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La prise du P.O. de La Ferté… Mise en place…
Le 13 mai, comme on le sait, les Panzerdivisionen débouchent de la forêt des Ardennes et franchissent la Meuse sur le front de Sedan…
La « vraie » ligne Maginot, on l’a vu, se termine 30 kilomètres avant Sedan par le petit ouvrage de La Ferté…
Son équipage a entendu gronder le canon à l'est, vers Longwy, et voilà que soudain il entend l'éclatement des chapelets de bombes du côté ouest, vers Sedan, là où seuls des blockhaus légers ont été construits...
Les Allemands ont-ils renoncé à attaquer la ligne Maginot? C’est sans doute une question que peut se poser l’équipage de l’ouvrage…
Ce dernier, est depuis le 25 mars 1940, sous les ordres du lieutenant Maurice Bourguignon. Il a pour adjoint le sous-lieutenant Henri Thouément, sous-officier sorti du rang qui totalise dix-huit ans de service…
Un jeune médecin auxiliaire, le sous-lieutenant Hervé Fontaine, est responsable de la santé de l'équipage, composé de 15 sous-officiers et 89 hommes de troupe.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Lieutenant Maurice Bourguignon
Pourtant, l'ouvrage de La Ferté, (
Dans le SF de Montmédy l'ouvrage porte le n° 15. Pour les Allemands c'est le Panzerwerk 505.) est loin d'être aussi redoutable que le Hackenberg, ou le Hochwald!
Ses deux blocs reliés par une galerie souterraine creusée à 35 mètres sous terre n'ont pas d'artillerie.
Le bloc 2 possède une tourelle à éclipse de 75 récupérée dans un vieux fort de Verdun mais on l'a modifiée pour y loger deux pièces de 25 et deux jumelages de mitrailleuses.
Le canon le plus puissant est dans l'autre bloc: c'est un 47 antichar dont la chambre de tir est orientée à l'est…
Mais les Allemands arriveront-ils par l'est ou par l'ouest? Le canon qui gronde du côté de Sedan amène les plus optimistes à se poser la question…
Question angoissante car, jusqu'à présent, personne ne croyait une attaque possible dans le secteur. Les Allemands n'allaient tout de même pas rééditer leur coup de 1914-1918 et passer par la Belgique!
En septembre 1939, on avait même installé près du bloc 1, un enclos grillagé où vivaient les poules et les canards apportés par les camarades frontaliers pour améliorer l'ordinaire…
En dehors du travail de routine indispensable à l'entretien du matériel et de l'armement, les hommes s'ennuyaient.
L'instruction, l'accoutumance à la vie au fond du « trou », comme disaient les soldats en parlant de l'ouvrage, étaient remis à plus tard.
La défense des dessus a été négligée… Alors qu'à la IIIe Armée une initiative prise au SF de Thionville a permis de couvrir les dessus de la plupart des ouvrages d'un réseau bas de barbelés, rien n'a été fait dans ce sens au SF de Montmédy.
Non seulement l'espace qui sépare les deux blocs de La Ferté à l'intérieur du réseau n'a pas été piégé mais l'équipage y dispute des parties de football…
Malgré l'absence d'artillerie, l'équipage a confiance dans la solidité de son ouvrage…
Protégés par une dalle de béton de 2,50 m d'épaisseur, les deux blocs sont armés au total de sept jumelages de mitrailleuses Reibel, cinq canons de 25, une pièce de 47 et huit FM, ce qui devrait suffire à décourager une attaque d'infanterie.
Des mortiers de 50 de cloche sont aussi prévus pour la défense rapprochée mais leurs supports ne seront livrés que le 28 mai au SF de Montmédy.
Pour se protéger d'incursions nocturnes le lieutenant Bourguignon compte surtout sur l'artillerie de la 3e DIC et sur la tourelle de 75 de l'ouvrage du Chesnois.
Malheureusement, celui-ci est à près de huit kilomètres et doit tirer à limite de portée…
Entre les deux ouvrages se succèdent des casemates portant les noms des villages à proximité desquels elles ont été construites :
Margut, Moiry, Sapogne, Sainte-Marie, etc. Autour de l'ouvrage, les troupes d'intervalles appartiennent au 23e RIC du colonel Cuzin renforcé par les compagnies de mitrailleuses du 155e RIF du colonel Culot.
