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Je l’avais promis…Un peu oublié aussi…Mais chose promise chose due…
Et tenir sa parole n’est ce pas une grande composante de l’esprit para ?
Alors certain de faire plaisir à Caudron, Van Hell, et Joan qui m’a avoué avoir été, lorsqu’il l’a côtoyée, ému par sa « petite culotte » blanche que parfois elle laissait entrevoir…
…Souffrez, donc que je vous parle, trop longuement peut être, de :
La fiancée du ciel…
Tendus, et silencieux, dans l'immense salle du briefing, un groupe écoute Sabatier, le chef de Centre, qui leur parle depuis son estrade.
Tous sont vêtus de la même combinaison bleue, qui, trop large pour certains, trop étroite pour d'autres, est cependant toujours assez élimée, considérablement délavée et parfois déchirée. Sur toutes les têtes la même coiffure : un casque de cuir brun fatigué…
Ils sont ici pour trois semaines.
A la fin de ce stage, ils repartiront chez eux avec un brevet, celui de parachutiste du premier degré…
Maintenant, réunis au Centre National de Pilotage de Saint-Yan, ils examinent, tendus car la plupart d'entre eux, parmi lesquels se trouvent trois filles, vont sauter pour la première fois, la grande maquette du camp se trouvant au milieu de la salle.
Chaque détail du terrain y est indiqué en relief avec la précision d'une carte d'état-major.
C'est exactement ce qu'ils verront tout à l'heure de l'avion, un vieux JU-52…
On leur a distribué des jambières, tubes de tissu froncé de couleurs différentes, afin qu'on puisse les distinguer du sol d'où les directives leur seront transmises par haut-parleur depuis un camion Dodge….
Une des filles, originaire du Nord, observe Sabatier. Sa renommée dans le monde du « pépin » lui fait trouver incongrue sa petite taille et son air modeste. Mais son allure calme et réfléchie inspire le respect…
Il y a trois jours maintenant, qu’elle a passé le portail, où était écrit « Centre National de Pilotage »…
L'on n'avait pas jugé bon d'ajouter à l'inscription de la porte « et de Parachutisme »… Les paras en ces temps héroïques, étaient un peu des parents pauvres et il était difficile de l'oublier…
Mais la bonne humeur la plus exubérante régnait...
Sam Chasak
Pauvres oui, en tout, déjà au briefing on le leur avait fait savoir :
- Sam Chasak sera votre moniteur en vol. Ceux d'entre vous qui sautent en ouverture automatique passeront les premiers, on fera pour cela deux passages à 600 mètres au-dessus du camp.
Ensuite sauteront les parachutistes du second degré, en automatique également mais avec une poignée témoin pour vérifier l'exactitude de leur réflexe d'ouverture.
Veillez à ne pas perdre cette poignée, car cela pourra vous arriver quand vous sauterez en ouverture commandée et à ce moment-là, en la perdant; vous immobiliserez tout un jeu de parachutes .et ... nous n'en avons pas de trop, vous le savez.
Ah les parachutes…Pour les voir le mieux c’est la salle de pliage…
Et oui, le pliage est l'opération clé du parachutisme…Quand on confie sa vie à un bout de tissu, il n'est pas mauvais de s'assurer de sa solidité…
A Saint-Yan, chaque parachutiste en a deux jeux, dorsal et ventral, et en est responsable pendant toute la durée du stage…
Les parachutes sont tous troués; les tables de pliages peu nombreuses, aussi faut-il se débrouiller avec les moyens du bord… Les parachutes sont l'objet de soins amoureux; il est
recommandé de ne pas les traîner sur le sol après le saut, d'enlever immédiatement la moindre épine ou la moindre ronce ayant pu s'y accrocher, et cela avec des précautions de collectionneur…
Lorsqu'ils sont humides, on les suspend délicatement aux piliers du trolley pour les faire sécher….
Après le saut, chaque trou est cerné d'un trait de crayon de couleur afin que l'on puisse veiller, s'il s'agrandit, à le faire réparer par la couturière du village….
Mais cela coûte cher et le Centre est pauvre. Aussi chacun pouponne-t-il ses parachutes comme des nouveau-nés.
Pauvre…Elle, la fille du Nord n’est pas riche non plus, lorsqu’elle vient au monde le 28 juillet 1930, à Ruesmes près de Valenciennes, son père issu d’une famille paysanne est devenu petit employé de la SNCF…
Il a trouvé là son bâton de maréchal…
Employé modèle, humble avec ses chefs, qui pour se remettre de ses huit heures de sujétion permanente au bureau, devenait le maître devant qui tout plie à la maison…
La distribution des parachutes se fait rapidement…
Leur pliage s'exécute sous le contrôle attentif des moniteurs. Chose étrange, tout le monde paraît éprouver subitement une attirance irrésistible pour les lavabos …
Le Dodge s'ébranle, les parachutes sont dans la remorque, les apprentis oiseaux chantent… Faux….
Mais le JU-52, surnommé « la Julie », a un ennui de moteur....
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