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  Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP.

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Paracolo
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Paracolo


Nombre de messages : 19925
Date d'inscription : 08/03/2009

 Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP. Empty
MessageSujet: Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP.    Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP. Icon_minitimeSam 1 Déc 2018 - 22:54

.

Exposé  prononcé, à Nantes le 8 Décembre 1999 lors de la Sainte Barbe, par le Cdt Victor Le Gall, officier du Détachement Avancé de Reconnaissance du GM/35 RALP à Dien Bien Phu .




"Ayant été sollicité par notre Président pour prononcer l'allocution traditionnelle, j'ai accepté d'emblée.

Je ne reviendrai pas sur le parachutage du GM/35e RALP. C'était la première fois dans une guerre, qu'un groupe d'Artillerie était parachuté.

Il n'y a eu aucune occasion depuis.


Ce groupe avait mis en place dans chaque bataillon, un DLO (Détachement Liaison Observation) comprenant un officier, un sous-officier et 3 ou 4 hommes ainsi qu'un poste radio, un peu lourd, le 609, mais qui assurait de très bonnes liaisons.
Ces DLO étaient parachutés avec leur bataillon et vivaient avec eux totalement. Ils étaient pratiquement affectés à ces unités qui savaient qu'elles seraient appuyées et qu'elles auraient aussi des liaisons sûres et permanentes. La mission de l'Artillerie n'est-elle pas d'ailleurs d'assurer la permanence des feux et j'ajouterai de l'observation.

Ils subirent le sort de ces bataillons surtout dans les moments les plus dramatiques sans jamais faillir à leur mission.


Le 29 novembre 1953, nous recevons nos remplaçants dans la cuvette, 2 batteries de 105 appelés les deux batteries autonomes du Laos. En principe, nous devions être enlevés quelques jours plus tard, mais ces 2 batteries manquaient de cadres et en attendant qu'elles soient recomplétées, nous restons jusqu'au 27 Décembre afin d'assurer l'encadrement et la mise en place des DLO. Vers le 10 Décembre, des appels au secours sont entendus sur le réseau radio. Ces appels proviennent d'un village situé à 18 km et où le sergent Blanc s'est réfugié avec l'effectif d'une compagnie de maquisards Thaïs.


Il s'agit d'un épisode de l'évacuation de Laïchau où ont été regroupés nos maquisards de la région afin de les diriger sur Dien Bien Phu en renfort. Les premiers seront évacués par avion. Les derniers doivent en principe nous rejoindre par la piste Pavie, soit 80 km à effectuer. Ils sont 2100. Le sergent Blanc est encerclé avec ses hommes par plusieurs bataillons Viets.

Une opération est décidée sous le commandement du Colonel Langlais avec 3 bataillons Paras. L'un d'eux partira par petits groupes pour contourner les positions viets supposées. C'est le 8e Choc. Les 2 autres, le 1er BEP et le 5e BPVN prendront directement la piste Pavie. 18 km les séparent de Muong Pon, le village en question. Pour les Parachutistes cela doit demander une journée.


Au briefing les ordres sont donnés aux commandants des bataillons avec les photos aériennes de la région de la piste Pavie. Il y a des zones blanches sur ces photos. Ces zones sont appelées des plaines à franchir rapidement.


Le Capitaine Castaignet Commandant en second du GM/35e RALP reçoit le commandement de 2 batteries de 105 pour appuyer le plus loin possible cette opération. Il s'installe à hauteur des P.A. Anne-marie tenus par la Légion. Dès les premiers contacts radio avec le Capitaine Clairfond, DLO du 35 auprès du 1er BEP, il comprend qu'il y a eu confusion sur les plaines à franchir. Depuis notre arrivée, nous avions Castaignet et moi, remarqué que les photos aériennes distribuées avaient été prises par temps couvert et que les zones blanches n'étaient que des nuages !

