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Notre BéretMarc JAILLETTE – 3° SAS
La défaite : nous n’avions plus d’armée,
Et le pays était presque totalement occupé.
Seule, une poignée de Français n’avaient pas renoncé,
Quelques-uns, en Ecosse, portaient déjà …
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Au départ, noir était sa couleur,
Bien à l’image de nos malheurs.
Jour après jour, les futurs Paras s’entraînaient,
Et fièrement arboraient … le Béret !
Ils apprirent à faire connaissance
Avec des avions, même de reconnaissance !
Ils savaient que d’en haut, il fallait se jeter,
Et même comme talisman, emportaient … leur Béret !
Mais, quelle joie ! Après quelques sauts,
Ils toisaient les autres d’un peu plus haut.
Surtout qu’après avoir passé leur brevet,
L’insigne, ils le portaient sur … le Béret !
GOËRING les baptisa « les Diables au Béret noir »,
Et, pour confirmer cette parole d’Histoire,
Ils se seraient cru déshonorés,
S’ils avaient été au combat autrement … qu’en Béret !
Par une attention, toute charmante,
La Reine d’Angleterre* le voulut amarante.
Et, c’est ainsi qu’un jour à Paris ils se sont retrouvés,
Les Paras F.F.L. avec … leurs Bérets !
Et puis, d’autres Paras leur succédèrent,
Et avec eux, les couleurs changèrent.
Mais toujours, entre eux, ils se reconnaissaient
Puisque, sur la tête, tous avaient … leur Béret !
Rouge, vert ou bleu, et même parfois noir,
Qu’importe ! Les Paras continuaient à écrire l’Histoire.
Les faits d’armes se succèdent, et si les têtes sont changées,
Elles sont toutes coiffées de ce fameux … Béret.
L’Indochine, Saïgon, Vientiane, la Plaine des Joncs,
Dien Bien Phu, où jusqu’au bout ils tiendront,
Rouge ou vert, qu’importait l’unité,
De loin, on les voyait, ils avaient … le Béret !
Et puis ce fut ensuite l’Algérie,
Où tout semblait si bien parti.
Dieu ! Comme on les a trompés
Tous ces braves qui portaient … le Béret !
Militaires, civils ou retraités,
Aucun de ceux-là n’est encore T.A.P..
Ce qu’ils ont vécu, ils l’ont enfermé
A tout jamais, avec leurs regrets et … leur Béret.
Il leur reste les souvenirs d’une jeunesse exaltante,
Ils ne croient plus beaucoup « aux lendemains qui chantent ».
De temps en temps, pour calmer leur âme tourmentée,
Ils ouvrent l’armoire aux reliques, et contemplent … leur Béret !
Et quand le jour viendra où leur coeur s’arrêtera,
Et qu’ils quitteront ce monde, ici-bas,
En arrivant « là-haut », on les reconnaîtra,
Puisque dans leur cercueil, avant de le fermer,
Sur cette poitrine où brillera le brevet,
Une main, pieusement, déposera … le Béret.
*Je ne sais pas à quoi cela tient cette habitude de dire que le béret fut attribué par la reine d'Angleterre ...
Il est bien évident qu'il le fut par le roi Georges VI, qui régnait alors...
Que cette tenace légende, ne vous empêche pas de goûter à la beauté du poème.