Derrière le bloc 2, la route franchit la colline au fond d'une large tranchée dont les entrées sont défendues chacune par une casemate-canon dotée d'un 75…
La casemate ouest du lieutenant André Tyckozinski est tournée vers Villy que la route rejoint par une légère pente.
La casemate est, du sous-lieutenant Pénalva, domine le cours de la Chiers et le village de La Ferté où la route s'engouffre après avoir décrit une large courbe sur le flanc de la colline.
Le samedi 11mai, les habitants des villages frontaliers reçoivent l'ordre d'évacuer et l'on s'aperçoit que malgré
la triste expérience vécue par les Lorrains et les Alsaciens, l'administration fait preuve de la même carence.
Pas de camions ou d'autobus pour transporter les vieillards, les malades et les enfants en bas âge, pas de trains pour sauver le bétail et le matériel des usines…
Soyons justes, les bureaucrates ont fait l'effort d'établir des fiches d'état-civil en carton que chaque réfugié doit s'attacher autour du cou, la ficelle étant fournie gracieusement par l'administration…
Les soldats du 23e RIC, qui avaient transformé le village en centre de résistance et bétonné de nombreuses caves, ont été mis en état d'alerte…
Mais le secteur ne va pas s'allumer avant deux jours…
Jouant leur rôle de flanc-garde, les divisions d'aile de la 16e Armée du général Busch arrivent à marche forcée et c'est la 71e ID (Infanteriedivision) du général Karl Weisenberger qui, la première, devra affronter la ligne Maginot.
Pendant la nuit du 14 au 15 mai, le général Weisenberger fait reposer ses hommes et regroupe ses trois régiments au nord de la Chiers.
L'artillerie reçoit l'ordre d'accélérer ses mises en batterie de façon à pouvoir appuyer l'attaque prévue pour le 15 mai à l'aube.
Le commandant du VIIe AK (Armee-Korps), le général Eugen Ritter von Schobert, a donné pour objectif la création d'une tête de pont à Blagny, au sud de la Chiers.
A 5 heures du matin, l'artillerie ouvre le feu. La préparation dure une heure mais, quand les tirs s'allongent, les Français ne réagissent pas…
Aucun tir de contre-batterie n'est déclenché et, lorsque l'infanterie traverse la route de Sedan, les blockhaus restent étrangement silencieux…
Inquiet de cette passivité, Weisenberger décide de se porter en avant « pour aller voir ce qui se passe sur la Chiers ». Il va être stupéfait en apprenant que le manque de réaction des Français est dû ... à leur absence.
En effet la 3e DINA (Div. Inf. Nord Africaine) du général Chapouilly, qui défendait les intervalles entre les blockhaus tenus par le 136e RIF, a en effet évacué ses positions au cours de la nuit.
Inquiet de voir la poche de Sedan s'élargir sous les coups de boutoir des Panzerdivisionen, le général Huntziger a craint de voir la 3e DINA débordée par l'ouest et attaquée par-derrière. Il a préféré la replier en catastrophe…
Mais les préavis ont été trop courts et, tandis que le 136e RIF laissait ses canons de 47 et de 25 dans les blockhaus avec vivres et munitions, le II/20e RA abandonnait six pièces de 75 et le 220e RA huit pièces de 155… (
Cela doit parler à un artilleur comme Zitoune)
Ce repli précipité permet, à l'aube du 15 mai, une avance spectaculaire de la 68e ID du général Georg Braun et de la 71e ID du général Weisenberger …
Le Leutnant Sommerhuber le premier aborde avec ses hommes, les blockhaus vides qui « défendent» Sailly…
«
Nous avons traversé le village mais, à la sortie, des mitrailleuses françaises camouflées dans les bois, plus au sud, ouvrirent le feu sur nous. Ce fut un soulagement de savoir enfin où se trouvait l'ennemi. » écrit-il…
L'infanterie allemande atteint la ferme Blanchampagne puis la ferme de Prêle, à environ 300 mètres de la route Villy-Malandry. Les mitrailleuses du 23e RIC du colonel Cuzin lui interdisent d'aller plus loin.
