CIA - le 7 mars) et 3 blessés. Tout en tuant environ 30 soldats allemands.
Au cours d'une progression, les éclaireurs de pointe, Barrière, Die et Flament s'arrêtèrent en bordure d'un piton dominant une clairière où des Allemands étaient en train d'effectuer des travaux.
Se trouvant dans les meilleures conditions pour engager le combat. Ils ouvrent le feu.
A la première rafale, les Allemands se réfugient dans les bois tout proches, mais trois des leurs restent sur le terrain.
Quelques minutes passent. Avec beaucoup de prudence quelques uns d'entre eux viennent chercher les tués ou blessés.
Le capitaine Glaizot ne donne pas l'ordre de tirer et, de ce fait, ils peuvent les ramener dans leurs lignes. Trente secondes plus tard, un officier allemand sort des bois et, à découvert, face à eux, les salue.
C'était bien une drôle de guerre.
Peu de temps après, au cours d'un accrochage avec une patrouille ennemie, les paras en arrivèrent au corps à corps.
L'affaire fut si chaude qu'à un moment le tireur F.M., le sergent Cartier, ayant fait signe à son équipier de lui lancer un chargeur, celui-ci fut attrapé au vol par une main allemande !
Le 2 mars, le sergent Baratte fut mortellement touché.
Transporté avec beaucoup de déférence et de respect pendant les premiers kilomètres, il fut, après une heure de marche, extrêmement pénible dans ces terrains très escarpés et boisés, aux sentiers rares, tiré par ses porteurs épuisés, qui pendant la dernière étape du parcours arrimèrent tant bien que mal son corps et le firent glisser dans la neige.
Avant le départ du front, le général Lestienne, commandant la Division Alpine, vint présider la prise d'armes au cours de laquelle des croix de guerre furent épinglées sur la poitrine de ceux qui s'étaient particulièrement distingués, en particulier le sergent-chef Houot et le sergent Cartier qui avaient été blessés au cours des opérations.
Ce furent les premiers parachutistes français décorés pour faits de guerre.
Pendant les journées tragiques de mai et juin 1940, il leur fut donné de participer à la défense de plusieurs villages situés sur la Loire, mais, de retraite en retraite, la rage au cœur ; les groupes d'Infanterie de l'Air reçurent l'ordre de s'embarquer pour l'Afrique du Nord, le 23 juin.
A l'arrivée en Algérie, ils sont regroupés à Maison-Carrée.
Les 601e et 602e GIA durent subir le sort des unités non prévues dans les clauses de l'armistice.
Ils furent dissous.
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