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Le 508th Régiment qui suit, rate totalement son objectif, la « DZ N » sur la rive ouest du Merderet.
La dispersion atteint son comble et aucune unité ne peut être correctement reconstituée. Certains parachutistes atterrissent à Picauville, siège de l'état-major de la 91e I.D. et sont immédiatement tués ou capturés.
De très nombreux autres s'enfoncent dans les eaux du Merderet et ne réapparaissent plus. Certains même sont largués au-dessus de la Manche ! Enfin, une compagnie entière se pose à Utah Beach proprement dite.
Le régiment qui suit, le 507th, doit également s'établir à l'ouest du Merderet, cette fois au nord du village d'Amfreville. La dispersion des hommes rend toute concentration des forces impossible. Seuls deux ou trois sticks sautent au-dessus de la DZ d'Amfreville., des dizaines d'autres tombent dans le Merderet.
Viennent enfin les planeurs. Ils ne sont plus que 37 sur les 52 ayant décollé d'Angleterre, pas moins de 14 ayant rompu leurs câbles et s'étant écrasés bien avant d'atteindre le Merderet.
Sur les 37 survivants, pas moins de 22 heurtent à l'atterrissage des asperges de Rommel, qui les détruisent totalement : la moitié des canons et des jeeps sont ainsi perdus. Par miracle, seulement trois hommes sont tués et 23 autres blessés.
Avant le lever du jour, le grand effort aéroporté américain a permis de déposer en Normandie pas moins de 13 100 parachutistes et 375 soldats aérotransportés.
Ces chiffres ne doivent pourtant pas cacher la vérité : sur ces milliers d'hommes, bien peu sont véritablement opérationnels, même si leur dispersion même jette la confusion dans les rangs allemands. En fait, sur les six régiments de parachutistes, un seul, le 505th, a gardé sa cohésion et peut opérer normalement, même s'il lui manque la moitié de ses effectifs. La bataille qui va donc s'engager se fera dans la confusion la plus complète.
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La conquête des sorties d'Utah Beach....
La grande dispersion des unités conduit à un trait caractéristique des grandes batailles : ce sont de petits groupes d'hommes qui emportent la décision. La chose est particulièrement vraie pour la bataille des quatre " sorties " d'Utah Beach, (Exit 1 à Exit 4,).
Au sud de la plage se trouve Exit 1, à proximité de Pouppeville. Taylor et son état-major, après avoir regroupé autour d'eux moins de cent combattants, se mettent en route pour s'en emparer. Il y a tellement d'officiers et même d'officiers supérieurs dans ce petit groupe que Taylor ne peut s'empêcher d'en rire : « Jamais si peu n'ont été conduits par autant ».
Une autre formation improvisée, commandée par le chef du 1st Bn, 506th Regiment, se dirige sur le même objectif, bien sûr à l'insu de Taylor. Un cas exactement semblable se déroule à quelques kilomètres de là, pour l'accès n'2.
Quant aux Exit 3 et 4, elles sont l'objectif du 502nd Parachute Regiment.
Nous n’allons pas ici décrire les engagements qui conduisent à la capture des quatre voies d'accès à Utah; qu'il suffise de dire que l'Exit 3 est capturé sans coup férir par un audacieux coup de main.
En revanche, la lutte pour les trois autres accès est beaucoup plus longue et hasardeuse, en raison du manque d'effectifs.
Mais avant le débarquement proprement dit, les parachutistes de la 101st Airbome tiennent les quatre sorties d'Utah Beach, parfois de façon délicate, sans aucun soutien d'armes lourdes, mais néanmoins suffisante pour permettre à la 4th US Infantry Division de se déployer au delà de la plage le moment venu.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]6 juin au soir, noria de C47 et de planeurs renforçant la tête de pont En revanche, les opérations de la 101st Airbome au sud de la tête de pont, sur le cours de la Douve à proximité de Carentan, ne sont pas couronnées de succès, laissant aux Allemands la possession d'un pont très important sur la nationale 13, entre Carentan et Saint- Côme-du-Mont.
L'apparition trop tardive et, à la fin du 6 juin, de la plus grosse partie du 327th Glider Infantry Regiment, retenu en mer pour une raison inconnue, empêchera la prise de Carentan dans les délais prévus, c'est-à-dire à D+1, le 7 juin.
Sainte-Mère-Eglise, célèbre certes mais qu'y fait la 82d Airborne?
Contrairement à une idée reçue la 82d Airborne, ne saute pas sur Sainte-Mère-Eglise....
Sa mise en œuvre est d’ailleurs, encore plus difficile que celle de la 101st.
Ses troupes, nous l'avons vu, sont encore plus dispersées.