A l'ouvrage de La Ferté, les guetteurs de cloche du bloc 2 suivent la progression de l'infanterie allemande et, lorsque celle-ci atteint la ferme de Prêle, le lieutenant Bourguignon fait ouvrir le feu avec les mitrailleuses de la tourelle à éclipse.
Dans la casemate Ouest, la plus proche du bloc 2, le lieutenant André Tyckozinski aperçoit lui aussi les fantassins allemands autour de la ferme de Prêle…en attendant des ordres qui ne viennent pas.
A 11 heures du matin, il ouvre le feu à 3800 mètres à obus à balles sur les éléments d'infanterie déployés en tirailleurs qui débouchent de Sailly et se dirigent vers la ferme de Prêle et Malandry.
Cependant, la voie hiérarchique a ses exigences et Tyckozinski reçoit bientôt la visite du commandant Levillain, du IV/I55 RIF qui, furieux, lui demande «
qui l'a autorisé à ouvrir le feu »!
Occupé à préparer ses tirs, Tyckozinski l’éjectera sans ménagement.
Profitant de l'absence momentanée de contre-batterie, les artilleurs de la casemate Ouest s'en donnent à cœur joie sans préoccuper de la consommation d'obus fixée à 200 par jour au maximum…
Sur les 1 500 projectiles de la dotation, environ 800 seront tirés le 15 mai (Dans son rapport écrit alors qu'il était en captivité à l'Oflag XVIII-A, le lieutenant Tyckozinski note à la date du 15 mai: «
Nous comptons vers 19 heures plus de 100 cadavres visibles sur le terrain. » Ce chiffre est exagéré puisque les pertes du 15 mai, pour l'ensemble de la 71e ID, se montent à 11tués, 21 blessés et 2 disparus (
états de pertes de la 71e ID Kriegstagebuch du VIle AK).)
A Villy, protégé à l'ouest par deux gros blockhaus, douze maisons ont été fortifiées et leurs caves renforcées avec des rails entre lesquels on a coulé du béton…
Le lieutenant Maurice Laurent, de la 1re compagnie du II/23e RIC, commande le centre de résistance renforcé par une section de mitrailleuses du 155e RIF…
Dans l'après-midi, une patrouille venant de Blagny est refoulée…
A dire vrai, les Allemands n'ont pas l'intention d'attaquer Villy le 15 mai. Il s'agit d'une prise de contact effectuée par des reconnaissances dont le rôle est de sonder les défenses françaises en attendant l'arrivée de l'artillerie…
Celle-ci va profiter de la nuit du 15 au 16 mai pour se mettre en place au nord de la Chiers et, lorsque les redoutables mortiers de 210 seront arrivés de Belgique où ils se trouvent encore le 15 au soir, les positions françaises et notamment Villy situé à la pointe du saillant dessiné par le front vont connaître l'ambiance des gros bombardements de 1914-1918.
Le général Weisenberger a installé son PC au sommet du mont Tilleul, à moins d'un kilomètre de Carignan, et de cet observatoire idéal il découvre à la binoculaire toute l'étendue du champ de bataille.
Dans la matinée du 16 mai, il reçoit la visite de son supérieur, le général von Schobert, ils fixent dans le détail leurs prochains objectifs…
L'idéal serait de s'emparer de tout le terrain compris dans la boucle que la Chiers dessine autour de la ligne de crête à l'extrémité de laquelle se dresse l'ouvrage de La Ferté. Mais pour occuper ce terrain il faut attaquer l'ouvrage…
Weisenberger et von Schobert admettent que la prise du Panzerwerk 505 ne doit pas être obtenue « à n'importe quel prix » mais qu'en toute hypothèse elle ne doit pas échouer…
Aussi von Schobert va t il mettre le maximum de moyens à la disposition de Weisenberger: non seulement toute l'artillerie disponible, y compris celle du VIle AK, mais également un Stukaverband qui attaquera le Panzerwerk 505 en piqué.
L'artilleur du Corps d'Armée, l'Oberst Robert Martinek, interviendra avec tous ses tubes le 18 au matin…
A 9 heures, l'infanterie s'élancera à l'assaut du bloc 2 avec l'appui d'une batterie de 88 Flak qui effectuera un tir direct sur les cloches cuirassées.
