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Marcel
Dans une étable de Bethlehem, un enfant vient de naître. Ses parents, Marie et Joseph, ne se rendent certainement pas compte qu’il va changer la face du monde.
D’ailleurs, les parents en général ont-ils la moindre idée, penchés sur le berceau de leur progéniture, de l’influence que ce dernier va avoir, sur la marche de l’histoire ?
Qu’ont dû penser cet aiguilleur de la SNCF, et son épouse La Sophie, ce 14 février 1916, penchés sur le berceau du petit Marcel, alors que la bataille de Verdun, débutait à quelques kilomètres de là.
Quatorze années plus tard, ils seront fiers de le voir, brillamment passer son certificat d’études,mais n’est ce pas là, la vie commune de tout un chacun?
Il trouvera ensuite un emploi à la Société Générale de sa petite ville de Lorraine, et s’entichera de sa voisine, la jeune Gaby qui sera l’amour de sa vie,et deviendra plus tard sa compagne pour toujours.
Mais hélas, comme dit la chanson, les beaux jours sont si courts.
À vingt ans, Marcel, est appelé au service militaire, deux ans c’est long, surtout lorsque l’on est pas trop militariste. Je cite Marcel « En 36, appelé pour le service militaire, si on m’avait demandé mon avis, j’aurais dit que je ne tenais pas à y aller. À vingt ans, j’avais mon boulot à la banque, j’avais Gaby qui avait seize ans et nous étions follement amoureux. J’étais parfaitement heureux. »
Il partira donc vers Haguenau pour être, affecté au 23éme RI, duquel il sera libéré, en 1938 avec le grade de caporal chef. Il retrouvera alors, sa Gaby et son emploi.
Hélas la chanson dit aussi :
Le bonheur dure peu sur la terre
Entends-tu tout là bas le tambour ?
Mon doux cœur je m’en vais à la guerre…
Marcel est rappelé en 1939, au 79e Régiment d'Infanterie de Forteresse, dans le sous-secteur fortifié de Hoffen de la Ligne Maginot.
Promu sergent il se porte volontaire pour les groupes francs. Patrouilles sur les lignes de combat et embuscades, lui valent d’être nommé sergent-chef, puis adjudant à vingt-quatre ans.
Pourquoi ce revirement, ces volontariats alors que Marcel n’est pas pour l’armée ?
Une fois encore je le cite : « Après deux années, [de service militaire] j’étais heureux de m’être fait de bons copains mais braqué contre un encadrement sans âme, j’étais même plutôt antimilitariste. Et quand on m’a rappelé pour défendre la patrie, là ça a été autre chose. »
Malgré ces durs combats, les Allemands envahissent la France, le 22 juin 1940 l'Armistice est signé.
Marcel, alors Adjudant, une blessure et trois croix de guerre à son actif, est fait prisonnier et envoyé au camp de Limbourg, d’où il tentera par trois fois de s évader. La troisième tentative, en novembre 1941 sera la bonne. Il retourne à Toul, sa ville natale, non sans croiser dans le train, à Rémilly, sa sœur qui lui dit émue, qu’il ressemble tant à son frère prisonnier des Allemands.
Etant encore en zone occupée, il ne pourra se faire reconnaître d’elle, et continuera son périple en direction Nice en zone libre où il séjournera jusqu’en 42.
Marcel, est un patriote, la France, et surtout sa Lorraine est à nouveau occupée par les Allemands, il faut les combattre. Après de multiples péripéties, il passe en Afrique et rejoint Dakar, où il est nommé adjudant, chef de section d'une compagnie de coloniaux.
En octobre 1943 il rallie Mekhnès et est promu sous-lieutenant.
Il se porte alors volontaire, pour suivre un entraînement au saut à Alger, afin d’être parachuté en France, pour des missions de sabotage avec les résistants.
Il sera parachuté le 8 août 1944 en Ariège, où - après quelques démêlés avec des résistants républicains Espagnols - sous le nom de code "commandant Aube", ses actions lui vaudront une citation à l'ordre de la division et une nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur. À vingt-huit ans il est chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la Distinguished Service Order anglaise et de cinq citations et aura reçu une blessure de guerre.
Marcel sera désigné, pour créer et diriger une école de cadres, au Pilat près
de Bordeaux, où se mélangeront Saint-cyriens et anciens FFI/FTP. Il finira la guerre en Allemagne, avec le grade de capitaine au 23e régiment d'infanterie coloniale.
Beau parcours pour un antimilitariste, me direz vous.
Oui certes, mais alors, pourquoi nous parler de lui? Le fait d’avoir été parachuté, n’en fait pas un parachutiste…
C’est exact, ce n’est pas un parachutiste...
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