Les plaines sont en réalité des montagnes où les paras réaliseront qu'ils ont des dénivelés successifs de 500 m qu'ils vont parcourir à environ 100 m à l'heure.


Castaignet réalise alors qu'il va être trop rapidement à limite de portée, compte-tenu des sites de ces objectifs. Il décide alors de pousser la Batterie du Laos encadré par le GM/35 à 5 km plus au Nord. Sur cette position il n'a aucune protection, il est loin du centre de résistance et il ne peut compter que sur lui-même.

J'obtiens une des rares jeeps de la cuvette et je le rejoins afin de situer plus sûrement sa position pour le protéger éventuellement par au moins 2 pièces de 105 qui me restent. Cette reconnaissance me permettra de compléter un peu plus la carte de DBP que j'ai déjà en chantier.


Curieusement, les Viets qui se sont dissimulés comme ils savent le faire, attaquent nos 2 bataillons à un endroit où ils auraient dû être hors de portée de nos tubes. Le Capitaine Clairfond, Cdt de la 2e Batterie du GM35 et DLO auprès du 1er BEP, ne peut pas demander un tir rapidement car il lui faut d'abord disputer son poste radio aux viets avec son pistolet.
Il sortira gagnant de ce débat et les tirs seront exécutés.


Le sergent Ducloux du 5e BPVN, me disait que c'était la première fois qu'il participait à une attaque en suivant la progression des tirs d'Artillerie qui tombaient devant lui. "Chapeau les Artilleurs" m'a t-il dit, et chapeau surtout à Castaignet qui aura eu la présence d'esprit de changer de position. Il y aura eu dans cette affaire 1800 coups tirés. Mais les paras mettront 3 jours pour parvenir à Muong Pon et ne trouveront que du sang partout avec des armes brisées. Nous n'entendrons plus jamais parler du Sergent Blanc ni de ses partisans.


Sur les 2100 partisans de Laïchau, 185 parviendront à Dien Bien Phu, soit 1915 tués et disparus.
Les 2 bataillons paras perdront dans cet aller-retour 44 tués et 46 Blessés.
Cette affaire aurait dû alerter le commandement sur la force Viet et sur nos insuffisances d'autant plus que leur artillerie n'a pas été employée.


Le 14 Mars 1954 le Général Giap démarre l'écrasement du PA "Gabrielle" situé au Nord du dispositif.
L'Artillerie Viet se déchaîne et transforme le PA en paysage lunaire sans pouvoir intervenir avec notre artillerie en contre-batterie. Nous n'avons pas d'observatoires, donc nous sommes impuissants.
Lorsque l'attaque de Giap sera lancée, nos canons pourront donner de la voix massivement et pourtant!
Le groupe placé sur le PA "Isabelle" au Sud est trop loin pour les 105 qui s'y trouvent.
Sur "Gabrielle", il y a uniquement le Ve Bataillon du 7e RTA commandé par le CBA de Mecquenem avec un DLO, le Lt Collins, qui dirigera tous les tirs.

L'effectif de ce petit bataillon est de 877 officiers, sous-officiers et troupe. Pendant près de 2 jours les combats vont être acharnés.

Giap attaque avec 2 divisions, la 308 et la 312, qui vont se succéder sur le PA. Mais les tirailleurs et les artilleurs feront des vides énormes chez les assaillants.
Lorsque le 15 Mars, les combats cesseront, les pertes seront les suivantes : 501 tués, 41 disparus et 250 blessés chez les tirailleurs dont le CBa de Mecquenem qui sera remplacé par le Cne Gendre. Le Lt Collins du DLO sera lui aussi grièvement blessé.
Les Viets auront perdu 2040 tués et 7000 blessés, ces chiffres pourraient se passer de commentaires.