La théorie est une chose mais…. Le 16 mai au matin, Weisenberger se rend compte qu'il doit préparer l'attaque du Panzerwerk 505 en s'emparant successivement de plusieurs objectifs.
A 13 heures, il va déclencher une première attaque entre Villy et Malandry afin de conquérir la cote 226, une hauteur plantée de bosquets située sur la ligne de crête au sud-ouest de l'ouvrage. De là, l'attaque se poursuivra en direction de la hauteur suivante, la cote 311. Ce sera la dernière étape avant la conquête de l'ouvrage.
Le 16 mai vers midi, l'artillerie allemande commence à pilonner le secteur appelant la contre-batterie immédiate des 75 du 3e RAC …
Depuis la casemate Ouest, le lieutenant Tyckozinski tire au 75 sur les rassemblements observés entre la ferme Blanchampagne et la ferme de Prêle. Un coup au but touche un camion de munitions qui explose.
Pour créer une diversion le général Weisenberger donne l'ordre au IR 194 de l'Oberst Schmidt de se rapprocher de la ligne de casemates construites au nord de la route Montmédy-Sedan et d'en tâter les défenses.
Les villages de Fromy et de Moiry sont atteints sans difficulté et les patrouilles allemandes pénètrent dans Margut.
A la sortie sud, près du passage à niveau, elles subissent le feu des mitrailleuses de la casemate du lieutenant Labyt et doivent renoncer à dépasser la voie ferrée.
Devant la casemate voisine de Moiry, les vergers permettent une approche plus discrète et deux Stosstrupps renforcés par une section de Pionniers réussissent à atteindre le réseau de barbelés…
Le guetteur de cloche ne se rend compte de rien et pourtant deux pièces de 37 Pak sont mises en batterie à la sortie de Moiry…
Vers 13 h 30, les rafales crépitent et les obus perforants des canons de 37 Pak écornent le béton.
Après dix minutes de feu, les Allemands avaient percé le périscope de la cloche de guet en trois endroits et détruit le créneau de la chambre de tir nord.
Sur demande, l'ouvrage du Chesnois, ouvre le feu avec sa tourelle. Quelques minutes plus tard, les éclatements des obus de 75 obligent les deux pièces de 37 Pak à se taire…
Pendant ce temps, au sud-ouest de Villy, le I/IR 191 du Major Kranke est passé à l'attaque des bosquets de la cote 226 âprement défendus par le 1/23e RIC du capitaine de Brébisson. (
Notons pour la petite histoire que le 1/23e RIC comprend dans ses rangs le sergent François Mitterrand)
Malgré la préparation d'artillerie la 3e compagnie du lieutenant de Montbrun se bat avec acharnement, mais à un contre trois, les « marsouins» ne peuvent résister longtemps et finissent par céder du terrain.
Une série de combats isolés vont se poursuivre jusqu'au soir et c'est vers 19 heures que Montbrun et une trentaine d'hommes, le lieutenant Baudin et la dernière mitrailleuse, parviendront à se replier…
Une heure plus tard, le Major Kranke annoncera la prise de la cote 226 où il a capturé un officier et 78 hommes du 1/23e RIC.
Le Major Kranke n'a pas l'intention d'exploiter son avantage et de pousser aussitôt vers la cote 311. Ses hommes ont besoin de souffler et ils doivent s'enterrer sur la position conquise car l'artillerie française ne les ménage pas… Dans la seule journée du 16 mai, le 3e RAC a encore tiré 9 600 coups de 75.
Devant Villy, le Major Zenker confie une partie du III/IR 191 à l'Oberleutnant von Grivicic, et lui donne l'ordre d'aller sonder les défenses du village…
Zenker a raison de ne pas se lancer dans une telle opération à la légère car la 1re compagnie du 1/23eRIC qui défend Villy dispose de trois canons de 25, douze mitrailleuses, seize FM et un mortier de 60, ces armes étant en majorité dans des blockhaus ou des caves bétonnées...
Von Grivicic effectue correctement son approche, mais il avance en terrain découvert… Les fantassins allemands ne peuvent même pas approcher du village car, à plus de 600 mètres, les mitrailleuses des coloniaux les obligent à refluer.