En outre, l'état-major de Ridgway a beaucoup souffert. Bill Moorman, un officier de transmissions, décrit ainsi le fantomatique Command Post (CP) de Ridgway :
« Ce n'était pas un poste de commandement ordinaire, Pas de tente. Seulement un emplacement sous un arbre et peu de choses à faire. Pour l'essentiel, la seule besogne au PC était de rester assis et d'attendre. Et à chaque instant, une balle perdue venait siffler. C'est ainsi que ce pauvre vieux Bannie Zinn a été touché. ».
L'une des raisons de cette inaction tient à l'absence de matériel radio : Ridgway ne peut communiquer ni avec ses commandants de bataillons, ni avec l'Angleterre, ni même avec Bradley en mer.
Exercer un véritable commandement sur une division par ailleurs totalement dispersée dans le bocage et dans l'obscurité, se révèle à peu près impossible.
Mais son PC étant situé à moins de deux kilomètres de Sainte-Mère, Ridgway n'a pas de mal à ordonner la capture de la petite ville, qui va devenir célèbre...
La tâche est dévolue à Ed Krause, chef du 3rd Bn, 505th Infantry Regiment. Il est loin de disposer des effectifs d'un bataillon normal, mais vers 3 heures du matin, il a réussi à rassembler environ 150 paras et a trouvé un guide français : un ivrogne cuvant son vin dans une haie.
Sans doute déssaoûlé par l'apparition soudaine d'hommes aussi inquiétants d'aspect que les parachutistes américains, l'homme donne des renseignements encourageants, notamment sur la faiblesse de la garnison de Sainte-Mère-Eglise: une cinquantaine d'hommes au plus.
Contre toute attente, Krause dispose d'une supériorité numérique de trois contre un. La bataille est d'ailleurs de courte durée et après avoir perdu dix des leurs, les Allemands se rendent : ils sont encore moins nombreux que prévu, car certains d'entre eux se sont sauvés un peu plus tôt dans la nuit, au moment où une vingtaine de parachutistes sont tombés dans la ville par mégarde. Dont un dans une maison enflammée et un autre, John Steele, sur le clocher de la belle église
Pour marquer la prise de Sainte-Mère, Krause déploie un drapeau historique : celui qui avait flotté le premier sur la ville de Naples conquise.
Mais la bataille est encore loin d'être terminée, les Allemands ne tardant pas à se ressaisir et contre-attaquant avec plus de 200 hommes.
Ils sont repoussés par les hommes de Krause, qui est lui-même blessé à trois reprises et sera évacué vers une infirmerie de campagne dans un triste état de pessimisme.
En fait, la menace principale contre Sainte-Mère-Eglise vient du nord et non du sud.
Faute d'effectifs suffisants, la nationale 13 a été barrée à Neuville-au-Plain par un petit détachement (un peloton) placé sous le commandement de Turner B. Turnbull, avec le soutien d'un canon de 57 mm.
A partir de 13 heures, le 6 juin, ce groupe est soumis à une pression de plus en plus forte de la part du 1058. IR, qui tente de reconquérir Sainte-Mère-Eglise.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Devant l'église de Ste Mère Eglise, les paras bondissent pour échapper au tir des snipers Allemands Les historiens américains s'accordent à dire que les effectifs allemands varient entre trois et quatre bataillons, mais il semble tout de même étonnant qu'un seul peloton de paras puisse les arrêter, à moins qu'ils manquent singulièrement d'agressivité....
Ce qui est certain, c'est qu'au bout de trois heures. Turnbull tient encore à Neuville-au-Plain, mais dans une situation si compromise qu'il reçoit l'ordre de se retirer vers une position aménagée dans les faubourgs de Sainte-Mère. Les Allemands n'iront pas plus loin, bientôt cloués sur place par les tirs meurtriers du vieux cuirassé USS Nevada.
Les ponts du Merderet, ont été jugés essentiels pour l'exploitation vers l'ouest de la tête de pont américaine, les deux ponts sur le Merderet doivent être emportés et tenus par des éléments de trois régiments : 505 et 507 à la Fière, 505 et 508 à Chef-du-Pont.
En face d'eux, à la Fière, les Allemands disposent d'une petite garnison d'une trentaine d'hommes, depuis la veille seulement. Ils se sont établis avec trois mitrailleuses dans le manoir du village et disposent d'un excellent champ de tir, d'autant que le terrain marécageux est absolument plat alentour et qu'il n'existe qu'une seule voie d'accès.
Lorsque la compagnie A de John Dolan parvient sur le pont de la Fière, elle est bientôt soumise à un feu aussi violent que soudain, qui tue trois officiers et deux hommes.
Les autres se terrent pour éviter de subir le même sort.
Mais leur situation ne tarde pas à devenir moins délicate, car des dizaines, puis des centaines de parachutistes isolés ou en petites unités convergent vers le pont de la Fière, en venant de l'est.