Une dizaine de jours après cette affaire éprouvante, une batterie d'artillerie, la 4e du II/4e RAC avec 4 pièces de 105, sous les ordres du Lt Brunbrouck, est installé sur le PA "Dominique 3" au Nord-Est immédiat du PC de Dien Bien Phu. Sa mission, "appuyer au plus près le périmètre Nord et Nord-Ouest du Camp retranché". Cette batterie, quelques temps auparavant, avait perdu la moitié de son effectif, soit une section.
Dans la nuit du 2 au 3 mars, le GM/35 lui, parachute une section aux ordres du Lt Juteau qui sera immédiatement détaché comme DLO auprès d'un bataillon.


Le 30 mars, Giap déclenche sur les PA "Dominique" un tir massif d'artillerie bien plus important que le 14 mars sur "Gabrielle". Les PA sont attaqués en force et tombent rapidement.
Le Lt Brunbrouck sur "Dominique 3" avec ses 4 pièces, attend l'assaut viet avec une compagnie de tirailleurs Algériens, dont le moral est sérieusement atteint.
Il dépêche auprès d'eux, 2 sous-officiers pour les soutenir et ils tiendront. Sur son poste radio, Brunbrouck rend compte en permanence de ce qu'il voit.
Le Colonel Langlais lui donne l'ordre de se replier sur le PC. Il répond "Mais mon Colonel, entre les Viets et le PC, il n'y a plus que moi et je ne quitterai pas cette position", "Repliez-vous, hurle Langlais, vous allez nous faire perdre une batterie".
Brunbrouck va lui répondre comme Cambronne !

Puis posément, il met ses tubes à l'horizontale et fait préparer les fusées pour "déboucher à zéro". Il attend que les Viets soient dans les barbelés.
Il a devant lui la Division 308 qui descend des collines en rangs serrés, et qui pousse devant elle le Régiment 102. Il reçoit une pluie de balles et d'obus. Avec sang-froid, il va voir ses pièces et les tirailleurs Algériens et ne laisse rien au hasard.
Tout est organisé méticuleusement et lorsque les Viets donnent ce qu'ils croient l'assaut final, il déclenche son tir. Les obus de 105 font des saignées immenses dans les rangs viets. Les barbelés sont jonchés de cadavres !

200 Viets seuls survivants d'un bataillon, complètement affolés, se ruent dans une tranchée pour se mettre à l'abri. Mais Brunbrouck a disposé des charges plates à cet endroit et quand il voit que les Viets y sont tous entrés, il déclenche ses charges plates, et d'un seul coup, il y aura 200 morts!


L'attaque Viet a échoué devant lui. Dien Bien Phu est sauvé pour 40 jours.
Giap limoge les commandants d'unité qui ont dirigé l'assaut. Dans cette affaire, la Batterie aura encore perdu plus de la moitié de son effectif et le Lt Brunbrouck sera tué quelques jours plus tard dans un abri par un obus muni d'une fusée court-retard."


Le 21 Mars, le 8e Choc et le 6e BPC avec Bigeard tentent de reprendre Dominique 2 mais échouent faute de renfort avec de lourdes pertes.

Au sud du camp retranché, le P.A. "Isabelle" comprend 2 bataillons et un groupe de 105, le III/10e RAC. Ce groupe a été placé là pour appuyer de ses tirs, le camp retranché. Les Viets qui ont compris cette mission s'attaqueront en priorité aux artilleurs qu'ils veulent réduire au silence et pour cela leur expédieront quotidiennement un déluge d'obus de 105 et de mortiers de 120.
Au 21 Mars, il y aura sur la position 12 pièces de 105, le 31 Mars, il n'y en a plus que 7 en état de tirer, début avril, 2 pièces ont été remises en état. Il y a donc 9 pièces. Le 7 mai, il n'en reste plus qu'une seule. Le camp retranché n'est donc plus appuyé.