Cette tentative montre au général Weisenberger que son plan d'opération risque d'être perturbé s'il n'emploie pas les grands moyens pour s'emparer de Villy.
Pendant la nuit du 16 au 17 mai les deux artilleries se livrent un duel incessant et l'on dort aussi peu dans les positions françaises que chez les Allemands. Aux premières heures du 17, le général Weisenberger donne l’ordre à l'Oberst Hans von Scheele, du IR 91 d’occuper la cote 311 et de réduire que les défenses de Villy avant le soir…
Vers 8 heures, le village de Villy est soumis à un violent tir d'efficacité par quatre groupes d'artillerie et de nouveaux incendies se développent…
Vers 9 heures, deux soldats du 1/23e RIC se présentent à la casemate de Tyckozinski et demandent de la part du lieutenant Laurent d'intervenir devant le village avec le 75 …
…Hélas l’angle de tir de la pièce ne permettait pas de soutenir Villy…
A 10 heures, partant de la ferme de Prêle, le III/IR 191 du Major Zenker se déploie et, marchant derrière un barrage roulant, passe à l'attaque.
Depuis les quatre blockhaus répartis dans les vergers qui entourent le village, les mitrailleuses ouvrent le feu. C'est l'échec et, après un instant de flottement, certains groupes restent collés au sol pour échapper aux rafales puis refluent vers leur base de départ.
A la ferme Blanchampagne où il a installé son PC, l'Oberst von Scheele sait que la partie est inégale puisque ses fantassins attaquent à poitrine découverte alors que les Français sont retranchés dans des abris bétonnés.
Et pourtant, avant d'attaquer le Panzerwerk 505, il est nécessaire que Villy soit réduit.
Von Scheele accorde deux heures de répit au Major Zenker pour reposer et regrouper ses compagnies avant de les relancer à l'assaut et « liquider enfin ce village ».
En attendant, l'artillerie va opérer une nouvelle concentration sur la position du lieutenant Laurent.
Cette fois, les Stosstrupps du bataillon Zenker réussissent à atteindre les ruines de Villy…
Ils n'iront pas plus loin car des feux croisés balaient les rues obstruées par les décombres…
…Et les Allemands refluent une nouvelle fois en direction de la ferme de Prêle.
Le III/IR 191 est épuisé et ses hommes n'ont plus le moral. Les échecs successifs qu'ils viennent d'enregistrer ont brisé le ressort des soldats du Major Zenker.
Le général Weisenberger fera relever le bataillon dans la soirée par le II/IR 2II du Hauptmann Corduan, qui hérite ainsi d'une difficile épreuve: enlever Villy.
A cause de ce mouvement de relève qui va prendre un certain temps, Weisenberger devra se résoudre à remettre l'attaque de Villy au lendemain.
La seconde attaque se déroule le 17 mai, il s'en faut de peu pour que les Allemands connaissent un autre échec…C'est finalement à la tombée de la nuit et entraîné par un officier d'ordonnance de la division que le bataillon Haas gravira les pentes de la colline, nettoyant chaque tranchée à la grenade, obligeant les derniers défenseurs du 23e RIC à refluer vers Olizy et la vallée de la Chiers
Le blockhaus situé à mi-pente devra être réduit au lance-flammes, mais vers 22 h 30, le sommet de la cote 311 est enfin entre les mains du bataillon Haas qui subira toute la nuit le tir de harcèlement de l'artillerie française…
Dans cette même soirée du vendredi 17 mai, l'ouvrage de La Ferté va être amputé d'une partie de ses défenses annexes par l'évacuation des deux casemates de 75 implantées de part et d'autre de la coupure dans laquelle la route Villy-La-Ferté-sur-Chiers traverse la colline…
Selon le témoignage du lieutenant Tyckozinski : «
Vers 15 heures, trois soldats du 23e RIC, dont un blessé léger, arrivent à la casemate Ouest. Les trois hommes sont à bout de forces et ils annoncent « que Villy est aux mains des boches ». Il n'en est rien mais ces rescapés de quelque PA isolé se montrent affirmatifs et Tychozinski qui n'a pas de liaison téléphonique avec le lieutenant Laurent n'a aucune raison de ne pas les croire.