Ce sont les nombreux sticks largués trop tard, au-delà du Merderet, qui tentent de retrouver leurs DZ. On trouve parmi eux quelques hommes du génie et aussi un canon de 57 mm récupéré dans un planeur.
En tout, cette force hétérogène compte près de 600 hommes.
Ils ne tardent pas à attaquer le manoir de la Fière et à venir à bout de sa garnison, non sans avoir subi des pertes.
Mais, dirigés par des officiers sans grande expérience du combat, parfois même sans expérience du tout, les parachutistes ne cherchent pas à exploiter immédiatement leur succès vers l'ouest.
Plusieurs centaines d'hommes sont dirigés vers Chef-du-Pont où une brève bataille se déroule, à l'image de celle livrée à la Fière.
Mais cette fois, les Allemands ne se rendent pas et se replient en bon ordre sur la route au milieu des marais, interdisant avec leurs mitrailleuses toute tentative de progression vers l'ouest.
Bloqués à Chef-du-Pont, les paras se décident à avancer depuis la Fière jusqu'à Cauquigny, petit hameau tenu par une poignée de soldats américains.
Mais il est bien tard et les Allemands du 1057e IR contre-attaquent en force, avec deux chars Renault FT 17.
Leurs équipages ne manquent pas de valeur, car ils parviennent à mettre hors d'état le seul canon de 57 mm en position dans le secteur.
Une compagnie de paras est mise en déroute et s'enfuit vers la Fière, durement malmenée par un barrage d'artillerie et de mortiers.
Mais en s'approchant des positions américaines de la Fière, les deux Renault sont pris à partie par des équipes de bazooka, qui en incendient un, immobilisant le second.
L'assaut allemand est alors bloqué, mais un ou plusieurs canons de 88 mm continuent de pilonner les positions du 1st Battalion, 505th Parachute Regiment, dont le commandant est tué par un coup direct. La bataille décline bientôt, aucun des deux adversaires n'étant capable de prendre le dessus.
Au milieu de la journée du 6 juin, la tête de pont aérienne forme un triangle dont chacun des côtés mesure environ trois kilomètres. La situation n'est pas des meilleures, notamment en raison du manque de cohésion des troupes, des moyens radios insuffisants et de la terrible faiblesse en artillerie.
Plus de la moitié des hommes, dispersés sans commandement dans des zones qui leur sont inconnues, en sont réduits à livrer une guerre individuelle, qui freine sans doute les Allemands, mais ne peut empêcher leur regroupement en vue de contre-attaquer.
Pour Ridgway et Taylor, le seul salut ne peut venir que de la mer. Si la 4th US Division réussit bien son débarquement à Utah, la situation des pars sera vite rétablie ....Dans le cas contraire...
Mais au milieu du 6 juin 44 Ridgway et Taylor, peuvent déjà avoir quelques éléments de réponse.
Que se passe-t-il du côté de la 6th Airborne... ?
Contrairement aux Américains, les aéroportés britanniques doivent nécessairement faire preuve d'une extrême précision dans l'atterrissage.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les Pathfinders Britanniques avant le décollage
C'est au moins le cas des unités chargées de s'emparer des ponts sur l'Orne et le canal de Caen. Comme le larguer de parachutistes est trop aléatoire, la tâche de déposer les assaillants à proximité des ponts sera dévolue à six planeurs Horsa, qui devront permettre à une compagnie et demi du 2nd Ox. and Bucks de se saisir des deux ouvrages avant que la garnison allemande puisse les faire sauter.
Le reste du plan britannique ordonne à la 6th Airborne de s'emparer de la batterie de Merville pour l'empêcher de prendre en enfilade la plage de Sword. Elle devra aussi détruire cinq ponts sur la Dives, afin de consolider le flanc oriental de la tête de pont et enfin occuper une large bande de terrain comprise entre la Dives et l'Orne, notamment dans le secteur du bois de Bavent.
Enfin, il n'est pas inutile d'ajouter que l'emprise de la division sur le terrain conquis devra être assez forte pour permettre de résister à des contre-attaques blindées, la tête de pont étant située à proximité immédiate des cantonnements de la 21e Panzerdivision.
Pour mener à bien toutes ces missions, le général Gale a choisi, nous l'avons vu, de lancer une opération coup de main sur les ponts de Bénouville.
Mais si les effectifs transportés par planeurs sont suffisants pour s'emparer des deux ouvrages, ils ne peuvent en aucun cas résister à une contre-attaque sérieuse. Aussi les renforts ne devront-ils pas tarder : des Pathfinders seront lancés au même moment que les planeurs et ils auront exactement 30 minutes pour baliser les DZ.
Comment vont-il s'en tirer?... Nous verrons cela ....Dans la
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