Le Ltn Iziquel du 35, parachuté en renfort avec les Lts Michel et Schmidt (futur Général Schmidt Chef d'Etat Major des Armées) et 13 hommes, est affecté à ce groupe comme DLO pour "Isabelle" qu'il rejoint le 23 mars. Il rend compte qu'il y a, à toutes les pièces, un nombre élevé de tués et de blessés.
Le 30 avril, il signale que les artilleurs sont des clients assidus de l'Antenne Chirurgicale. Il est vrai que les artilleurs sont debout à leurs pièces et sont de ce fait très vulnérables.
Je citerai cette phrase du Général Bigeard :"J'aurai aimé m'étendre davantage sur le comportement de nos artilleurs hachés à leurs emplacements de batterie dans un rôle obscur".

Au sacrifice des Artilleurs, il faut ajouter celui des fantassins qui viendront leur prêter main forte pour remplacer ceux qui tombaient.


Tout le matériel en état sera détruit le 7 mai. Iziquel tentera avec 16 volontaires de s'enfuir, mais ils seront repris et emmenés brutalement en captivité.


Pendant 57 jours, les Viets auront tirés 250 000 obus de calibre supérieur au 60 m/m, soit près de 4 500 coups par jour sur des positions qui se rétrécissaient sans arrêt.
Le Général de Castries nous disait à son arrivée le 8 décembre au PC Artillerie : "Nous attendons une et peut-être 2 divisions Viets". Il y en aura 5. Le GM/35 qui aura parachuté en renfort 64 officiers, sous-officiers et troupe, n'en récupère que 27, soit 56% de pertes.

Les pertes Françaises auront été de 4 500 tués, les pertes Viets : 12 000. Les Viets auront fait, valides ou blessés, 11 721 prisonniers; 3 920 seront rendus. Manque 7801 qui n'ont jamais été réclamés par personne.


Les Américains s'inquiètent encore aujourd'hui de leurs prisonniers au Vietnam. En France, c'est le silence.


Les soldats Français se seront battus dans cette cuvette pour l'honneur que définissait Bernanos :
"N'est pas une prodigieuse réussite de l'honneur qu'il ait, par exemple, toujours suscité des soldats, c'est-à-dire des hommes généralement mal payés, mal nourris et qui tirent leur gloire de mourir en défendant le bien des riches, s'estimant trop généreusement payés par un coup de clairon sur leur tombe, ou une croix de 25 francs".


Commandant Le Gall
Ste Barbe le 8 Décembre 1991 à Nantes

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MessageSujet: Re: Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP.    Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP. Icon_minitimeSam 1 Déc 2018 - 23:03

Excellente idée de nous rappeler cette Sainte Barbe, alors qu'elle se prépare activement à Tarbes où l'on compte bien se rattraper puisque l'on a été privé de St Michel, nos artilleurs paras étant éparpillés un peu partout entre OPEX, Sentinelle et manoeuvres.

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Le temps qui passe nous rappelle la vérité de cette phrase.
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Dranerb

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MessageSujet: Re: Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP.    Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP. Icon_minitimeSam 1 Déc 2018 - 23:25

Merci Lothy de me tendre la main pour cet événement de mardi prochain 4 décembre.
Je serai, effectivement, à Tarbes, avec plein d'amis.

Je pourrai ajouter à ce post de Paracolo, que le lieutenant-colonel Juteau, membre de
l'Amicale, est décédé il y a quelques mois, retraité dans la bonne ville de Sète.
Après avoir sauté à "Castor", il a donc remis cela plus tard comme DLO.
Le GM 35 avait été retiré de Dien Bien Phu en décembre 53, pour des missions au Laos.
Aussi n'oublions pas les 3 évadés du GM 35; Delobel (toujours en vie), Charrier et Nallet.
Lesquels, dans leur courageuse évasion, ont fait un bout de chemin avec la "bande " de Sentenac.


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Glard

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MessageSujet: Re: Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP.    Le commandant Le Gall, à propos du 35 RALP. Icon_minitimeDim 2 Déc 2018 - 9:44

Clair et précis.

Quel récit !
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