Enfermé dans la caisse de résonance de sa casemate, il est d'ailleurs incapable de savoir si l'on se bat à Villy ou si le silence a succédé au fracas du combat: «
Le bombardement intense que je subissais ne me permettait pas d'entendre ce qui se passait à l'extérieur », dira-t-il .
Des propos tenus par les trois coloniaux, le chef de la casemate ouest tire cependant une conclusion: si Villy est tombé, les Allemands vont maintenant prendre pour axe de marche la route qui monte vers l'ouvrage. Qui sait s'ils ne vont pas donner l'assaut à celui-ci? Dans la meilleure hypothèse, l'ennemi abordera la casemate dans une heure ou deux, peut-être avant, et ce n'est pas le fait de déboucher à zéro avec le 75 qui les empêchera de se promener impunément sur les dessus ou de passer par l'arrière pour venir déposer une charge explosive contre la porte.
La seule protection dont bénéficiait Tyckozinski sur l'arrière était assurée par la tourelle à éclipse de l'ouvrage…
Or Tyckozinski affrrme que dans la matinée du 17 mai, à 9 heures, le lieutenant Bourguignon lui a téléphoné pour l'informer «
que la tourelle à éclipse était bloquée en position de tir et qu'on tentait de la réparer ».
Ce témoignage est important car, lorsque l'attaque allemande sera lancée contre l'ouvrage, celui-ci ne pourra pas utiliser la tourelle qui constitue son matériel défensif le plus efficace (
Aujourd'hui encore, on ignore pourquoi la tourelle est restée coincée en position de tir. Il semble qu'elle ait été employée à des fins d'observation directe pendant le bombardement, ce qui était interdit).
Les deux canons de 25 et les jumelages de mitrailleuses sont bloqués vers le sud en position de tir. Sa casemate n'étant pas équipée pour le combat rapproché, Tyckozinski prend la décision d'en replier le personnel:
Après entente avec le lieutenant Bourguignon, se souvient-il, je fais envoyer le message suivant par la radio de l'ouvrage: « Situation intenable - Casemate neutralisée - Vais faire replier mes hommes et demande pour moi l'autorisation de rester à l'ouvrage de La Ferté. » Il est 16 h 30. Selon Tyckozinski, Bourguignon aurait accepté, avant de transmettre le message radio, de le prendre comme officier observateur...
Il faut un certain temps pour envoyer le message car, depuis midi, les Allemands semblent avoir réussi à isoler la longueur d'onde du poste de La Ferté et brouillent les émissions. Quant au téléphone, il ne fonctionne plus car les coloniaux du 23e RIC se sont affolés et ont saboté une boite de coupure à l'aide d'une grenade.
A 17 h 30, Bourguignon reçoit la réponse et la communique à Tyckozinski : «
Faites pour le mieux »
Tyckozinski fait saboter le matériel: la culasse du 75 est déclavetée, les appareils de pointage brisés et les filets de culasse du tube écrasés à coups de masse. Quant aux 400 projectiles qui restent sur les 1500 de la dotation initiale, ils sont abandonnés dans leurs casiers.
Vers 19 h 30, Tyckozinski fait sortir ses hommes, deux par deux, entre les rafales d'obus qui font persister sur la crête un nuage de fumée et de poussière.
« J
e suis sorti le dernier, raconte-t-il, et j'ai gagné la casemate Est que le sous-lieutenant Pénalva a décidé d'évacuer également. A la tombée de la nuit, nous sommes descendus vers La Ferté-sur-Chiers où nous avons passé la rivière en barque. J'ai rendu compte le soir même vers 22 heures au colonel Cuzin, du 23e RIC, et le lendemain j'ai mis mon équipage à la disposition du capitaine Vésine-Larue, de la 9e compagnie du 23e RIC, qui tenait le village de La Ferté. »
L’ouvrage est donc largement amputé, alors que l’attaque n’a même pas commencé, là aussi, comme au Bambesch, ce n’est pas le béton qui est en cause…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Comme tout le monde n’est pas nordiste….
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Jeu 4 Nov 2010 - 8:00
encore moins sarcastique... 
